Les invités de Nelly Daynac débattent de l'actualité dans #180minutesInfo du lundi au vendredi
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00:00Une situation exceptionnelle, ça veut dire qu'il n'y aura pas de primes à la fraude, Arthur de Vatrigan.
00:05On donne des prérogatives au préfet dont on a l'impression qu'il n'en avait pas avant.
00:09Alors qu'en fait, c'est quand même à eux aussi d'apprécier une situation, compte tenu du pouvoir qu'il leur ait conféré,
00:16puisque ce sont les représentants de l'État sur le territoire, et puis ce sont des gens qui ont des directives,
00:22qui savent à peu près de quoi ils parlent, ils voient quand une situation est frauduleuse ou pas.
00:25Ça m'étonne qu'on redonne du pouvoir au préfet là où ils étaient censés en avoir déjà.
00:29Ça m'étonne également qu'on soit obligé de préciser que quelqu'un, un étranger qui est là clandestinement,
00:36ne peut pas être régularisé s'il est soumis à une OQTF.
00:39On reprécise des choses élémentaires.
00:41Ils vont sous le sens, ils tombent sous le sens.
00:42C'est vraiment la phrase de Chesterton, on tira l'épée pour prouver que le ciel est bleu.
00:46On en est là aujourd'hui.
00:47Alors, du point de vue du ministre de l'Intérieur, il fait son travail, il fait ses circulaires,
00:52ça remplace celle de Manuel Valls, tant mieux pour Manuel Valls, il ne va plus traîner ça comme on voulait.
00:56Et c'est toujours ça de pris.
00:58Mais la question de toute façon n'est pas la régularisation, même si c'est un sujet.
01:02La question c'est qu'est-ce qu'on fait des centaines de milliers de clandestins qui n'ont rien à faire en France.
01:07C'est ça le sujet, l'un des gros sujets.
01:10Et à chaque fois, on a l'impression que la régularisation permet d'éliminer une partie du problème.
01:15Et encore une fois, alors ce n'est pas de sa prérogative, mais les métiers sous tension,
01:19je n'en peux plus d'entendre ce cas-là.
01:20Qu'est-ce que fait le ministère du Travail sur les métiers sous tension ?
01:23Pourquoi il y a des métiers sous tension ?
01:24Pourquoi on va faire appel à une main d'oeuvre immigrée ?
01:26Pourquoi on fait appel à une main d'oeuvre clandestine ?
01:28Ce serait bien que le ministre du Travail aussi se penche là-dessus.
01:31Parce qu'on a toujours l'impression que c'est une excuse, c'est un prétexte.
01:34Depuis quand on a besoin d'une immigration pour faire tourner une boutique en France ?
01:39Il faut se poser la question.
01:41Pourquoi les Français ne prennent pas ce travail-là ?
01:43Il y a plein de raisons.
01:44Il y a un autre aspect qui m'a interpellée.
01:47Ce n'est pas la première fois qu'il le dit, bien sûr, c'est l'IMPINA.
01:49Mais il me rappelle quand même que quand un pays présente des faiblesses,
01:51c'est intégré par les filières.
01:53Il se trouve que la France aujourd'hui fait partie de ces pays qui présentent le plus de faiblesses, de failles.
01:59Et en effet, il a rappelé ce terme à plusieurs reprises.
02:01Ça crée de facto un appel d'air.
02:03Ce n'est pas nouveau, mais encore faut-il le dire assez régulièrement.
02:07À force d'être les seuls qui sont en train de prêter le flanc,
02:12évidemment, le mot circule et ça crée un afflux un peu plus massif chez nous.
02:17En fait, quand vous dites tout et son contraire,
02:20vous êtes sûr à peu près d'atteindre l'acmé de l'impuissance.
02:23Autrement dit, le moment où votre impuissance est la plus totale.
02:26Et ça, c'est très, très bien entendu.
02:28Donc, ce qu'essaie de faire Bruno Retailleau, c'est de remettre, disons, au moins une ligne.
02:34Le seul problème, c'est qu'il a les mains liées.
02:36Il a les mains liées par l'absence de majorité,
02:38qui fait qu'il ne peut pas faire une loi qui serait extrêmement claire.
02:42Donc, il est obligé de revenir sur des choses qui semblent être des évidences,
02:46qui n'en sont pas tant que ça.
02:48Ce qu'on oublie, en fait, c'est sur quelle histoire Bruno Retailleau prend son élan, si je puis dire.
02:54Quand il parle de droit opposable, c'est très intéressant.
02:58Parce que, qu'est-ce qu'on fait toute une partie des gouvernements ?
03:03Comme c'était des technocrates, ils n'ont pas voulu assumer le choix politique,
03:07qui est un choix qui demande quand même que vous mettiez votre corps au milieu.
03:10Donc, ils ont décidé de se retirer de la décision politique en mettant des critères.
03:15Par exemple, dans le cas du droit au logement, ça a été de rendre une demande de logement opposable.
03:20Autrement dit, vous pouvez accuser l'État de ne pas vous donner un logement.
03:23Et ils ont fait à peu près la même chose sur la régularisation.
03:26Et aujourd'hui, il était très compliqué de refuser une régularisation.
03:30Vous vous tapiez tous les préfets, conseillers régional, etc. sur le dos.
03:35Aujourd'hui, ce qu'il est en train de dire, c'est maintenant, ça suffit.
03:38C'est l'État local qui tranche.
03:40Et pourquoi est-ce qu'il le redit ?
03:42Parce que très souvent, les représentants nationaux étaient plutôt issus des collectivités.
03:47Quand il y avait un affrontement entre le préfet et un politique,
03:51on tranchait en général, le politique-ministre tranchait en général, pour son collègue,
03:57plus que pour l'État local.
03:59Là, il remet de la cohérence et, j'allais dire, une certaine...
04:05Une subsidiarité.
04:07Voilà, une subsidiarité dans les normes.
04:09Une hiérarchie, oui.
04:10Voilà, une hiérarchie des normes.
04:11Et il redit l'État local.
04:13C'est lui qui, sur ces questions-là, doit trancher.
04:15Najwa, il dit quelque chose qui semble être une évidence, évidemment,
04:18mais encore faut-il le rappeler, parce que ça peut changer aussi la donne
04:20de ceux qui essaient de s'inscrire dans un parcours légal en bonne et due forme,
04:24qui s'apparentent souvent à un parcours du combattant.
04:26Ceux qui décident de jouer le jeu avec la voie légale
04:29pour tenter d'obtenir un titre de séjour en bonne et due forme,
04:32ils voient les autres qui leur passent devant
04:34et qui parviennent à leur fin un peu plus rapidement.
04:36C'est sûr qu'à la longue, ça peut dissuader ceux qui empruntent la voie légale
04:39de se dire qu'on va faire comme les autres, après tout,
04:41puisque c'est plus rapide.
04:42C'est ça le problème.
04:43C'est qu'on arrête de passer par les recours de la voie légale.
04:46C'est tellement vrai que j'ai été interpellée en tant qu'avocate
04:50où une personne qui travaille normalement,
04:55qui a des fiches de salaire, etc.,
04:58qui me disait que je galère à être naturalisée français,
05:03alors que ça fait 20 ans, j'ai un CDI, j'ai ci, j'ai ça.
05:07C'est le nombre de gens qui sont là, qui parlent un français parfait
05:09et qui sont toujours pas français.
05:10Exactement.
05:11Et donc, cette personne est venue taper à ma porte en disant
05:15que ça pousse même à aller vers l'illégalité
05:18parce qu'il ne comprenait pas, il remplissait toutes les cases.
05:21Donc, il parle toujours d'ailleurs parfaitement le français,
05:24il a un CDI, etc., il est parfaitement intégré.
05:27Et pourtant, il rencontre énormément de difficultés à être naturalisé,
05:33ses enfants sont nés français, etc.
05:35Donc, tout ça pour dire, oui, ça peut pousser certaines personnes
05:40à prendre des voies plutôt illégales.
05:45Alors, si je reviens rapidement en termes de communication
05:48sur ce qu'a dit le ministre de l'Intérieur,
05:50j'ai l'impression qu'il se justifie.
05:52C'est-à-dire qu'à chaque fois, il justifie la sévérité de cette circulaire
05:56en disant, oui, mais il y a l'exaspération des Français,
06:00vous voyez, à l'échelle européenne...
06:02Ah bon, vous trouvez qu'il justifie ?
06:03Ah oui, moi, j'ai trouvé.
06:04Et il parle même d'études d'opinion où il dit, vous voyez,
06:07il y a même des électeurs de gauche qui partagent cet avis-là.
06:11Donc, j'avais l'impression qu'il justifiait.
06:13François Pomponi, je ne vous vois pas être tout à fait d'accord
06:15dans cette appréciation-là de la justification.
06:17Non, mais il va vous dire pourquoi.
06:19Je pense que ce qu'il dit, c'est, attendez...
06:21Moi, je suis à l'écoute des Français.
06:23Je connais leurs préoccupations et j'ai envie d'agir.
06:27Et sincèrement, je l'ai trouvé plutôt bon sur la forme
06:30parce qu'il maîtrise le sujet, il sait de quoi il parle.
06:34Il le fait avec sincérité.
06:36Et je crois que c'est la force de Bruno Rotaillot
06:38d'être en phase avec une des préoccupations principales des Français.
06:41Il n'y a pas beaucoup de milices à l'intérieur
06:43qui ont fait ce travail-là.
06:45Et donc, il le fait.
06:46Il est plutôt en train de dire...
06:48Surtout qu'on lui a posé la question sur Roland Lescure
06:52qui a critiqué parce qu'il est surréaliste.
06:54Il fait partie de la majorité du Bloc central
06:57qui a voté, entre autres, cette loi.
06:59On connaît après, il est aussi le conseiller constitutionnel.
07:01Et il va critiquer alors qu'on a fait rentrer Bruno Rotaillot au gouvernement.
07:05Enfin, son camp a fait rentrer Bruno Rotaillot sur cet thème-là.
07:09Parce que, justement, il était en phase.
07:11Donc, c'est un peu scandaleux de le critiquer après.
07:13Une petite pause pour laisser à féliciter le soin
07:16et le temps de nous informer du reste de l'actualité.
07:18Puis, on va y revenir parce qu'il y a aussi un tas de choses
07:21que ça va vous passionner.
07:22À la gauche, que j'aimerais vous voir commenter aussi.
07:25Cette gauche bien pensante qui devrait peut-être
07:27prendre la mesure aussi de ce qui se passe
07:29hors de ces quartiers un peu aisés et privilégiés.
07:33C'est à vous. Félicitez pour le reste de l'actualité.
07:35Merci, merci Nelly.
07:37L'actualité s'écrit également à l'international en Israël
07:40où une nouvelle libération d'otages israéliennes
07:42retenues par le Hamas doit se tenir ce week-end
07:45dans le cadre du cessez-le-feu à Gaza.
07:47Le Hamas a annoncé remettre la liste des quatre otages
07:50qui doivent être libérés dans cette deuxième phase d'échange
07:53contre des prisonniers palestiniens détenus par Israël.
07:55On rejoint tout de suite notre grand reporter,
07:57Régine Delfour, en duplex depuis Tel Aviv.
07:59Régine, quelles sont les toutes dernières informations
08:02dont vous disposez au sujet de ce deuxième échange ?
08:04Connaît-on là maintenant tout de suite
08:06les noms des otages qui seront libérés ?
08:09Oui, félicité. En fait, il y a à peine une demi-heure,
08:11le Hamas a publié une liste de quatre soldats
08:15dont Karina Hariev, Daniela Guilboa, Naouma Levy et Léry Helberg.
08:20Alors, ce sont quatre soldats qui ont été enlevés
08:23sur la base de Nahal Hose le 7 octobre 2023.
08:27Elles ont été enlevées pendant qu'elles dormaient en fait.
08:30Et le gouvernement israélien a confirmé avoir reçu cette liste.
08:34Mais Israël accuse le Hamas d'avoir violé une nouvelle fois l'accord
08:38puisque c'était les civils, les femmes civiles
08:40qui devaient être libérées en premier,
08:42notamment Arbel Yehoud et Siri Bibas.
08:45Donc Israël n'a pas encore communiqué la liste des prisonniers
08:49parce que vous savez que pour un soldat,
08:51c'est 50 prisonniers palestiniens.
08:53Pour un civil, c'est 30.
08:55Donc ils n'ont pas encore communiqué cette liste.
08:57On ne sait pas comment Israël va réagir.
09:00Ce soir-là, le Shabbat commence.
09:02Donc on parlait d'une libération, d'un transfert dès demain matin.
09:06Mais peut-être que cela va encore être retardé
09:09avec cette nouvelle liste donnée par le Hamas.
09:12Merci beaucoup, Régine, pour la précision de ces toutes dernières informations.
09:16On poursuit avec Emmanuel Macron qui a annoncé vouloir se rendre mardi
09:20sur le site du musée du Louvre après l'alerte donnée par la directrice,
09:24hier, dans une note confidentielle adressée à la ministre de la Culture,
09:27Rachida Dati, dans le journal Le Parisien.
09:30Le président tient à s'exprimer sur l'état du plus grand musée du monde.
09:33Le Louvre est un symbole de la France.
09:35C'est une fierté française, dit-il.
09:37Ce serait une faute de rester sourd et aveugle face aux risques
09:40qui pèsent aujourd'hui sur le musée, a déclaré le président.
09:43Merci beaucoup, félicité.
09:45Je vous souhaite un excellent week-end et je vous dis à très bientôt sur ce plateau.
09:49Revenons au propos de Bruno Retailleau,
09:51qui s'épanche évidemment à plusieurs reprises sur cette fameuse circulaire envoyée au préfet
09:55qui est la mise en application, comment dire, l'exécution, si je puis dire,
09:59de ce que la loi a acté il y a quelques mois déjà.
10:03On a beaucoup parlé de l'illégalité, du rôle des associations,
10:06de ceux qui s'engouffrent dans la brèche, ces fameuses filières
10:09qui se sont un peu spécialisées dans l'immigration irrégulière.
10:14Il n'a pas manqué de tacler aussi une certaine gauche
10:17qui se drape derrière son humanisme alors qu'elle n'a même pas trop à souffrir
10:21de ces situations du quotidien qui parfois, précisément, gâchent le quotidien.
10:26Écoutez.
10:28L'électorat de gauche est beaucoup plus réaliste que beaucoup de parlementaires de gauche.
10:34L'électorat de gauche a changé, il a bougé, l'électorat de gauche.
10:39Il a bougé.
10:41Il nous demande cette fermeté.
10:43Cette fermeté-là, et je le rappelle à la gauche,
10:47c'est d'abord, en la renvoyant à quelques beaux ouvrages de Christophe Guy,
10:51qui n'est pas de droite, et de d'autres,
10:53cette demande de fermeté, elle ne vient pas des classes favorisées.
10:58Eux, ils ont de l'argent pour habiter les beaux quartiers.
11:01C'est d'abord les Français de la classe populaire, moyenne,
11:05qui nous demandent, on voit, regardez les études,
11:08ce n'est pas les bobos des centres-villes.
11:11Alors, ce n'est pas les bobos des centres-villes.
11:13Il a dit le mot.
11:14On l'attendait un peu tous, à vrai dire.
11:16Non ?
11:17Mais c'est vrai.
11:18Ça a au moins le mérite d'être clair.
11:21Effectivement, les trois quarts du temps qu'il voit ces voitures brûler en bas de chez lui,
11:26ça se passe rarement dans le 16e.
11:28Ceci étant, quand la sauvagerie monte, plus personne n'est épargné.
11:33Ce qu'on voit aujourd'hui, c'est la notion de tâche d'huile,
11:36c'est-à-dire que, et je pense qu'on pourrait en parler tous les deux,
11:39mais nous, on a vécu dans un moment où, effectivement,
11:43les violences se passaient dans les quartiers populaires.
11:46Aujourd'hui, elles sont en train de déborder et d'atteindre les quartiers plus résidentiels
11:51parce qu'il y avait des frontières invisibles, des frontières symboliques
11:55qui sont en train de tomber et aujourd'hui, plus personne n'est à l'abri.
11:58Donc ça, c'est la première donnée.
12:00Et la deuxième donnée, c'est que quand vous faites partie d'une classe populaire,
12:04vous ne choisissez pas.
12:05Vous choisissez très rarement où vous vivez.
12:07Vous choisissez très rarement où vous pouvez envoyer vos enfants à l'école.
12:11Tout est extrêmement contraint.
12:13L'argent vous permet de vous libérer de toutes ces contraintes.
12:16François, vous qui avez été à gauche, on va quand même le rappeler,
12:19même si ça remonte un peu maintenant.
12:21Vous avez fait votre adjournamento, si je puis dire.
12:24Non, blague à part.
12:27Il précise quand même, il y a deux gauches.
12:29Il y a l'électorat qui, lui, est confronté à ces difficultés
12:32et qui est, comment dire, qui est dans le concret, dans le dur.
12:37Et puis, évidemment, il y a les politiques
12:39qui sont un peu dans un milieu boîté, feutré,
12:42qui n'en souffrent pas au quotidien.
12:44Et cela se permet de donner des leçons, y compris à leur propre électorat.
12:47Il en partait raison, mais ça a évolué aussi.
12:49Parce qu'en fait, il y a deux gauches.
12:51Il y a l'extrême gauche, il y a la France insoumise,
12:54et il y a le Parti socialiste.
12:55Les verts entre les deux.
12:57L'électorat de la France insoumise, maintenant, effectivement,
13:01c'est principalement dans les quartiers populaires.
13:04Deux gens, pour la plupart, ils suivent l'immigration.
13:06Dans ces quartiers-là, vous êtes les maires de Sarcelles,
13:09les classes moyennes n'existent plus.
13:11Enfin, entre guillemets, les classes moyennes,
13:13on ne sait même pas comment on doit les appeler,
13:15blanches, d'origine, enfin, on ne sait pas.
13:19Ils ne sont plus là. Ils sont partis.
13:21Et donc, restent principalement des professionnels de l'immigration
13:24qui, eux, votent maintenant, éléphiques.
13:27Ceux qui sont concernés, c'est les socialistes.
13:29Parce qu'à la fois, effectivement, leur électorat est en demande d'ordre,
13:33enfin, à l'époque, quand on était maire socialiste,
13:35avec Emmanuel Vasse, il était à Ivry, je suis à Sarcelles,
13:38on était sur des thèmes, on veut de la sécurité,
13:41on veut de l'ordre, on ne peut pas accepter n'importe quoi,
13:44il faut mettre de l'ordre.
13:45Aujourd'hui, quand on écoute les maires écologistes
13:48ou les maires socialistes, ce n'est plus ce discours-là.
13:50On est revenu au vivre ensemble, on voit bien ce qui se passe
13:54dans des villes comme Grenoble, comme Bordeaux ou autres,
13:57ou comme Lyon, ou même dans les villes socialistes,
13:59où on n'a plus tout ce discours.
14:00Mais il y a un décalage entre l'électorat et ce que pensent les gens,
14:03et puis les élus.
14:05Après, attention, on critique beaucoup, ces jours-ci,
14:07le maire de Grenoble, il est à chaque fois réélu,
14:09donc il a quand même une partie majoritaire de l'électorat.
14:12On commence à voir quand même, on regarde la dernière législative partielle,
14:16ça bouge un peu, l'énigme bouge un petit peu.
14:18Mais c'est toujours très lent, ça bascule d'un coup,
14:23mais les mouvements...
14:24Le rééquilibrage est un petit peu plus long.
14:26Moi, ce qui m'étonne quand même, c'est qu'on considère,
14:29pour ceux qui misent sur ces électorats-là,
14:31je pense évidemment à la France insoumise,
14:33qui ne se cache plus ouvertement de ce clientélisme-là,
14:36c'est qu'on considère qu'y compris les populations immigrées
14:39qui sont là depuis plusieurs générations,
14:41ou qui ont régularisé leur situation depuis belle durête,
14:45voudraient aussi créer un appel d'air pour que d'autres immigrés viennent.
14:48Est-ce que tout le monde a envie qu'il y ait des clandestins dans ce pays,
14:52parce que vous êtes immigrés ?
14:54Alors vous voulez que les gens vous ressemblent ?
14:56Ça arrive tous les jours, entre nous, les Français.
14:59Je pense que c'est systématique,
15:00parce que c'est un peu considéré que tout le monde pense pareil.
15:02La joie, je voudrais avoir la joie.
15:03J'ai rien à dire là-dessus, après vous.
15:05Moi, je vais rebondir rapidement aussi.
15:08On commence à l'inverse.
15:09Non, mais pourquoi ?
15:10Oui, alors commencez...
15:11Non, on commence à l'inverse, c'est qu'après vous...
15:13Les frontières sont ouvertes.
15:15Les vagues migratoires dans ces quartiers-là,
15:17elles existent comment ?
15:18Pas forcément avec les réseaux.
15:20Il y a aussi les réseaux, mais c'est familial, c'est villageois.
15:24Les gens font venir leur famille.
15:27Ces gens-là, ils ne considèrent pas
15:28qu'il peut y avoir un appauvrissement économique, y compris pour eux ?
15:30Non, mais quand ils ont une famille dans le pays d'origine
15:33qui souffre énormément,
15:34ils préfèrent qu'ils soient en France, même en difficulté,
15:37même si c'est appauvri,
15:38parce que c'est toujours mieux qu'ils connaissent là où ils sont.
15:41Et puis accéder à une vision globale de sa condition.
15:43Du coup, je vais rebondir sur l'ensemble de vos propos.
15:47C'est des solidarités qui se créent en réalité.
15:50C'est-à-dire que quand vous...
15:53Je rejoins parfaitement ce que vous dites,
15:56c'est-à-dire que quand vous avez une partie de votre famille
15:59qui est en souffrance,
16:00vous disiez très justement tout à l'heure,
16:04je suis fatiguée...
16:05Céline !
16:06Céline Pina,
16:08que la première cause de flux migratoires irréguliers,
16:12c'est le regroupement familial.
16:15Donc ça rejoint ce que je viens de dire,
16:17c'est-à-dire dans des territoires,
16:19il y a cet appel d'air où on se dit
16:21vous galérez dans le pays d'origine,
16:24il y a des solidarités qui se créent
16:26dans certains quartiers, certains territoires.
16:29Merci, merci.
16:30Il nous reste 7 minutes.
16:31J'ai deux petites thèmes à vous soumettre
16:32quand même avant la fin de l'émission.
16:34Je ne résiste pas.
16:35Bruno Gota qui veut un nouveau texte sur le narcotrafic,
16:37qui veut aussi s'en prendre aux consommateurs.
16:39Et il y a un autre fléau dont on parle assez régulièrement,
16:41c'est le blanchiment de l'argent de la drogue
16:43qui est difficile à tracer.
16:44Regardez l'exemple de Montpellier à travers ce reportage.
16:48Dans certains quartiers de beaucoup de villes françaises,
16:50on trouve en grand nombre des épiceries de nuit,
16:53des barbiers, des bars à chicha ou des kebabs.
16:56Souvent ces commerces sont liés au blanchiment d'argent
16:59dû au narcotrafic.
17:01Je voudrais qu'on m'explique,
17:02quand dans un territoire vous avez 5 épiceries de nuit,
17:04une à côté de l'autre, il n'y a jamais de clients
17:07et qui décartent des recettes, ça pose un débat.
17:09Donc arrêtons, faisons une vraie décentralisation.
17:12Les maires doivent avoir du pouvoir.
17:14À Montpellier, le maire aimerait pouvoir s'opposer
17:16à l'ouverture de certains commerces douteux.
17:18Les syndicats de police approuvent.
17:21C'est un outil supplémentaire dont on ne devrait pas se priver.
17:26Le narcotrafic est aujourd'hui un cancer pour la société
17:29et je pense qu'il faut l'attaquer à la racine.
17:32Ce local appartenait, il y a quelques années en arrière,
17:35à une chaîne de restauration rapide.
17:38La mairie a préempté le bail,
17:40tout simplement pour éviter que les narcotrafics
17:44et le blanchiment d'argent puissent servir,
17:48ici, place de la comédie,
17:50puisque nous sommes au cœur de Montpellier.
17:52Les commerces, il y en a qui sont visibles,
17:54d'autres qui le sont moins.
17:56C'est pour ça que ça demande beaucoup d'investigation,
18:00qu'elle soit administrative ou judiciaire.
18:02Ces commerces du blanchiment sont parfois collés
18:04les uns aux autres, comme dans cette rue.
18:06En 2005, Montpellier compte alors 20 épiceries de nuit.
18:10Elles sont 200 aujourd'hui.
18:14Situation classique.
18:15200, on est en deçà du chiffre réel, vous pensez ?
18:18Bien entendu que c'est comme ça que ça se passe.
18:20Les trafiquants blanchissent l'argent,
18:24le gros de leur argent,
18:26ailleurs, dans les paradis fiscaux, à l'étranger.
18:28Ça, c'est les petits compléments.
18:30Ça, c'est pour les petites mains.
18:32C'est pour les quartiers.
18:33Les quartiers, il faut les faire vivre.
18:34Ils sont contents d'ouvrir un commerce,
18:36deux commerces.
18:37Deuxièmement, il faut justifier un train de vie.
18:39En fait, c'est pour blanchir localement
18:41avec les employés,
18:43les patrons blanchissent ailleurs.
18:45Quand le local, ça concerne les 50 ou 60 grandes villes françaises,
18:48ça commence à faire du tronc.
18:49C'est partout.
18:50Le problème, c'est que, sincèrement,
18:52les mairies ont très peu de moyens.
18:53On peut préempter.
18:54Mais maintenant, il y a des techniques
18:55que les blanchisseurs connaissent très bien.
18:57C'est qu'on achète les parts de la société,
19:00on achète le fonds de commerce.
19:01Ils se débrouillent comme ils peuvent
19:03et comme ils veulent.
19:04Et puis derrière, les autorités courent derrière
19:06sans vraiment réussir à endiguer le processus.
19:10Bon, Céline.
19:11Et puis, Najwa.
19:13Il y a aussi des choses
19:14qui pourraient être plus simples.
19:15C'est qu'en France,
19:16il faut que la police ou la justice
19:18fassent la preuve
19:19qu'elle est en face d'une situation
19:21où on l'a manipulée.
19:22Vous avez, dans d'autres pays,
19:23comme en Italie,
19:24si vous ne pouvez pas justifier
19:26de façon très précise
19:27des fonds que vous utilisez,
19:29alors, à ce moment-là,
19:30la saisie est immédiate.
19:32Donc, il y a peut-être
19:33des changements à opérer
19:34dans notre loi pour commencer.
19:36Et la deuxième chose,
19:37c'est que, quelque part,
19:38de qui se moque-t-on ?
19:39Dans les années 80,
19:41on suivait à Grenoble.
19:42À Grenoble,
19:43il y avait un quai
19:44qu'on appelait
19:45le quai des pizzerias.
19:46A l'époque,
19:47la mafia grenobloise
19:48venait d'Italie.
19:49Ce quai des pizzerias,
19:50tout le monde savait
19:51à quoi il servait.
19:52Il aurait suffi
19:53de mettre un contrôleur
19:54pendant une semaine
19:55pour constater
19:56que personne n'allait manger
19:57et constater que
19:58tous les bilans étaient faux.
20:00Sauf qu'on a cassé
20:01les outils de contrôle
20:02parce que, vous comprenez,
20:03être soupçonneux vis-à-vis des gens,
20:05c'est mal
20:06quand on est un grand humaniste.
20:07Or, l'État a pour devoir
20:09d'être malgré tout
20:10soupçonneux.
20:11Et la question,
20:12c'est aussi
20:13qu'est-ce qu'on a fait
20:14des organismes
20:15de contrôle
20:16de cela
20:17parce que pour aller
20:18en kikine...
20:19C'est bien dommage
20:20parce que les contrôleurs fiscaux,
20:21ils sont là.
20:22Il n'y en a plus.
20:23C'est une des administrations
20:24qui a le plus supprimé de postes.
20:25Oui.
20:26Les finances publiques,
20:27il y en a,
20:28mais là, il n'y en a pas.
20:29Quand on dit
20:30qu'il n'y a plus d'argent,
20:31il faut diminuer
20:32les dépenses publiques.
20:33En l'espèce,
20:34qui contrôlait ?
20:35C'est l'inspection du travail ?
20:36Si je peux me permettre,
20:38il y a un inspecteur
20:39aux impôts.
20:40Ah oui, c'est vrai.
20:41Il y a un jour,
20:42des collègues contrôlent
20:43ce qu'on appelle
20:44une blanchisseuse.
20:45Ils contrôlent,
20:46puis le vérificateur,
20:47alors c'était en Corse.
20:48Il vient me voir,
20:49il me dit,
20:50j'étais en poste là-bas,
20:51il me dit
20:52j'ai trouvé
20:53la vraie comptabilité.
20:54J'ai dit c'est bien,
20:55c'était le top
20:56de l'administration fiscale
20:57qui venait de Paris.
20:58Ils me disent
20:59j'ai trouvé la comptabilité
21:00la vraie.
21:01Il y avait un lendemain,
21:02il me dit je ne comprends pas,
21:03dans la vraie,
21:05J'ai dit non,
21:06il faut leur rembourser les impôts
21:07parce que tu sais
21:08qu'ils ont trop déclaré.
21:09Ah ben non,
21:10parce que quand vous démontrez
21:11qu'ils en ont trop déclaré,
21:12vous faites quoi ?
21:13Ben oui,
21:14il y a un rendu,
21:15enfin il y a un...
21:16C'est comme ça que ça marche.
21:17Il faut prouver que c'est...
21:18Il faut prouver que c'est...
21:20Ils déclarent plus
21:21ce qu'il ne faut
21:22puisqu'ils veulent
21:23blanchir entre guillemets.
21:24Évidemment.
21:25J'aurais aimé qu'on ait
21:26une spécialiste,
21:27une représentante
21:28de ce secteur.
21:29Il ne nous reste pas
21:30beaucoup de temps
21:31mais j'aurais bien aimé
21:32d'une spécialiste
21:33et de lanceuse d'alerte
21:34d'une certaine manière
21:35de Montpellier,
21:36cette ville que vous avez aperçue.
21:37Il y a une association
21:38qui s'est penchée
21:39sur ces questions
21:40de blanchiment.
21:41C'est dommage
21:42parce qu'on n'a peut-être
21:43pas assez de temps
21:44pour que Mme Perrin
21:45nous éclaire sur cette question
21:46mais on essaie
21:47de la joindre,
21:48il y a un instant.
21:49C'est que très très souvent
21:50on connaît exactement
21:51où sont les blanchisseuses
21:52tout comme on connaît
21:53à peu près
21:54qui sont les petites mains,
21:55etc.
21:56Et qu'il y a une absence
21:57de volonté d'agir
21:58parce que derrière,
21:59vous pouvez vous retrouver
22:00sans monter en puissance
22:01de l'institution.
22:02Il n'y a plus de moyens.
22:03C'est ce que je voulais dire.
22:04C'est l'honneur de la guerre.
22:05Merci.
22:06Isabelle Perrin est avec nous.
22:07Je vous le disais,
22:08président de l'association
22:09Alerte Montpellier.
22:10On a vu ce repartage
22:11sur Montpellier.
22:12Racontez-nous l'ampleur
22:13du phénomène.
22:14Vous avez une minute,
22:15je suis désolée,
22:16ça arrive un peu
22:17en fin d'émission.
22:18Bonjour.
22:19Notre souci à Montpellier,
22:20c'est que nous avons
22:21à peu près 200 épiceries
22:22de nuit sur le territoire.
22:23Plus de la moitié
22:24de ces épiceries de nuit
22:25ont été ouvertes
22:26dans les dernières années,
22:27c'est-à-dire depuis
22:28la nouvelle équipe municipale
22:29qui est en place.
22:30Pour obtenir une licence
22:31au niveau de ces épiceries de nuit
22:32pour pouvoir vendre de l'alcool,
22:33il faut monter un dossier
22:34dans lequel vous allez intégrer
22:35une simple déclaration
22:36indiquant que vous n'avez
22:37jamais été condamné.
22:38Et cette déclaration
22:39n'est jamais vérifiée,
22:40de telle sorte que nous avons
22:41des exploitants
22:42d'épiceries de nuit
22:43qui sont des spécialistes
22:44du blanchiment.
22:45Et ces gens-là
22:46sont tellement des spécialistes
22:47du blanchiment
22:48que pour éviter
22:49des exploitants
22:50d'épiceries de nuit,
22:51c'est-à-dire
22:52qu'ils ont besoin
22:53des spécialistes
22:54du blanchiment
22:55que pour éviter
22:56des fermetures intempestives,
22:57puisque régulièrement
22:58nous avons quand même
22:59nos services de police nationale
23:00qui font très bien leur boulot,
23:01ils ouvrent plusieurs établissements
23:02dans la même rue.
23:03Comme ça,
23:04quand un établissement
23:05est obligé
23:06d'une fermeture
23:07à une minute passive...
23:08J'ai deux mini-questions
23:09Isabelle Perrin.
23:10Un,
23:11est-ce qu'il y a des contrôles
23:12où vous n'en voyez pas la couleur ?
23:13Et deux,
23:14on en parlait à l'instant.
23:15Et deux,
23:16est-ce qu'il y a des commerces
23:17qu'on ne connaît pas,
23:18qu'on ne soupçonne pas,
23:19qui sont un peu sous le radar ?
23:21Vous pouvez nous en dire
23:22juste un mot.
23:23Alors, des contrôles,
23:24oui, il y en a.
23:25C'est ce que je vous disais.
23:26On ne peut pas dire
23:27que la police nationale
23:28ne fait pas son boulot.
23:29Elle fait son boulot,
23:30ils sont présents.
23:31Le problème,
23:32c'est qu'on a affaire
23:33à des mafieux
23:34qui sont très bien organisés,
23:35et comme je vous le disais,
23:36ils ouvrent plusieurs épiceries
23:37sur la même rue,
23:38de manière à ce que
23:39quand ils sont contrôlés
23:40sur l'une
23:41et qu'elle est l'objet
23:42de fermetures administratives,
23:43ils balancent leur business
23:44sur celles qui suivent.
23:45Donc, c'est un système
23:46qui ne s'arrête jamais.
23:47D'accord.
23:48Dernière question.
23:49Outre, parfois,
23:50les bars PMU,
23:51les barbershops,
23:52la restauration rapide de nuit,
23:53il y a autre chose
23:54qu'on ne connaît pas ?
23:55En deux mots.
23:56Alors, ces épiceries de nuit,
23:57outre le fait
23:58de blanchir l'argent,
23:59ce qu'elles font aussi,
24:00c'est qu'elles font
24:01du trafic de cigarettes
24:02de contrefaçon.
24:03D'accord.
24:04Donc, nous avons des cigarettes
24:05qui arrivent de pays de l'Est,
24:06qui arrivent de Turquie aussi,
24:07qui arrivent de Turquie,
24:08qui arrivent de Turquie,
24:09qui arrivent de Turquie,
24:10qui arrivent de Turquie,
24:11qui arrivent de Turquie,
24:13qui arrivent de Turquie,
24:21et la qualité du tabac.
24:24Ce sont des cigarettes
24:25qui sont achetées
24:26par les épiciers
24:27à peu près 2€,
24:28revendues 5€
24:30contre un paquet
24:31qui vaut 12€
24:32dans un bureau de tabac.
24:34Merci beaucoup
24:35Isabelle Perrin
24:36d'avoir répondu
24:36à nos questions.
24:38On est vraiment
24:39pris par le temps,
24:40peut-être certains de vos extraits d'ailleurs. Merci à tous, excellente fin de soirée,
24:43bon week-end à tous, et on se retrouve lundi tout de suite, c'est poncho !