Retrouvez William Leymergie entouré d’experts, du lundi au vendredi en direct dès 12h30, pour une émission dédiée aux problématiques de notre quotidien.
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00:00...
00:06Bonjour, Séverine.
00:07Bonjour, William.
00:08Alors, vous venez de publier Lucas,
00:12symbole, malgré lui, vous voyez la photo de cet enfant.
00:15Regardez comme il est mignon.
00:17Au-delà du drame de votre combat,
00:19vous dites que ce livre, c'est une manière de parler de lui,
00:23de Lucas, avant que la détresse n'ait raison de sa vie.
00:28Alors, quel petit garçon il était ?
00:30Lucas, c'était un petit garçon solaire, joyeux,
00:33à l'écoute des autres, attentif, rayonnant,
00:36plein d'ambition, plein de rêves dans la tête,
00:39avec des projets d'avenir.
00:41Alors, malgré son jeune âge, vous dites que Lucas a toujours su
00:46et assumé qui il était.
00:48Alors, vous racontez la scène touchante du jour
00:52où il vous fait une révélation sur sa sexualité.
00:55Un après-midi, dans la salle de bain,
00:58je le cherchais partout,
00:59donc la marraine de ma fille me dit qu'il est dans la salle de bain,
01:03il veut te parler.
01:04J'ai été le voir, il me dit
01:06qu'il fallait que je l'éteigne pour qu'il n'ait pas ce regard
01:13de dégoût, de rejet.
01:16Et là, il me dit
01:18que j'aime pas les filles, je préfère les garçons.
01:21C'était naturel, donc j'ai rallumé la lumière
01:24et je lui ai dit, sois heureux, mon fils, je t'aime.
01:27Fille ou garçon, sois heureux.
01:29Et je pense que ça a été un soulagement pour lui.
01:32Janvier 2022, vous déménagez
01:35et vous passez d'un petit village des Vosges
01:37à la périphérie de la ville d'Épinard,
01:40et c'est là que tout bascule, alors.
01:42C'est le début du calvaire pour Lucas, de l'enfer.
01:46C'est le début des insultes et du harcèlement.
01:49Ah oui, et ça se manifestait tous les jours ?
01:51Ou presque ?
01:52Presque tous les jours, c'était répété,
01:55ça le touchait dans sa personnalité, dans sa façon d'être.
01:58Et c'était...
02:00Oui, c'était répété, c'était du harcèlement pur et simple.
02:03Alors, rapidement, vous êtes au courant.
02:06Ça va pas ? Il vous en parle ou il ose pas trop ?
02:09Il m'en parle et après, il arrête de m'en parler
02:12parce qu'il a peur des représailles.
02:14Il me demande de pas en parler à l'établissement.
02:17Et alors, qu'est-ce qui se passe après ?
02:19Parce qu'il vous en parle ?
02:21Et qu'est-ce que vous faites, vous ?
02:24Est-ce que ça a un effet ?
02:26Il faut que j'intervienne auprès de qui ?
02:28Auprès de l'établissement, des parents des enfants ?
02:31Comment faire ?
02:32Je préviens le professeur principal
02:34pendant une réunion parents-professeurs,
02:36qui envoie un mail à toute l'équipe pédagogique
02:39pour signer la sonnette d'alarme.
02:42Voilà, il prend vraiment le cas de Lucas au sérieux
02:46et c'est le seul qui fait vraiment son travail,
02:49qui est vraiment attentif.
02:51La CPE m'a appelée à plusieurs reprises,
02:53m'a dit que c'était des chamailleries,
02:55qu'elle réglerait ça, et j'ai jamais été convoquée.
02:58Les parents des élèves concernés n'ont jamais été convoqués.
03:01On les connaît ?
03:03J'ai quatre prénoms
03:05qui font partie de la classe de Lucas.
03:07Aucune sanction n'a été prise,
03:09aucune heure de call,
03:11aucune sensibilisation sur le harcèlement
03:15qu'ils faisaient subir à Lucas.
03:16Bon, mais à la maison,
03:19puisqu'il n'ose pas en parler,
03:21il fait croire que ça s'arrange un peu.
03:24Il n'ose pas vous faire de la peine.
03:26J'avais cru comprendre ça.
03:28Effectivement, il ne me dit plus rien.
03:30Il ne me dit plus que ça recommence,
03:32parce qu'il veut me protéger.
03:34Pourquoi dire à maman que ça recommence
03:37alors que ceux qui sont censés me protéger
03:39la journée ne font rien ?
03:41Donc, non, il ne disait plus rien.
03:44Il avait un masque vraiment...
03:47C'était indescrit.
03:48Je n'arrivais pas à le voir, en fait.
03:51A ce jour, il y a eu un procès,
03:52même un procès en appel.
03:54Qu'est-ce qu'a dit la justice ?
03:56Les personnes ont été relaxées.
03:58Relaxées ?
04:00Oui, relaxées.
04:01L'homophobie a été reconnue,
04:02mais il n'y a pas eu de sanctions.
04:04Le harcèlement n'a pas été retenu.
04:07Donc, enquête administrative
04:09qui a été enfin conduite
04:11après plus d'un an et demi d'attente,
04:13parce qu'on me l'avait promis dès le départ,
04:16il a fallu que je bataille pour l'obtenir
04:18et enfin d'avoir les conclusions
04:20de cette enquête administrative.
04:22On vous l'avait promis.
04:23On me l'a promis à plusieurs reprises.
04:26Sur l'établissement en question,
04:28dont vous, à juste titre,
04:29apparemment, vous critiquez l'inaction.
04:32Qu'est-ce que ça a donné ?
04:33L'enquête administrative conclue
04:35à du harcèlement.
04:36Lucas a bien été harcelé.
04:38On n'a pas le nom des élèves
04:39de ce nombre, non plus,
04:41mais Lucas a bien été harcelé
04:43dans son collège.
04:44Après, il ne se passe rien ?
04:45Après, j'attends le rapport.
04:47Justement, je suis en attente
04:49de pouvoir lire ce rapport.
04:51J'ai fait un pouvoir en cassation
04:53qui devrait se tenir,
04:55j'espère, l'été 2025,
04:58donc cet été.
04:59Et vous êtes en relation
05:01avec les responsables de l'Education nationale,
05:04parce que c'est une affaire épouvantable.
05:07J'avais été en relation
05:08avec M. Attal quand il était en poste,
05:10mais à l'heure actuelle, non.
05:12Ca change tellement rapidement.
05:14Voilà, exactement.
05:15Même nous, en tant que parents,
05:17on ne sait plus à qui s'adresser.
05:19Vous menez ce combat,
05:20mais vous n'êtes pas seule, j'espère.
05:23Les établissements, d'après vous,
05:25ont-ils les moyens de lutter
05:26contre le harcèlement ?
05:28Et si oui, comment on fait ?
05:30Ils n'ont pas assez de moyens humains
05:32ou pédagogiques.
05:33Il n'y a pas assez de formation de fait,
05:35il n'y a pas assez de personnel formé,
05:37il n'y a pas assez de bénévoles non plus.
05:40Il faut nous laisser rentrer
05:41en tant que bénévole, en tant qu'association.
05:44Il faut qu'on intervienne.
05:46C'est pas une journée dans l'année
05:48qui fait que le harcèlement,
05:49ça va rentrer.
05:51C'est parce que le harcèlement,
05:52il faut comprendre, c'est sournois,
05:55c'est subtil, il faut comprendre ça.
05:57Il faut que les parents qui connaissent
05:59le sujet puissent témoigner.
06:01Il faut faire la différence
06:02entre le harcèlement et la chamaillerie.
06:05Il faut que les parents aient accès
06:07à ces informations.
06:08Les parents, les professeurs,
06:10la cantinière, le jardinier,
06:11tout le monde, parce qu'ils sont
06:13en charge de nos enfants.
06:15Vous avez fondé une association,
06:17elle s'appelle LUNAH,
06:18L-U-N-A-H, ce qui veut dire ?
06:20Liberté, unité, non harcèlement.
06:23Voilà. Pour combattre
06:24toute forme de harcèlement,
06:26quel conseil vous pourriez donner
06:28aux enfants, mais aux parents
06:31qui sont concernés ?
06:33Écoutez vos enfants, croyez-les,
06:35soutenez-les, surtout déjà.
06:37Le moindre petit signe
06:39qui vous paraît anodin,
06:40prenez-le en considération.
06:42Alertez tout de suite
06:44l'établissement par écrit,
06:45les médecins, les services médicaux,
06:47les services judiciaires.
06:49Il faut que les enfants parlent.
06:51Il faut pas qu'ils aient peur,
06:53qu'ils aient honte.
06:54La peur, elle change de camp.
06:56Très bien, merci, Séverine Verma.
06:58Ça s'appelle Lucas, symbole malgré lui,
07:00c'est publié chez Harper Collins.
07:02Voilà le petit bonhomme.
07:04Merci.
07:05Et le numéro de téléphone
07:07qu'il faut rappeler aussi,
07:09le 30 18.
07:10On l'a vu ou pas ?
07:11On l'a vu à l'écran.
07:12Merci beaucoup de votre visite.
07:14Allez, on...