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00:00L'info en continu, c'est sur Europe 1.
00:06Punchline, 18h-19h, Thierry Cabane sur CNews et Europe 1.
00:15Il est quasiment 18h44, c'est la dernière ligne droite pour votre Punchline Week-end.
00:19C'est Europe 1 sur CNews, toujours à mes côtés pour commenter cette actualité assez riche en ce vendredi soir.
00:23On va évoquer un témoignage très fort, si vous le voulez bien.
00:34C'est celle de ce médecin de 64 ans de Drancy.
00:38Je ne sais pas si vous vous souvenez, on en avait beaucoup parlé.
00:40Il avait été violemment agressé le 25 novembre dernier par un patient qu'il connaissait.
00:45C'est ça le pire, il le connaissait très bien.
00:47Il avait eu une triple fracture du nez.
00:50Son agresseur a été condamné hier.
00:52A trois semaines de travaux d'intérêt général et à 2000 euros d'amende.
00:57Le médecin a réagi à ce verdict.
00:59Évidemment, il n'accepte pas ce verdict.
01:03Il est profondément touché. Écoutez-le.
01:06La décision qu'on vient de dire, c'est vraiment légitimer la violence faite aux médecins et aux soignants en particulier.
01:14La sanction, c'est pareil que si on volait un scooter.
01:19Franchement, ça me laisse sans voix.
01:22Je porte encore les séquelles.
01:24Avant, je vous avais dit que l'odorat et tout ça, ça peut peut-être revenir.
01:27Maintenant, c'est définitif.
01:29Je n'ai plus d'odorat, plus de goût.
01:31Je dois refaire un scanner des dents parce qu'il y a des racines des dents de matière supérieure qui sont certainement écrosées.
01:41Donc, il va falloir refaire ça.
01:44Le but de mon intervention, ce n'est pas le matériel.
01:48Moi, j'aurais voulu une décision qui soit à la hauteur du préjudice que j'ai subi.
01:53Ce n'est pas une question d'argent.
01:55Ce n'est pas ça le plus important.
01:57Je suis en train de me donner le temps pour permettre aux patients de retrouver quelqu'un et tout.
02:02Mais dans ces conditions, ce n'est pas impossible.
02:04Franchement, c'est impossible.
02:06C'est écœuré.
02:09Je me suis fait violence pour venir ce matin.
02:12Je vous jure.
02:14Et pourtant, je ne suis pas quelqu'un de stressé de façon habituelle.
02:25Hier, j'ai envisagé.
02:28Sincèrement, si j'avais des médicaments sous la main, je crois que j'aurais eu une fin à mes jours.
02:33Je suis écœuré.
02:35Voilà où on en est en 2025, Frédéric Loos.
02:39Vous avez écouté ce médecin.
02:43Il parle carrément de suicide tellement qu'il est écœuré par cette décision.
02:47Moi, ça m'affecte beaucoup.
02:48Je trouve ça d'une grande tristesse.
02:51Effectivement, quand il voit la sanction pénale, il se dit pourquoi pas aussi leur tirer les oreilles.
02:56On a une perte de repère.
02:59Je n'ai pas le dossier sous la main.
03:01Je respecte l'indépendance de la justice.
03:04Mais quand on sait ce qui s'est passé,
03:06quand on voit qu'on a affaire à un médecin dans une ville populaire
03:10qui se fait casser la gueule, l'intégrité physique,
03:13c'est d'une violence, c'est d'un traumatisme inouï.
03:16Celui qui vient en secours des autres
03:21et qui en est à vous dire après le passage de la justice
03:25où on pouvait penser qu'il serait apaisé
03:28et reprenne son merveilleux métier, aider, soigner les autres.
03:32Il vous parle de suicide.
03:35Ça fait peur.
03:37Ce qui me choque, c'est la banalisation de tout ce qui touche à l'intégrité physique.
03:42Les peines ne sont pas assez lourdes en la matière.
03:45L'intégrité physique doit être sanctuarisée.
03:48Les coups et blessures volontaires, on n'imagine pas le trauma après coup
03:52lorsqu'on a été victime de coups et blessures.
03:54Et puis, il y a autre chose.
03:56Là, il y a une peine qui est escalée.
03:59Vous imaginez bien ce que j'en pense, j'hallucine.
04:02Mais vous savez que la victime ne peut pas faire appel dans un procès correctionnel ?
04:06Le prévenu peut faire appel ?
04:07J'espère que le parquet va faire appel.
04:09J'espère que le parquet va faire appel.
04:11On a une avocate sur ce plateau, Myrtle Whitening, Melqui.
04:14C'est justement ce que j'allais dire.
04:16Il faut que cette personne se rapproche du parquet
04:18pour que le procureur général se décide à faire appel de cette décision.
04:24Après, on n'a pas eu accès au dossier, on ne sait pas exactement ce qu'il s'est passé.
04:27On ne sait pas quelles ont été les réquisitions du parquet, d'ailleurs.
04:30On n'a pas eu cette information, c'est intéressant de le savoir.
04:33Mais ce verdict est un verdict de condamnation.
04:35C'est-à-dire que le tribunal est rentré en voie de condamnation.
04:38C'est-à-dire qu'il a considéré que l'auteur des faits était coupable des faits reprochés.
04:42Lorsque l'on voit et lorsque l'on entend les préjudices subis par ce monsieur,
04:47on imagine que les ITT et les incapacités de travail ont été très certainement supérieurs à 8 jours.
04:52Et donc, on a du mal à comprendre une telle décision.
04:55C'est pour ça que, puisqu'on est là et qu'on est quand même assez pragmatiques sur votre plateau,
05:00le seul conseil qu'on peut donner à ce monsieur, c'est effectivement de se rapprocher du parquet
05:04pour inciter le parquet à faire appel de la condamnation.
05:07Lui, de toute manière, il sera indemnisé sur le plan civil
05:10parce qu'il y a une décision de culpabilité qui a été rendue.
05:13Effectivement, il aura son indemnisation.
05:15Mais sur la condamnation pénale, sur la condamnation qui a été donnée,
05:20sur cette peine qui est évidemment trop légère par rapport à ce qu'on voit sur les images
05:24parce que ce monsieur décrit qu'il faut que le parquet général fasse appel de cette décision.
05:28Général François Daoust, je me mets à la place de cet agresseur.
05:31Trois semaines de travaux d'intérêt général.
05:33Il va avoir peur.
05:35Ça va l'inquiéter, cet agresseur.
05:37Là, il se dit, oh là !
05:39Là, je vais rejoindre Frédéric Loos.
05:42Et pour l'avoir vécu sur le terrain également,
05:45dès lors qu'il n'y avait pas une réponse pénale à la hauteur de l'agression,
05:50très souvent, les victimes partaient en dépression nerveuse.
05:54En plus, avec l'angoisse de recroiser l'agresseur
05:58puisque il n'est pas puni ou quasiment pas.
06:02Eh bien, c'est la porte ouverte.
06:04Je peux recommencer, je fais ce que je veux.
06:06Donc, c'est ce sentiment d'impunité pour les uns,
06:08ce sentiment d'injustice pour la victime
06:11et la peur de la victime qui continue parce que ça peut recommencer.
06:16Bien sûr.
06:17Véronique Jacquier.
06:19Oui, je crois que ça va encore au-delà de tout ça.
06:22C'est-à-dire qu'on est vraiment dans un dérèglement des valeurs dans notre société.
06:26C'est-à-dire que le médecin en question a le sentiment
06:29et il a raison que la justice n'est plus juste.
06:32La peine qui est infligée ne sert à rien
06:35puisque le gars en question qui a fracassé ce médecin,
06:39ce n'est pas trois semaines de travaux d'intérêt général ou généraux
06:45qui va faire en sorte qu'il va comprendre.
06:47Je pense qu'il va avoir peur.
06:49Il ne va pas comprendre qu'il faut réparer le mal qu'il a causé.
06:53Donc, on est dans une société, finalement,
06:56qui ne donne plus le sentiment que les valeurs s'harmonisent
07:03autour de ce qu'on appelait avant le bien commun.
07:05Vous savez, chrétiennement, on parlait de bien commun.
07:07À partir du moment où on a décidé que le bien commun disparaissait,
07:10mais tout se délite, tout disparaît, plus rien ne s'harmonise.
07:14Tout à l'heure, on a parlé des meurtriers d'Elias
07:18en employant pour certains le mot délinquant.
07:21Non, ce ne sont pas des délinquants quand ils ont le casier judiciaire qu'ils ont déjà,
07:25ce sont des criminels en puissance.
07:27Donc, quand on arrêtera de les voir comme des petits délinquants,
07:31des petites frappes de quartier,
07:33mais qu'on se dira avec le mal qu'il a fait,
07:35il est parti pour faire beaucoup plus gros
07:37et que donc on affrontera le mal,
07:39qu'on saura au niveau de notre société le regarder dans les yeux,
07:42je pense qu'on sera capable d'apporter de véritables réponses,
07:45mais qui touchent finalement à la façon dont on veut encore vivre ensemble
07:49et des valeurs qu'on peut porter au niveau de la civilisation.
07:53Parce que là, on voit qu'il y a un tel délitement
07:55que ça touche à ce que nous sommes profondément.
07:58Bruno Retailleau, quand il était à Grenoble, il a dit
08:01le narcotrafic c'est une menace qui est existentielle.
08:04Et bien tout ce dont nous parlons sur le plateau à longueur de journée,
08:07ça a trait à une menace qui est existentielle.
08:10Et vous avez raison de le souligner. Noémie Aligot.
08:12Oui, j'organise complètement ce qui vient d'être dit sur ce renversement des valeurs,
08:15notamment que cette agression-là ne vise pas n'importe qui,
08:18si je puis dire, c'est un médecin.
08:20Un médecin, par définition, c'est quelqu'un qui soigne les autres,
08:22c'est quelqu'un qui a prêté le serment d'hypocrate,
08:24c'est quelqu'un qui est là pour les autres et qui a décidé,
08:26par son métier, de se consacrer aux plus faibles.
08:28Et donc que lui soit agressé, c'est terrible.
08:31Et ensuite que la justice ne le défende pas à sa juste valeur,
08:33c'est encore plus terrible.
08:35Et on comprend que certaines victimes de cet ordre
08:37tombent en dépression nerveuse.
08:40C'est vraiment possible de le comprendre.
08:42Maintenant, le problème, c'est évidemment que ce genre de situation se banalise.
08:46Je me souviens, vous savez, j'ai fait une enquête
08:48sur la vie de Sarcelles dans le Val d'Oise.
08:50J'ai publié un livre là-dessus il y a quelques années.
08:52J'avais interviewé aussi un médecin qui m'expliquait
08:54qu'il avait été agressé dans son cabinet
08:56et que d'autres médecins étaient aussi agressés tellement bien
08:58que dans certains quartiers de Sarcelles,
09:00les médecins ne voulaient plus se déplacer.
09:02Et donc, ce sont ensuite les habitants qui souffrent
09:04parce que certaines personnes âgées ont besoin
09:06qu'on vienne les soigner chez elles,
09:08pour ne pas se retrouver sans situation de recours.
09:10C'est toutes ces situations qui découlent là
09:12de ce genre de personnages qui agressent les médecins
09:14et de ce genre de situation
09:16qui ne sont pas réglées avec une justice
09:18qui ne prend pas la mesure de la situation
09:20et qui n'apporte pas des réponses pénales
09:22qui sont suffisantes
09:24et qui ne permettent pas d'endiguer le problème.
09:26C'est évident.
09:28Un dernier mot, Muriel Wagnil-Melki ?
09:30Je crois que c'est typiquement dans ce type d'affaires
09:32qu'il faudrait que la justice apprenne à communiquer.
09:34Je trouve qu'il faudrait
09:36qu'un procureur vienne expliquer
09:38sur un plateau
09:40ou par le biais d'un communiqué ce qu'il s'est passé
09:42et pourquoi est-ce qu'on aboutit à cette condamnation.
09:44Parce que sinon, ce n'est pas audible.
09:46Vous imaginez le nombre d'émissions qu'on va devoir faire pour expliquer
09:48les questions de justice que l'on commente et qui nous paraissent...
09:50Je crois qu'il y a
09:52véritablement une démarche,
09:54peut-être, il y a peut-être une démarche pédagogique
09:56à faire pour expliquer la justice
09:58et pour aussi, à un moment donné, venir rendre des comptes
10:00parfois, quand on a des décisions qui sont
10:02totalement incompréhensibles
10:04on voit un sentiment d'impunité
10:06terrible avec ce qu'on a dit sur ce plateau
10:08le risque de réitéréation
10:10qui va systématiquement derrière.
10:12Quand vous n'avez pas de sanctions coercitives
10:14la personne est systématiquement récidive.
10:16C'est un état de fait, on le sait tous,
10:18on l'apprend dans les facs de droit et on le constate
10:20dans les ordonnances judiciaires.
10:22Ce n'est pas de sens à la sanction.
10:24La personne, de toute façon, ne sait pas
10:26ce que c'est que la réparation.
10:28Comment vous voulez qu'elle ait le sentiment d'avoir commis le mal
10:30puisqu'on ne lui explique pas qu'il faut réparer
10:32quelque chose ?
10:36Je rejoins tout à fait Muriel.
10:38Il y a un principe en droit
10:40qui est celui de la personnalisation de la peine.
10:42Du coup, si
10:44un procureur de la République venait expliquer
10:46pourquoi
10:48le parquet,
10:50en tout cas la condamnation,
10:52a été seulement à ce niveau
10:54peut-être que ça aiderait
10:56aussi sa victime.
10:58Mais en l'espèce,
11:00comme il n'y a rien, on ne sait pas,
11:02et là il y a un effet
11:04de balance qui est complètement
11:06renversé.
11:08Je pense que ce monsieur,
11:10malheureusement,
11:12il a commencé
11:14une dépression.
11:16Il explique dans l'interview
11:18qu'il a pensé au suicide.
11:20Il a regardé les médicaments et qu'il y a pensé.
11:22Effectivement, il va très mal et on peut comprendre,
11:24quand on voit les images de ce qu'il a subi,
11:26qu'il se sente dans une situation qui est extrêmement injuste.
11:28Allez les amis, c'est la fin
11:30de ce Punchline Weekend. Merci pour votre grande fidélité.
11:32Merci à vous de m'avoir accompagné.
11:34Merci à ceux qui m'ont entouré, David Brunet, David Poujol,
11:36Laure Parra, Isor Dujon, Alexis Prince,
11:38évidemment, une vidale pour l'info.
11:40Merci à la programmation. Tout de suite,
11:42sur Europe, Pascal de la Tour du Pain
11:44et sur CNews, Philippe Devilliers,
11:46Eliott Deval et Geoffroy Lejeune.
11:48Et n'oubliez pas, on va terminer sur une note positive,
11:50nous sommes le 14 février,
11:52c'est la Saint-Valentin, je ne sais pas,
11:54je n'ai pas le temps de vous demander ce que vous faites ce soir pour la Saint-Valentin,
11:56mais pour les cas, voilà, on termine sur une note positive,
11:58c'est la Saint-Valentin. Ne l'oubliez pas.
12:00Attention. Belle soirée. Bye bye.

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