• avant-hier

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00Et on va prendre la direction de Fontenay-aux-Roses les amis, dans les Hauts-de-Seine, je vous le disais une enseignante, une professeure d'EPS a été agressée par des anciens élèves, cela s'est passé mardi, vous allez voir le motif, il est totalement dingue et futile, explication Juliette Sadat.
00:16Cette professeure se trouvait à l'extérieur du collège avec sa classe lorsqu'elle est tombée sur ces trois jeunes, l'un est scolarisé en quatrième dans ce collège, les deux autres en ont été renvoyés.
00:27Ils sont connus des services de police et c'est quand la professeure leur a demandé de libérer le terrain de foot pour son cours et après leur avoir confisqué un ballon que les choses ont dégénéré.
00:37Les trois jeunes se sont jetés sur elle, par derrière ils ont tenté de l'étrangler, ils l'ont poursuivi sur plusieurs dizaines de mètres avant de jeter son sac et tout le contenu de ce sac dans une flaque debout.
00:50Ce sont deux professeurs, collègues de cette professeure d'EPS ainsi que deux policiers municipales qui ont aidé à mettre fin à cette altercation.
00:59Une plainte a été déposée et une enquête en flagrance a été ouverte dès ce mardi.
01:04On va retrouver tout de suite l'une de nos équipes sur place, on va retrouver à Fontenay-aux-Roses Régine Delfour et Jean-Laurent Constantini.
01:13Bonsoir Régine Delfour, vous êtes juste devant le collège de Fontenay-aux-Roses.
01:19Quelle est l'ambiance, le climat au moment où on se parle ? Vous avez rencontré également des élèves de ce collège, racontez-nous.
01:25Ici au collège Les Ormeaux, les élèves sont sous le choc après cette violente agression.
01:31On a pu échanger avec plusieurs des collégiens, notamment des collégiennes qui nous ont confié avoir eu du mal à dormir.
01:39Il y en a une qui a pu assister à l'agression, elle était présente lors de ce cours de sport.
01:45Elle nous a dit continuer qu'elle avait fait des cauchemars et qu'elle avait eu besoin de pouvoir parler avec la psychologue.
01:53Elle regrette de ne pas être intervenue, elle dit que peut-être si elle était intervenue elle aurait pu calmer ces jeunes.
01:59D'autres collégiens minimisent un peu l'effet, peut-être qu'ils connaissent aussi ces agresseurs.
02:05On a pu aussi échanger avec le maire de la ville qui nous a donné des nouvelles de la professeure.
02:11Il nous a dit que physiquement ça allait mais que moralement elle était quand même très marquée.
02:15Régine Delfour et Jean-Laurent Constantini depuis Fontenay-aux-Roses, ils étaient devant le collège.
02:21Joannick Jaquet, ce qui frappe encore une fois c'est l'âge de ces agresseurs, 13 et 14 ans.
02:2713 et 14 ans, déjà connus des services de police, déscolarisés.
02:31Ce n'était pas dans le collège mais à l'extérieur, mais ça concerne quand même la vie scolaire.
02:37Donc ça pose trois questions.
02:39La première bien entendu c'est la responsabilité parentale, elle est souvent évoquée.
02:44Mais tout ce qui a trait à la défaillance éducative et à la condamnation pour défaillance éducative n'est jamais appliqué.
02:51C'est pour les parents de défaillants un an de prison et 75 000 euros d'amende.
02:56On en parle tout le temps, ce n'est jamais appliqué.
02:59Je n'ai jamais vu en France une telle décision qui puisse impliquer des parents.
03:04Donc ça c'est la première chose.
03:06Après les commentaires il faudrait quand même passer aux actes et donc s'occuper sérieusement de cette jeunesse qui est délinquante et déscolarisée.
03:14La deuxième chose c'est qu'on sent qu'effectivement le ministère de l'éducation nationale, et ce n'est pas sa faute,
03:20est aux abois pour gérer cette population de jeunes déscolarisés qui traînent aux abords des établissements.
03:28Qu'en faire quand ce ne sont pas d'ailleurs des jeunes en voie de déscolarisation qui sont à l'intérieur du collège ?
03:34Et ça soulève de graves questions parce que les parents ne sont pas toujours capables effectivement de reprendre la main pour remettre leurs enfants en piste au collège.
03:43Et puis selon moi, le troisième étage de la fusée c'est quand même la non-réponse politique à la prise en charge de cette jeunesse qui n'est plus la même que celle qu'il y a 50 ans.
03:53On a laissé partir à Volo une éducation digne de ce nom, qui prône l'exigence, l'excellence, une véritable instruction,
04:05qui ne s'occupe pas seulement d'instruire d'ailleurs mais qui s'occupe aussi de faire des hommes et des citoyens.
04:11À force d'enseigner la non-autorité, c'est-à-dire l'égalitarisme à tout prix et le misérabilisme, voilà où on en arrive.
04:20Yann Housaï ?
04:21Je crois que Véronique met le doigt sur quelque chose d'important parce que la responsabilité parentale me semble être au cœur de ce dont nous discutons.
04:29Moi ce qui me frappe dans la présentation des faits, c'est qu'on nous dit que ces jeunes de 13 et 14 ans, quand même 13 et 14 ans,
04:35ils ont voulu étrangler leur professeur, ils sont déjà connus des services de police.
04:39Donc ça veut dire manifestement qu'il y a une défaillance de l'autorité parentale qui est incontestable.
04:44Quand à 13 et 14 ans, on étrangle sa prof, enfin on veut l'étrangler, et qu'on est déjà connu de la police.
04:49Pour une histoire de ballon.
04:50Donc c'est qu'on n'en est pas à son coup d'essai si vous voulez.
04:53Donc la question qui est posée, c'est est-ce qu'il faut laisser ces parents défaillants continuer à élever seuls leurs enfants
04:59ou est-ce qu'il faut que l'État prenne le relais parce qu'à 13 ou 14 ans, on peut encore les récupérer ces gosses.
05:04On ne peut pas dire qu'à 13 ou 14 ans, on soit perdus.
05:07Il y a encore quelque chose à faire.
05:09Donc manifestement, il faut, me semble-t-il, que l'État prenne le relais de ces parents
05:13qui ne sont pas capables d'élever leurs enfants.
05:16Et si on laisse ces enfants seuls avec leurs parents,
05:19il me semble qu'ils ne seront pas capables à l'âge adulte de faire société et de se comporter normalement.
05:25Je vous propose, écoutez, puisque vous parlez de responsabilité parentale, mon cher Yoann Uzail, vous avez bien raison.
05:30Écoutez, Alexandre Brougère, qui est le préfet des Hauts-de-Seine, qui était notre invité.
05:35C'est une attaque évidemment inacceptable.
05:38On ne s'en prend pas à un professeur, quel que soit son âge et quel que soit le motif.
05:42S'en prendre à un professeur, c'est s'en prendre à la République.
05:45Et notre devoir, c'est qu'évidemment la réponse soit forte en matière judiciaire.
05:50Mais je veux poser une question.
05:52C'est la question de la responsabilité parentale.
05:54Parce que quand on a 13 ans, quand on a 14 ans, qu'on part à la dérive,
05:58le premier qui doit vous rattraper, les premiers qui doivent vous rattraper, ce sont vos parents.
06:03Et la responsabilité parentale, dans ce cas très précis, nous parlons de jeunes de 13 et 14 ans,
06:09doit être posée impérativement.
06:11Il y a une animité. Vous voyez ce que dit le préfet des Hauts-de-Seine.
06:14C'est ce que dit également Véronique Jacquier.
06:16Nathan Devers et Bernard Cohenadade. Nathan Devers.
06:20Je crois que cette agression violente décrit en effet sous toutes ses coutures l'absence de l'autorité.
06:30C'est un euphémisme, mais étrangler ou tenter d'étrangler un professeur,
06:34ça en dit long sur le respect qu'on a pour la personne et pour la fonction que cette personne représente.
06:41Ça en dit long aussi, quand on avait déjà été connu à 13-14 ans des services de police,
06:46sur la crainte qu'on a de se retrouver au commissariat le soir même.
06:50Sur le fait, la manière dont on se représente, l'interaction qu'on va avoir avec la police.
06:55Ça en dit long aussi sur la crainte qu'on a, ou le surmoi moral,
07:00ou la honte qu'on a à l'idée du dîner qu'on va passer avec ses parents
07:04et la manière dont les parents vont ensuite se comporter en disant
07:07tu as tenté d'étrangler une prof pour une histoire de ballon.
07:10Donc si vous voulez, il n'y a pas d'autorité en tout cas dans cette histoire.
07:13Ensuite, je pense que le problème c'est que l'autorité ne se décrète pas politiquement.
07:19Et c'est je crois un peu le mirage du débat public.
07:22Aujourd'hui, on connaît tous dans nos vies des gens qui ont entre guillemets manque d'autorité.
07:27Et c'est souvent d'ailleurs dans les comédies, dans le théâtre de boulevard, c'est un peu ça.
07:31Et qui essayent de surjouer l'autorité et évidemment, ils ne la retrouvent pas.
07:35Et plus ils essayent de compenser leur manque d'autorité par de l'autoritarisme,
07:39et moins ils n'ont d'autorité à la fin.
07:41Je crois que c'est un peu pareil.
07:42Aujourd'hui, rien que sur la fonction du professeur, c'est une fonction qui a été dévaluée.
07:46Dévaluée de partout.
07:47Pas seulement par les enfants mal élevés, violents, qui les agressent de façon barbare.
07:53Mais pas seulement évidemment par ceux qui les menacent.
07:55Pas seulement par ceux qui ne les écoutent pas.
07:57Mais aussi par l'institution.
07:58Mais aussi par la politique depuis des décennies.
08:01Mais aussi par le regard de la société.
08:03Mais aussi par des choses très très concrètes.
08:05Quand on parle de la valeur des choses, c'est aussi matériel.
08:07Par la rémunération ridicule que les professeurs touchent.
08:10Par une certaine manière dont, dans une culture globale, collective,
08:13tout le monde peut se moquer des professeurs un peu impunément.
08:16Un ancien président l'avait fait il n'y a pas très longtemps.
08:18Donc je crois que le problème face à ça, c'est qu'il ne suffit pas de prendre une mesure X ou Y,
08:23de demander aux professeurs de prendre un bouton d'urgence au cas où ils se font agresser demain,
08:27ou fouiller les élèves pour vérifier qu'ils n'aient pas de couteau.
08:29Il ne suffit pas de prendre des mesures pour rétablir l'autorité.
08:32L'autorité, elle existe ou elle n'existe pas.
08:34C'est un peu comme le désir, c'est un peu comme l'énergie, c'est un peu comme l'optimisme.
08:37Et ça reflète, ça cristallise l'état d'esprit, la mentalité globale d'une société dans un temps donné.
08:43Alors Fontenelle Rose, évidemment, l'émotion est immense.
08:45Je propose d'écouter quelques réactions recueillies par Régine Delfour et Jolan Constantini.
08:50Je vous donne la parole juste après Bernard Konadad.
08:53C'est choquant parce que du coup, normalement c'est là où on vient étudier, etc.
08:59Mais là, après il y a de la violence, les profs aussi se font agresser.
09:04Ce n'est pas étonnant que ça se passe ici dans notre ville.
09:07Souvent, il se passe ce genre de choses et puis on est contentes à cela.
09:11Au sein du collège, déjà, il n'y a pas vraiment de dispute.
09:14En tout cas, c'est arrêté très rapidement.
09:16Mais en dehors du collège, je pense que cette année, c'est une première
09:19et ça doit vraiment être une première de longue date.
09:23Alors ça ne surprend même pas parfois.
09:26C'est ça qu'on entend aussi.
09:27Bernard Konadad.
09:28Je crois que ce n'est pas uniquement un problème d'autorité.
09:32C'est d'abord un problème de valeur.
09:35L'école est venue à un endroit comme les autres.
09:39Et ça a été dit par cette jeune lycéenne.
09:42On vient à l'école pour apprendre.
09:44On vient à l'école pour former des hommes et des femmes.
09:47Et ce qu'on voit aujourd'hui, c'est qu'on vient à l'école
09:50pour violenter un professeur ou une professeure.
09:53On vient à l'école pour tuer Elias ou Thomas.
09:57Il n'y a plus d'endroit où la valeur de l'homme et de la femme est respectée.
10:02Où la personne humaine est respectée.
10:04Où, effectivement, l'autorité et l'intégrité de la personne humaine
10:09est considérée.
10:10C'est ça, aujourd'hui, qu'il faut remettre dans le cadre
10:13de ce qu'on doit apprendre.
10:15Bien entendu, Johan.
10:16Bien entendu, Véronique.
10:17On l'a dit.
10:18Bien entendu, Nathan.
10:20Les parents sont responsables de cela.
10:22Il ne peut pas y avoir cette excuse de parentalité
10:25ou de non-parentalité.
10:27C'est un peu facile, quand même, de laisser des gamins mineurs
10:30de 13 ans, 14 ans, 16 ans, 17 ans pour Elias et Thomas
10:34dans la rue et faire n'importe quoi
10:36et se comporter comme des assassins.
10:39C'est ça, la réalité.
10:40Il faut un sursaut de valeur.
10:43Ce n'est pas ce qu'on entend d'un côté de l'échiquier politique
10:48à l'extrême gauche qui peut nous permettre d'avoir un peu d'espoir
10:52pour cet inversement de tendance.
10:54Merci.

Recommandations