Philippe Lellouche : "J'aime profondément les gens. C'est ce qui m'a poussé à faire de la scène"
Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Mercredi 29 novembre 2023 : L’auteur, comédien et chanteur, Philippe Lellouche. Il est en tournée avec son spectacle "Stand Alone" avant d’occuper la scène du Théâtre de la Madeleine, à Paris, à partir du 2 décembre.
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00:00 Bonjour Philippe Lelouch.
00:01 Bonjour Élodie.
00:02 Vous êtes acteur, réalisateur, animateur, chanteur.
00:04 Le point de départ de ces multiples casquettes a été le journalisme et le reportage d'investigation.
00:08 Une folle envie de raconter vos propres histoires finalement, c'est ça la clé.
00:11 Ensuite, il y a eu le one man show avec la création en parallèle de votre pièce "Le
00:16 jeu de la vérité".
00:17 Vous êtes aujourd'hui de retour sur les planches, seul en scène, avec "Standalone".
00:22 Le seul en scène est donc une histoire de temps.
00:25 Il faut du temps, il faut être prêt pour monter sur scène et être seul en scène.
00:29 Là, plein de gens vous diront le contraire, parce que c'est souvent par là que les jeunes
00:33 démarrent des carrières cinématographiques.
00:35 Plus largement, Élodie, j'ai envie de vous dire que pour être un bon acteur, il faut
00:39 avoir passé 45 ans, je pense.
00:41 Il faut avoir vécu en réalité, puisque quand on dit qu'il faut rentrer dans le personnage,
00:45 non, il faut faire rentrer le personnage en vous et aller chercher en vous ce qui ressemble
00:48 au personnage qu'on vous demande de jouer.
00:50 Ça, c'est empréambuler.
00:51 Maintenant, pour ce qui concerne le one man show, en fait, c'est presque une politesse
00:56 que je rends aux gens, parce qu'ils sont extrêmement gentils avec moi depuis 20 ans
01:00 au théâtre, venir voir ce que j'écris et ce que je joue.
01:02 Et là, j'avais envie un peu de rendre la politesse en disant "Venez, on va se connaître
01:06 un peu mieux", parce que moi, je suis toujours caché derrière, certes, mon écriture parfois
01:10 ou derrière un rôle.
01:11 Et là, c'est tout le contraire.
01:12 Je suis face à eux et j'ai envie de les faire rire, parce que c'est quand même mon ambition
01:17 et de les faire rire en étant face à face, en disant "Tiens, on se connaîtra un peu
01:20 mieux".
01:21 Il y a un espèce de rendez-vous de copain.
01:22 Je ne peux pas le penser autrement.
01:23 - Ça veut dire que la scène, justement, vous a procuré ce que vous rêviez de faire
01:29 enfant, parce que c'est arrivé très tôt, finalement, dans votre vie, Philippe Lelouch,
01:34 de vouloir monter sur scène à travers votre père, qui pour vous était sans doute l'un
01:39 des plus grands héros de cinéma, même s'il ne l'était pas réellement.
01:41 - Bravo, c'est très juste ce que vous venez de dire.
01:44 C'est mon frère qui avait dit ça un jour dans une interview.
01:47 Il dit peut-être que Philippe et moi, on est acteurs parce qu'on a passé notre vie
01:50 à regarder notre père comme héros de cinéma.
01:52 C'est possible, avec au passage, une énorme bienveillance, un optimisme sans faille de
01:57 ma mère.
01:58 C'est ce mélange des deux, peut-être, qui a fait ça.
01:59 Mais oui, si je suis tout à fait honnête, plus que d'être acteur, je voulais être
02:05 connu.
02:06 Il y a eu une maladie mentale, je pense, qui est arrivée assez jeune dans ma vie, qui
02:10 était l'amour du...
02:11 J'en avais rien à foutre de Molière quand j'avais 12 ans.
02:14 Moi, j'avais envie de passer à la télé.
02:16 J'avais l'impression que les gens qui passaient à la télé, ils avaient une vie meilleure
02:19 que les autres.
02:20 Ce qui n'est pas vrai.
02:21 Mais en tout cas, c'est l'illusion qui a fait que j'avais envie de ça.
02:25 Vous êtes toujours dit et annoncé nostalgique compulsif.
02:29 Qu'est-ce qui vous manque alors, Philippe Lelouch ?
02:32 L'enfance.
02:33 L'insouciance de voir mes parents.
02:36 Je donnerais un an de ma vie pour aller boire un café avec mon père aujourd'hui.
02:39 Ce que je ne peux plus faire.
02:40 Je déteste voir vieillir les miens.
02:43 J'ai une peur atroce de la maladie et de la mort.
02:46 Je ne comprenais pas, par exemple, quand des fois je voyais mon père un peu contraire,
02:49 je disais à maman "Qu'est-ce qu'il a, papa ?"
02:50 Il se fait du souci.
02:51 Je ne comprenais pas ce mot "souci".
02:52 Vous vous dites "Ça sert à quoi ? Ça sert à quoi de se faire du souci ?"
02:55 C'est encore valable aujourd'hui, ça ne sert à rien.
02:58 On est d'accord.
02:59 Mais quand on est adulte, vous savez, d'être adulte, finalement c'est quoi ? C'est d'être
03:04 un enfant qui a des problèmes d'argent.
03:05 Stand alone, c'est donc se tenir seul.
03:08 Donc ça veut dire que ça y est, vous êtes fier de l'homme que vous êtes devenu.
03:11 En tout cas, vous connaissez vos valeurs, l'essentiel ?
03:15 Oui, il serait temps.
03:16 En tout cas, on n'a plus peur d'assumer ce qu'on est à 57 ans.
03:20 Il y a des choses, ce qui est mon âge aujourd'hui.
03:22 Oui, en fait, on veut démarrer en plaisant à tout le monde.
03:26 Ça, c'est une évidence.
03:27 Tous les jeunes acteurs ont ça.
03:29 On comprend très vite autour de la quarantaine qu'on ne plaira pas à tout le monde.
03:34 Et quand on passe les 50, on est fier de ne pas plaire à tout le monde.
03:36 Parce que celui à qui on ne plaît pas, en général, c'est celui qu'on n'aime pas trop
03:39 non plus.
03:40 Donc ce n'est pas très grave.
03:41 Donc c'est le moment de s'assumer.
03:42 Mais de toute façon, c'est long le chemin avant d'être un homme.
03:44 On va jouer au jeu de la vérité sur une question.
03:46 Si on devait définir stand alone, on pourrait dire quoi alors ?
03:49 En fait, j'aimerais.
03:50 Venez, parce qu'en sortant, j'espère que vous vous direz tiens, j'ai un nouveau copain.
03:55 Merci infiniment.
03:56 C'est moi qui vous remercie.
03:57 Faites le plus de bien être passé dans le monde et le dit sur France Info.
03:58 Donc en tournée dans toute la France et du 2 au 27 janvier prochain au Théâtre de
04:03 la Madeleine.