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INTROSPECTION du 16 janvier 2025

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00:00Jean-Philippe, dans un parcours qui est celui que vous avez eu, la vie n'est pas un long
00:08fleuve tranquille, vous avez eu des obstacles, des épreuves, on peut en parler un petit
00:14peu ?
00:15Oui, bien sûr.
00:16Alors, il y a des obstacles au plan professionnel et puis évidemment, il y a aussi des obstacles
00:19voire des fois des drames au plan personnel comme chacun, chacune a dans sa vie.
00:23Alors, au plan professionnel, je dirais qu'une de mes premières grandes leçons de management
00:28de leadership et à l'époque, je n'avais pas les mots pour appeler ça leadership
00:32positif, mais c'était un vrai épisode formateur pour moi leadership positif, c'est
00:36une réunion que j'ai eue dans la fin des milieux des années 90 où j'étais jeune
00:41directeur général de Microsoft France, dont j'ai parlé un petit peu tout à l'heure,
00:44et où je devais présenter les résultats de la filiale dans un exercice très institutionnel
00:48qu'on avait pendant 15 ans chez Microsoft qui s'appelait la Media Review qui est une
00:52vraie messe où vous allez inspecter votre business avec 200 slides dans toutes les
00:59dimensions, 12 heures d'affilée avec toute l'équipe de leadership face à qui ? Face
01:03à Steve Ballmer qui était le numéro 2 futur CEO de Microsoft à l'époque.
01:06Exercice pas facile.
01:07Et à l'époque, juste un tout petit contexte rapide, la filiale française était en train
01:12de changer ses prix pour converger vers un modèle de prix unique européen et de baisser
01:16nos prix de manière radicale 40-50 %. Autant dire que mon chiffre d'affaires à prévision
01:20n'allait pas à la hausse, donc ce n'était pas terrible, et que j'ai eu 10-12 heures
01:25très éprouvantes à convaincre ou essayer de convaincre que le plan mis en place pour
01:30gagner en part de marché malgré la baisse de prix allait porter ses fruits.
01:34Et sincèrement, vu l'intensité des questions, des échanges avec Steve Ballmer et puis d'autres
01:40personnes qui n'étaient pas tout seuls, j'ai cru, s'il devait être 21 heures,
01:44que ma carrière s'arrêtait là et que ce rêve que j'avais vécu déjà depuis quelques
01:50années chez Microsoft allait s'arrêter là. Et là, ça a été un des moments forts
01:54vraiment de ma carrière de l'époque, jeune et qui m'a poursuivi positivement, c'est
01:59quand Steve Ballmer a conclu en disant « en fait, Jean-Philippe, à 100 mois et toute
02:03l'équipe de leadership française, d'abord je ne suis pas content des résultats ». Il
02:07avait raison, les résultats n'étaient pas à la hauteur des objectifs qui étaient
02:11espérés, mais « j'ai confiance en toi, j'ai confiance en toi, j'ai confiance
02:17en ta ténacité, j'ai confiance également à ta capacité à regrouper un petit peu
02:23toutes les troupes françaises et à aller bâtir quelque chose de très fort et je te
02:30donne rendez-vous dans six mois, bien sûr, pour montrer que tu es à la hauteur ». Mais
02:33cette conclusion m'a donné une telle pêche, un tel optimisme par cette confiance qu'il
02:41a instillée en moi. Et c'est resté un moment fort, quand plus tard dans ma vie où
02:45j'ai moi-même fait ces mêmes messes avec des tas de CEO, j'ai essayé toujours de
02:50me rappeler dans des situations très compliquées pour des personnes en face de moi, j'ai
02:53des hommes, des femmes, qui sont en train de vivre des drames professionnels, et des
02:59fois des choses personnelles aussi d'ailleurs, qui se mêlent à ça, et qui souhaitent toujours
03:02faire la part des choses, des faits, des personnes, et la capacité d'instiller de la confiance
03:07dans les acteurs pour qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes.
03:09Bien sûr. Et donc cette énergie qui vous habite, parce que vous avez voyagé à travers
03:14le monde, vous descendez d'un avion pour assister à des réunions et animer des réunions
03:18qui durent plusieurs heures, d'où elle vous vient cette force ? C'est quoi ? C'est
03:21la passion du métier ? C'est réellement la passion, la passion
03:24et l'envie d'apprendre. Ça suffit pour tenir le coup physiquement ?
03:28Il faut avoir physiquement une bonne nature, comme on dit, l'entretenir. Donc, j'ai
03:33essayé aussi régulièrement tout au long de ma vie de m'entretenir physiquement,
03:37une hygiène de vie qui soit forte. Mais je crois énormément dans la passion. Et le
03:42« Famous Gross Mindset », c'est le terme qui a été donné ensuite par Carole Dweck,
03:46de cet esprit apprenant. On peut apprendre de toute personne, de toute chose, de tout
03:50activité à tout moment de sa vie. C'est clair.
03:52La question est de dire comment on prépare son esprit à être ouvert pour accueillir
03:56cet apprentissage. Alors, parlons de Live For Good. Comment c'est
03:59arrivé dans votre vie ? Live For Good, là, a surgi fin 2015 et a
04:07été construit autour d'une tragédie dans ma vie, ma vie familiale, la perte de mon
04:12fils Gabriel. Gabriel avait 22 ans. Et Gabriel nous alléguait à mon épouse, à mes deux
04:19filles, donc Pascal, Aurore, Romane, quelque chose de très fort qui était des valeurs
04:25qu'il avait, d'aller aider les autres personnes qui étaient moins privilégiées
04:30que lui. Et il avait ce sens aigu de dire, et c'est une citation qu'il m'avait envoyée
04:35par message, en anglais, parce qu'on avait vécu quelques années aux Etats-Unis, il
04:39préférait presque parler en anglais qu'en français. Il parlait très bien, évidemment,
04:42il parlait deux langues, qu'il avait ce désir vital d'aider positivement la vie
04:46des autres. Et il avait créé un site web qui s'appelait Live For Good, suite à un
04:50voyage en Malaisie où il avait aidé une ONG américaine connue qui s'appelle Habitat
04:54for Humanity à construire des maisons en mortier pour des gens qui n'ont pas de maison.
04:58Et en revenant, il a codé un site web qui s'appelait Live For Good pour lever des fonds
05:03pour aider à financer ça. Il a réussi à lever des fonds ?
05:05Il a levé quelques petits fonds, c'est pas énorme. Enfin, il avait commencé à faire
05:09ça. Et donc, en fait, quand vous êtes une famille de cinq, et je ne dis pas que c'est
05:14un doigt qui manque, c'est plus qu'un doigt, c'est une fonction qui disparaît,
05:19enfin qui disparaît pas totalement, c'est justement l'enjeu qu'on a essayé en tant
05:24que famille de bâtir et de se bâtir un horizon. Et cet horizon, il est à la fois de famille,
05:31il est aussi très personnel. Parce que chacun, chacune, notamment les trois femmes de ma
05:34famille, ma femme et mes deux grandes filles, qui ont grandi depuis, chacune avait un vécu
05:39de cette tragédie évidemment très personnelle. Et donc, on a créé Live For Good rapidement,
05:45quelques mois littéralement, après une longue marche dans les Alpes, je m'en rappelle
05:48très bien, on était assis dans l'air, on se dit mais qu'est-ce qu'on peut faire
05:50pour nous donner un futur, tout simplement. C'est formidable, cet horizon familial autour.
05:54C'est formidable, c'est une forme d'espérance, une envie de faire vivre des valeurs que Gabrielle
06:02vous avait laissées en héritage. Donc, toute la famille aujourd'hui s'occupe de Live For Good.
06:07Alors, différemment, chacune personne. Mais vous êtes tous soudés autour de lui.
06:10Oui, on a régulièrement, on va avoir un atelier stratégie cette semaine. Il y a une partie où les
06:16cofondateurs, on s'appelle les cofondateurs de Live For Good, on apporte une discussion vraiment
06:20venant des cofondateurs sur les valeurs, le futur de Live For Good, alors qu'on est une équipe de
06:23dix salariés avec une mission qui est de révéler le potentiel de jeunes venus de tous horizons par
06:29l'entrepreneuriat Impact. Donc, en fait, notre enjeu, c'est d'aider toute une nouvelle génération
06:34qui a entre 18 et 30 ans, dont au moins 50 % de publics fragiles, c'est-à-dire vraiment des jeunes
06:39de quartier, de zone rurale, RSA, scolaire, handicap, et des jeunes où tout va bien, bien entourés,
06:47bonne famille, Bac plus 5, etc., et de les mélanger ensemble. On les mélange ensemble sur des campus,
06:52trois fois trois jours. On les mélange ensemble dans la co-innovation de modèles d'économie
06:57circulaire avec un impact positif social et environnemental pour créer des start-up à impact.
07:02Quelle formidable association. Ça nous donne de la joie parce qu'on est dans le donner-recevoir.
07:07On rencontre et on vit avec ces jeunes littéralement année après année. On les voit grandir, on les voit
07:12devenir des rôles modèles. Parce que vous avez une traçabilité des premiers, vous les suivez.
07:17Oui, bien sûr, et notre vision, c'est de dire faire émerger une nouvelle génération de leaders
07:22positifs qui entreprennent pour le bien commun. Et je suis très convaincu qu'avoir des rôles modèles
07:26hommes-femmes, il y en a un sur deux qui est une femme d'ailleurs, mais qui viennent d'environnements
07:30très différents et qui portent ces projets qui sont magnifiques, qui sont des projets de santé
07:35mentale, qui sont des projets d'alimentation régénérative, qui sont des projets d'inclusion
07:39sociale et d'un social intergénérationnel, mais qui sont des entreprises. Ce n'est pas de la
07:43philanthropie, j'aime beaucoup la philanthropie aussi. Ce sont, je pense, un moteur incroyable
07:47de montrer au modèle de l'entreprise étatique que j'ai connu pendant toute ma vie, de très grosses
07:52boîtes comme Microsoft, qu'il est possible d'harmoniser finalement l'impact économique et
07:57financier qui est nécessaire pour une boîte pour grandir et par rapport à ses actionnaires avec
08:01des externalités qu'on veut construire de manière positive dès le début et pas simplement négative
08:06pour les minimiser, vers le social et l'environnemental. C'est formidable. Vraiment,
08:11ce que vous félicitez pour telles actions et on inscrira le moyen de contribuer à cette
08:19association en fin d'émission. Merci.

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