Écoutez "On refait le monde » écoutez" avec Philippe Corbé, spécialiste des États-Unis, ancien correspondant de RTL à New York, Christelle Craplet, directrice de l'Institut BVA, experte des études et sondages d'opinion, Emmanuel Duteil, économiste, directeur de la rédaction de "L'Usine Nouvelle, et Patrick Martin-Genier, spécialiste des questions européennes et internationales.
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 21 janvier 2025.
Regardez On refait le monde avec Yves Calvi du 21 janvier 2025.
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00:00Il est 19h15, bienvenue à vous tous qui nous rejoignez.
00:08L'élection de Donald Trump va-t-elle réveiller l'Europe et la France ? Désire François
00:12Bayrou appeler à la mobilisation générale sous peine d'être, je cite, « dominée,
00:16écrasée, marginalisée ». Quelle riposte adopter face à un Trump toujours plus radical
00:21? Faut-il se rapprocher de la Chine comme le propose la présidente de la commission
00:24européenne Ursula von der Leyen ? Et quel avenir pour la guerre en Ukraine ? Nous allons
00:28débattre avec nos invités, avec nous ce soir Philippe Corbet, spécialiste des Etats-Unis,
00:32ancien correspondant d'RTL à New York, bienvenue Philippe.
00:35Bonsoir Yves Cazy.
00:36Christelle Crappelet, directrice de l'Institut BVA, experte des études et des sondages d'opinion,
00:40soyez la bienvenue Christelle.
00:41Bonsoir.
00:42Emmanuel Nuteil, économiste, directeur de la rédaction de l'usine Nouvelle, bienvenue
00:45Emmanuel.
00:46Bonsoir.
00:47Et Patrick Martin-Jeunier, qui est spécialiste des questions européennes et internationales,
00:50merci de nous rejoindre Patrick Martin-Jeunier.
00:51Merci à vous.
00:52Dans quelques instants, je ne vais pas seulement signer la libération des otages du 6 janvier,
00:58je vais signer plein d'autres choses que vous allez adorer.
01:01Oh oui, vous allez être heureux de lire les journaux demain, et le lendemain, et le jour
01:04d'après, et encore après.
01:05A peine investi, Donald Trump a donc donné le ton de son deuxième mandat, il a signé
01:12devant ses partisans une première salle de 46 décrets, dont la grâce des émeutiers
01:16du Capitole, mais aussi le retrait de l'accord de Paris sur le climat, ou la sortie de l'Organisation
01:21Mondiale de la Santé.
01:22Une telle mise en scène, on n'avait jamais vu ça Philippe Corbet.
01:26Si, on l'a vu, on l'a vu pendant 4 ans.
01:29Alors là, c'était à un niveau supérieur, puisque tout était plus gros que la première
01:33salle.
01:34Vous parliez de son précédent mandat.
01:35Oui, son précédent mandat.
01:36Ce qui était nouveau dans la mise en scène, c'était la mise en scène de la signature
01:39sur la scène d'une tribune politique, puisqu'il est allé rejoindre des partisans dans l'arène.
01:44Il y a eu donc 3 séances de signature de décrets pendant la journée, il y avait une
01:48inflation du nombre de décrets, puisque quasiment une centaine, mais dans l'esprit, on a beaucoup
01:53vu ça pendant le premier mandat, des séances de signature, les journalistes qui arrivaient
01:57dans le bureau Oval, des signatures, regardez mon gros stylo, tiens prenez mon stylo, ça
02:01on l'a déjà beaucoup vu, et on va beaucoup le voir.
02:04Je ne connaissais pas cette version de « regardez mon gros stylo », « prenez mon gros stylo ».
02:08La veille, lors de son dernier meeting, il promettait d'agir à une vitesse et avec
02:12une force sans précédent.
02:13C'est ce qu'il va faire ? C'est une évidence pour vous Patrick-Martin Jeunier ?
02:17Alors, à mon avis, il va avoir de gros problèmes, je ne parle même pas de l'Ukraine, parce
02:23qu'il a pris une centaine d'ordres exécutifs, et on se trompe complètement, parce que les
02:28trois quarts vont être inopérants, inapplicables, et vont se retrouver devant les juridictions.
02:32Ce qu'on appelle en anglais le « judicial review », c'est le contrôle juridictionnel,
02:36certaines de ces décisions, comme ce qu'on appelle là-bas les déportations de masse,
02:40migrations, ce ne sera pas possible, il va falloir aller chercher à l'école, à l'église,
02:44partout, donc tout ça sera difficile.
02:46Vous nous dites quoi, que les trois quarts de son intervention d'hier, c'était de
02:48la com ? Bien sûr.
02:49Et personne ne va lui reprocher, même dans son public ?
02:51Non, parce que les gens, les partisans de Trump veulent l'écouter, veulent l'entendre,
02:55même en Europe, je suis stupéfait de voir que tout le monde épouse ses idées, mais
02:58les trois quarts de ses ordres exécutifs décrets entre guillemets seront largement, me semble-t-il,
03:03inapplicables, parce que, si je peux me permettre un petit point juridique, pour qu'un ordre
03:08exécutif, un décret entre guillemets, soit opérationnel, il faut qu'il se trouve sa
03:12source dans la constitution américaine, dans les pouvoirs du président, ce qui est très
03:15large, très souple, très flou même, et puis éventuellement dans un pouvoir délégué
03:20par le Congrès.
03:21De quel droit, M. Trump, va-t-il se sortir de l'Organisation Mondiale de la Santé, sortir
03:26des accords de Paris, qui ont été également travaillés et négociés par le Congrès
03:30des Etats-Unis ? Les trois quarts des mesures qu'il va prendre vont également nécessiter
03:34des moyens financiers, et ils seront inapplicables si le Congrès des Etats-Unis, même avec
03:38sa majorité, ne donne pas de l'argent.
03:40S'ils sont contestés en justice, ce n'est pas parce que l'ordre exécutif a été mal
03:45rédigé, c'est précisément parce qu'il veut qu'il y ait une contestation en justice,
03:48qu'il les signe comme ça.
03:49Je prends un exemple très concret d'hier soir, qu'on va suivre comme un feuilleton
03:57pendant au moins un an, un an et demi.
03:59Il a signé un ordre exécutif pour que les enfants de sans-papiers nés sur le sol américain
04:04ne bénéficient plus du droit du sol.
04:06Il sait très bien que c'est contraire, ou en tout cas que le droit du sol est garanti
04:10par un amendement, le quatorzième amendement à la Constitution, donc dès hier soir, des
04:14associations de défense des droits civiques ont déposé plainte devant un juge fédéral
04:18dans le New Hampshire.
04:19Ça va être jugé par un juge fédéral, il y aura un appel, ça va se terminer à la
04:21Cour suprême.
04:22Et la Cour suprême devra dans un an, un an et demi, décider si le droit du sol est garanti
04:29par la Constitution ou pas.
04:31Et c'est ça que cherche Donald Trump, d'une certaine manière provoquer les cours de justice
04:34jusqu'à la Cour suprême.
04:35Il a nommé trois des neuf juges, il y a six juges conservateurs sur neuf, il veut provoquer
04:39les cours pour peut-être obtenir la fin du droit du sol aux Etats-Unis.
04:42Il sait exactement ce qu'il fait en signant des décrets qui sont d'une certaine manière
04:46juridiquement instables.
04:47Mais ce que vous venez de décrire peut arriver réellement dans ce rapport de force en ce
04:50moment à la Cour suprême ?
04:51Et ça, je vous donne cet exemple-là, mais il y en a des dizaines, comme vous l'avez
04:55dit, il y a des dizaines de décrets exécutifs qui vont être contestés devant les cours.
04:58La grande différence avec le premier mandat, c'est que là, il est organisé.
05:01Et on oublie ça parce que beaucoup ici, en Europe, le présentent comme un peu fou.
05:06Mais non, là, il est préparé, il est très entouré.
05:09Et effectivement, Philippe a 100% raison sur ce qu'il dit, mais il n'a jamais eu autant
05:13de pouvoir que même la plupart des derniers présidents américains.
05:16Il a le Congrès, il a le Sénat, il a effectivement tout ce qui sont les leviers du pouvoir.
05:21Alors, il reste quelques gouverneurs démocrates, bien évidemment, aux Etats-Unis, mais là,
05:27il faut quand même se rendre compte qu'il a une concentration de pouvoir, il a le soutien
05:29du peuple.
05:30Il ne faut quand même pas oublier qu'il a gagné de façon extrêmement large et que
05:35même si on devait lui refuser un paquet de ses décrets, là aussi, tout le monde a raison
05:39là-dessus.
05:40Mais pour lui, c'est du pain béni.
05:41C'est derrière pour dire, mais vous voyez qu'il faut tout changer.
05:44Il joue contre la montre parce qu'il n'aura que 4 ans, mais bien évidemment, par exemple,
05:48il n'y a que des femmes et des hommes, ça ne va jamais empêcher les états fédéraux
05:52d'accepter d'être ce genre.
05:54Donc, je veux dire, il y a là, il va y avoir des contestations.
05:56Il a promis des choses et d'une certaine manière, la politique qu'il va appliquer
06:00derrière va quand même être de dire, vous me bloquez là-dessus.
06:03Après, il y a quand même beaucoup de choses qui va quand même pouvoir faire bouger à
06:07la marche.
06:08Parce que comme le disait Philippe, la cour suprême derrière, elle est à sa main.
06:12Et quand il ne pourra pas faire quelque chose, il pourra dire, ça n'est pas de ma faute,
06:15c'est la faute des cours.
06:16Vous êtes quand même en train de nous dire que le Trump de 2025 est encore plus inquiétant
06:22que celui de 2017 ?
06:24Tout dépend si vous avez voté pour lui.
06:26Je pense que le Trump actuel va rassurer.
06:29Il est plus préparé, il est plus inquiétant pour nous si on se place d'un point de vue
06:34européen parce qu'il a aussi un plan très clairement établi pour nous forcer la main.
06:38Mais ça reste quand même, c'est un entrepreneur, c'est un homme de deal.
06:41Il ne faut jamais oublier ça.
06:43Il va venir en Europe, il va dire je veux ça et au final, on aura peut-être à aller
06:48quelques droits de douane en plus.
06:49Moi, je pense que ce sera moins grave que ce qu'on pense aujourd'hui.
06:51Il va juste falloir s'aider et lui acheter de l'hydrocarbure par exemple.
06:54Je retiens quand même de ce que vous nous dites avant qu'on évoque le sondage BVA,
06:57qu'en gros, le Trump d'aujourd'hui est à la fois plus inquiétant d'une certaine
07:02façon, mais quand même plus préparé que lors de son premier mandat.
07:06Plus discipliné.
07:07Oui, mais il a quand même autour de lui des faux cons, des gens qui sont des extrêmes,
07:14des extrémistes.
07:15Et il avait signé lors de son précédent mandat 220 ordres exécutifs.
07:19Voilà, il va continuer.
07:21Il a une rhétorique extrême et il va fracturer encore plus la société américaine.
07:27Regardez sur le droit de l'avortement, c'est déjà fait.
07:29Donc, il ne reculera pas.
07:31Il ne reculera pas.
07:32Et donc, le seul contrepoids pour les juristes et les constitutionnalistes, c'est le congrès
07:37des Etats-Unis.
07:38Mais il est vrai qu'il y a une majorité républicaine et il est vrai que la Cour suprême
07:42des Etats-Unis est à la botte de Trump.
07:44Alors Christelle Crappelet, le sondage BVA que vous avez réalisé pour RTL hier matin,
07:49avec vos équipes, indiquait que 62% des Français sont inquiets de ce retour.
07:53C'est bien cela ?
07:54C'est exactement cela.
07:55Donc, pour l'instant, Donald Trump, il inquiète vraiment les Français.
07:58Il les inquiète vraiment parce que quand on leur demande « est-ce que vous inquiète
08:01beaucoup ou un peu ? », il y en a quand même 4 sur 10 qui nous disent « beaucoup ».
08:03Ce n'est pas rien.
08:04Dans nos sondages, souvent, les gens sont plutôt sur les positions intermédiaires.
08:07Donc, il y a une vraie inquiétude, qui n'est pas non plus absolue.
08:12C'est-à-dire qu'il y a quand même une partie des gens, un tiers, qui n'est pas
08:15spécialement inquiet.
08:16Et ce qui est intéressant, c'est de regarder un peu qui est inquiet.
08:18Et on voit qu'il y a deux populations qui ressortent.
08:21Il y a les femmes.
08:22Clairement, sur cette question, il y a un gender gap, ce qu'on appelle un gender gap,
08:25c'est-à-dire un peu une différence de perception.
08:27On a des femmes beaucoup plus inquiètes que ne le sont les hommes.
08:30Et une partie des hommes, pas tous, mais pour qui, au contraire, peut-être, il y a une
08:34forme un peu de fascination à l'égard du personnage.
08:36Et puis, il y a plus les catégories supérieures, ce qu'on appelle nous aisées, ou les sympathisants
08:42de gauche, après, d'un point de vue politique, qui sont très inquiets, ce que ne sont pas
08:45en miroir des sympathisants RN ou des ouvriers, par exemple.
08:49Quels sont les points ou les dossiers sur lesquels les Français craignent le plus ce
08:52deuxième mandat ?
08:53Il y en a trois où ils voient vraiment un impact négatif.
08:55Le premier, c'est le réchauffement climatique.
08:56Clairement, sur l'environnement, il y a une majorité de Français qui nous disent
09:00« moi, je pense que l'impact, là, il va être négatif ».
09:01Donc l'écologie, en fait.
09:02Voilà, l'écologie.
09:03Le deuxième, c'est tout ce qui va se passer sur les réseaux sociaux, libération de la
09:06parole, crainte sans doute, en filigrane, peut-être, d'une résurgence des fake news
09:11ou des propos haineux.
09:12En tout cas, ça, ça inquiète, cette espèce de libération de la parole.
09:15Encore une fois, ce n'est pas tout le monde, quand même, majoritairement.
09:18Et puis, le troisième sujet, c'est le droit des femmes et les conséquences que ça peut
09:22avoir.
09:23Donc, ce sont tous les trois domaines dans lesquels on sent une inquiétude des Français.
09:25Et quelles sont les qualités que lui reconnaissent les Français que vous avez sondés ?
09:28Alors, il y a deux sujets sur lesquels, on ne va pas dire qu'il y a une majorité de
09:31Français qui sont confiants, mais on va dire qu'ils sont moins inquiets, voire quand même
09:34un quart d'entre eux nous disent « j'ai un peu d'espoir, c'est sur le plan diplomatique ».
09:38Clairement, sur l'Ukraine et le conflit au Proche-Orient, vous avez une partie des Français
09:43qui est minoritaire, mais qui n'est pas négligeable, un quart, je disais, qui se dit « là, peut-être
09:47que va y avoir du positif ». Et on sent que sur ce sujet-là, il peut y avoir une
09:51forme d'espoir qui naît, que peut-être ces conflits soient résolus et qu'il y a
09:57un peu du positif qui en sort.
09:58Alors là aussi, paradoxalement, près d'un quart des Français estiment que nos responsables
10:02politiques devraient davantage s'inspirer de lui.
10:04C'est intéressant.
10:05Oui, c'est intéressant.
10:06Et c'est ce que je disais tout à l'heure.
10:07Globalement, il inquiète, mais chez une frange de la population, il fascine, il intéresse
10:13et il interpelle.
10:15Et donc, il y en a quand même un quart, c'est pas rien, qui nous disent « peut-être qu'il
10:17faudrait s'en inspirer ».
10:18Le côté, alors il y a la fois, vous parliez de pragmatisme, de business man, j'ai remarqué
10:23que, par exemple, les cadres étaient un peu plus nombreux à le dire, donc peut-être
10:25que le côté un peu « deal »…
10:26Oui, il y a un patron à la tête du pays, ça leur plaît.
10:28Il n'y a pas Emmanuel Macron à la vestiture, mais il y a Bernard Arnault qui prend un selfie
10:32et qui prend des photos avec sa femme et son fils.
10:34Ça, ça peut jouer à la marge encore, ce n'est pas la majorité, mais ça peut jouer.
10:37Et puis le côté aussi « je ronds les codes, j'avance, je mets les pieds dans le plat »,
10:42ça, oui, pour certaines personnes, on le voit notamment chez les sympathisants RN,
10:46ça peut un peu parler.
10:47Donc, encore une fois, ce n'est pas la majorité des Français, mais que le fait qu'un quart
10:50nous disent « on devrait s'en inspirer », ça pose question, ça interpelle quand même.
10:54Je vous vois sourire.
10:56Je repensais au tout premier reportage que j'ai fait sur Donald Trump au moment de
11:00sa candidature, à l'été 2015 pour RTL, et j'avais essayé de le décrire, et pour
11:03le décrire, j'avais dit, parce qu'il n'était pas du tout connu en France comme
11:06présentateur télé-réalité, et j'avais dit « c'est une sorte de mélange de tapis
11:10et de Berlusconi ».
11:11Et malgré tout ça, malgré toutes les polémiques autour de lui, il reste ça, il est vu par
11:17les Américains et par des gens à l'étranger, notamment en France, comme un entrepreneur
11:21qui, par une forme d'audace et de culot, et de côté, voilà, il roule les mécaniques,
11:26mais ça peut fonctionner sur certains sujets, il épatte aussi des gens.
11:30Patrick Martin-Jeunier.
11:31Alors, pour être tout à fait objectif, on ne peut pas…
11:34Il a beaucoup de mal à vous épatter, visiblement, je sens.
11:38Ce qui peut épatter, c'est que c'est un homme de scène, de théâtre, il se met
11:42en scène constamment, il signe des décrets exécutifs, des ordres exécutifs, vous avez
11:46vu hier qu'il balançait son stylo dans la salle, les gens étaient très contents
11:49de le récupérer, voilà, et donc le problème, effectivement, c'est qu'il y a un aspect
11:53positif quand même, il faut être objectif, c'est que pendant son premier mandat, il
11:57a fait les accords d'Abraham au Proche-Orient, ça n'a pas été négatif, bien au contraire,
12:01ça a pu faire avancer la paix, et en Ukraine, je suis persuadé qu'il va faire bouger
12:05les lignes.
12:06Donc il y a des aspects qui correspondent peut-être à ce que vous dites sur les sondages
12:09des Français, où il peut faire avancer les choses.
12:11L'économie et l'Europe, dans un instant, à tout de suite.
12:37Il y a plus de 30 ans, elle a été amenée à plusieurs endroits, aujourd'hui, les enquêteurs
12:42cherchent à savoir ce qui a pu arriver à la victime, son corps n'a jamais été retrouvé.
12:46Dans le Doubs, une adolescente de 13 ans, placée en garde à vue pour avoir menacé
12:49de mort un professeur, il avait montré des caricatures religieuses de Charlie Hebdo
12:54à ses élèves.
12:55La collégienne affirme avoir voulu « faire une blague », ce sont ses mots.
12:58En football, soir de Ligue des champions, ce soir, Monaco mène 1-0 face à Aston Villa.
13:03Lille se déplace à 21h sur la pelouse de Liverpool, match à suivre en intégralité
13:08sur l'application RTL, dans RTL foot 100% digital.
13:11Et puis, W9 bouleverse ce soir ses programmes en hommage au réalisateur Bertrand Blier,
13:17disparu à l'âge de 85 ans.
13:19La chaîne diffuse ce soir l'un de ses films cultes, « La femme de mon pote », rendez-vous
13:23à 21h10 sur W9.
13:25Dans moins de 30 minutes, on retrouve Faustine Bollard pour son émission Héros.
13:28Oui, et c'est une héroïne, ce soir, qui raconte son calvaire.
13:32Lydia a été endoctrinée dès l'âge de 4 ans dans le mouvement sectaire raëlien.
13:36Elle est même devenue l'esclave sexuelle du gourou Raël, une emprise terrifiante qui
13:41a duré plus de 20 ans.
13:42Rendez-vous dès 20h avec Faustine Bollard dans Héros.
13:45A tout à l'heure.
13:46Merci.
13:47A tout à l'heure.
13:48Yves Calvi jusqu'à 20h.
13:49On refait le monde sur RTL.
13:51Nous devons chercher de nouvelles opportunités partout où elles se présentent.
13:56C'est le moment de s'engager au-delà des blocs et des tabous.
14:01Et l'Europe est prête pour le changement.
14:03Et l'Europe est prête pour le changement.
14:05Vous venez de l'entendre, la présidente de la Commission européenne Ursula von der
14:07Leyen assure aujourd'hui que l'Union européenne se montrera pragmatique avec les Etats-Unis.
14:12Nous sommes toujours avec Patrick Martin-Jeunier qui est spécialiste des questions européennes
14:15et internationales.
14:16Emmanuel Duteil, économiste, directeur de la rédaction de l'Usine Nouvelle.
14:20Christelle Crapley, directrice de l'Institut BVA, experte des études et des sondages d'opinion.
14:24Et Philippe Corbet, spécialiste des Etats-Unis, ancien correspondant d'RTL à New York.
14:30C'est vraiment un allié Donald Trump pour l'Europe ?
14:32Ma question n'est pas au second degré, parce que je pense que c'est plus compliqué qu'on ne le dit.
14:37Les pays européens, je parle bien des pays européens et pas forcément de l'Union européenne.
14:43Les pays européens sont des alliés traditionnels des Etats-Unis et Donald Trump n'a pas l'intention
14:49de remettre en cause des liens qui existent entre les nations.
14:52En revanche, est-ce que Donald Trump, lui, a une forme d'intérêt, de complicité ?
14:59Que pouvait avoir Joe Biden, qui avait été sénateur pendant la guerre froide et qui
15:03avait noué des liens avec les diplomaties européennes depuis des décennies ?
15:07Non, évidemment, il a même une forme de mépris pour les pays européens.
15:12Mettez-vous du point de vue de Trump, vous regardez le Royaume-Uni, le pays de sa mère,
15:16parce que sa mère est née en Écosse, c'est un pays qu'il juge faible.
15:20Il n'y a plus d'accords commerciaux entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, donc il
15:22a une sorte d'élément de pouvoir avec ça.
15:25L'Allemagne, il méprise l'Allemagne, c'est le pays de sa famille paternelle, il méprise
15:28l'Allemagne, notamment en raison de, lui, il disait « mais pourquoi est-ce que je vois
15:33des Mercedes en bas de la Tremptowa à 5e Avenue et je ne vois pas des voitures américaines
15:37à Berlin ? ». Donc il a une forme de mépris sur le fait que l'Allemagne aurait profité
15:40des Etats-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale.
15:42Il regarde la France parfois avec condescendance et la situation politique et budgétaire
15:46en France fait que c'est un peu particulier.
15:48Le pays qui va regarder le plus et avec plus d'intérêt, et d'ailleurs était là hier
15:50au Capitole, c'est l'Italie de Giorgia Melloni.
15:52Et pour les Européens, les Européens qui voudront parler à Trump ou avoir un canal
15:56de communication avec Trump, ils vont passer dans un premier temps par le canal de Giorgia Melloni.
16:01Mais ça c'est un point très important de Giorgia Melloni.
16:03Ne serait-ce que si vous regardez là, d'habitude, comment ça se passe économiquement parlant
16:07en Europe, quand l'Allemagne s'effondre, d'habitude, l'Italie suit puisque 30% du
16:12commerce extérieur italien est généré par tout ce qu'ils peuvent faire avec l'Allemagne.
16:16Là, bizarrement, ça marche un tout petit peu moins mal en Italie parce que depuis qu'elle
16:20est arrivée, elle a trouvé effectivement un autre canal, elle a trouvé des débouchés
16:24industriels extrêmement importants pour ses investisseurs du côté des Etats-Unis.
16:29Donc, elle joue à fond.
16:30Ce n'est pas un hasard si elle est là hier à l'investiture avec le président Trump.
16:34Je vous avoue que j'étais très surpris de l'avoir là-bas.
16:36Vous êtes contents ? Je comprends mieux.
16:37Par ailleurs, elle a un lien personnel avec Elon Musk, c'est le deuxième point.
16:41Et notamment, elle est en train de réfléchir avec lui à utiliser tous ses satellites pour
16:44réussir, ça s'appelle Starlink, pour faire de l'Internet plus facilement.
16:49Elle se bat comme une diablesse pour avoir l'usine Tesla en Europe.
16:53Nous, on se bat un peu, mais on a à peu près compris qu'on l'avait perdue.
16:56Mais elle, elle se bat pour réussir à l'avoir parce que par ailleurs, elle veut relancer
17:00toute son industrie automobile avec notamment Fiat dans le groupe Stellantis.
17:03Donc, c'est effectivement un lien.
17:04Après, le problème, et je pense que Philippe avait tout à fait raison avec ce qu'il a dit,
17:08c'est que Trump, l'Europe, ça ne veut strictement rien dire pour lui.
17:11Et il va, si on revient à l'idée, c'est un homme de deal, il va aller un jour voir
17:16Viktor Orban quand ça va l'arranger, parce qu'il va falloir parler quand même un peu
17:19avec Vladimir Poutine, il va parler avec Mélanie, puis quand il faudra qu'il nous envoie tout
17:25le pétrole qu'ils vont extraire, même si tout ça, ça va prendre des années parce
17:27que c'est bien gentil de forer, mais après, il faut l'envoyer, il n'y a rien aujourd'hui
17:30pour envoyer à peu près correctement le pétrole en Europe, mais il va bien falloir qu'il trouve
17:34des accords.
17:35Mais ça va être au coup par coup, en fonction de son intérêt, en essayant de gagner le
17:39plus possible, et nous, on va essayer de perdre le moins possible, et quand vous voyez
17:42la réaction aujourd'hui d'Ursula von der Leyen à Davos, on n'a pas vraiment sorti
17:48les muscles.
17:49C'était quand même pas très porteur.
17:50Patrick Martin-Jeunier, on est en train de se coucher ?
17:52Ah oui, je crois qu'on est en train de se coucher.
17:55À Washington, c'était, pour rester poli, toute l'internationale réactionnaire qui
17:59était réunie, les extrêmes droites, les néofascistes italiens, il y avait même des
18:03néofascistes allemands qui étaient présents, qui ne sont pas des dirigeants, mais des parlementaires
18:07européens.
18:08Il y avait Viktor Orban.
18:09Il y avait des néofascistes allemands qui étaient présents.
18:10Ah bah oui, tout à fait, de l'AFD, qui est soutenue, madame Weidel, qui est la cheffe
18:16de l'AFD, est soutenue par Musk, qui vient de faire un geste tout à fait controversé,
18:20je ne reviendrai pas là-dessus.
18:21Il a par ailleurs fait un débat récemment avec la patronne de l'AFD.
18:24Voilà, à l'occasion des élections du 23 février, et madame Ursula von der Leyen
18:30est quelqu'un qui est foncièrement atlantiste, et donc je n'ai pas senti dans la présidente
18:36de la commission une volonté, déjà, de résister au coup de butoir de Donald Trump,
18:42et ça va être le principal défi de l'Europe.
18:44C'est ce qu'elle appelle se montrer pragmatique.
18:46Ah non, se montrer pragmatique, parce que si on commence comme ça, parce que madame
18:51Ursula von der Leyen doit son élection quand même, elle ne doit jamais l'oublier, donc
18:56en partie.
18:57Donc elle a des gages à donner, elle sait que l'Europe sera divisée face aux réponses
19:01à donner à Trump, mais si elle commence à dire aujourd'hui à Davos qu'il faut
19:05être pragmatique, on va se coucher devant toutes les injonctions de Donald Trump, et
19:09ça, ce n'est pas normal.
19:10Il faut donc compter sur un certain nombre d'États, dont j'espère la France ou d'autres,
19:15pour résister à ces injonctions de Donald Trump.
19:18Je rappelle que les États-Unis sont le premier partenaire commercial de l'Union Européenne,
19:21en tout cas en ce moment avec près de 20% des exportations.
19:23Après, on est aussi l'un de leurs principaux partenaires commerciaux, il ne faut jamais
19:27oublier ça.
19:28À nous deux, c'est 30% du commerce international, donc il ne faut jamais oublier l'intérêt
19:32des Américains de commercer quand même.
19:35Qu'est-ce qu'on leur achète ?
19:36On leur achète plein de choses, on leur achète des pièces pour l'aéronautique, on leur
19:41achète de l'énergie, on leur achète plein de choses, mais on leur envoie aussi plein
19:44de choses.
19:45C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a beau y avoir des usinaires américains…
19:47Et puis des iPhones, et puis du coca…
19:49Alors les iPhones, s'ils étaient fabriqués complètement aux USA, ça se saurait, mais
19:52on leur achète effectivement beaucoup de choses, beaucoup, beaucoup, beaucoup de choses,
19:57donc ça marche dans les deux sens.
19:58Et c'est là où il faut revenir à la notion de deal permanent, et ça va être un match
20:03de boxe.
20:04Mais quel rôle joue la Chine là-dedans, et est-ce que l'Europe d'une quelconque
20:06façon peut se tourner vers la Chine, en tout cas pour se passer, ou montrer, ou faire semblant
20:11d'une certaine façon qu'on puisse se passer des Etats-Unis ?
20:14Ah non, on ne pourra pas se passer des Etats-Unis, la Chine c'est une menace existentielle
20:18pour l'Europe, une menace existentielle pour le Japon, que je connais bien, pour Taïwan,
20:23et donc tout cela…
20:24À Davos aujourd'hui, Madame von der Leyen appelle l'Europe à tendre la main vers la
20:28Chine.
20:29Non, non, mais je ne comprends pas Madame von der Leyen, parce que c'est elle qui a lancé
20:32avec le Parlement européen une enquête sur les batteries électriques qui sont fabriquées
20:37en Chine, et qui a imposé des taxes encore importantes, donc non, ça ne saurait être
20:42une alternative aux relations transatlantiques avec les Etats-Unis, qui restent toutefois
20:46incontournables.
20:47Il faut quand même comprendre, Donald Trump, il n'y a pas un dossier commerce international
20:51et un dossier sécurité, c'est le même sujet, dans le deal avec les Européens, c'est
20:55d'un côté rapport de force sur l'économie, sur les barrières douanières, et par ailleurs
20:59sur les questions militaires et de sécurité.
21:02En gros, si vous financez l'Ukraine, si vous financez militairement l'Ukraine, et bien
21:06peut-être que je serai plus consédiant sur les rapports de commerciaux.
21:08On revient sur toutes ces questions dans un instant, à tout de suite sur RTL.
21:21Avec Philippe Corbet, Christelle Crappelet, Emmanuel Duteil et Patrick Partagenier, j'ai
21:25tellement de questions à vous poser.
21:26D'abord, une petite interrogation que j'avais hier soir en voyant ce panel, qu'est-ce
21:30que Bernard Arnault faisait là-bas ?
21:32D'abord, c'est le quatrième homme le plus riche du monde, donc il était après Musk,
21:36Zuckerberg et Bezos, c'est le quatrième homme le plus riche du monde.
21:38Plus sérieusement, il y a des liens entre Bernard Arnault et Donald Trump depuis très
21:42longtemps.
21:43Donald Trump avait été l'un des rares patrons, et je ne parle pas seulement des patrons européens,
21:47des rares patrons tout court à être reçus par Trump chez lui à la Trump Tower après
21:51sa première élection.
21:52Il y a des liens anciens, ça a permis à Bernard Arnault et au LVMH de construire une usine
21:57au Texas, que Trump était allé inaugurer.
22:00Si je me souviens, il avait même pris Bernard Arnault dans Air Force One avec lui.
22:02Ça avait aussi permis à la toute fin du mandat de Trump, à LVMH de racheter Tiffany,
22:07qui est une grande marque de joaillerie américaine, et qui se trouve être dans le même bloc
22:13que la Trump Tower.
22:14Trump a d'ailleurs appelé une de ses filles Tiffany, donc il y avait un enjeu symbolique
22:17extrêmement fort, et ça a permis à LVMH d'acheter cette grande marque américaine.
22:22Et il y a un petit surplus de liens, puisque Bernard Arnault connaît par ailleurs bien
22:26Elon Musk.
22:27Quand Elon Musk vient en France, généralement, il voit quand même Bernard Arnault.
22:31Il y avait même eu un selfie fait sur la terrasse du siège de LVMH lors de Vivatech
22:36il y a un an et demi, si je ne dis pas complètement des âneries, ce que Bernard Arnault fait
22:40rarement.
22:41Il y a rarement un selfie, parce que là ça montre que ce n'est pas tout à fait le genre
22:44du personnage.
22:45Donc il y a des liens très forts, après faux.
22:46Là encore, toujours de revenir à l'idée du businessman, Bernard Arnault, s'il y a
22:50bien quelqu'un qui est un businessman dans le monde, c'est lui.
22:52Son marché américain, c'est le fer de lance de la réussite de son groupe.
22:56Il a un tout petit peu besoin de ne pas avoir trop de douanes sur son cognac et sur ses
23:02sacs Dior et ses sacs Vuitton, donc il a aussi un intérêt à montrer, je suis là, je suis
23:08prêt à faire des deals.
23:09C'est un businessman, il ne faut pas l'oublier.
23:12Patrick Partingenier ?
23:13Oui, on se comprend entre businessmen, effectivement.
23:15Il est là pour faire des deals, pour développer son entreprise aux Etats-Unis et vice-versa.
23:21Ce n'est pas un hasard s'il était placé à côté de Javier Milei, qui est le président
23:25argentin, et de Giorgia Meloni, la présidente du conseil italien.
23:28Il était vraiment à proximité, comme si c'était un chef d'Etat, comme si c'est lui
23:31qui représentait la France.
23:33A tel point qu'on peut se dire, est-ce que ce n'est pas lui qui sera le trait d'union
23:37entre Trump et Emmanuel Macron et le gouvernement français ?
23:40Vous nous dites gentiment, oui, en tout cas que visiblement, Bernard Arnault aura plus
23:45d'influence que par exemple le ministre de l'économie français.
23:47En tout cas, il est identifié par Donald Trump.
23:50Il connaît Bernard Arnault depuis longtemps.
23:52Mettez-vous du côté de Donald Trump, et ce n'est pas pour le caricaturer.
23:55Donald Trump est, comme beaucoup d'Américains, fasciné par l'argent.
23:58Pas seulement par l'argent qu'on a et qu'on claque, mais par ceux qui ont réussi à bâtir
24:02des empires parce qu'ils étaient ingénieux, parce qu'ils étaient astucieux, parce qu'ils
24:06étaient créatifs.
24:07Ils ont réussi à bâtir des fortunes immenses.
24:10Il assimile l'argent qu'on arrive à gagner à une forme suprême d'intelligence.
24:15Donc hier, ce n'était pas seulement l'argent pour l'argent, c'était quatre hommes alignés
24:21devant les ministres, devant les responsables étrangers.
24:23Comme la traduction.
24:24Oui, Musk, Zuckerberg, Bezos, Bernard Arnault, quatre des hommes les plus intelligents du
24:29monde d'un point de vue Trump.
24:30Il est fasciné par la réussite d'Elon Musk avec ses fusées, etc., c'est une véritable
24:36fascination.
24:37Est-ce qu'il y a une inquiétude des Français sur la question de l'économie dans votre
24:40enquête ?
24:41Oui, il y en a quand même une.
24:42Alors, évidemment, ils ne perçoivent pas toutes ces subtilités, mais quand on les
24:45interroge, ils nous disent quand même majoritairement, même si c'est moins que pour les sujets
24:48dont je vous parlais tout à l'heure, environnement, droits des femmes, ils sont quand même 52%
24:51à nous dire, moi je pense que ça va avoir un impact sur l'économie française.
24:55Donc on sent quand même qu'il y a une inquiétude sur quelles vont être les conséquences d'un
24:58point de vue commercial.
24:59Encore une fois, ce ne sont pas des spécialistes de la balance commerciale.
25:02Mais ils nous disent, moi j'ai l'impression quand même qu'on va en pâtir en France.
25:05Et comme déjà ils n'ont une vision pas hyper positive de la situation économique
25:09française, on peut dire que voilà, globalement, ils sont plutôt dans un état d'esprit un
25:13peu négatif sur le sujet.
25:15Au-delà de Trump ou de Trump, Biden, Obama, Bush, mais si on prend les 25 dernières années,
25:20l'écart entre l'économie américaine et l'économie européenne s'est, je ne dirais
25:25même pas aggravé, a quasiment doublé.
25:26C'est-à-dire que l'économie européenne a décroché de l'économie américaine, mais
25:32de façon spectaculaire.
25:33Et ce n'est pas la faute ou la responsabilité de tel ou tel président, c'est une suite.
25:37Au fond, l'élan dans lequel on est commence sous Obama, prolongé par Trump, accentué
25:42par Biden.
25:43Et d'une certaine manière, aujourd'hui, vous êtes aux Etats-Unis, vous êtes américain
25:47électeur de Trump ou pas électeur de Trump, vous regardez les actions en bourse, parce
25:51que beaucoup d'Américains ont des actions en bourse, c'est comme ça que la retraite
25:54est placée.
25:55Vous regardez l'économie américaine, vous ne la trouvez pas assez performante, mais
25:59si vous regardez la page suivante dans le Wall Street Journal, vous voyez l'économie
26:02européenne, vous êtes consterné de voir ce que vous percevez comme une forme d'effondrement,
26:06de perte de puissance.
26:07Malgré tout, Biden a beaucoup accentué l'écart, on reconnaîtra quand même à ce président
26:11américain d'avoir, à coup de milliard, financé la réindustrialisation.
26:15Quand on voit ce qui ne marche pas bien aujourd'hui en France, typiquement, notamment la chimie
26:20qui est en train de vivre un cataclysme, il y a encore un plan social aujourd'hui dans
26:23une grosse boîte qui s'appelle Arkema, c'est la conséquence en grande partie de ce qu'on
26:27appelle l'IRA.
26:28Donc le financement de la réindustrialisation américaine est un bond historique de la chimie
26:35américaine versus nous.
26:36Il suffit de voir la chimie allemande qui s'effondre également, et sur l'automobile,
26:40c'est pareil.
26:41Ils sont moins touchés par les voitures chinoises à cause des droits d'entrée mis sur…
26:47Christelle Krapen.
26:48Et ça, juste, ça concourt à l'inverse au sentiment de déclassement en France qui
26:51est très très fort.
26:52Et il y a un sentiment vraiment qu'on sait qu'ils sont pessimistes à titre individuel,
26:56mais il y a aussi le sentiment que la France est en train de ne plus être une grande nation.
26:59Et jusqu'à présent, quand même, on s'en sortait 5e puissance, ou 6e, je ne sais plus,
27:03mondiale, mais 7e, pardon, on décroche.
27:05Je me suis fait remarquer, c'est que depuis que je suis journaliste, quand même, je nous
27:09ai vu reculer.
27:10Depuis que j'ai appris ça à l'école.
27:12Et les Français ont vraiment ce sentiment d'être en déclassement.
27:15Quand on parlait du décrochage, je reviens à un exemple qui parle à tout le monde,
27:19c'est 6 mois de salaire en moyenne pour acheter une voiture aux Etats-Unis.
27:21C'est 14 à 17 mois en France.
27:23Ça dépend pour qui.
27:24Non.
27:25Si vous voulez, on est de la moyenne.
27:26Oui, de la moyenne.
27:27Oui, il y a une chose dont on n'a pas parlé, et pour moi, Trump est une chance pour l'Europe,
27:32une véritable opportunité, c'est pour la défense européenne.
27:36Il va falloir que nous nous affranchissions de la tutelle américaine.
27:41Il nous a demandé de consacrer au moins, il a même dit 5% du PIB à votre défense.
27:46Et pour nous, c'est quelque chose de très très important de dire, il faut augmenter
27:50notre capacité de défense face à la menace que représentent à la fois la Russie et
27:54la Chine.
27:55Et ça, c'est bien.
27:56Il va nous forcer à consacrer plus d'argent à notre défense.
27:58C'est parfait.
27:59On y revient dans un tout petit instant.
28:07Yves Calvi.
28:08On refait le monde jusqu'à 20h sur RTL.
28:11L'Europe peut-elle lui tenir tête ? Vous aurez compris que je vous parle d'un président
28:15américain réélu.
28:16Les 27 se retrouveront donc dans deux semaines pour évoquer l'OTAN, notamment, les questions
28:20de défense et la relation transatlantique.
28:22Trump a souvent dit qu'il ne voulait plus payer pour la défense des pays européens.
28:26C'est du bluff ou c'est vrai ? Non mais ne me regardez pas comme ça Patrick Martin-Jeunier.
28:31Non, parce que vous touchez la voix sensible.
28:35Donc oui, c'est vrai, c'est vrai, rappelez-vous pendant ce premier mandat, rappelez-vous cette
28:40réunion à l'OTAN où il a mis en demeure les pays européens en se mettant devant tout
28:45le monde en disant vous allez payer ou nous ne vous défendrons pas.
28:50Il a fait des menaces pendant sa campagne de quitter l'OTAN, ce qu'il ne fera pas bien
28:53évidemment.
28:54Mais enfin, c'est une menace.
28:55Et pendant son premier mandat, effectivement, une dizaine de pays européens consacrent
29:01maintenant plus de 2% de leur PIB à la défense nationale.
29:04Ce qui est un progrès.
29:05Et donc oui, il va continuer, il va continuer.
29:07Mais encore une fois, par exemple, l'Allemagne a dit qu'il n'était pas en possibilité
29:11ce pays de consacrer 2 à 3, voire 5% de son budget.
29:14Mais c'est une vraie menace, il va y avoir des injonctions.
29:17Et là, effectivement, l'Europe a intérêt à relever ce défi.
29:20Je vous cite notre ministre des armées Sébastien Lecornu qui est très proche du président
29:23de la République aujourd'hui.
29:24Il évoque un sérieux coup de pied au derrière pour les capitales européennes.
29:28Il ajoute on ne va pas échanger notre sécurité contre des hamburgers et des voitures allemandes.
29:33Mais dans le concert des pays européens, la France a été moins aveugle que d'autres.
29:40Et notamment pendant le premier mandat de Donald Trump, le président Macron avait dit
29:44dans une interview à la presse anglo-saxonne que l'OTAN était en état, je cite, de mort
29:49cérébrale.
29:50Ça avait contribué à donner un petit coup de fouet.
29:52En tout cas, ça avait fait parler d'une certaine manière les menaces de Trump et
29:58des menaces notamment de liens entre investissement dans la défense et relations commerciales.
30:03Je ne dirais pas que ça arrange la France, mais en tout cas, ça crédibilise ce que
30:07dit le président de la République depuis 2017, c'est qu'il faut s'avancer vers un
30:12chemin d'une forme d'autonomie ou d'une plus grande autonomie des nations européennes
30:16sur les questions de défense.
30:17Donc, ce n'est pas si contrariatoire que ça avec ce que dit la France.
30:20La France est mieux placée que l'Allemagne qui, effectivement, investissait moins dans
30:23sa défense.
30:24Et on ne sait pas bien exactement ce que va faire le nouveau chancelier qui va arriver,
30:28mais il est probable qu'il cherche à trouver, à amadouer le président américain.
30:31Alors justement, c'est intéressant, parce que vous m'avez glissé tout à l'heure
30:33que son obsession, c'était l'Allemagne.
30:35Je veux bien qu'on m'explique pourquoi, en dehors du fait que c'est une puissance...
30:39Mettez-vous du point de vue de la cinquième avenue de Donald Trump, c'est le pays le plus
30:42puissant d'Europe.
30:43Oui.
30:44Donc, c'est la première économie européenne.
30:45Et regardez, c'est aussi un pays qui ne dépense pas ou peu pour ses dépenses militaires.
30:50Ce sont les Américains qui ont des bases militaires en Allemagne, alors même qu'ils
30:53avaient perdu la guerre.
30:54Je vous résume ça de façon caricaturale.
30:56C'est comme ça que Donald Trump le raconte dans ses meetings.
30:58Et c'est un pays qui a basé toute sa puissance sur l'exportation en Chine, mais aussi aux
31:04Etats-Unis.
31:05Volkswagen est un gigantesque constructeur automobile sur place, donc c'est un modèle
31:11effectivement qui nuit à la puissance américaine.
31:14Oui, ma famille américaine, ils ont des Volkswagen, je reviendrai à l'idée.
31:16Oui, d'ailleurs, un des rares véhicules à avoir survécu aux incendies en Californie,
31:21c'était un combi Volkswagen.
31:23Comme quoi, c'est solide.
31:26Ce que je veux dire, c'est qu'il avait dit, Philippe, il avait une véritable obsession
31:30sur l'Allemagne.
31:31Moi, j'étais aux Etats-Unis, j'ai entendu faire un discours, il citait encore Angela
31:35Merkel.
31:36Oui.
31:37Angela Merkel qui est partout.
31:38Parce que je pense qu'il ne sait pas qui est Angela Merkel.
31:39Non, mais pas dans le futur, je vais vous dire dans le futur, ça va.
31:42Non, pourquoi ? Parce qu'il dit, qu'est-ce que je vois ? C'est ce que disait Monsieur
31:45Corbet.
31:46Je vois quoi à New York ? Des Mercedes, des voitures allemandes, partout.
31:49Et puis, moi, j'étais là-bas en Europe.
31:51New York n'est pas l'Amérique.
31:52Oui, voilà, mais quand même.
31:53Donc, il y a beaucoup de voitures allemandes, il fait une véritable obsession là-dessus.
31:56Et il sait qu'il peut compter sur l'Allemagne et qui est faible à ce niveau-là.
32:00Pourquoi l'Allemagne veut exporter vers les Etats-Unis ?
32:02En même temps, il ferait mieux de s'énerver contre la voiture la plus vendue aux U.S.
32:05Toyota RAV4.
32:06Voilà.
32:07Et on l'a bien vu également sur le Mercosur.
32:08L'Allemagne veut continuer à vendre ses produits, ses voitures.
32:11L'Allemagne est une économie en crise.
32:13Volkswagen a licencié, Bosch a licencié, les industries métallurgiques licencient.
32:19Donc, il y a une véritable urgence.
32:21L'économie allemande est en récession encore récemment, ça vient d'être dit.
32:24Et donc, ils veulent également faire un deal avec Donald Trump.
32:27On est rentré dans une nouvelle ère dans les relations qu'on dit transatlantiques.
32:31Disons que, en cela, le premier mandat sera probablement différent du second mandat puisque
32:37là, cette fois-ci, il y aura moins en Europe de, je ne dirais pas de contre-pouvoirs, mais
32:41il y avait effectivement Angela Merkel qui pouvait dire « nein » à Donald Trump.
32:47Là, ça va être beaucoup plus compliqué puisque l'Allemagne, comme vous le disiez,
32:50est affaiblie.
32:51On est, plus clairement qu'on ne l'était lors du premier mandat, dans un nouveau système
32:55de relations internationales qui est moins basé sur les équilibres construits après
33:00la Seconde Guerre mondiale et dans une forme plutôt de loi du plus fort.
33:03C'est-à-dire que c'est la jungle.
33:04Il y a un lion, il y a un nouveau lion, il est là, il est en train de rugir et donc
33:10il va nous courser sur certains sujets et à nous décider si on court ou si on se fait dévorer.
33:14Est-ce que nous sommes des herbivores comme a dit Emmanuel Macron ?
33:17Dites-moi, il a eu des mois assez durs hier envers Vladimir Poutine, ce sera sans doute
33:21ma dernière question, comment ça va se passer avec la Russie ? Est-ce qu'on sait ce qu'il
33:24a en tête ? Enfin, il estime que son homologue russe est en train de détruire la Russie
33:28en refusant un accord de paix sur l'Ukraine.
33:31Qu'est-ce que… ça ne vous inspire pas ça tiens ?
33:34Non, parce que l'Ukraine, enfin vous savez, il a dit qu'il réglerait ça en 24 heures,
33:3848 heures, donc ce sera en 6 mois, mais je pense effectivement qu'il souhaite négocier
33:44directement avec Vladimir Poutine, rappelez-vous cette rencontre diplomatique en 2010 à Helsinki,
33:50et je crois qu'il veut parler, alors c'est peut-être machiste de dire ça d'homme à
33:53homme, en tout cas de tête à tête, de bugne à bugne comme on dit à Lyon si je peux me
33:57permettre, et donc pour essayer de sortir quelque chose qui est grave ici, c'est qu'il
34:01n'en aura rien à faire de l'Europe, encore une fois, ça se passera au-dessus de la tête
34:04de l'Europe, ça pourrait même se passer au-dessus de la tête de Volodymyr Zelensky,
34:08et donc un éventuel accord, une paix juste et durable pourrait passer par d'éventuelles
34:13négociations territoriales.
34:15C'est plutôt, alors paradoxalement, c'est plutôt une bonne nouvelle que ça ne se fasse
34:18pas de façon précipitée, bonne nouvelle pour l'Ukraine je veux dire, c'est-à-dire
34:21que Zelensky a intérêt à ce que ce processus ne soit pas un processus brutal de tiens je
34:25vais rencontrer Poutine à Genève, et en une après-midi autour du thé, on discute
34:29de la carte des territoires abandonnés par l'Ukraine, il vaut mieux que ce soit un processus
34:33pour que l'Ukraine soit impliquée ou en tout cas consultée, associée, que les Européens
34:37aient peut-être un mot à dire ou quelque chose comme ça, parce que c'est nous qui
34:41allons devoir payer pour reconstruire, ce n'est pas les amis de Trump qui...
34:45Ah si, le business, le business, il va avoir des contrats.
34:49Mais ce qui se joue autour de Poutine et très particulier autour de Trump, Trump est fasciné
34:55par Poutine comme Alpha Male d'une certaine manière, et c'est effectivement cette rencontre
35:00à Helsinki en 2018 qui avait été humiliante pour lui, puisqu'il avait désavoué ses propres
35:05services de renseignement en donnant raison à Vladimir Poutine, c'était un signe de
35:11faiblesse du président américain, je ne suis pas certain qu'il ait envie de renouveler
35:14ce genre de séance un peu humiliante dans ce second mandat.