L'Espagne veut régulariser les migrants victimes des inondations meurtrières à Valence

Sud Radio

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Avec Françoise Degois et Jean-François Achilli

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00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — On en parle avec vous, Benjamin Gleize. Benjamin, l'ambiance ici...

00:08— J'adore, j'adore, j'adore. — Vous vous êtes fait engueuler par François Lagombo. — Non, je ne me suis pas engueulé.

00:12Mais vous allez en profiter derrière Benjamin. L'Espagne... Tiens. Écoutez bien ce que va faire l'Espagne.

00:20L'Espagne va régulariser les migrants victimes des inondations de Valence. — Oui. 25 000 migrants au total qui vont bénéficier d'un droit de séjour...

00:29— Ah, ça va faire d'un spécial, ça. — Mesures exceptionnelles adoptées hier par le gouvernement socialiste de Pedro Sánchez.

00:34Selon le ministère de l'Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations, le chaos provoqué par ces inondations a empêché

00:40de nombreux migrants de remplir les conditions requises pour résider, étudier et travailler légalement en Espagne.

00:44Et de la même façon, de nombreux employeurs n'ont pas pu accomplir les formalités administratives nécessaires à l'embauche

00:49de travailleurs étrangers. Le gouvernement espagnol a donc décidé d'octroyer un permis de séjour d'un an à ces migrants

00:56et de 5 ans en ce qui concerne ceux qui ont perdu un membre de leur famille dans ces inondations de Valence.

01:01Il est précisé néanmoins que ces nouveaux permis pourront être refusés en cas de risque pour l'ordre public, la sécurité ou encore la santé.

01:08Quoi qu'il en soit, cette mesure exceptionnelle s'inscrit dans la logique de la politique migratoire espagnole en ce moment.

01:14Le pays qui souhaite en effet régulariser sur les 3 prochaines années 900 000 migrants, et ce afin de répondre aux pénuries de main-d'œuvre.

01:20A ce propos, un chiffre pour conclure. Aujourd'hui, en Espagne, les travailleurs étrangers représentent près de 16% de la main-d'œuvre espagnole.

01:26Le problème est éternel avec les histoires d'immigration, c'est que nous avons Frontex en Europe, nous sommes censés décider en commun,

01:36et chaque pays fait dans son coin ce qui lui plaît ou ce qui lui sie. À un moment donné, il va falloir, avec la tête froide,

01:44je vais me faire encore traiter de je ne sais quoi par Françoise de Gaulle ou de 5 minutes pour l'un, 5 minutes pour l'autre,

01:51mais il faudrait peut-être que nous réfléchissions en commun avec des règles que nous adapterions ensuite au gré des besoins économiques de chaque pays.

02:01— Voilà, parce que les besoins économiques de l'Espagne ne sont pas ceux de l'Allemagne ou ceux de la Suède.

02:07— Très bien. Mais il faudrait peut-être une redistribution. Ça, on parle de l'immigration économique. Il faudrait une redistribution

02:14au gré des besoins de chaque pays membre, mais de façon commune. Ou alors on en finit avec Frontex. Voilà, terminé.

02:21— La Frontex, c'est autre chose. C'est la surveillance... — Non, mais avec la politique commune. Avec la politique migratoire commune.

02:26— Bien sûr. Mais on n'arrive pas à se mettre d'accord, de toute façon, sur la politique. Moi, je suis d'accord tout à fait avec Jean-François.

02:30La réalité, si vous voulez, c'est que Mélanie, Georgia Mélanie, a – comment dirais-je – régularisé 450 000 travailleurs clandestins,

02:39parce qu'il faut aussi en finir – et là, vous serez d'accord avec moi – avec l'hypocrisie qui consiste, si vous voulez, à entendre

02:45tous les jours taper sur les migrants et l'immigration clandestine. Mais allez dans le sud de l'Italie, que vous reconnaissez.

02:50Allez en Andalousie. Demandez-vous qui ramasse les oranges, qui ramasse, qui cultive, etc. Ce sont des migrants à 400 € par mois,

02:59dans des conditions incroyables. Donc Pedro Sanchez fait ça. D'une certaine manière, il a raison de le faire.

03:04D'ailleurs, vous savez que l'Espagne, c'est le seul pays qui est le moins malade désormais en Europe, qui va bien avec une inflation en baisse,

03:11avec une production... — En fait, vous dites exactement ce que disait Gérald Darmanin quand il disait « gentil avec les gentils, méchant avec les méchants »

03:17en amont de la loi immigration à l'époque qui a été décriée, disant qu'il fallait régulariser ceux qui travaillent.

03:23— Et puis, pardon, mais il y a aussi une forme – soyons clairs – d'opportunisme de la part du gouvernement espagnol qui a besoin de cette main-d'œuvre,

03:32qui a une économie qui est florissante aujourd'hui. 2,6% de croissance prévue en 2025, beaucoup plus que nous.

03:41Et pour nourrir cette croissance, eh bien l'Espagne a besoin de bras. Et pour trouver des bras, on fait appel à l'immigration.

03:51— Et vous savez pourquoi l'Espagne va mieux en ce moment ? Parce qu'ils n'ont pas le même droit du travail que nous.

03:56— Ça, c'est vrai. C'est vrai. — Ils sont moins exigeants, moins onéreux que nous. Et il n'y a pas d'harmonisation fiscale et sociale au sein du Nord.

04:02— Non, non, non, non, non, non. Pourquoi l'Espagne va mieux ? C'est aussi parce qu'elle est sortie du marché européen de l'électricité

04:08et que le pouvoir d'achat des Espagnols va beaucoup mieux et ils consomment beaucoup plus. Ça, c'est la réalité.

04:13— Bon. Le pouvoir d'achat des Espagnols est inférieur au pouvoir d'achat français. Mais il y a aussi des règles en Espagne.

04:17C'est qu'on travaille plus longtemps. Pardon de le dire. Et quand on est au chômage en Espagne, on est indemnisé 6 mois. Voilà.

04:25— Je vous le dis. C'est comme ça que ça se passe en Espagne.

04:28— Honnêtement, sur l'immigration, je voudrais pas laisser penser qu'il n'y a pas que l'immigration économique.

04:33Nous ne sommes qu'au début. Et là où je rejoins Jean-François, c'est qu'il va bien falloir qu'on se mette d'accord,

04:37car nous ne sommes qu'au début du phénomène migratoire. Nous allons affronter une immigration encore plus puissante.

04:42Nous allons avoir l'émigration climatique. Elles ont déjà lieu entre les différents pays africains.

04:48C'est des millions de gens qui changent de pays chaque année. Nous allons avoir cela.

04:52Et là où Jean-François, je le rejoins, c'est que nous devons absolument nous mettre devant une table tous ensemble,

04:58parce que dans les 50 ans qui viennent... Mais je ne suis pas d'accord avec lui, parce que...