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Tous les jours, une personnalité s'invite dans le monde d'Élodie Suigo. Jeudi 23 janvier 2025 : la comédienne et réalisatrice Sylvie Testud. Elle est sur la scène du Théâtre Édouard VII à Paris, dans la pièce de Florent Zeller, "La vérité", aux côtés de Stéphane de Groodt, Clotilde Courau et Stéphane Facco.

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Transcription
00:00Bonjour Sylvie Testu, vous êtes actrice, réalisatrice et écrivaine.
00:04Faire l'histoire, c'était votre projet quand vous êtes arrivée à Paris.
00:08Après avoir quitté Lyon, vous avez grandi dans le quartier de la Croix-Rousse, alors
00:11à défaut d'enseigner l'histoire, vous vous amusez à en raconter, à les incarner
00:15ou à les créer.
00:16La vôtre contient déjà pas mal d'aventures et de collaborations, plus de 85 rôles au
00:21cinéma, deux César obtenus, celui du meilleur espoir féminin en 2001 pour les blessures
00:25assassines et celui de la meilleure actrice dans Stupeur et Tremblement, c'était en
00:282004.
00:29Vous êtes sur scène au Théâtre Édouard VII à Paris, dans la pièce de Florence Zeller
00:33La Vérité, aux côtés de Stéphane de Groot, Clotilde Le Courreau et Stéphane Faco, c'est
00:37une comédie sur le mensonge, avec un menteur invétéré, presque professionnel, Vincent
00:44incarné par Stéphane de Groot.
00:45Pour lui, se taire et ne pas dire la vérité, c'est la meilleure option possible dans sa
00:50vie.
00:51Faut-il toujours dire la vérité alors, Sylvie, finalement ?
00:53Ah ben ça dépend en fait, c'est un peu les relations qu'on a dans la société,
00:58si on disait réellement, sincèrement tout ce qu'on pensait serait invivable, ça c'est
01:02sûr.
01:03En revanche, quand des sentiments sont en jeu, c'est compliqué.
01:07Le mensonge, c'est aussi quelque part une envie de maîtriser la situation, une envie
01:12de maîtriser ce que l'autre pense de vous, sinon on ne mentirait pas.
01:16Cette pièce parle tout simplement de la nature humaine, donc de nous, c'est très universel.
01:20Elle reprend ce thème classique du masque, de l'infidélité, un thème finalement qui
01:25effectivement est intrinsèque à l'être humain, j'ai l'impression.
01:28Qu'est-ce qui vous a fait dire oui à cette pièce de théâtre ?
01:31Ce qui m'a fait dire oui, c'est l'écriture de Florian Zeller et puis cette situation,
01:35c'est-à-dire de se dire, il est un menteur, un vétéran, mais les quatre le sont.
01:38Et en fait, chacun essaie de se sortir un petit peu de ses sentiments, parce que quand
01:46on ment, c'est qu'il y a une incertitude quelque part, quand on est infidèle.
01:50On ne sait pas si on doit quitter la personne avec laquelle on vit pour aller proche de
01:54l'amant.
01:55Sinon, on ne trompe pas quand on est bien dans sa vie.
01:57Mais je crois qu'il y a une chose qui est sûre, c'est que quand on trompe, on se trompe
02:01soi-même.
02:02C'est aussi pour sortir de sa condition, c'est aussi pour sortir de soi.
02:05On n'est jamais plus libre que dans quelque chose de nouveau.
02:07Tout le monde le sait.
02:08Certains pensent que d'assumer, d'annoncer ses sentiments, c'est une forme de faiblesse.
02:14Vous en pensez quoi de ça, Sylvie Estes-tu ?
02:17C'est en tout cas donner la possibilité à l'autre de vous voir.
02:22Je ne sais pas si c'est de la faiblesse, mais c'est ne pas jouer à un jeu fermé.
02:27On n'est pas dans le poker menteur.
02:31Là, on ouvre.
02:32Donc évidemment, on peut prêter le flanc à une attaque.
02:35Je pense que c'est l'inverse du coup.
02:37C'est très courageux de dire qui on est.
02:40Est-ce que vos sentiments vous font peur, par exemple vous, Sylvie Estes-tu ?
02:45Moi, je suis malheureusement le jouet de mes sentiments.
02:49J'aimerais tellement pouvoir les maîtriser mieux et avoir plus de muscles.
02:55Et non, malheureusement, non.
02:56Et je pensais qu'avec les années, et ça, c'est tous les sentiments, qu'ils soient
02:59positifs ou négatifs, je ne parle pas que de l'amour.
03:01Je parle des moments où je peux m'insurger, des moments où je ris, des moments bons.
03:05Et je me disais peut-être avec les années, je vais me calmer.
03:09Eh ben non, j'attends encore un peu.
03:12Le théâtre, Sylvie, c'est l'une de vos passions.
03:14C'est par le théâtre, finalement, il y a assez tôt que vous êtes rentrée dans ce métier.
03:18Au début, ils ont été d'abord marqués en Allemagne.
03:21Vous avez vraiment eu un succès assez incroyable avec cette envie d'apprendre la langue,
03:25même la langue des signes, d'ailleurs, puisque l'un des rôles principaux que vous avez
03:28interprété vous a donné, enfin, vous a mis sur cette voie-là.
03:33On sent que vous avez toujours été extrêmement impliqué.
03:36Il y a toujours eu aussi cette attirance pour le cinéma d'auteur,
03:39donc des films qui racontent des choses, mais aussi qui font avancer les regards,
03:43qui ont pour but aussi d'aller chercher, de bousculer les consciences.
03:46C'est important pour vous, ça ? C'était le point de départ, en tout cas, la ligne directrice.
03:50Ce n'est pas réfléchi, mais c'est ressenti.
03:52Je crois que j'étais curieuse.
03:55J'avais envie d'apprendre des choses.
03:57C'est un métier formidable pour ça.
03:59Et vous le dites, j'ai appris la langue des signes allemande,
04:02puisqu'il y a une langue des signes dans chaque pays.
04:04J'ai appris l'allemand, j'ai appris la clarinette avec Gérard Feynman.
04:07Vous rencontrez des gens qui ont des vies différentes.
04:11Et surtout, je me suis rendu compte que, en fait, ça m'apprenait aussi des choses sur moi.
04:17En fait, on me demandait des sentiments, des choses à jouer
04:21que, dans la vie, vous n'avez pas le droit d'expérimenter.
04:23Si dans la vie, maintenant, vous vous énervez, tout le monde va dire « dis donc, qu'est-ce qu'elle a ? »
04:27Mais en revanche, dans un film, comme on vous explique d'où ça vient, cette colère,
04:32et comment ça se passe, vous pouvez l'expérimenter.
04:36Il y a des films comme ça où, moi, on m'a demandé des choses,
04:40j'ai traversé des situations et quelque part,
04:42je me découvrais en même temps que je découvrais ce que je portais.
04:46Donc, en fait, c'est un échange.
04:48Ce n'est pas un acteur qui...
04:49Enfin, en tout cas, en ce qui me concerne, je n'ai pas décidé quelque chose.
04:53C'est vraiment...
04:54On m'a invitée à faire quelque chose et je m'y suis trouvée à mon aise, en fait.
04:59Il y a beaucoup de films qui ont marqué des changements pour vous, Sylvie.
05:03T'es-tu... Il y a eu « Carnaval » de Thomas Vincent.
05:06Ce film, il y a le avant, il y a le après ?
05:10C'est tout simplement le premier film dans lequel j'ai le premier rôle en France.
05:14Moi, je tournais vraiment en Allemagne.
05:16J'étais quasiment en train de chercher un appartement pour habiter Berlin.
05:20Et en fait, Thomas Vincent, le réalisateur,
05:24avait vraiment auditionné beaucoup de monde et on lui disait
05:26« Non, elle, elle ne peut pas venir parce qu'elle est en Allemagne. »
05:29Je suis venue et il m'a engagée pour faire ce film.
05:35Et alors, le truc, c'est que j'ai peur de la foule.
05:37Donc, je me suis dit « Je ne vais pas y arriver.
05:40Je ne vais pas arriver.
05:42Je fais 1m63.
05:44Une foule de gens compacts qui se mettent à sauter sur des fifres
05:50et à hurler en buvant de la bière, ça ne va pas marcher.
05:54Et en fait, il m'a amenée, on a répété, on est allé dans les bandes.
05:59Ça s'appelle comme ça, pendant le festival, le Carnaval de Dunkerque.
06:03Et en fait, j'ai senti beaucoup de bienveillance.
06:07Et je suis entrée dedans.
06:08Et bien là aussi, du coup, je me suis découverte.
06:11Et bien, en fait, j'ai aimé ça.
06:12Pour terminer dans la pièce La Vérité, les personnages sont souvent face à eux-mêmes,
06:17à leurs contradictions.
06:18Ils sont face à leurs contradictions.
06:19Ça les oblige à se positionner, à savoir plus sur elles-mêmes.
06:24À quoi vous aspirez aujourd'hui, Sylvie ?
06:25Qu'est-ce qui vous tient à cœur ?
06:28À découvrir encore des choses, à apprendre de nouvelles disciplines,
06:32quelque chose et à rencontrer des gens qui me font avancer.
06:37C'est génial de rencontrer quelqu'un.
06:39Et le dialogue, on progresse.
06:41On se dit « c'est con, mais il faut apprendre tout. »
06:43Mais il y a une phrase, je dis « oh, je vais m'en souvenir ».
06:47Quelque chose qui fait qu'on est content.
06:51On est content de se connaître, de se voir, de se côtoyer.
06:54Voilà, c'est ça que j'aime bien.

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