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Jean Pierre BONNET

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00:00Ici Orléans. Jusqu'à 9h. Ici Matin.
00:03Ici Orléans, on vous souhaite un bon vendredi matin avec nous, soyez les bienvenus, il est quasiment 8h15.
00:08Bonjour Antoine Van Dendriche. Bonjour Marc, bonjour à toutes et à tous.
00:11Jusqu'où vont aller les révélations qui touchent actuellement l'enseignement catholique en France ?
00:16Dans plusieurs régions, d'anciens élèves prennent la parole et dénoncent des violences commises sur ces dernières décennies.
00:23Dans des établissements scolaires privés, la parole se libère.
00:26Et on fait le point avec votre invité tout de suite Antoine.
00:28Oui, nous recevons Jean-Pierre Bonnet, directeur interdiocésain de l'enseignement catholique du Loiré et d'Ubéry.
00:34Bonjour monsieur. Bonjour messieurs.
00:36Marc l'a dit, il y a eu un grand nombre de révélations ces dernières semaines notamment,
00:40et ça a été le point de départ à Notre-Dame de Bétarame, l'établissement catholique des Pyrénées-Atlantiques,
00:46où des violences sexuelles ont été commises, s'étalant sur plusieurs décennies depuis les années 50.
00:52D'autres victimes ont décidé, décident de prendre la parole aujourd'hui.
00:56Quelle est votre réaction face à la sortie de tous ces témoignages ?
01:00Énorme tristesse de ce que les personnes ont pu vivre.
01:04C'est même de la colère, c'est la colère froide.
01:07C'est inadmissible ce qui s'est passé dans les établissements.
01:11On confie ce qu'il y a de plus précieux, nos enfants, à une communauté éducative, et il y a une trahison.
01:18Il y a une trahison parce que ces jeunes ont subi des violences physiques, voire des sévices sexuels.
01:25Donc c'est vraiment, c'est une honte.
01:28C'est une honte, je n'ai pas d'autres mots pour qualifier ceci.
01:33Et en même temps, que la parole se libère, c'est une demande.
01:39Le secrétariat général l'a exprimé plusieurs fois,
01:42que la protection de la personne soit supérieure à la protection de l'institution.
01:46Et je ne peux qu'y adhérer.
01:48Il faut donner les moyens pour que la parole se libère.
01:51Vous agissez depuis le début de ces révélations dans les établissements que vous supervisez, par exemple dans le Loiret et le Berry.
01:56Alors nous rencontrons les chefs d'établissement pour les sensibiliser encore plus, pour les former.
02:03Et j'aurai peut-être l'occasion de vous exposer un projet que nous déployons le 2 avril prochain au lycée Sainte Croix Saint-Euvert à Orléans.
02:13Donc nous écrivons, nous avons fait des communiqués dans certains établissements,
02:18et en particulier à Châteauroux, même si ce n'est pas dans le Loiret, c'est aussi sur le territoire dont j'ai la responsabilité.
02:24Nous avons écrit aux parents, en leur disant, manifestez-vous, dites-nous,
02:29que ce soit les cellules d'écoute diocésaine directement sous l'autorité de l'église diocésaine et donc de l'évêché,
02:36ou que ce soit par le biais de l'enseignement catholique, la direction diocésaine, dont j'en suis le responsable.
02:41Oui, vous avez écrit aux parents, notamment aussi à Orléans, puisque fin février, 3 personnes ont été mises en garde à vue dans l'affaire Bétharame,
02:48dont une personne qui a été conseillée d'éducation à Orléans, à Saint-Paul-Bourdon-Blanc, de 1987 à 2005.
02:54Vous avez écrit aux parents cette démarche, pourquoi l'avoir faite ?
02:58Pour les raisons que je vous ai expliquées au début, on ne peut pas rester insensible à de tels incidents, à de tels faits graves, à de telles actions.
03:10Donc, à la fois pour manifester notre compassion auprès des victimes, et aussi pour dénoncer, excusez-moi, je peux être sévère,
03:20pour dénoncer des actes qui ne sont pas des actes éducatifs.
03:23Vous avez eu un retour de certains parents d'anciens élèves ?
03:26Non.
03:27Pas encore ?
03:28Pas encore, que ce soit au niveau de la cellule diocésaine, que ce soit directement auprès de nos instances.
03:34Vous demandez aussi des moyens d'action, ça passe aussi par une coopération avec les autorités ?
03:40Oui, bien sûr. Nous n'avons pas attendu ces événements pour avoir une relation intelligente avec les autorités.
03:47Je rappelle que j'ai la responsabilité des établissements privés associés à l'État par contrat.
03:53Donc, on n'est pas autonome, indépendant, on ne fait pas ce qu'on veut, etc.
03:57Il y a des obligations contractuelles à respecter par les deux parties, à partir du moment où il y a un contrat.
04:02Donc, je suis en relation régulière, pour ne pas dire journalière en ce moment, avec les autorités académiques.
04:09D'ailleurs, l'État qui demande plus de contrôles, en tout cas c'est sa volonté,
04:14la ministre de l'Éducation, Elisabeth Borne, a annoncé le recrutement de 60 inspecteurs supplémentaires.
04:21Il faut que les contrôles se généralisent et soient plus fréquents ?
04:24Bien sûr, bien sûr.
04:25Excusez-moi de redire ce que le secrétaire général, M. Delors, m'a dit déjà plusieurs fois, mais contrôler !
04:31On n'a rien à cacher.
04:33Vous entendez ma colère ?
04:35Et j'entends encore certaines familles qui disent, l'enseignement privé met tout sous le tapis.
04:40Mais non ! Je me bats contre ça.
04:42Je me bats contre le fait de mettre tout sous le tapis, de ne pas dire, etc.
04:46Et ça a été évoqué dans le journal il y a quelques minutes, Véronique Larnier et l'action qu'elle a conduite.
04:52Et j'ai bien aimé une de ses phrases.
04:54Libérer la parole, mais savoir écouter.
04:57Il faut être dans la capacité d'écouter.
04:59Et l'écoute n'est pas simple.
05:00D'écouter la souffrance des personnes et après de la relayer là où elle doit être traitée.
05:05Mais je trouve que c'est une belle phrase.
05:07Et on rappelle, ce sont les rubans de l'oubli devant la cathédrale d'Orléans pour mettre des mots de soutien aux victimes d'abus sexuels.
05:14Vous avez parlé du 2 avril.
05:16Vous organisez une journée au lycée Sainte-Croix à Sainte-Verte.
05:20C'est une journée consacrée à la protection de l'enfance, c'est ça ?
05:23Tout à fait.
05:24C'est une journée qui était déjà programmée dans notre plan annuel d'animation du réseau des établissements privés associés à l'État par contrat.
05:31Raison de plus pour la faire vivre aujourd'hui.
05:34Et je dis au chef d'établissement, la question n'est pas de savoir si je viens ou si je ne viens pas.
05:38C'est vous venez.
05:39L'établissement doit être présent au niveau de cette journée là.
05:43Il y aura différents points.
05:45Des intervenants, Véronique Margron qui est la présidente des religieux et religieuses de France.
05:50Qui a travaillé avec la SIAZ et qui sera à Lourdes à la conférence des évêques d'ici prochainement.
05:56Nous essayons d'inviter la députée de la Nièvre qui est en train de déposer un texte à l'Assemblée nationale pour la protection de l'enfance dans sa qualité de présidente des droits de l'enfant.
06:06C'est pour faire de la prévention et pour ouvrir le dialogue sur ces sujets ?
06:10Il y a peut-être trois verbes.
06:12Comprendre.
06:13Prévenir.
06:14Agir.
06:15Je ne souhaite pas que cette journée soit simplement des temps de conférence.
06:18Mais qu'à la fin de la journée, chaque établissement s'engage dans des actes de protection et des mises en oeuvre de lieux d'écoute, de lieux de recueil de la parole dans chaque établissement scolaire.
06:28Merci Jean-Pierre Bonnet d'avoir été notre invité ce matin.
06:30Je vous rappelle que vous êtes le directeur interdiocésain de l'enseignement catholique du Berry et du Loiret.
06:35Bonne journée à vous.
06:36Merci.

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