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Avec Bérangère Couillard, Présidente du Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes


Retrouvez Muriel Reus, tous les dimanches à 8h10 pour sa chronique "La force de l'engagement" sur Sud Radio.

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##LA_FORCE_DE_L_ENGAGEMENT-2025-01-26##

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News
Transcription
00:00Agipi, association d'assurés engagées et responsables présente
00:05Sud Radio, le grand matin week-end, la force de l'engagement, Muriel Reus.
00:10Bonjour à toutes et à tous, aujourd'hui mon invité est Bérangère Couillard,
00:14présidente depuis le mois de juillet 2024 du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes.
00:19Bonjour Bérangère. Bonjour.
00:21Alors je vous propose de commencer cette émission en abordant un sujet fondamental,
00:25s'engager contre le sexisme, un impératif pour déconstruire les inégalités.
00:29L'année 2024 a révélé une fracture sociale grandissante autour des enjeux d'égalité du genre et des droits des femmes.
00:36D'un côté, celles et ceux qui aspirent à une véritable égalité,
00:39de l'autre, des voix qui, sous couvert de déni ou de défense, retardent les changements.
00:44Dès lors que les revendications féminines gagnent en visibilité,
00:47elles se heurtent à un backlash médiatique organisé où le sexisme,
00:51banalisé et réduit à une simple opinion, s'oppose à des revendications perçues comme trop exigeantes.
00:57Le dernier rapport du Haut Conseil à l'égalité dresse un constat édifiant.
01:00Malgré des avancées symboliques et des prises de conscience collectives,
01:04le sexisme reste profondément enraciné dans notre société.
01:08Et les chiffres parlent d'eux-mêmes.
01:1086% des femmes déclarent avoir vécu une situation sexiste et 9 sur 10 modifient leur comportement pour l'éviter.
01:1640% rapportent avoir vécu une situation de non-consentement,
01:20alors que seulement 23% des hommes reconnaissent en avoir été à l'origine.
01:2457% des femmes disent avoir été moins bien traitées dans la rue et les transports
01:29et 50% dans leur propre foyer.
01:3123% ont été victimes de violences économiques conjugales,
01:34un phénomène lié à une spirale de dépendance financière souvent renforcée par les écarts salariaux.
01:39En 2024, seuls 34% des temps de parole médiatiques étaient accordés aux femmes.
01:44Alors, et le monde du travail ?
01:46Eh bien, le monde du travail reste un bastion d'inégalité.
01:5083% des femmes y dénoncent un traitement inégal,
01:53avec un écart salarial de 23,5% dans le secteur privé.
01:57Et plus de 3 millions de femmes, ce chiffre est terrible,
02:00déclarent subir chaque année des violences sexistes et sexuelles.
02:03Et plus de 3 femmes par jour sont victimes de féminicides, de tentatives ou de suicides forcés liés à ces violences.
02:08Ces chiffres traduisent aussi une réalité désespérante,
02:11car malgré les luttes acharnées menées par les féministes,
02:1494% des jeunes femmes de 15 à 24 ans estiment qu'il est plus difficile d'être une femme aujourd'hui.
02:19Le procès des viols de Mazan, historique par ses dimensions,
02:23a agi comme un miroir brutal de ces violences systémiques,
02:26avec 65% de Français qui reconnaissent une responsabilité masculine collective.
02:31Alors, quelles sont les priorités pour avancer ?
02:34Une éducation à l'égalité généralisée, plébiscitée par 9 Français sur 10,
02:38un partage équitable des responsabilités familiales
02:41et la réforme d'un congé paternité obligatoire et allongé,
02:44demandé par 70% de nos compatriotes,
02:47la révision de l'index Pénicaud et la mise en place du budget sensible au genre
02:50et l'adoption des critères d'égal conditionnalité pour les aides publiques,
02:54une justice renforcée, une introspection collective masculine
02:59pour devenir des alliés actifs aux côtés des femmes.
03:02Nous sommes à un tournant. Le sexisme n'est pas une opinion,
03:05c'est un fléau qui gangrène nos sociétés et perpétue les inégalités.
03:10Bonjour Bérangère.
03:11Bonjour.
03:12Vous êtes, depuis le mois de juillet 2024,
03:14la présidente du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes,
03:17après avoir occupé des fonctions ministérielles,
03:19notamment en tant que ministre délégué,
03:21chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes
03:24et de la lutte contre les discriminations en 2023.
03:27Cette nomination dans la tête du HLE s'inscrit-elle dans une suite logique de votre parcours ?
03:32Qu'est-ce qui vous a poussé à accepter cette mission ?
03:35C'est très naturellement que j'ai accepté cette mission
03:38qui m'a été proposée en juillet 2024.
03:42J'ai occupé, comme je l'avais dit, des responsabilités importantes
03:46sur les sujets d'égalité et de la lutte contre les discriminations en tant que ministre.
03:50J'avais également beaucoup travaillé en tant que députée
03:53sur le sujet des droits des femmes et des violences conjugales.
03:57Et donc je crois que j'étais à ma place sur cette présidence
04:01d'une instance qui est aujourd'hui reconnue d'utilité publique
04:05parce qu'évidemment elle rend des rapports extrêmement sérieux
04:08et donc ces travaux sont également reconnus par le monde féministe
04:12mais également bien au-delà parce qu'on a aussi des sollicitations
04:15des parlements, du gouvernement.
04:18L'idée c'est de continuer à faire des rapports de qualité
04:21et évidemment faire connaître aussi l'instance plus largement par les Français.
04:25Alors des rapports importants, des rapports qu'on attend toutes et tous d'ailleurs chaque année.
04:30Là vous venez de publier le rapport annuel sur l'état du sexisme en France.
04:33Vous l'avez intitulé à l'heure de la polarisation.
04:37En 2024, cette polarisation des débats autour de l'égalité
04:40entre les femmes et les hommes semble plus marquée que jamais.
04:43Pourquoi cette question de l'égalité devient si clivante aujourd'hui ?
04:47Écoutez, c'est vrai que là, si vous voulez, depuis 3 ans
04:51le rapport sur l'état du sexisme en France réalisé par le HCE
04:55est basé sur un baromètre.
04:57Un baromètre qui permet, donc on a sondé plus de 3200 Français
05:02dont 500 jeunes qui ont entre 15 et 34 ans.
05:07Ce qui a permis justement de voir l'état du sexisme en France
05:11mais aussi l'évolution d'année en année.
05:13Et donc on se rend compte qu'il y a un clivage de plus en plus important
05:17entre les femmes et les hommes sur la perception du sexisme.
05:21Et là, on a regardé de façon très précise, notamment sur les questions politiques
05:28où on a connu une campagne américaine qui a été particulièrement clivante.
05:35Et on le voit par les votes aussi des plus jeunes.
05:39Il y a quand même 45% des jeunes américains qui ont voté Donald Trump
05:44quant à 72% des jeunes américaines qui ont voté Kamala Harris.
05:48Donc on le voit par les votes.
05:50On voit qu'il y a des discours masculinistes qui sont de plus en plus embrassés
05:54par la jeune génération et particulièrement les jeunes hommes.
05:58Je crois qu'il y a, compte tenu de la société qui est en plein mouvement,
06:04je pense qu'il y a une forme de frustration de la gente masculine
06:09qui s'aperçoit que les choses bougent alors qu'on leur a toujours dit
06:13que c'était autrement que ça devait se passer.
06:15C'est-à-dire qu'on a éduqué nos enfants différemment.
06:19Quand on pose la question à des parents s'ils ont éduqué leur fille et leur garçon
06:22de la même manière, ils répondent oui.
06:24Pourtant lorsque vous demandez à une jeune fille si elle a été élevée comme son frère,
06:28elle dit non majoritairement.
06:30Pourquoi elle dit non ?
06:31C'est parce qu'en effet on n'éduque pas les enfants de la même façon
06:34quand ils sont filles ou garçons.
06:36Ça se répercute évidemment lorsqu'ils arrivent à l'âge adulte.
06:39Ils ont tendance à reproduire ce qu'ils ont eu avec leurs parents,
06:42avec leurs propres enfants.
06:43Donc on n'a pas inversé cette tendance.
06:45Les inégalités qu'on a dans la vie quotidienne, qui sont très importantes,
06:49on les retrouve aussi dans la vie quotidienne des enfants quand ils font famille.
06:54On n'a pas rééquilibré ça.
06:56Est-ce que c'est un problème d'éducation ?
06:58Justement sur ce problème d'éducation, ça fait des années que l'on parle,
07:02depuis 2001 d'ailleurs, puisque l'éducation en légalité
07:05et la prévention des violences sexistes à l'école sont des priorités.
07:08Seulement 15% des élèves bénéficient de l'éducation à la vie affective,
07:12relationnelle et sexuelle, malgré une obligation légale depuis 2000-2001.
07:17Donc on a quand même beaucoup de mal.
07:19Comment est-ce qu'on va sortir de cette situation pour renverser la table
07:22par rapport à ce que vous venez d'évoquer ?
07:24Est-ce que vous pensez que la ministre de l'Éducation,
07:27que vous connaissez bien, va s'engager enfin sur ce sujet ?
07:30Écoutez, bien sûr, je l'espère.
07:32J'ai toute confiance dans l'action qu'elle peut mener
07:35parce que c'est quelqu'un que je connais bien
07:37et qui croit en ses séances à la vie affective, relationnelle et sexuelle.
07:42Après, vous l'avez dit, c'est une obligation légale
07:44et elle devrait être déjà appliquée depuis près de 25 ans.
07:47Donc c'est quand même aberrant que ça ne le soit toujours pas.
07:50Pourquoi ça ne l'est pas ?
07:52Il y a divers freins.
07:54Il y a déjà eu des levées de boucliers des plus conservateurs
07:58qui s'opposent continuellement à la mise en place
08:01de ces séances à la vie affective, relationnelle et sexuelle
08:04pour de mauvaises raisons.
08:05En pensant qu'on va parler de sexualité à des enfants,
08:07il n'en a jamais été question.
08:09On ne parle pas à des enfants de primaire de sexualité.
08:12Évidemment, on adapte ces séances en fonction de l'âge des enfants.
08:16Mais il y a eu des interventions du milieu associatif.
08:19Déjà le milieu associatif, ils ne sont pas assez nombreux
08:21pour pouvoir intervenir.
08:23Même si tous les responsables d'établissement leur demandaient,
08:26ils ne seraient pas assez nombreux.
08:27Donc là, la formule qui semble se dégager,
08:30c'est d'avoir déjà un corpus commun.
08:33C'est-à-dire que c'est le Conseil supérieur des programmes
08:35qui réalise un cours qui sera déployé
08:41sur l'ensemble des établissements et donc par âge.
08:43Ce sera beaucoup plus simple pour celui qui fera le cours.
08:47Il y aura des propos qui seront tenus,
08:50qui seront justes pour l'âge de l'enfant.
08:52Et puis après, l'idée c'est d'aller,
08:55que ce soit le personnel de l'éducation nationale
08:58qui puisse faire ces séances, accompagné du milieu associatif
09:01sur un certain nombre de sujets
09:03qui ne pourraient pas être évoqués par le personnel
09:05de l'éducation nationale.
09:06Et je pense que c'est ça la formule qui fera que ça fonctionne.
09:09Donc moi, j'ai bon espoir en tous les cas,
09:11avec l'arrivée d'Elisabeth Borne à la tête du ministère
09:14de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur,
09:16de mettre en place cette mesure qui est indispensable.
09:209 Français sur 10 plébiscite cette mesure
09:23pour un souci d'égalité.
09:25Encore une fois, c'est faire en sorte que nos jeunes filles
09:28et nos jeunes garçons comprennent qu'ils sont égaux
09:31et puis qu'on puisse parler des sujets qui les concernent
09:33pour faire en sorte qu'il n'y ait plus de sexisme et de violence.
09:37Donc je crois que c'est indispensable.
09:39Et puis 7 Français sur 10 pense que c'est la mesure
09:41la plus efficace.
09:43Donc allons-y !
09:45Le Haut Conseil à l'égalité appelle les responsables politiques
09:48à avoir confiance en cette mesure et à la mettre en place.
09:51Mais est-ce que c'est un problème de minorité ?
09:53Est-ce que c'est une façon de céder à des demandes minoritaires ?
09:56Quand vous dites 9 Français sur 10 plébiscite, très bien.
09:58Alors pourquoi céder à des demandes minoritaires
10:02sur un élément et un programme aussi important
10:05pour changer les comportements et pour faire comprendre
10:07aussi la notion de consentement ?
10:09Il y a une minorité qui est très bruyante
10:11et qui l'est depuis une vingtaine d'années
10:13et qui a réussi en effet à faire peur sur ces questions.
10:17Moi je crois qu'il faut, et je l'ai dit, il faut rassurer.
10:19Et rassurer sur un contenu qui est proposé
10:22par le Conseil supérieur des programmes.
10:24Là c'est le cas. Je crois que c'est le moment d'y aller.
10:26Ok, on va parler du procès de Mazan
10:28qui a été un révélateur énorme.
10:31Des fractures sociales sur la question du sexisme, du viol.
10:3465% des Français, vous révélez ça aussi dans ce rapport,
10:38considèrent que cette affaire montre que les violences sexuelles et sexistes
10:42sont une responsabilité collective masculine.
10:45Quel est votre regard sur l'implication des hommes
10:48dans la lutte contre ces violences ?
10:50Et comment pouvons-nous arriver à créer
10:52les conditions d'une implication collective ?
10:55Le baromètre réalisé cette année révèle que 9 Français sur 10
10:59pensent que les hommes ont un rôle à jouer
11:01dans la lutte contre le sexisme.
11:03Moi je le vois au quotidien,
11:05lors de toutes les interventions que j'ai pu faire depuis de nombreuses années,
11:08le public est majoritairement féminin.
11:11Et c'est ce qui pêche aujourd'hui.
11:13C'est-à-dire que les femmes sont très engagées sur la question,
11:15et on le voit d'ailleurs, il y a un clivage
11:18et un ressenti très différent sur le sexisme en France.
11:22Il y a des hommes engagés, mais pas assez.
11:24Il faut que les hommes s'engagent sur cette question.
11:26Comment on les embarque ?
11:27On les embarque déjà en leur faisant comprendre
11:30que c'est plus difficile d'être une femme qu'un homme.
11:32Et ça marche, parce que même si on regarde
11:3594% des jeunes filles pensent qu'il est plus difficile
11:39d'être une femme qu'un homme,
11:41mais 67% des hommes le pensent aussi.
11:43Donc ça donne de l'espoir.
11:45C'est plus 8 points par rapport à l'année dernière.
11:47Donc ça veut dire qu'il y a 8% d'hommes,
11:49jeunes hommes, qui pensent en plus
11:51qu'il est plus difficile d'être une femme qu'un homme.
11:53Alors oui, il y a aussi des chiffres qui viennent
11:55un peu nous gratter l'oreille quand on les entend,
11:57parce que 13% des jeunes hommes
11:59pensent qu'il est plus difficile d'être un homme qu'une femme.
12:01Mais c'est aussi parce que les choses bougent.
12:03Et je crois que parce que les choses bougent,
12:05il y a certains hommes qui accompagnent
12:08ces changements et qui veulent participer.
12:11Et puis il y en a d'autres qui, du coup,
12:12ne sont plus réfractaires et ont peur de ce changement.
12:14Donc moi, je souligne tous ceux qui veulent s'engager.
12:18Je leur dis, oui, mais si, on a besoin de vous
12:20dans ce combat.
12:21Ça, je confirme, on a vraiment besoin des hommes.
12:24Il y a aussi cette question des médias,
12:26de l'importance des médias,
12:28dans la banalisation des violences sexistes,
12:30dans les discours publics,
12:32dans les discours qui sont tenus.
12:33On se souvient, bien sûr, sur CNews,
12:35de la qualification de l'avortement
12:36comme la première cause de mortalité dans le monde.
12:38Quand on regarde également les sanctions
12:40prononcées par l'ARCOM entre 2019 et 2024,
12:43aucune ne concernait le sexisme.
12:45Donc, en dehors du constat que vous faites
12:47et qu'on retrouve dans ce rapport sur la banalisation,
12:50quel rôle, vraiment, les institutions
12:52devraient-elles jouer dans la régulation
12:55de ces discours ?
12:56En fait, le terme MeToo n'a jamais été autant cité,
13:00donc a été très cité,
13:02au premier semestre 2024,
13:04et n'a été autant cité que les années complètes,
13:07les cinq dernières années complètes.
13:09Vous voyez, c'est énorme en termes de
13:11nombre de fois où les sujets ont été traités.
13:13Les violences sexistes et sexuelles
13:15ont également été beaucoup plus traitées
13:17entre 2019 et 2024.
13:19On a une hausse de plus de 17%.
13:21Donc, les médias prennent leur responsabilité,
13:23en tous les cas, sur ce sujet,
13:25et traitent ces sujets,
13:27parce que, aussi, les auditeurs et les téléspectateurs
13:29sont plus à même d'entendre ces sujets
13:32et sont plus à même d'apprécier, quelque part,
13:34le traitement de ces sujets.
13:36La seule chose, c'est qu'en fait,
13:37on a un traitement médiatique qui n'est pas à la hauteur.
13:39Il n'est pas à la hauteur parce qu'il y a
13:41une forme de désinformation,
13:42qui est parfois relayée par les journalistes,
13:45les chroniqueurs et tous ceux qui peuvent intervenir
13:47sur ces questions.
13:48Du coup, il y a une forme de minimisation, aussi,
13:51d'un certain nombre de faits.
13:53Et ça fait beaucoup de mal,
13:54beaucoup de mal à la cause,
13:55parce que, quelque part,
13:57il y a une forme de banalisation des violences de genre.
14:00On a beau en parler,
14:01on voit que ce n'est pas traité de la bonne manière.
14:03Et après, ça a une répercussion,
14:04une répercussion sur les téléspectateurs
14:06et également sur les auditeurs.
14:08Donc, ça, c'est une première chose.
14:09Et en effet, aujourd'hui,
14:12le sexisme n'est pas pris à la hauteur
14:15de ce qu'il représente.
14:16Quand vous avez des déclarations
14:18qui peuvent être considérées racistes ou homophobes,
14:20vous avez des personnes, des auditeurs,
14:23des téléspectateurs qui vont davantage les dénoncer.
14:25Le sexisme, ça passe sous les radars.
14:27Comme s'il y avait une forme d'acceptation de cela.
14:30Facile.
14:31Voilà, quelque part, oui.
14:32Et donc, en effet, vous l'avez souligné,
14:34l'ARCOM sur 13 décisions pécuniaires l'année dernière,
14:40aucune ne concerne le sexisme.
14:41Et même quand il y a eu un cas,
14:43notamment sur C8,
14:45où, je me permets de le dire,
14:48une femme a été traitée de teupue
14:50pendant une émission,
14:53l'ARCOM a préféré relever l'atteinte à la personne
14:58plutôt que d'aller prendre le cas de sexisme.
15:00Et donc, c'est regrettable,
15:01parce que je crois que le sexisme doit être traité
15:03comme toutes les autres formes d'atteinte à la personne
15:05ou de discrimination.
15:06Il faut que le sexisme soit retenu de la même manière.
15:09Et puis, c'est la première forme de violence.
15:11C'est bien que c'est le début du continuum des violences.
15:13Alors, vous avez parlé tout à l'heure
15:15des 49% de jeunes américains qui ont voté pour Trump.
15:18Les mesures prises dès son investiture
15:21sont terriblement inquiétantes,
15:24vu notre regard européen.
15:26L'abolition des programmes de diversité d'inclusion,
15:29l'adoption d'une loi anti-trans,
15:31évidemment, la commutation des peines
15:34pour tous les participants à l'attaque du capital.
15:36Alors, j'ai un peu envie de vous demander,
15:38vous, en tant qu'observatrice des enjeux sociaux et politiques,
15:41comment vous analysez l'impact de ces décisions
15:44sur les droits civiques et les avancées en matière d'égalité,
15:47particulièrement sur les communautés marginalisées ?
15:50Est-ce que vous pensez que ces décisions,
15:53ces prises de position vont avoir une influence
15:55en Europe et chez nous ?
15:57Déjà, il n'y a pas de déception sur la marchandise.
15:59Il avait dit qu'il le ferait, il le fait.
16:01Quelque part, il avait prévenu.
16:03Et je pense qu'il y a une forme de naïveté de la part,
16:06particulièrement une naïveté européenne,
16:08de penser qu'il ne puisse pas être élu.
16:10Et je pense que ça, ça n'a pas été anticipé.
16:12Globalement, moi, ce qui m'inquiète,
16:14c'est que la campagne américaine
16:16et la politique américaine
16:18et la politique en général,
16:20même des pays étrangers,
16:22est suivie au niveau international
16:24et donc est suivie en France.
16:26Et donc, quelque part, Donald Trump devient un modèle,
16:28un modèle pour la jeune génération
16:30plutôt masculine
16:32qui, du coup, verrait,
16:34voit en lui quelqu'un
16:36qui véhicule,
16:38qui est viril,
16:40qui assume totalement ses positions.
16:42Donc, c'est là où c'est compliqué.
16:44C'est que ça peut embarquer
16:46un certain nombre de jeunes Français
16:48qui peuvent se dire,
16:50tiens, pour les prochaines élections,
16:52les prochaines générations,
16:54ça pourrait être tentant d'avoir quelqu'un qui lui ressemble,
16:56sachant qu'on a déjà en Europe, aussi,
16:58Urban,
17:00également, bien sûr, en Italie,
17:02le Bureau d'Argentine, enfin, voilà.
17:04Donc, c'est là où on peut, évidemment,
17:06avoir peur. Et puis, globalement,
17:08c'est vrai que ça va avoir une incidence,
17:10évidemment, sur les droits,
17:12les droits des minorités et les droits des femmes.
17:14Avec tous les propos
17:16qui ont été tenus,
17:18je ne vois pas comment
17:20les choses vont ne pas...
17:22Enfin, ça va forcément mal se passer.
17:24Merci, Bérangère Couillard.
17:26Président du Haut Conseil à l'égalité,
17:28le chemin est encore long, et je rappelle que
17:30cette semaine, c'était la deuxième Journée nationale
17:32contre le sexisme, une journée importante
17:34de mobilisation, organisée
17:36par Ensemble contre le sexisme.
17:38À très vite.

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