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Pour son interview d'actualité, Télématin reçoit Mathieu Rivrin, photographe et chasseur de tempêtes.
Pour son interview d'actualité, Télématin reçoit Mathieu Rivrin, photographe et chasseur de tempêtes.
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00:00Bonjour Mathieu Rivrain, merci d'être avec nous ce matin. Chasseur de tempête, c'est comme chasseur d'ouragan, ça nous fait rêver, on imagine plein de choses autour de votre métier qui fascine, qui fait peur aussi un peu.
00:12Comment est-ce qu'on devient chasseur de tempête ?
00:14Chasseur de tempête, c'est un bien grand terme, c'est plutôt chasseur de vagues en fait. L'expression des tempêtes pour moi en tant que photographe, ce sont les vagues.
00:21On leur donne des noms, les services météo leur donnent des noms comme les dernières Herminia ou Ivo.
00:26Mon objectif de photographe, c'est de mettre un visage justement sur ces tempêtes et les montrer au plus grand public.
00:33C'est quoi votre pire cauchemar, c'est une mer calme ?
00:35Une mer calme, l'été c'est souvent ça en Bretagne. En fait moi tout l'été, j'attends l'hiver, j'attends les premiers coups de vent de la saison en novembre et qui vont durer jusqu'en mars, avril.
00:44Vraiment c'est la période la plus propice aux images.
00:47C'est votre terrain de jeu, c'est votre unique terrain de jeu la Bretagne parce que vous êtes donc breton et vous restez toujours dans ce périmètre ?
00:54Pour l'instant, le terrain de jeu est tellement infini, je regardais le nombre de kilomètres de côte qu'il y avait sur le GR34 et en fait pour photographier tout le GR34, il me faudrait plus qu'une vie.
01:03Donc voilà, pour l'instant je me cantonne à la Bretagne et je n'ai vraiment pas fait le tour.
01:07Il faut être aussi, j'imagine, spécialiste météo, vous pourriez remplacer Frédéric Vion parce qu'il faut bien connaître la météo avant de partir en chasse, j'imagine vous surveiller.
01:16Il y a une partie passion dans un premier temps où les phénomènes météorologiques m'intéressent, de suivre les dépressions qui vont se créer au milieu de l'Atlantique,
01:23puis les voir se déplacer sur plusieurs milliers de kilomètres avant d'atteindre le littoral français, donc ça c'est la partie passion.
01:28Et après il y a la partie professionnelle où je me dois d'être au bon endroit au bon moment et dans ce cas-là de prendre en compte des paramètres de houle, de vent, de vagues et de nébulosité
01:37justement pour essayer d'avoir de plus belles lumières qui mettent en valeur les plus belles vagues sur le littoral.
01:42Pendant qu'on parle, on continue à découvrir vos photos, généralement vous vous situez où ? Vous êtes sur terre, en mer, dans les airs pour prendre vos photos ?
01:51Il y a plusieurs scénarios possibles en fonction de l'intensité de la tempête, par exemple je peux être très bien à terre, comme là la dernière tempête Herminia à la Pointe-du-Rat par exemple,
02:00je peux être également en mer sur des bateaux pour mettre en avant par exemple le travail des sauveteurs de la SNSM,
02:06donc dans la houle par exemple à Ploumanac l'hiver dernier et également parfois en hélicoptère, et là ça fait tout de suite un peu peur.
02:14J'imagine que vous avez dû vous faire quelques frayeurs non, en travaillant et en chassant ces vagues ?
02:20Alors si on écoute les pilotes d'hélicoptères voler en tempête et voler comme aujourd'hui par temps bleu, c'est exactement la même chose,
02:25il y a juste quelques positions qui ne peuvent pas tenir, notamment en vent arrière avec l'hélicoptère puisque ça le fait accélérer,
02:30et après évidemment l'environnement tout autour est beaucoup plus hostile et c'est ça auquel il faut faire attention.
02:35C'est quoi une photo réussie pour vous de tempête ou de vague ?
02:39C'est une photo qui fait travailler l'imagination des gens, en fait c'est mon objectif de photographe,
02:43ce que j'adore en exposition c'est que quand les gens restent devant une image et j'entends ça c'est une feuille de chou,
02:49ça c'est un volcan, ça c'est un arbre, alors qu'à la base c'est une simple vague, ça c'est une photo réussie pour moi.
02:56Il y en a une et on va peut-être la revoir qui est sur la couverture de votre livre,
03:00on dirait que c'est le poséidon qui jaillit comme ça de l'océan, est-ce que ça c'est la photo d'une vie celle-là ?
03:08Je ne dirais pas que c'est la photo d'une vie parce que je suis encore jeune, mais cette photo a marqué ma vie en tout cas,
03:15et pour l'anecdote j'ai failli ne jamais sortir ce jour-là et du coup me manquait cette image,
03:18parce que j'adore quand il y a de la lumière puisque je trouve que ça met en valeur les couleurs des vagues,
03:23ça les fait bien monter, et ce jour-là en fait il n'y a absolument aucune lumière, il pleut, il y a du vent, il fait froid,
03:29et je vais rester cinq heures sous la pluie à attendre que la mer monte, et sur les cinq premières heures je vais faire 20 images,
03:37et puis sur les 20 minutes où la mer est haute et la houle est rentrée, je vais faire plus de 2000 images dont cette image.
03:42Elle est incroyable ! Est-ce que vous les retravaillez beaucoup ensuite en studio les images ou elles sont telles que vous les avez shootées ?
03:49La photo est en couleur en fait, mais dès mon départ je sais très bien que je vais travailler en noir et blanc puisqu'il y a très peu de contraste du fait de la pluie,
03:57et je me dis qu'il y a très peu de couleurs, et là où j'ai de la chance c'est que la photo est prise à l'or bleu,
04:03ce qui fait que le ciel ressort noir et fait ressortir la vague blanche en contraste.
04:07En photographiant les éléments, vous êtes aussi j'imagine un observateur de l'évolution du changement climatique,
04:14est-ce que les tempêtes sont plus nombreuses qu'avant, plus intenses qu'avant ?
04:19J'essaye d'apporter un regard artistique sur un phénomène dramatique, on l'a très bien vu avec les dernières inondations,
04:27sur l'aspect du changement climatique, je ne dirais pas que la fréquence des tempêtes augmente,
04:31même si je n'en ai manqué aucune de ces cinq, six dernières années, mais par contre les phénomènes sont plus intenses.
04:37On l'a vu avec la tempête Kiaranne il y a un an et demi avec des records de vent à plus de 200 km heure en Bretagne,
04:42et là récemment avec des inondations records, donc c'est plus l'intensité,
04:45peut-être que dans quelques années on aura des vagues records sur le littoral.
04:48Merci beaucoup Mathieu Rézard, et vous serez là pour les photographies de succession.
04:52Merci beaucoup d'avoir été avec nous, nous avons éclairé sur ce métier de chasseur de tempêtes.
04:56On l'a enfin reçu, c'est vrai que ça fait des mois qu'on attendait sa venue.