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Samedi 22 février 2025, retrouvez Johanna Boyé (Metteuse en scène), Agnès Pat (Comédienne), Magali Genoud (Comédienne) et Pascal Guillaume (Producteur, Ki M'aime Me Suive) dans SCÈNE EN LUMIÈRE, une émission présentée par Marie-Laure Falcoz.

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Transcription
00:00Bonjour à toutes et à tous, et bienvenue dans Scènes en lumière, votre émission
00:11qui vous emmène au cœur du théâtre et des arts de la scène.
00:14Aujourd'hui, nous allons plonger dans l'univers de Jane Austen, mais avec une touche résolument
00:19moderne et dynamique, orgueil et préjugé ou presque.
00:22C'est une adaptation pleine d'humour et de dynamisme, qui revisite ce grand classique
00:28avec une mise en scène audacieuse et un casting 100% féminin.
00:32Pour en parler, nous recevrons deux des cinq comédiennes de la pièce, Magalie Genoux
00:39et Agnès Pate, qui nous raconteront comment elles jonglent avec plusieurs rôles et comment
00:45elles vivent cette aventure sur scène.
00:46Ensuite, nous recevrons Joanna Boyer, la metteuse en scène, qui nous expliquera comment elle
00:52a imaginé ce spectacle à la fois drôle et rythmé.
00:56Enfin, nous discuterons avec Pascal Guillaume, de la maison de production qui même me suivent,
01:03qui nous expliquera les coulisses de ce succès.
01:06A tout de suite dans Scène en lumière.
01:13Bonjour Magalie Genoux et Agnès Pate.
01:15Bonjour.
01:16Vous êtes les deux comédiennes sur cinq de la pièce Orgueil et préjugé ou presque,
01:21qui se joue au Théâtre Saint-Georges.
01:24Alors, pouvez-vous nous parler de vos rôles respectifs dans cette adaptation ?
01:28Dans le désordre comme ça, l'une ou l'autre.
01:30Comment c'est toi qui l'as ? L'héroïne.
01:34Alors, moi j'interprète le rôle d'Elisabeth Bénet, qui est donc la deuxième de la famille.
01:39On dit la cadette ?
01:40Oui, c'est ça.
01:41La cadette.
01:43Je joue la fille irrévérencieuse, un peu impertinente, celle qui est en rébellion
01:49avec le système et qui est très protectrice avec ses sœurs.
01:53Et vous, Agnès ?
01:55Alors, j'interprète plusieurs rôles.
01:57C'est un spectacle où on se change énormément.
02:00Et j'interprète aussi des rôles d'hommes.
02:02Donc ça, c'est très, très jouissif à jouer.
02:05Alors, j'interprète déjà Tilly.
02:07On joue toutes des soubrettes.
02:10En fait, c'est la vision par les soubrettes de l'histoire.
02:14Donc en fait, on est toutes des soubrettes très, très malicieuses
02:17et on explique au public comment est-ce qu'on les prend par la main
02:20pour raconter un peu cette histoire, cette nouvelle version de l'histoire.
02:23Et ensuite, j'interprète les frères et sœurs Bingley.
02:27Donc Charles Bingley, qui est un jeune homme, je dirais,
02:31un petit peu comme un prince charmant.
02:33Tout blondinet, tout bouclé.
02:35C'est Cupidon.
02:36C'est Cupidon.
02:38Et j'interprète sa sœur Caroline Bingley.
02:40C'est le contraire.
02:41Elle est épouvantable.
02:42Elle est épouvantable.
02:43Jalouse.
02:46Arrogante.
02:47Arrogante.
02:48Snob.
02:49Snob.
02:50Très snob.
02:51Très riche.
02:52Très snob.
02:53Voilà.
02:54Très fière d'elle.
02:55Et j'interprète aussi Charlotte, qui est la meilleure amie d'Elisabeth,
02:58qui est folle d'amour pour Elisabeth.
03:00Et donc, c'est très beau aussi de voir ce rapport entre les deux.
03:03À l'époque, au 19e siècle, on comprend que ce n'était pas possible
03:08de vivre en plein jour une histoire d'amour entre femmes.
03:12Et donc, c'est très, très beau à jouer.
03:14Je suis ravie.
03:15Oui, complètement.
03:16Parce que vous êtes une des comédiennes à changer souvent de rôle.
03:19Oui.
03:20Voilà.
03:21Et comment vous arrivez techniquement ?
03:23Parce qu'il y a des tableaux qui sont assez courts.
03:26Oui.
03:27C'est très sportif.
03:28Comment vous vous faites, en fait, dans les coulisses ?
03:30Comment ça se passe ?
03:31Alors, on a été coaché par ma sorcière bien-aimée.
03:33Et on se transforme.
03:36En fait, il y a une équipe extraordinaire en coulisses.
03:39En fait, on fait vraiment le spectacle.
03:41Il y a un ballet en coulisses.
03:42Il y a une fourmilière.
03:43Non, mais c'est incroyable.
03:44Et tout a été travaillé comme des chorégraphies.
03:46C'est-à-dire que le moindre changement de costume a vraiment été répété minutieusement.
03:51C'est-à-dire qu'on a passé des jours et des jours à travailler les chorégraphies,
03:54les changements de perruques.
03:56Et donc, au plateau, il fallait qu'on dise le texte dans le bon rythme.
03:59Parce que si on allait trop vite ou trop lentement, ça décalait tout.
04:02Donc, tout a été travaillé.
04:03Il n'y a rien qui est laissé au hasard.
04:06Parfois, on a deux phrases pour changer totalement de personnage.
04:10Je passe d'un homme à, tout d'un coup, la soubrette.
04:14On a deux ou trois phrases.
04:16Et donc, notre habilleuse est là avec nous.
04:18On a aussi un accessoiriste qui nous passe les affaires.
04:22On est toute une équipe en coulisses pour que la machinerie se fasse.
04:26Donc, il y en a autant en coulisses que sur scène.
04:28Oui, c'est ça.
04:30Et les trois autres comédiennes, nos trois autres camarades,
04:34jouent également chacune trois personnages.
04:37Moi, je suis la seule à ne faire que Elisabeth.
04:39Mais les trois autres, Emmanuel Bougereau, Céline Asperrin et Lucie Brunet.
04:44Comment t'as dit ? Lucie Brunet ?
04:45Oui, c'est ça.
04:48Jouent également trois personnages.
04:50Et vraiment, elles sont toutes, tout le temps, dans une interaction.
04:57C'est très rythmé.
04:59Elles suent, elles transpirent à la fin du spectacle.
05:01Elles sont dégoulinantes.
05:02Mais on sent toujours bon.
05:04Oui, toujours, évidemment.
05:05Mais c'est ce qu'on se dit à la fin du spectacle.
05:07On est essoufflés pour vous, en fait.
05:09Oui, tant mieux.
05:10Oui, mais vraiment, c'est très réussi.
05:12Et il y a des changements de décors très rapides.
05:14Il y a des tableaux très courts.
05:16Alors, changements de décors.
05:17Il y a surtout des changements de mobilier.
05:19De mobilier, voilà.
05:20C'est ça.
05:21Oui, c'est ça.
05:22Ça, ça a été le vrai talent et de la scénographe
05:26et de Johanna Boyer, la médeceuse en scène,
05:28de pouvoir créer ensemble un décor qui puisse se transformer
05:33avec simplement un changement de perspective de mobilier,
05:36les lumières.
05:37Et hop, il y a un côté un petit peu intemporel dans ce décor.
05:41Et en même temps, totalement affiché dans l'époque des personnages.
05:46Oui, oui, oui.
05:48Et avec un décor, avec des néons aussi.
05:51Il y a une innovation, en fait.
05:53Oui, une touche de modernité.
05:55Oui, qui est tout à fait géniale.
05:56Mais qu'on retrouve dans chaque corps de métier,
05:58dans ce spectacle.
05:59Oui, oui.
06:00Dans la musique.
06:01Dans les costumes.
06:02Dans les perruques.
06:03Dans notre jeu.
06:04Dans notre façon aussi d'interpréter certains personnages.
06:06C'est très moderne.
06:08Et vous chantez et vous dansez toutes.
06:10Oui.
06:11Donc vous avez toute une formation chant-danse
06:13où vous vous êtes formées pour la pièce.
06:17En fait, ce qui est intéressant, c'est qu'on est toutes les cinq,
06:19les cinq actrices, chanteuses, comédiennes.
06:21Et il y a aussi une musicienne avec nous.
06:23Tout à fait.
06:24C'est Claudie Minard, qui est une magnifique chanteuse,
06:26musicienne et comédienne dans ce spectacle.
06:28On vient toutes d'univers extrêmement différents.
06:31Certaines sont vraiment issues du théâtre pur.
06:33Et on a appris, pour ce spectacle,
06:35à encore un peu plus se mouvoir sur le plateau.
06:39D'autres, moi j'ai fait beaucoup de clowns.
06:43Il y en a qui sont vraiment très chanteuses.
06:45Voilà.
06:46En fait, c'était formidable de voir nos six énergies
06:49sur le plateau se compléter.
06:51Oui.
06:52Pour qu'il y ait à la fois nos personnalités scéniques
06:56qui ressortent et aussi un ensemble.
06:59Oui.
07:00Et c'est très…
07:01Enfin, il y a tous vos talents qui ressortent.
07:03Chacune, c'est merveilleux.
07:05Mais on s'est beaucoup aidées aussi mutuellement.
07:07Parce que, par exemple, moi je suis du groupe,
07:09je suis la seule qui n'avait quasiment jamais chanté
07:12dans un spectacle.
07:13Donc, elles m'ont énormément…
07:14Oui, mais c'est la réalité.
07:15Elle s'est chantée déjà.
07:16Oui, mais c'est la réalité.
07:17C'est la réalité.
07:18Elles m'ont énormément coachée.
07:20Elles m'ont énormément aidée.
07:22Et c'est merveilleux.
07:23Par contre, j'avais des bonnes bases de danse.
07:25Donc, voilà, ça s'équilibre en fait.
07:27Ça s'équilibre.
07:28Ça apporte toutes des choses.
07:29Ah, génial.
07:30Et est-ce qu'il y a eu des moments particulièrement jubilatoires à jouer
07:34dans la pièce où c'est tout le temps ?
07:37Ça change un peu tous les soirs.
07:38Parce que forcément, ça se crée aussi avec le public.
07:41Par exemple, hier, il y a eu un vol plané sur scène.
07:45Voilà, je l'ai envoyé valdinguer.
07:47C'était pas prévu au programme.
07:48Et c'était très drôle.
07:50Cascade, tacadac, boum boum.
07:51J'étais Belmondo.
07:52Ah ouais, d'accord.
07:55On s'admire beaucoup les unes les autres.
07:58Et on a l'œil qui frise.
08:00Donc, on réinvente tous les jours.
08:03Donc, il y a des moments où notre camarade nous surprend.
08:05Moi, je suis au spectacle.
08:07Je pense qu'on est toutes un peu au spectacle les unes les autres.
08:10C'est magnifique.
08:11Et c'est un spectacle aussi où le quatrième mur est très régulièrement brisé.
08:17Donc, on joue aussi énormément avec le public.
08:19Ce qui fait que chaque soir, le spectacle est extrêmement différent.
08:23On sent l'énergie du public qui rentre dans l'histoire de façon différente.
08:28Les rires sont à plein d'endroits où on ne s'attendait pas du tout.
08:32Donc, c'est très jubilatoire aussi d'avoir pour partenaire le public
08:37qui est dans l'histoire et avec nos personnages.
08:39Bien sûr.
08:40Et puis, on fredonne.
08:41J'ai entendu le public fredonner.
08:42Moi, j'ai fredonné aussi.
08:43On tape dans les mains.
08:44Enfin, avec toutes les chansons revisitées aussi.
08:47C'est très, très vivant.
08:48C'est très rythmé.
08:49Et ça vient régulièrement, en fait.
08:51On ponctue.
08:52Régulièrement, pardon, ponctué par des chansons et par des danses.
08:56Et on rit, mais pas que.
08:58Parce qu'il y a des moments aussi où on surprend le public
09:01parce qu'on aborde des vrais sujets de fond.
09:04On parle d'homosexualité.
09:05On parle de consentement.
09:07On parle de posture sociale.
09:08On parle de mariage.
09:10La place des femmes.
09:11La place des femmes.
09:12Très importante.
09:13Surtout.
09:14Oui.
09:15C'est pour ça qu'il y a ce plateau entièrement féminin.
09:18Complètement.
09:19Voulu par Isabelle MacArthur.
09:22Isabelle.
09:23Et qui a tant plu à Pascal Guillaume.
09:25Exactement.
09:26Et est-ce que vous avez dû relever des défis particuliers pour jouer ?
09:30Moi, ce que je retiens, entre autres,
09:32parce que c'est un spectacle qui demande énormément de précision entre nous,
09:36c'est à la fois de continuer à accroître notre liberté intérieure sur le plateau
09:44et en même temps à être dans la bonne rythmique du spectacle,
09:47respecter avant tout la bonne rythmique du spectacle.
09:50C'est comme une partition, ce spectacle.
09:53Il faut pouvoir rentrer là-dedans pour qu'on soit connecté entre nous
09:58et aussi être connecté avec le public.
10:00Vous avez dû lire le roman, j'imagine, ou voir le film.
10:04Et donc, quelles sont les particularités de cette adaptation par rapport au roman ?
10:07Qu'est-ce que vous voyez de très différent ?
10:10Le point de vue est très féministe dans cette adaptation.
10:14C'est ça aussi qui est un peu différent et très moderne.
10:19Oui, très.
10:20J'étais fan du roman quand j'étais plus jeune.
10:24J'avais regardé évidemment les films.
10:27Et c'est vrai que c'est jubilatoire de pouvoir revisiter d'un point de vue de maintenant,
10:36avec des femmes de maintenant qui s'emparent de cette histoire.
10:41On revêt les costumes de l'époque,
10:43mais Johanna nous a vraiment laissé être nous-mêmes à travers ces costumes.
10:49Et du coup, pour le public, il y a beaucoup de fans de l'œuvre qui viennent voir ce qu'on en fait
10:56et qui sont très heureux de voir cette appropriation de l'œuvre.
11:01Oui, je comprends.
11:03Oui, parce que malgré tout, on raconte vraiment les histoires d'amour.
11:07Moi, quand j'ai face à moi Emmanuel Bougerolle qui joue Darcy, j'y crois vraiment.
11:11J'ai face à moi un homme et je tombe amoureuse de l'homme que j'ai en face de moi.
11:17Et c'est touchant.
11:19Oui, ça se voit.
11:21On voit cette connexion, cette tension amoureuse.
11:25Tant mieux.
11:27C'est vrai.
11:28Et on oublie que le personnage masculin est joué par une femme.
11:32On voit l'essentiel en fait.
11:35C'est merveilleux grâce à chacune.
11:38C'est une très bonne pièce.
11:40Et un dernier mot.
11:42Si vous aviez envie de convaincre quelqu'un pour venir voir le spectacle, vous diriez quoi ?
11:46C'est un très bon rapport qualité-prix.
11:51C'est le meilleur médicament du moment.
11:53Oui.
11:54Vraiment.
11:55Il nous fait du bien ce spectacle.
11:56Et je pense que les gens qui vont aller voir ce spectacle vont se sentir mieux.
12:02On en a besoin.
12:03On a besoin de joie.
12:04On rit beaucoup.
12:05On rit beaucoup grâce à vous, grâce à la mise en scène.
12:08C'est extraordinaire.
12:10Merci infiniment Magali et Agnès.
12:12Merci Marie-Laure.
12:13Merci beaucoup.
12:14Et à tout de suite dans Scène en Lumière.
12:20Bonjour Joanna Boyer.
12:21Bonjour.
12:22Merci d'être présente parmi nous pour la pièce Orgueil et préjugé ou presque.
12:28Qu'est-ce qui vous a séduite dans cette adaptation ?
12:31C'est vrai que ce qui m'a tout de suite emballée,
12:33c'est le fait que tout le casting soit purement féminin
12:37et que les femmes et les actrices s'emparent des rôles masculins
12:42et du coup des codes des hommes.
12:45Donc ça, c'est quelque chose qui m'a tout de suite séduite.
12:47Lui, le côté aussi musical, c'est quelque chose que j'aime beaucoup faire.
12:51Je trouvais que ça pouvait apporter une touche très pop.
12:53Et revisiter un classique aussi, c'est des choses que j'aime beaucoup faire.
12:57Voilà, donc tous ces ingrédients m'ont appelée.
13:00Et comment vous avez choisi tous les morceaux de musique
13:02qui sont eux aussi revisités finalement ?
13:05Oui, ça a été un gros travail et au bout d'un moment,
13:07on s'est donné un peu une règle avec le réarrangeur des chansons.
13:12On s'est dit qu'on prenait que des titres anglais
13:14pour donner vraiment une touche british au spectacle.
13:18Et on s'est dit aussi qu'il fallait qu'on trouve des titres
13:21qui pouvaient être connus presque à partir de 10 ans jusqu'à 90 ans.
13:26Vraiment, on a tapé dans des choses extrêmement connues,
13:31pas forcément très actuelles toujours.
13:33Mais voilà, on s'est dit qu'il fallait qu'on prenne des hits,
13:36des tubes que tout le monde connaît.
13:38Et d'ailleurs, la salle fredonne.
13:40La salle fredonne et c'est vrai qu'on a Queen, Elton John, David Bowie et tant d'autres.
13:48Et vraiment, ce qu'on a aussi décidé de faire,
13:51c'est qu'on a revisité ces chansons en gardant vraiment les refrains en anglais.
13:58Mais on a réactualisé tous les couplets en français
14:02et on les a mis dans le contexte de la pièce.
14:05Donc, c'est vraiment les personnages de la pièce qui chantent des chansons
14:09qui sont remis au goût d'Orgueil des préjugés.
14:12Et c'est presque parfois une comédie musicale.
14:15C'est très chanté finalement, c'est très Parisien.
14:19C'est très chanté.
14:21On a aussi mis des chorégraphies.
14:23Donc, c'est ça aussi qui donne la touche comédie musicale.
14:26Vraiment, les chansons s'emmêlent dans le théâtre.
14:30Ce n'est pas des moments concert, ça s'imbrique complètement dans la pièce.
14:35Et c'est très, très réussi.
14:37Il y a la guitariste aussi, qui est merveilleuse, qui a un rôle très important.
14:41Oui, on a une guitariste qui fait de la guitare électrique,
14:44qui est en scène avec nous tout le temps et qui accompagne les chansons.
14:48On a aussi la pièce et elle met tout un univers sonore aux scènes de théâtre.
14:53C'est extraordinaire.
14:54C'est elle qui présente au départ la pièce.
14:56Et puis après, elle est tout le temps présente sur le côté.
14:59Mais elle a un vrai rôle elle aussi.
15:01Tout à fait.
15:02Il y a six personnages féminins presque sur scène.
15:06Complètement.
15:07Et donc, la pièce joue beaucoup sur l'humour et la modernité.
15:13Comment avez-vous trouvé l'équilibre entre le respect du texte et l'innovation ?
15:20C'est vraiment le travail qu'ont fait les adaptateurs sur le fait de garder la trame principale d'Orgueil et Préjugé,
15:29qui est une trame géniale.
15:31Ces deux personnages qui ont tout pour ne pas s'aimer, qui vont finalement tomber amoureux.
15:37C'est imparable.
15:39Et après, on a décidé vraiment de revisiter les scènes en amenant beaucoup de décalages.
15:45Après, c'était aussi un spectacle qui tourne à Londres.
15:48On a quand même pris un spectacle qui avait déjà cette couleur-là.
15:51Cette couleur très anglaise, très humour cartoon.
15:58Il y a un côté aussi très monty-piton, absurde.
16:03On a vraiment tiré au maximum le ressort comique parce qu'on avait envie d'en faire une comédie.
16:08Avec un grand succès parce que c'est drôle du début jusqu'à la fin.
16:12C'est vraiment enthousiasmant, c'est extraordinaire.
16:15Et comment vous avez pu diriger les comédiennes pour qu'elles passent d'un rôle à l'autre comme ça ?
16:20Ça, c'est vraiment du travail de répétition.
16:23Les acteurs proposent des choses et en fonction.
16:26Moi, j'ai aussi mon idée sur les personnages.
16:29Et petit à petit, au fil des répétitions, on essaye des choses, on affine.
16:33Moi, je reprécise ou je dis non, ça, ça ne fonctionne pas.
16:36C'est vraiment toute une espèce de danse entre le metteur en scène et l'acteur et le personnage finalement.
16:41Et petit à petit, on construit quelque chose qui va être assez solide et qui va devenir un personnage.
16:49Oui, complètement.
16:50Et l'idée d'avoir que des femmes, c'est venu comment en fait ?
16:54C'était d'emblée ce que Isobel MacArthur, qui a fait l'adaptation, voulait ?
16:59Oui, c'était vraiment une volonté de sa part et ça ne pouvait pas être changé.
17:03Vraiment, elle y tenait ferme et elle avait complètement raison.
17:06Et l'idée un peu de génie qu'elle a eue, c'est que Orgueil et Préjugé, ça parle beaucoup de l'amour,
17:13donc du couple, donc des relations homme-femme.
17:15Et en fait, il y a tout un panel de personnages masculins qui sont un peu des archétypes.
17:19Donc, on a l'aristocrate, taiseux, méprisant.
17:23On a l'amoureux, romantique.
17:27On a le libidineux.
17:29On a tous ces personnages.
17:30Et en fait, là où je trouve que c'était vraiment génial,
17:32c'est que d'un coup, le fait que des femmes s'emparent de ces codes masculins
17:36et les travestissent et les parodient,
17:39bah même pour les hommes, il y a un côté où d'un coup, ils se voient jouer par des femmes,
17:43ils voient leur travers et je pense qu'il y a quelque chose d'assez drôle.
17:49Et je pense que ce qui était super aussi,
17:52et ce qui est super, c'est que c'est un peu une des premières fois que je vois un spectacle
17:58où des femmes travestissent des hommes et que c'est drôle.
18:01C'est souvent l'inverse.
18:03Et là, elles sont drôles, folles, déjantées.
18:08Ça donne plus de force à leurs personnages.
18:10Je trouve les personnages masculins ont une force particulière sur scène.
18:15Parce qu'ils sont joués par des femmes, donc on oublie en fait ça.
18:20Et ça souligne leur trait de caractère, comme vous le dites.
18:23C'est très riche.
18:25C'est une très, très bonne idée.
18:26On a déjà vu ça dans d'autres pièces.
18:28Lucas Borgia joué par Guillaume Villene.
18:31Oui, mais c'est un homme qui joue une femme.
18:33Oui, c'est ça.
18:34On a souvent vu ça et là, je trouve que c'est le truc qui est différent.
18:39Oui, c'est vrai.
18:40C'est vrai parce que c'est rare.
18:41C'est plus rare.
18:42C'est rare et on ne s'y attend pas.
18:44Tout à fait.
18:45C'est très, très réussi.
18:47Et quel est votre plus beau souvenir de création pendant cette pièce ?
18:53Il y en a eu plein.
18:54Il y en a eu plein.
18:55Mais il y a eu plein de moments où j'ai tellement ri.
18:58C'est surtout ça de voir.
19:00Mais j'ai adoré les moments de chorégraphie.
19:04Quand on a travaillé avec le chorégraphe.
19:06J'ai adoré aussi voir certaines choses qui marchaient.
19:11Après, il y a des scènes qui nous ont demandé vachement plus de difficultés aussi.
19:17Je ne sais pas, tout était génial.
19:21Je ne saurais pas sortir un moment.
19:23Parce qu'il y a des tableaux très différents tout le temps.
19:26Parfois, il y a des tableaux qui durent une ou deux minutes.
19:29Ça va très, très vite.
19:33Et à la fin de la pièce, on est presque fatigué pour les comédiennes.
19:38C'est sportif.
19:40Oui, c'est vrai que c'est un peu sportif.
19:42Elle change énormément de personnage, donc de costume.
19:47C'est très haletant.
19:49Le rythme est freiné.
19:50Quand elles dansent, il y a quelque chose de très rythmé, d'un peu tourbillonesque.
19:56Et en même temps, à la fin, elles ne sont pas si fatiguées que ça.
20:00Dans le sens où c'est un vrai training.
20:02Il y a aussi un moment où on s'habitue à tenir un cap, à trouver son énergie.
20:10Donc, ça va.
20:13En tout cas, c'est une pièce absolument merveilleuse.
20:15Bravo et merci à vous, Joana Boyer, pour cette mise en scène talentueuse.
20:20Et pour le regard passionnant que vous nous avez transmis sur la mise en scène.
20:25Et maintenant, nous allons explorer les coulisses des enjeux financiers de la production.
20:29A tout de suite dans Scène en lumière.
20:36Bonjour, Pascal Guillaume de la maison de production.
20:38Qui même me suive pour la pièce de théâtre Orgueil et préjugé ou presque.
20:42Bonjour.
20:43Bonjour et merci d'être là parmi nous.
20:46Quels ont été les principaux défis financiers pour monter ce spectacle ?
20:51Des défis financiers, on n'a pas eu vraiment.
20:53Parce que c'est habituel dans notre métier de produire.
20:56Il suffit de trouver un coproducteur ou deux coproducteurs.
21:00En l'occurrence, un théâtre quand c'est à Paris.
21:03Et voilà quoi.
21:06Et c'est parti.
21:07Et c'est parti.
21:08Il faut séduire un théâtre.
21:09Mais là, en l'occurrence, c'est un de mes théâtres.
21:11Donc, c'est un peu plus facile.
21:12En effet.
21:13Parce que je séduis un peu mes associés.
21:17Et pourquoi avoir choisi de produire cette pièce en particulier ?
21:21Alors, des fois, ça ne tient à pas grand-chose.
21:24Mon fils et son amoureuse qui sont revenus il y a quatre ans d'Angleterre.
21:30Je ne suis même pas sûr que c'était à Londres.
21:32Et qui me disent, on a vu un truc génial et tout.
21:34C'est Orgueil et préjugé qui est adapté sur scène.
21:36Tu devrais t'y intéresser.
21:38Ce que je n'ai pas fait.
21:40Et deux ans après, ou un an et demi après, ils sont revenus d'Edimbourg.
21:43On est retournés voir Orgueil et préjugé à Edimbourg.
21:45Mais pourquoi tu ne montes pas ça en France ?
21:47Ah !
21:48Et c'est là où je me suis intéressé à regarder si les droits étaient disponibles.
21:51Et c'est parti comme ça.
21:53D'accord.
21:54Et vous avez contacté Isabelle MacArthur, c'est ça ?
21:56Oui.
21:57Voilà.
21:58Et c'est parti.
21:59Ah oui, d'accord.
22:00Et j'ai proposé à Virginie Hoque, que je produis aussi, le projet.
22:05En disant, tiens, est-ce que ça t'amuserait de faire l'adaptation ?
22:07Et c'est parti comme ça.
22:09Ah oui, génial.
22:10Ça tient un peu de choses parfois.
22:12Oui, complètement.
22:13Et comment on se finance un tel projet ?
22:16Est-ce qu'il y a des subventions du mécénat ?
22:18Alors on a la chance, en France, d'avoir un fonds de soutien du théâtre privé,
22:23qui s'appelle la STP, qui vous aide.
22:27C'est pour ça qu'il faut s'associer avec un théâtre en général,
22:29parce que le théâtre détient, lui, le compte à STP.
22:32Donc il peut obtenir ce fonds de soutien.
22:35Il a droit à trois dossiers par an.
22:37C'est-à-dire qu'un dossier vous permet,
22:39si vous n'avez vraiment pas de chance,
22:41de financer jusqu'à 40% de votre déficit.
22:44En effet.
22:45C'est un peu comme au cinéma,
22:46c'est un peu comme le CNC ou le CNM pour la musique.
22:49Donc déjà, quand vous avez cette garantie
22:53éventuellement d'être soutenu à 40% du déficit,
22:56c'est déjà pas mal.
22:57Ça aide à se lancer.
22:58Et plus, là on a la chance sur cette pièce,
23:01parce qu'il y a six artistes sur scène,
23:03d'avoir le crédit d'impôt.
23:05D'accord.
23:06À partir d'un certain nombre de comédiens sur scène, c'est ça ?
23:09Oui, c'est assez bizarre.
23:10On n'a jamais compris pourquoi.
23:12Quand le crédit d'impôt théâtre
23:14a été voté à l'Assemblée nationale,
23:16en plein Covid,
23:17au moment où on ne le demandait plus d'ailleurs,
23:19parce qu'on se doutait bien que ce n'était pas le bon moment.
23:22Et un matin, on nous dit,
23:23tiens, cette nuit, ils ont voté le crédit d'impôt théâtre.
23:25Ah bon ?
23:26Et sans consulter quasiment personne.
23:28Et ils nous ont mis des critères
23:29qui sont assez compliqués à respecter des fois,
23:31dont celui d'avoir six personnes au moins sur scène
23:34au plateau.
23:36Ce qui est assez bizarre,
23:38parce qu'en humour par exemple,
23:40vous pouvez avoir du crédit d'impôt sur un humoriste
23:42seul au plateau.
23:43Ah oui, d'accord.
23:44Donc il y a des critères variables.
23:46On ne sait pas pourquoi.
23:47Aléatoires.
23:48Donc on a effectivement sur ce genre de pièces
23:50et le crédit d'impôt
23:52et le fonds de soutien du théâtre privé.
23:55D'accord.
23:56Donc ça, ça aide beaucoup.
23:57Et le théâtre est parfois un secteur incertain,
24:00difficile économiquement.
24:02Comment vous assurez la rentabilité
24:04d'une production comme ça ?
24:06Quand vous avez de la chance,
24:08c'est comme beaucoup d'activités,
24:10c'est-à-dire qu'il faut avoir la chance
24:11de faire des succès de temps en temps.
24:13C'est les succès qui financent les pertes,
24:15on va dire,
24:16les spectacles qui ne fonctionnent pas.
24:18Et là, comme moi,
24:20j'ai un peu de chance depuis quelques années,
24:22parce que j'ai enchaîné
24:24« Dernier coup de ciseau » à une époque,
24:26« Les faux british »,
24:28« Les gros patinent bien ».
24:30Donc c'est des pièces qui restent longtemps
24:32à l'affiche à Paris
24:33et qui en plus partent en tournée.
24:35Après d'autres pièces aussi
24:37avec des gens plus connus.
24:39Mais ces pièces-là, en tout cas,
24:41qui peuvent rester 3, 4, 5, 10 ans
24:43à l'affiche à Paris,
24:44en jouant presque 10 mois par an
24:46ou 12 mois par an,
24:48ça aide bien.
24:49Ça aide bien.
24:50C'est comme dans l'édition,
24:52le livre qui gagne un prix,
24:54les aide à vivre aussi.
24:56D'accord, je vois bien.
24:58Et quels sont les objectifs
24:59en termes de diffusion et de tournée derrière ?
25:01Comment ça se joue en fait ?
25:03Alors là, dans un premier temps,
25:05c'est surtout de faire un succès parisien.
25:07Le succès parisien
25:09définira déjà si vous allez rester
25:11longtemps à Paris ou pas.
25:13Et si vous avez la chance
25:15de rester très longtemps à Paris,
25:17vous montez une deuxième équipe
25:19qui part en tournée.
25:21C'est ce qu'on a fait avec « Les faux british »
25:23ou « Les gros patinent bien » en ce moment.
25:25C'est-à-dire qu'en général,
25:26vous avez une équipe qui joue à Paris,
25:28qui part en tournée.
25:29D'accord, d'accord.
25:30Et c'est pas mal parce qu'en même temps,
25:32l'activité et la médiatisation
25:34de l'équipe parisienne
25:36sert à la promotion
25:38de la tournée.
25:40Mais aussi le public qui voit le spectacle en tournée,
25:42des fois, en parle
25:44à ses amis parisiens
25:46ou à leur famille en disant
25:47« Tiens, on avait un truc super,
25:48ça joue aussi à Paris. »
25:49Ouais, l'un entraîne l'autre.
25:51Et c'est la maison de production
25:53qui finance absolument tout,
25:55les tournées en province aussi ?
25:57Alors, on a encore la chance
25:59dans ce pays d'avoir des collectivités
26:01qui achètent des spectacles,
26:03ce qui n'est pas le cas en Angleterre, par exemple.
26:05Donc, quand vous avez la chance
26:07de faire un beau succès parisien,
26:09vous avez les programmateurs des théâtres de ville,
26:11surtout, en priorité,
26:13qui viennent pour acheter votre spectacle.
26:15D'accord.
26:16C'est comme ça que ça part plus facilement.
26:18Là, sur Organique Préjugé,
26:19je sais pas si c'est hier soir,
26:20il y avait quatre programmateurs
26:22de théâtres de région qui étaient là.
26:24Ah oui, d'accord.
26:26Et comment percevez-vous
26:28l'évolution du public,
26:30les tendances, les goûts du public
26:32par rapport à ce que vous allez produire ?
26:34Est-ce que vous avez une écoute par rapport à ça,
26:36particulière, ou pas du tout ?
26:38Moi, j'essaie de privilégier des spectacles
26:40qui touchent au moins trois générations.
26:42Parce que si on veut faire
26:44de gros succès populaires,
26:46il faut toucher un public large,
26:48le plus large possible.
26:50Et surtout, d'essayer de faire venir les jeunes au théâtre.
26:52On a la chance à Paris,
26:54grâce à la Ville de Paris,
26:56d'avoir ce tarif
26:58de moins de 26 ans
27:00à 11 euros,
27:02qui est subventionné pour le théâtre.
27:04On le sait pas toujours,
27:06mais la Ville de Paris finance 5 euros
27:08au théâtre.
27:10Un jeune paye 11 euros, mais on touche 5 euros de plus
27:12par la Ville de Paris.
27:14Ça nous fait finalement des places à 15 ou 16 euros.
27:16Et ça, quand on a la chance d'avoir des spectacles
27:18qui attirent les jeunes,
27:20moi je l'ai sur un autre spectacle en ce moment,
27:22il y a quand même des jeunes
27:24dans la salle, j'ai vu hier soir encore.
27:26En ce moment, j'ai un autre spectacle
27:28de Tristan Bernard qui s'appelle le numéro 2.
27:30Où là,
27:32j'ai rarement connu ça, on a plus de 50% de la salle
27:34qui a moins de 26 ans.
27:36Donc ça fait des petites recettes,
27:38mais en même temps, ça lance
27:40un bouche à oreille.
27:42Ça c'est génial.
27:46Et par rapport aux autres spectacles
27:48que vous avez, vous en avez combien en ce moment
27:50par exemple, en ce début d'année ?
27:52À Paris, on en a une dizaine.
27:54Une dizaine, c'est ça.
27:56Chaque saison, quasiment, vous avez...
27:58Non, ça dépend, chaque saison ça peut être 4 ou 5.
28:00Ça dépend.
28:02D'accord. Et qu'est-ce que
28:04vous avez envie de dire pour que les spectateurs aillent voir
28:06Orgueil et Préjugé ou Presque ?
28:08Qu'est-ce que vous auriez envie de leur dire ?
28:10Je pense que c'est un des spectacles les plus joyeux
28:12qu'il y a en ce moment dans un théâtre parisien.
28:14Je trouve qu'on ressort,
28:16on a une chanson dans la tête déjà,
28:18on s'y flotte et on est très joyeux.
28:20C'est vrai, c'est très vrai.
28:22J'en témoigne à 100%.
28:24Et on a besoin de fraîcheur, on a besoin de rire en ce moment.
28:26Oui, complètement.
28:28C'est un excellent argument.
28:30En tout cas, merci beaucoup Pascal Guillaume
28:32d'être venu sur le plateau.
28:34Nous avons exploré ensemble toutes les facettes
28:36de Orgueil et Préjugé ou Presque,
28:38une adaptation libre de Jane Austen
28:40qui se joue au Théâtre Saint-Georges
28:42que je vous invite à aller voir tout de suite
28:44tellement c'est merveilleux et drôle.
28:46A très bientôt dans Seigneur Lumière.

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