L'invitée de 7h45
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00:00Et en notre invité, la députée du Vignoble Nantais, Sophie Erente, c'est votre invité Nicolas Creuset.
00:05Bonjour Sophie Erente, merci d'être en direct avec nous.
00:08Vous avez annoncé vendredi votre départ du groupe Renaissance à l'Assemblée Nationale,
00:12votre rupture en quelque sorte avec Emmanuel Macron ou en tout cas avec le macronisme.
00:16C'est quoi la goutte d'eau ? C'est Michel Barnier à Matignon, c'est Bruno Retailleau à l'intérieur ?
00:21La goutte d'eau c'est l'incapacité à créer un gouvernement assez large,
00:29celui que j'ai présenté ou en tout cas celui que j'avais imaginé pendant la campagne,
00:33c'est qu'on soit capable de faire une coalition dans l'arc républicain,
00:38donc de la gauche modérée jusqu'à la droite modérée avec des écolos
00:42et avec tous ceux qui sont dans ce champ-là en fait.
00:46Là c'est un coup de barre à droite que vous trouvez finalement trop à droite,
00:50vous avez regardé j'imagine Michel Barnier hier soir sur France 2,
00:53il promet de réformer les retraites, de ne pas toucher aux impôts,
00:55pas de quoi vous faire changer d'avis ?
00:57Mais non parce qu'en fait, le fait de quitter un groupe qui appartient à un gouvernement,
01:05ça me redonne une liberté d'abord de vote mais surtout d'opinion,
01:09je vais pouvoir m'exprimer librement.
01:11Vous l'avez toujours gardé votre liberté de vous exprimer quand même ?
01:14Oui mais là je ne vais pas, comment dirais-je,
01:17mon nom et mon mandat ne vont pas être associés à ce que dira le groupe.
01:23Alors je vais vous faire écouter un extrait d'une interview qu'on a faite ensemble,
01:27c'était le 22 décembre dernier, juste après l'adoption de la loi immigration,
01:31votée par ce qu'était à l'époque la majorité avec les voix de la droite et du RN,
01:36loi contre laquelle vous, vous aviez voté.
01:39Je vous parlais quand même dans votre communiqué d'un texte qui va à l'encontre
01:42des fondements de votre engagement politique et des valeurs qui fondent votre intégrité morale,
01:46ce n'est pas des mots à la légère.
01:47Ah non !
01:48Vous êtes déçue là ?
01:49Ben disons que je suis chamboulée,
01:52je suis chamboulée parce que ce n'est pas le contrat de politique que nous avons scellé.
02:00Intégrité morale, chamboulée parce que ce n'était pas le contraint,
02:04qu'est-ce qui s'est passé pour que vous ayez mis neuf mois pour partir ?
02:08Pourquoi vous n'êtes pas partie plus tôt ? Pourquoi vous n'êtes pas partie à ce moment-là ?
02:11Alors parce que d'abord je m'étais exprimée, j'avais voté contre un texte.
02:16Ensuite parce que je partageais encore une vision et une ambition collective avec un groupe
02:26et je pense que j'avais aussi encore ma place à l'intérieur de ce groupe pour faire bouger les lignes.
02:32Même si vous dites à nos confrères de Mediapart que c'était l'apogée de l'insupportable cette loi.
02:36Mais oui parce qu'en fait c'est la raison pour laquelle on légifère
02:41et l'objectif qu'on défend en fait.
02:46Et puis par rapport au territoire et par rapport à mon engagement
02:49et par rapport à la femme que je suis en politique,
02:52aujourd'hui je ne souhaite pas cautionner des textes qui fracturent la population.
02:59Mais vous êtes quand même partie après la dissolution en campagne dans cette majorité macroniste.
03:03Alors vous aviez un peu caché le logo quand même sur vos bulletins
03:06mais vous n'étiez pas en rupture à ce moment-là.
03:08Ça veut dire que vous avez assumé devant vos électeurs
03:10et qu'il y a peut-être des électeurs aujourd'hui qui ne vont pas vous comprendre.
03:12Qui vont dire mais attendez, c'est quoi elle a pris les voix pour se faire élire et puis maintenant elle change de...
03:16Non parce que sur ce que j'ai défendu, d'abord il y avait un pluralisme de soutien.
03:21Moi je suis allée chercher des soutiens à gauche, à droite, au centre, de partout.
03:26Et c'est ça en fait que j'ai défendu.
03:28J'ai défendu le fait qu'on soit en capacité d'avoir un bloc central
03:32et qu'on soit en capacité de construire quelque chose.
03:35Parce que je pense qu'on a quelque chose à construire dans l'arc républicain.
03:40Mais Michel Barnier va vous dire qu'il a tendu la main à la social-démocratie
03:43qui n'a pas voulu y aller, c'est peut-être pas de sa faute.
03:45Alors quand on commence, et je pense qu'à partir du moment où on arrive
03:49et qu'on nous présente déjà les prémices de ce que va être un gouvernement,
03:54c'est-à-dire qu'on va chercher des personnalités parmi celles qui sont les plus clivantes...
03:59Donc là Bruno Retailleau, Laurence Garnier pour ne citer que une figure locale.
04:03Oui voilà, moi je connais aussi Alinie Gennevard, je connais aussi Patrick Hetzel,
04:07je connais quand même toutes ces personnalités avec lesquelles je ne suis vraiment pas en phase
04:12sur le projet politique.
04:14Et sociétal notamment, on se rappelle du mariage pour tous...
04:16Oui ça fait des années, mais là on vient juste de sortir du texte sur la fin de vie.
04:19La loi fin de vie, ce sont des gens avec lesquels nous nous sommes heurtés.
04:23Donc nous ne sommes vraiment pas en phase avec le projet politique qu'ils portent pour la société.
04:28Et puis je redis que ma circonscription, le territoire que je représente aussi
04:32est un territoire, comment dirais-je, d'intégration, de migration.
04:38Nous avons besoin aujourd'hui de faire France ensemble.
04:41Et je ne veux pas rentrer dans les polémiques de séparation en fait.
04:44Est-ce qu'il y a une déception quand même, quand on a été comme vous,
04:47l'une des premières à rejoindre Emmanuel Macron et ce en même temps en 2016,
04:52quand il s'est lancé bien avant son élection,
04:54de se retrouver là et de constater que finalement le en même temps,
04:57c'était en même temps à droite surtout.
04:59Alors je pense qu'on n'a pas fait que du en même temps à droite pendant 7 ans.
05:03Mais on ne peut pas résumer ça qu'à ça.
05:07Je pense qu'il y a plein de choses qui ont été faites.
05:09Je ne vais pas faire la liste à l'après-verbe.
05:11Tout n'est pas d'une déception.
05:13Là où j'ai une problématique, c'est qu'aujourd'hui, en 2024, au moment où je vous parle,
05:18j'ai l'impression de reprendre le programme de M. Fillon de 2017.
05:22Donc fatalement, c'est un retour en arrière.
05:25Vous lui avez dit au chef de l'État ?
05:27Oui, très clairement.
05:29D'abord, mes relations sont très claires.
05:31Donc je dis ce que je pense, y compris au président de la République.
05:34Vous allez aller où, là, maintenant ?
05:36Parce qu'il y a 11 groupes à l'Assemblée.
05:38J'ai compris qu'il n'y en a aucun qui vous correspond.
05:40Ce n'est pas qu'ils ne me correspondent pas.
05:41C'est que je pense qu'il n'y a aucun groupe aujourd'hui qui ne va très bien,
05:44qui soit très à l'aise, qui soit très sûr de ce qu'il a envie de défendre.
05:49Donc je pense que c'est inconfortable partout.
05:52Je pars en non-inscrite pour construire.
05:54C'est-à-dire que moi, ce qui m'intéresse aujourd'hui,
05:56c'est d'être en capacité de parler avec tout le monde.
05:58Et justement, de faire vraiment du transpartisanisme
06:01et qu'on arrête de se mettre des barrières
06:03et qu'on puisse vraiment travailler ensemble.
06:05Et quand vous lui avez dit ça à Emmanuel Macron,
06:07qu'est-ce qu'il vous a répondu ?
06:08Qu'il aurait préféré que je reste et que j'attende.
06:11Merci beaucoup, Sophie Erand, d'être venue ce matin.
06:13Vous n'avez pas attendu.
06:15Vous n'êtes venue sur France 2, L'Eurocéan et sur France 3.
06:17Bonne journée à vous.
06:18Merci pour votre invitation.