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00:00A 7h45, tout pilon, on va revenir sur l'épidémie de grippe qui met le CHU de Nîmes sous pression
00:12avec notre invité, argothérapeute, cadre de santé, membre du bureau de la CGT à l'hôpital
00:16Carremo.
00:17Oui bonjour Maga Ligéen.
00:18Bonjour à tous.
00:19Merci de vous être déplacé jusque dans les studios d'ici le CHU qui a donc activé
00:25son plan hôpital en tension, le niveau 3, à cause en effet d'un afflux de malades.
00:30Mais quand on parle d'afflux, c'est un peu vague dit comme ça, on parle de quoi exactement ?
00:35Alors depuis ce week-end, on a un afflux massif de patients qui arrivent sur les urgences.
00:40En moyenne, sur les urgences, on a 150 à 170 passages jours et là on est à une moyenne
00:46sur la semaine de plus de 360 jours, de 15 à 20%.
00:51Donc c'est énorme.
00:52Et comment ça se passe donc pour elles ? Comment ça se passe la prise en charge de ces patients ?
00:57Alors la prise en charge, elle reste comme elle est, c'est-à-dire de qualité, les professionnels
01:01sont là, disponibles, les médecins aussi.
01:03La difficulté, c'est que les patients qui arrivent, ils ont ou le Covid ou la grippe,
01:07donc ils nécessitent une prise en charge avec de l'oxygène et une prise en charge
01:11avec une surveillance et donc en fait ils restent sur l'établissement.
01:14Et la difficulté de cette crise, c'est que nous n'avons pas de lit sur l'établissement
01:17pour les accueillir correctement.
01:19Ça veut dire que vous n'avez pas assez de moyens matériels et peut-être même humains
01:22pour accompagner cette afflux.
01:23Alors pour le moment c'est matériel, le problème c'est que c'est virus, donc virus qui dit
01:28ça touche tout le monde et les patients sont très souvent à terre mais commencent à
01:32contaminer aussi les soignants, donc là on surveille beaucoup, avec beaucoup d'attention,
01:36le nombre d'arrêts de travail sur l'établissement parce que si après on n'a plus de soignants,
01:40ça va être encore plus compliqué.
01:42Donc là concrètement vous avez des soignants qui sont partis en arrêt maladie parce qu'ils
01:44ont attrapé la grippe ou le Covid ?
01:45Voilà.
01:46Vous en avez combien ?
01:47C'est un chiffre tout à fait normal, on n'est pas trop alerté mais on le surveille parce
01:52que si jamais ça s'enclenche, on sait que le pic d'épidémie il n'est pas du tout là,
01:56on parle encore d'une dizaine de jours, donc on va vers du plus dur normalement en termes
02:00de nombre de patients et de professionnels à terre, donc on le surveille.
02:04Pour le moment tout est en contrôle de ce côté-là.
02:07Mais il nous manque beaucoup de lits.
02:09Beaucoup de lits, combien ?
02:10Alors là sur les urgences, depuis le début de la semaine, en début de semaine on avait
02:1560 patients à placer par jour.
02:16Hier l'hôpital d'attention s'est mis en place, c'est une procédure qui permet justement
02:23d'avoir plus facilement des lits disponibles, de les rationaliser, de les trouver rapidement,
02:28y compris de déplacer des patients sur d'autres sites, je pense à l'aise, bagnole, y compris
02:32du privé, et donc du coup ça permet de temporiser un petit peu.
02:35Donc là hier ça s'est un petit peu calmé, on avait moins de patients à placer, mais
02:39on est obligé de déprogrammer des prises en charge.
02:42Déprogrammer des prises en charge, quelles prises en charge exactement ?
02:44Alors il y a une hiérarchie qui se fait médicalement sur des prises en charge, sur
02:48des examens qui sont reculés d'un jour ou de deux jours, des chirurgies qu'on recule
02:51d'un jour ou de deux jours, et puis on fait sortir les patients qui sont hospitalisés
02:55le plus vite possible de manière à libérer des lits.
02:57Donc ça c'est ce que prévoit le plan 3 du niveau hôpital d'attention.
03:00Certains autres hôpitaux, notamment chez nos voisins, à Aubonnaz, à Avignon, à Carpentras,
03:06ont déclenché eux carrément le plan blanc.
03:07Mais c'est quoi la différence ?
03:09Alors la différence c'est que l'hôpital d'attention c'est une procédure qui est
03:12faite que sur l'hôpital de Nîmes.
03:13Alors elle se fait sur d'autres établissements mais elle est spécifique sur l'hôpital
03:16de Nîmes chez nous et elle met en place les professionnels et toutes les possibilités
03:21qu'on a de travailler différemment sur notre établissement.
03:23Donc si je vous suis, elle n'existe pas ailleurs en France ?
03:25Alors elle n'existe peut-être pas de cette manière-là parce que chaque hôpital fonctionne
03:28avec son organisation propre.
03:30L'hôpital de plan blanc par contre c'est quelque chose qui est réglementaire, qui
03:33est fait par le préfet et qui demande une lourde prise en charge administrative.
03:377h48, nous recevons Magali G1, elle est élue CGT au CHU de Nîmes.
03:42Magali G1, on parle de cette réorganisation que vous mettez en place pour faire face
03:46à cette afflue de malades, du Covid, mais surtout de la grippe, parce que c'est surtout
03:51ça dont on parle.
03:52Est-ce que cette organisation d'après vous est cohérente avec la situation dans laquelle
03:57vous vous trouvez aujourd'hui ?
03:58Alors elle est cohérente, elle répond déjà à l'urgence, à l'urgence de prise en charge
04:02des patients.
04:03On est un service public donc il faut prendre en charge les patients du mieux qu'on peut
04:06et on le fait du mieux qu'on peut.
04:08Donc ça répond vraiment à une problématique spontanée, sur un temps court.
04:14Après elle répond, mais on ne travaille pas sur la cause de la difficulté, on travaille
04:19sur les conséquences.
04:20S'il y a une crise, on donne une procédure en face de la crise.
04:23Après il faudrait avoir des moyens à plus long terme pour justement éviter d'arriver
04:26dans des situations comme ça.
04:27Donc c'est un pansement sur une jambe de bois, si je comprends bien.
04:30Alors sur une jambe de bois, on va dire un petit peu mieux, mais oui exactement.
04:33C'est-à-dire que la politique de santé en France et la CGT le dénoncent depuis des
04:36années.
04:37On ferme des lits et c'est des lits d'aval.
04:39Alors pour expliquer ce que c'est qu'un lit d'aval, c'est que vous rentrez à l'hôpital
04:42via les urgences ou via une chirurgie ou quoi que ce soit, vous êtes pris en charge et
04:46après vous avez besoin de rester quelques jours à l'hôpital.
04:49Ces quelques jours ça s'appelle des lits d'aval.
04:51Là aujourd'hui la politique de santé c'est on va rationaliser, on va faire de l'ambulatoire.
04:56Ça coûte moins cher et ça rapporte plus.
04:58Donc on fait de l'ambulatoire.
04:59Les patients restent 8 à 12 heures, alors que dans une hospitalisation classique c'est
05:03plutôt entre 5 et 10 jours.
05:05Donc on n'a plus ces lits de 5-10 jours, les patients sortent très vite de l'hôpital,
05:09ont moins de suivi, ils sont plus laissés chez eux avec des difficultés et ils reviennent
05:13par les urgences.
05:14Donc quand on a un affût massif d'une épidémie comme ça qui est saisonnière, tout se mélange
05:19et on n'a plus assez de lits pour accueillir les patients.
05:21J'imagine que vous qui êtes en plus au bureau de la CGT, vous en avez parlé à la direction.
05:25Alors on dénonce ça depuis des années.
05:26Qu'est-ce qu'elle vous dit la direction ?
05:27L'économie de la santé fait qu'aujourd'hui on fait une politique financière et pas une
05:32politique de maintien de santé de la population.
05:34Et ça c'est très grave, on le dénonce depuis des années et c'est valable sur toute
05:38la France.
05:39La crise sur les urgences aujourd'hui à Nîmes, elle est valable sur toutes les urgences
05:42en France.
05:43Pour la même raison, il manque des lits et il manque du personnel.
05:45Donc il y a un problème au niveau de la politique de santé, mais il y a aussi peut-être d'autres
05:51responsables dans cette crise.
05:52C'est nous, collectivement ?
05:53Alors collectivement, j'ose espérer que quand on est malade on ne choisit pas.
05:58Oui, on ne choisit pas, mais on le voit dans la rue, on ne fait plus les gestes barrières,
06:02on ne porte plus le masque, on ne se lave plus les mains.
06:04Qu'est-ce que vous dites aux auditeurs qui nous écoutent et qui ne font pas forcément
06:06attention ?
06:07Alors aujourd'hui l'épidémie n'est pas à son pic, donc il faut vraiment être vigilant
06:10sur ça, il faut se laver les mains, il faut mettre des masques, il faut sortir couvert
06:14et si vous avez le moindre signe de tout ou quoi, il faut un petit peu s'isoler.
06:18Mais ce que moi je voudrais faire aujourd'hui c'est alerter, et la CGT alerte depuis des
06:23années sur la difficulté qu'on a de plus en plus à prendre les patients en charge
06:27correctement.
06:28Donc la population il faut qu'elle soit alertée parce qu'aujourd'hui si elle vient aux urgences
06:31pour une autre pathologie que la grippe, elle va avoir des difficultés de prise en
06:34charge parce qu'on n'a pas de place pour lui.
06:36Donc peut-être avec parfois des patients qui se retrouvent sur des brancards en attendant
06:39de voir un médecin ?
06:40Tout à fait, là ce week-end on a vécu une situation qui ressemblait au Covid au plus
06:45gros de la crise.
06:46Parce qu'il y avait des brancards partout, avec des obus d'oxygène partout, c'est très
06:50compliqué pour un soignant de travailler dans ces conditions parce qu'on travaille
06:53mal.
06:54Donc une perte de chance.
06:56Et dans l'urgence, cet appel aux auditeurs, remettre en place les gestes barrières pour
07:01du masque évidemment et la vache des mains.
07:03Je vous remercie beaucoup en tout cas Magali G1 d'être venu nous voir ce matin, je rappelle
07:07que vous êtes ergothérapeute, 4h de santé et membre du bureau de la CGT à l'hôpital
07:12Carremo.
07:13Merci à vous.