Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 13 février 2025 : la chanteuse, autrice et comédienne Liane Foly. Elle sera sur la scène du Théâtre de la Tour Eiffel du 21 mars au 12 avril dans son one woman show : "La Folle repart en thèse".
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00:00Bonjour Yann Folli. Bonjour Élodie. Ça va bientôt faire d'ailleurs 40 ans que vous
00:06occupez la scène avec vos imitations, vos rôles à la télé ou au théâtre, vos chansons.
00:10Vous êtes née et vous avez grandi à Lyon dans le quartier de Perrache où vos parents
00:14tenaient un commerce, la droguerie du sourire. Normal donc que vous ayez eu envie d'en offrir
00:19au public. Au départ, il y a eu le piano, le solfège, la danse classique, le moderne
00:23jazz évidemment et puis l'orchestre black and white créé par votre père avec votre
00:26maman qui s'occupait des costumes. Ça vous a donné goût inévitablement au spectacle.
00:31Le son jazzy, son ambiance ne vous ont jamais quitté et vous colle d'ailleurs à la peau
00:36avec des titres qui sont devenus emblématiques. Je pense qu'au fur et à mesure, la vie ne
00:40m'apprend rien. Doucement, on a tous le droit. Ça ne vous quittera jamais. Actuellement,
00:45vous êtes au théâtre de la Tour Eiffel à Paris du 21 mars très exactement et jusqu'au
00:5112 avril avec votre spectacle, votre One Woman Show. La folle repart en thèse, donc
00:57c'est séparé. La suite de la folle part en thèse en un mot et de la folle part en
01:02cure. Vous vous incarnez avec humour et sous forme d'imitation de nombreux personnages
01:06pour rendre une thèse. Cette thèse, elle raconte quoi du coup, Liane ?
01:10Cette thèse, en même temps, c'est un hommage à mes parents. C'était aussi pour parler
01:17de la voix, comment c'est né tout ça, comment c'est arrivé. L'imitation, parce
01:21que c'est quand même un phénomène assez mystérieux, qui reste quand même assez magique
01:26et qui passionne les gens. Les gens adorent l'imitation. Même vous allez dans un dîner,
01:31c'est vraiment quelque chose qui accompagne. Tout le monde aime les imitations. Ça amuse.
01:39Et puis, quand il y a eu le confinement, je me suis dit bon, déjà, moi, je me disais
01:45ça se trouve, ça reprendra jamais. On était plusieurs à se dire ça. Et puis après,
01:50je me suis dit non, il faut que je revienne avec. J'ai envie de rire, faire rire le public.
01:54Bon, maintenant, il est aussi installé. C'est quatre générations quand même. Le public
02:00me suit, il est fidèle. J'ai une chance extraordinaire aussi. Donc maintenant, il y a l'expérience,
02:06il y a la maturité. J'ai eu vraiment envie de ce spectacle. C'est la trilogie. Je voulais
02:12avoir ces trois spectacles. Et puis la Tour Eiffel aussi. J'aime beaucoup les vibrations
02:19tout autour de la Tour Eiffel et ce théâtre vraiment, j'adore.
02:23Vous vous rappelez d'où vous étiez il y a 40 ans quand vous avez débuté justement ?
02:27Oui, oui, oui.
02:28Vous révis à quoi ?
02:29Ça dépend parce que pour moi, j'ai vraiment débuté quand j'ai chanté avec mon père,
02:38donc il y a 50 ans.
02:39Avec les Black & Red ?
02:41Oui, oui, parce que c'est la première fois quand je suis montée sur scène, je m'en
02:47souviens. J'ai toujours cette empreinte comme ça, alors d'envie d'y aller et puis en même
02:53temps une peur immense. Vous savez, quand j'ai commencé ma carrière, j'étais très
02:57timide en fait. Et j'avais beaucoup de mal, même sur scène, en concert, etc. Je chantais,
03:04j'avais beaucoup de mal à m'adresser aux gens. Jamais à cette époque-là, je vous
03:09aurais dit que j'allais faire des ones, des salons de scène.
03:13C'est marrant parce que dès le départ, en tout cas, vous avez occupé la scène. 12
03:17ans, ce n'est pas forcément un âge pour chanter. En tout cas, c'est très jeune. Vous étiez
03:21capable d'interpréter des dizaines de chansons chaque soir ?
03:24C'est une vie atypique aussi. Parce que moi, j'avais des parents très avant-gardistes,
03:31voilà. Alors, ce n'était pas pour ça, ce n'était pas non plus le foutoir. Mes parents,
03:35j'ai quand même eu une éducation. Mais on faisait tout en famille. Donc, à un moment
03:40donné, c'est vrai. Et puis, entre guillemets, ils ne m'ont pas non plus laissé le choix
03:46parce qu'eux, ils voulaient que leur fille soit artiste, soit chanteuse. Ils avaient entendu
03:52ma voix très jeune et ils avaient décrété que je devais être chanteuse. Heureusement
03:56que ça m'a plu et que je me suis rendu compte que j'avais vraiment envie de ça. Mais à
04:02un moment donné, je me suis posé beaucoup de questions aussi.
04:05En tout cas, ce qui ressort, c'est qu'effectivement, cette voix, elle a une empreinte vocale.
04:09Ça vous a coûté cher à un moment donné de chanter très tôt puisque vous avez été
04:12opérée de la voix. Oui, très tôt, à l'âge de 18 ans. Et parce
04:18qu'en fait, le bal, j'ai fait beaucoup de bal et dans le bal, on n'a pas forcément
04:23le bon matériel. On force énormément et on ne sait pas vraiment chanter. On n'a pas
04:27la technique de respiration. On chante comme on sait, comme on peut. Et à un moment donné,
04:33oui, j'ai fait une très grave infection. J'avais des nodules, tout ça. Et j'ai été
04:37opérée. Mais alors, la chance incroyable, c'est que j'ai été opérée à Lyon par
04:41le professeur Cornu, qui le premier a trouvé au laser. Franchement, c'est un coup de bol.
04:49Mais je me souviens, au moment où je me suis endormie, j'étais loin de savoir que
04:53j'allais faire une carrière. J'ai 18 ans et au moment où il m'endorme comme ça,
04:58je les regarde tout autour. J'ai peur, mais j'ai peur. Non, non. Et ils chantaient tous.
05:03Ils chantaient autour de moi. Ça va très bien se passer, mademoiselle. Mais bon, voilà,
05:07ça, c'est le destin. Ça aurait pu aussi capoter. Non, c'était ça. Après,
05:12je sors de cette opération. Je vais rester muette pendant trois semaines, au moins un mois,
05:17obligatoirement, parce qu'il faut une grande cicatrisation. Je parle d'il y a longtemps,
05:21il y a 40 ans, 50 ans, pardon. Et donc, à ce moment-là, je reprends avec un fauniatre
05:28qui va me réapprendre toute la voie, c'est-à-dire cours de classique. Et j'aurais pu très bien
05:35aussi avoir une carrière classique, mais non, j'étais trop folle pour ça.
05:39Un mot sur ses débuts. Ça n'a pas été forcément facile au départ. Vous avez
05:45travaillé dans la pub. Ça ne l'est toujours pas, il le dit. Donc, il ne faut pas penser que c'est
05:50au début plus qu'au milieu, plus qu'à la fin. Il y a eu un moment où il y a eu quand même
05:53une bascule, où vous signez en maison de disque, à travers un beau quiproquo, d'ailleurs, qui est
05:58juste extraordinaire. Oui, on me prend pour une journaliste qui s'appelait Jeanne Folli,
06:03à l'époque. Et oui, c'est le démarrage. Mais vous savez, quand il faut vraiment attendre,
06:09ça prend du temps, comprendre tout ça, déjà réaliser soi-même. Moi, j'étais en orchestre
06:14de balle. J'avais toujours, c'était la famille. Après, je suis rentrée dans les orchestres
06:18professionnels. Et vraiment, il faut un temps pour tout parce que c'est long à réaliser tout ça. Et
06:27le succès est arrivé quand même très vite. Donc, c'est tout. Moi, je pense que la carrière,
06:35réellement, je vais vous dire vraiment la vérité. Moi, je la ressens que voilà, 40 ans, on est bien,
06:42on se souvient de tout, on comprend les échecs, les succès comme des choses indispensables,
06:50reliées les unes aux autres, les histoires. Donc, il faut du temps. 20 ans, déjà, je crois qu'à
06:58partir de 20 ans de carrière, on commence déjà un petit peu à s'installer. Mais après, la longueur,
07:04c'est difficile. C'est difficile de perdurer, en fait. Qu'est-ce qui est difficile ? Ce que vous
07:10dites quand je dis que c'était difficile ? Parce qu'on saute des générations, parce qu'on peut
07:16tomber dans un travers, passer de mode ou quoi que ce soit, ou parce qu'une femme a beaucoup plus de
07:22problèmes qu'un homme. Donc, ça a toujours été. On est loin de la parité. Moi qui défends
07:27furieusement l'association à la fondation d'Elisabeth Moreno, la puissance du lien, je peux
07:34vous en parler. C'était une bataille toujours très présente. On n'est pas encore, et surtout dans
07:40notre milieu, surtout dans notre milieu. Vous le savez bien. Le fait d'avoir créé un répertoire
07:46et d'être cette voix qui nous accompagne depuis cinq décennies maintenant, puisqu'on parle des
07:51débuts ou quatre décennies si on parle du premier album. Oui, le moment où j'ai commencé à chanter.
07:55Ça représente quoi pour vous, Liane ? Ça représente une sorcière moise. Quelqu'un
08:02qui cohabite avec moi, que j'aime, comme une soeur siamoise, mais qui ne prend pas toute la place.
08:10La femme s'impose beaucoup par rapport à l'artiste aussi. Beaucoup plus qu'avant ?
08:17Je pense non. Oui, c'est-à-dire que je rejoins Barbara, justement, on parlait d'expérience et
08:27de maturité, qui disait je suis une femme qui chante. Elle avait raison. Et je crois qu'à un
08:32moment donné, plus j'avance, plus je me... Bon, moi, j'ai toujours aimé la vie. J'aime la vie plus que
08:40tout. J'aime mon métier, c'est ma passion. Mais bon, pendant le confinement, je me disais,
08:45bon, si tout devait s'arrêter, on ne sait jamais. Je n'aurais pas été malheureuse pour autant. Je peux
08:52toujours chanter sous ma douche. Quel regard vous avez alors sur ce parcours, sur ces 50 années
08:56passées à nos côtés ? Alors aujourd'hui, beaucoup de douceur, beaucoup de gratitude. Mais pour tout
09:03ce qui m'est arrivé, parce qu'on comprend en vieillissant qu'en prenant de l'âge, c'est plus
09:08joli. Moi, je n'ai pas peur de vieillir. Et au contraire, je trouve que ça m'enrichit de jour en
09:14jour. J'assume totalement. C'est un cadeau parce que justement, là, on emmagasine et puis on se
09:22dit, je comprends un peu mieux la vie.