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Les premiers mirages français sont arrivés en Ukraine. A quoi vont-ils servir ? Quel impact auront-ils sur la guerre entre la Russie et l'Ukraine ? Regardez l'analyse de Guillaume Ancel, ancien lieutenant colonel et ex Officier de la force d'action rapide.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin du 07 février 2025.

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Transcription
00:00RTL, au coeur de l'actu.
00:04Il est 6h14, merci de commencer la journée avec nous.
00:07L'actualité ce matin, c'est notamment ces avions français dans le ciel ukrainien.
00:11Les premiers Mirage 2000 ont été livrés, on l'a appris hier.
00:14Alors qu'au même moment, les discussions vers une solution diplomatique
00:18semblent se préciser un peu plus chaque jour.
00:21Bonjour Guillaume Ancel.
00:22Bonjour.
00:23Vous êtes ancien officier de l'armée française, spécialiste des terrains de guerre.
00:27La rencontre annoncée entre Vladimir Poutine et Donald Trump se précise.
00:31Elle serait même à un stade très avancé, dit-on à Moscou.
00:34Ma question, elle est très simple.
00:36Est-ce qu'on peut dire ce matin, Guillaume Ancel, que la guerre Ukraine-Russie est bientôt terminée ?
00:40Alors, la guerre est bientôt terminée, mais pour autant, ça n'est pas forcément la paix.
00:44Et c'est bien ça le problème.
00:46En fait, l'équipe de Donald Trump discute avec celle de Poutine depuis son élection, depuis novembre.
00:51Et Donald Trump espérait même un accord pour son investiture le 20 janvier.
00:56Là où il a pu annoncer un accord pour Gaza, il n'a pas réussi à en obtenir un,
01:01mais son équipe a continué à négocier.
01:03Et on voit bien ces derniers jours que Trump multiplie les déclarations
01:07pour montrer qu'il est sur la bonne voie pour trouver un accord de cessez-le-feu.
01:11Mais un cessez-le-feu ne constitue pas forcément une paix.
01:14C'est-à-dire, qu'est-ce qui peut se décider lors d'une telle rencontre ?
01:17Quel est l'intérêt de Vladimir Poutine et quel est l'intérêt de Donald Trump ?
01:20En fait, la difficulté, on l'a en référence, c'est celle de la Corée,
01:24où la guerre s'est arrêtée avec un accord de cessez-le-feu sur une ligne de démarcation,
01:28mais qui dure depuis 75 ans.
01:30Et il n'y a jamais eu d'accord de paix.
01:32Donc ce qu'on craint tous, et les Européens en particulier,
01:35c'est que Trump négocie, trouve un deal avec Vladimir Poutine
01:40sur le fait que la guerre s'arrête sur la ligne de front actuelle,
01:44qui fait 1200 kilomètres, et qu'ils estiment tous les deux
01:47qu'on arrête là la guerre temporairement,
01:50mais que pour autant, ça ne règle absolument pas les problèmes de droit,
01:53en particulier que ça soulève pour les Ukrainiens,
01:56Ukrainiens qui ont été totalement exclus jusqu'ici de la discussion avec Poutine.
02:00C'est pour ça que quand Vladimir Zelensky dit l'autre jour
02:03« Je suis prêt maintenant à discuter directement avec Vladimir Poutine »,
02:07c'est pour retrouver un peu de place dans le jeu ?
02:09Oui, c'est même un peu un cri de désespoir,
02:12et en tout cas un signal très net de confirmation
02:15que s'il demande à pouvoir discuter, à négocier avec Poutine,
02:19c'est parce qu'en fait, il ne l'a absolument pas fait
02:22depuis que Trump a commencé ses négociations, depuis le mois de novembre.
02:26Les Russes aujourd'hui ont pris plus de 4000 kilomètres carrés de terrain aux Ukrainiens,
02:31c'est 40 fois la ville de Paris.
02:33Les Ukrainiens sont prêts aujourd'hui à renoncer à ces territoires perdus ?
02:36C'est bien là tout le problème.
02:38C'est qu'en fait, presque 20% du territoire ukrainien
02:41a été envahi par la force, par la Russie, de Poutine.
02:46Et donc, si on leur impose un cessez-le-feu aujourd'hui,
02:49le problème ne sera pas réglé pour autant,
02:51et il restera une source de conflit potentiel très fort.
02:55Et d'ailleurs, pour assurer cette ligne de démarcation,
02:58Donald Trump demande aux Européens de fournir une force internationale
03:01assez conséquente, en partant du principe qu'il n'y aura pas de soldats américains sur le sol.
03:06Donc là, ça veut dire qu'on va vers un conflit gelé, en quelque sorte.
03:10Qu'est-ce qui va se passer pour les Occidentaux
03:12et pour les Européens très proches de l'Ukraine ?
03:14En fait, le problème est bien là.
03:16C'est que ce sera un gel, en réalité, du conflit,
03:19et absolument pas un règlement du problème ukrainien
03:22qui a été envahi dans une guerre d'agression,
03:24il y a maintenant trois ans, par la Russie, de Poutine.
03:27Et que ce sont bien sûr les Ukrainiens en premier lieu
03:30qui en supporteront le poids et la frustration.
03:34Et puis les Européens qui craignent non seulement pour l'Ukraine,
03:37mais aussi pour leur propre sécurité.
03:39Parce que pendant ce temps de gel,
03:41Poutine aura tout le temps nécessaire pour reconstruire son armée
03:45qui a été très abîmée par cette guerre.
03:48Et par conséquent, une fois qu'elle sera retapée d'ici deux, trois ans,
03:52qui est-ce qu'il essaiera d'envahir à nouveau ?
03:54Les pays baltes, la Pologne ou simplement l'Ukraine ?
03:56Mais il a les moyens de faire ça ?
03:58Très clairement, parce qu'il va concentrer une partie de son industrie
04:02sur le réarmement, ce qu'il fait actuellement.
04:05Mais il lui faut plus de temps.
04:06Aujourd'hui, il consomme plus de matériel qu'il n'est capable d'en produire.
04:10En trois ans, il aurait parfaitement le temps de reconstituer une armée
04:14avec une réelle capacité offensive qui lui manque aujourd'hui.
04:17Ou d'ailleurs, son armée se concentre uniquement
04:20sur la récupération des régions, des oblastes ukrainiens
04:24dont il a formellement organisé leur attachement juridique à la Russie.
04:29Mais son ambition est de soumettre l'intégralité de l'Ukraine
04:33et peut-être de récupérer aussi les parties dites russophones
04:37des pays baltes ou de la Pologne.
04:39Si pendant 2-3 ans, on a un gel de ce conflit,
04:42ça veut dire que pendant ce temps-là, nous, Européens,
04:44il va falloir qu'on se prépare à éventuellement intervenir militairement
04:48ou au moins se défendre ?
04:50Qu'est-ce que ça veut dire concrètement ?
04:51En fait, ça veut dire dans un premier temps
04:53qu'on sera dans l'obligation de fournir une force de l'ordre de 50 000 hommes
04:57en permanence, c'est-à-dire 100 000 avec des rotations tous les 6 mois
05:00pour être installés en Ukraine et garantir que la ligne de démarcation
05:05soit respectée pendant ce temps.
05:07Et puis à terme, un réarmement très important de l'Europe
05:10et ça, ça pose toute la question de l'organisation de l'Union européenne
05:14qui n'est absolument pas faite pour avoir une armée à son auteur.
05:18Seules des États-Unis d'Europe pourraient en fait avoir une armée conséquente.
05:22Si vous voulez, c'est le problème inverse des États-Unis d'Amérique
05:25qui ont une armée qui est respectée et dissuasive dans le monde entier
05:29parce qu'ils n'ont pas 50 armées alors qu'ils ont 50 États.
05:32Merci beaucoup Guillaume Ancel.

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