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00:00Bonjour Eugénie Bastier, vous voulez nous parler ce matin d'un tout autre sujet, le projet de loi sur la fin de vie.
00:05Le Président envisage que ce soit l'objet d'un référendum.
00:09François Bayrou voudrait lui dissocier la loi en deux textes. Quels sont les enjeux ?
00:13Oui, on a là deux approches radicalement différentes d'un sujet très grave.
00:16D'un côté, un Président de la République démonétisé qui voudrait se servir d'une question sociétale ayant la faveur des Français
00:22pour revenir dans le jeu politique.
00:24De l'autre, un Premier ministre soucieux de dépassionner le débat
00:27qui a eu l'intelligence de séparer les deux textes à l'Assemblée.
00:30Le premier texte devrait faire consensus, il portera sur le renforcement des soins palliatifs.
00:35Le deuxième, plus clivant, porterait sur la création d'une aide à mourir.
00:39C'est une décision, je trouve, totalement justifiée, d'abord parce que c'est une revendication des soignants eux-mêmes.
00:45Ensuite, parce qu'il est vrai que ces deux questions sont de nature totalement différente.
00:50Dans le cas des soins palliatifs, on parle d'une loi de santé publique visant à améliorer et étendre un accompagnement qui existe déjà.
00:57Personne ne peut être contre à part être de mauvaise foi.
00:59Dans le cas de l'aide à mourir, il s'agit d'une loi sociétale qui inclut un dilemme moral et une rupture anthropologique majeure
01:06puisqu'elle offrirait pour la première fois depuis l'abolition de la peine de mort en 1981 à l'État le pouvoir de tuer.
01:12On a le droit d'être pour, mais il y a aussi de bonnes raisons d'être contre.
01:15Le référendum ne serait-il pas plus simple pour trancher une question qui est divise à ce point ?
01:20Il me semble que le référendum est utile lorsqu'il permet de trancher par la souveraineté populaire un sujet régalien.
01:26Par exemple sur l'immigration où la hiérarchie des normes empêche aujourd'hui le législateur d'agir.
01:31Mais rien n'empêche les députés de légiférer sur la fin de vie.
01:34D'ailleurs, aucune loi sociétale de la peine de mort à la PMA en passant par l'IVG n'a été votée par référendum.
01:40Ce serait un précédent dangereux, y compris pour les progressistes eux-mêmes
01:43qui s'exposeraient à ce que d'autres droits soient défaits par le référendum selon l'humeur du moment.
01:48Mais c'est surtout l'instant qui n'est pas bien choisi.
01:52Quel symbole si la France, dans l'état de crise dans lequel elle se trouve, se donnait pour priorité l'aide active à mourir ?
01:58Oui, on peut se d'ailleurs questionner cette volonté à tout prix de faire passer vite la loi sur la fin de vie. Allez vite !
02:04Oui, la gauche progressiste est furieuse que Bayrou veuille dissocier les deux textes.
02:09Elle voudrait à tout prix qu'on vote tout de suite l'euthanasie.
02:12Alors cet acharnement législatif interroge.
02:14La France est en soins palliatifs d'un point de vue budgétaire, économique, sécuritaire.
02:19Le macronisme, lui, est au stade de l'agonie, mais la priorité serait l'aide active à mourir.
02:25Toute légalisation de l'euthanasie dans le contexte d'un hôpital en crise revient à offrir un choix biaisé aux Français en fin de vie.
02:33Seuls 30% des patients qui en auraient besoin ont accès à des soins palliatifs en France.
02:38Poser la question de l'euthanasie avant que ne soit réglée celle des soins palliatifs,
02:43c'est poser inéluctablement la question du poids économique de malades ou de personnes âgées
02:48Dans un système de santé à bout de souffle, réfléchissons aux modèles de société que cela dessine.