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00:00Belle semaine à l'écoute de France Bleu en Lauser et dans le Gard à 8h moins le quart.
00:04On va revenir maintenant sur cette immense gâchis qui se cache derrière chacune de nos assiettes.
00:09C'est ce que montre l'injuste prix de notre alimentation.
00:12Etude notamment du secours catholique.
00:14Son délégué dans le Gard est avec nous, Quentin.
00:16Oui, bonjour Eric Thimel.
00:17Bonjour.
00:18Merci d'être avec nous.
00:19Vous vous êtes intéressé effectivement à toute la chaîne alimentaire
00:22qui permet de nourrir la population de la ferme à la fourchette.
00:25Et vous dites que le système coûte, pour reprendre l'expression du Président,
00:29un pognon de dingue, mais qu'on peut faire beaucoup mieux.
00:32Alors pourquoi il faut tout remettre à plat ?
00:34Et bien parce que ce système fait beaucoup de dégâts.
00:38De notre point de vue qui accompagnons des personnes en précarité,
00:42nous pouvons déjà constater qu'il y a 8 millions de personnes en France
00:45qui sont en précarité alimentaire.
00:47Soit qui mangent insuffisamment,
00:49soit surtout qui mangent une alimentation qui n'est pas saine
00:53et qui a des impacts sur leur santé.
00:56Et puis vous avez aussi en France 18% des agriculteurs
01:00qui vivent sous le seuil de pauvreté.
01:02Et il y a également des impacts environnementaux très importants de ce système.
01:08Et nous le constatons tous les jours avec des inondations, des tornades,
01:14un système qui a un impact sur notre quotidien.
01:20Et ce système nous coûte très cher
01:23parce que notre alimentation, ce n'est pas simplement ce que nous payons
01:25dans les grandes surfaces ou auprès des petits commerces,
01:28mais c'est aussi ce que nous, en tant que contribuables,
01:31nous payons pour réparer tous les dégâts sociétaux, environnementaux, humains,
01:37et ce que nous payons en tant que contribuables pour alimenter ce système.
01:41Alors effectivement, ce système, pour fonctionner,
01:43il a besoin de 50 milliards à peu près d'argent public chaque année,
01:46plus les effets secondaires dont vous avez parlé,
01:49les problèmes de santé, les problèmes sur l'environnement,
01:51qui nous coûtent 19 milliards d'euros de plus.
01:54Au minimum.
01:55C'est bien ça, au minimum, c'est une estimation basse.
01:57Bon, ça c'est pour poser un petit peu le décor.
02:00Mais si on revient un petit peu à nos assiettes,
02:02vous voulez donc qu'on mange des produits plus sains.
02:05Qu'est-ce que vous proposez concrètement pour y arriver ?
02:07Eh bien justement, nous proposons que ces 49 milliards d'aides publiques
02:12soient orientées vers ceux qui produisent de façon vertueuse de l'alimentation de qualité,
02:19qui seraient bonnes pour nos corps, pour notre santé,
02:24plutôt que d'être orientées à l'heure actuelle à 80%
02:28vers ceux qui sont obligés de produire à base de pesticides,
02:34à base d'une agriculture intensive,
02:37qui produit ces effets négatifs dont nous avons parlé.
02:40Donc si je reprends un petit peu vos propos,
02:42en gros les aides, notamment les aides de la PAC, les aides européennes,
02:45les aides françaises, les aides nationales,
02:47exactement, il faudrait les réfléchir non pas vers les grosses exploitations agricoles,
02:50mais vers les petits agriculteurs, si je vous suis.
02:53En tout cas, les agriculteurs qui produisent d'une façon raisonnée ou biologique
02:59et qui fournissent de l'alimentation de qualité.
03:02A l'heure actuelle, ce sont simplement 8% de toutes ces aides
03:06qui vont vers ces agriculteurs là, contre 80% vers les autres.
03:11Donc il faudrait revoir un petit peu cette balance.
03:13Oui, bien sûr, c'est absolument indispensable
03:17si nous voulons ne pas avoir les impacts que nous connaissons actuellement.
03:22J'ai oublié tout à l'heure, je n'ai pas cité le fait qu'en 15 ans,
03:26on a eu 30% d'oiseaux des champs qui ont disparu.
03:30Et en termes de santé, un chiffre quand même incroyable,
03:33en 20 ans, plus 160% de diabétiques en France à cause de notre alimentation.
03:40Alors justement, comment on fait pour manger plus sain ?
03:43Eh bien, on se tourne vers des producteurs qui produisent de l'alimentation saine.
03:50De l'agriculture bio alors ?
03:52De l'agriculture bio ou raisonnée.
03:54Parce que le problème de l'agriculture bio aujourd'hui, c'est qu'elle coûte cher.
03:57Les produits bio coûtent cher.
03:5920 à 30% de plus en moyenne que les produits non bio.
04:02C'est ça le problème.
04:03Donc il faut vous attaquer au bio, si j'ai bien compris.
04:06Il faut déjà que dans les grandes surfaces,
04:08il faut savoir que les marges que font les distributeurs sur le bio sont extrêmement importantes.
04:15Les grands distributeurs nous attirent dans les grandes surfaces pour des produits...
04:20Des produits d'appel.
04:21Des produits d'appel sur lesquels ils mettent une grosse pression sur les prix,
04:26sur ce qu'ils payent aux producteurs.
04:28Mais après, eux-mêmes proposent des prix qui sont peu élevés
04:32pour attirer les clients dans leurs grandes surfaces.
04:35En revanche, sur les produits bio ou les produits à label,
04:39ils font des marges extrêmement importantes.
04:41Mais il est vrai que si on s'adresse directement à un producteur de bio,
04:46on va aussi payer cher.
04:47Pourquoi ?
04:48Parce qu'à ce moment-là, on va lui payer le prix qui lui permet d'avoir un revenu décent.
04:54Alors que la grande distribution n'assure pas aux producteurs, quels qu'ils soient, un revenu décent.
05:00C'est pour ça que vous voulez contourner, si j'ai bien compris,
05:03le problème des grandes surfaces pour proposer dans le regard des maisons solidaires de l'alimentation.
05:08Oui, ou d'autres systèmes.
05:09Mais c'est quoi ça par exemple ?
05:11Ce sont des lieux, déjà, où les décisions sont prises avec les consommateurs, avec les producteurs.
05:19À l'heure actuelle, les décisions sur notre alimentation n'impliquent pas les consommateurs.
05:26Il n'y a pas de véritable démocratie alimentaire en France.
05:29Et puis, des systèmes ou des maisons où on va avoir une rémunération correcte pour le producteur
05:37et un soutien financier pour les consommateurs, en particulier pour les consommateurs en précarité.
05:427h51, comment mieux manger sans dépenser plus ?
05:46Est-ce que vous avez des trucs, des bons plans à acheter en vrac ou en grande quantité ?
05:50Congeler les denrées stratégiquement ?
05:52On en discute ce matin avec Eric Thimel, délégué départemental du secours catholique dans le Gard.
05:56Vous nous appelez au 0466 21 36 37.
05:59L'une des solutions que vous proposez dans le Gard, c'est d'ouvrir des maisons solidaires de l'alimentation.
06:03Si je comprends bien, on peut imaginer des petites supérettes, en gros,
06:06où le consommateur, l'acheteur, va rencontrer le producteur, celui qui va faire des fruits et des légumes,
06:11par exemple, et lui dire « Ecoute, moi je peux dépenser ça.
06:15Vois ce que tu peux faire, peut-être, pour arriver à rentrer dans ton budget,
06:19tout en essayant de faire en sorte que tu te payes correctement. »
06:23Non, nous, nous pensons plutôt que ce type de relation peut bénéficier de soutien public.
06:29On a parlé tout à l'heure de ces 49 milliards d'euros qui soutiennent un autre système.
06:36Eh bien, cet argent, il peut être orienté pour soutenir ce type de consommation.
06:42Vous avez un système...
06:44Donc, en fait, j'ai bien compris, votre modèle, c'est un modèle sous perfusion.
06:48Un modèle qui permet aux Français de vivre en bonne santé.
06:54On a la sécurité sociale pour nous aider à faire face à nos dépenses de santé.
07:01Il y a un système sur lequel beaucoup de gens réfléchissent à l'heure actuelle
07:05qui s'appelle la sécurité sociale de l'alimentation,
07:08qui permettrait de flécher nos achats alimentaires,
07:12ou de soutenir des achats alimentaires fléchés vers des producteurs
07:16qui produisent de l'alimentation saine.
07:18Et à l'heure actuelle, vous avez une expérimentation à Montpellier,
07:21la caisse citoyenne alimentaire de Montpellier,
07:24qui est un peu ce système-là, où vous avez des 500 personnes
07:28qui bénéficient de 100 euros par mois pour aller faire des achats
07:33auprès de commerces agréés, parce qu'ils proposent des produits
07:40de producteurs locaux et des produits de qualité.
07:42Et les gens qui participent à cette caisse payent chaque mois
07:47une cotisation qui est en fonction de leurs revenus.
07:51Mais ça ne marche que parce que c'est aussi soutenu par les collectivités locales.
07:55Donc, assumer quelque part le fait qu'on dise, financièrement,
08:00et on met des moyens, de l'argent public, pour qu'on ait une bonne alimentation
08:04et qu'on réduise les problèmes de santé publique.
08:07Vous voulez d'ailleurs vous attaquer à la pub alimentaire,
08:11notamment à destination des enfants.
08:13À l'heure actuelle, il y a 5,5 milliards d'euros en France chaque année
08:17qui sont dépensés pour la pub pour des produits trop salés,
08:22trop sucrés, trop gras, et qui sont mauvais pour notre santé.
08:27Et parallèlement, le gouvernement donne une injonction
08:32qui est contradictoire, qui est manger mieux, manger sain,
08:38manger 5 fruits et légumes par jour, très bien, ça coûte,
08:42on dépense mille fois moins pour ces messages-là que pour la publicité,
08:48pour des produits qui sont mauvais pour notre santé.
08:52Et ces 5,5 milliards d'euros, ils rentrent dans le prix
08:56de ce que nous payons à la caisse dans les grandes surfaces.
09:00On pourrait aussi réduire ce coût-là.
09:03Il y a des pays qui font ce choix-là,
09:06d'interdire la publicité en direction des enfants
09:09sur des produits qui sont nocifs pour leur santé.
09:11Donc, il y a tout un système à repenser.
09:13En tout cas, je vous remercie beaucoup, Eric Thimel,
09:15d'être venu nous parler de cette étude,
09:18de l'injuste prix de notre alimentation
09:20que vous avez commandée, notamment avec le Secours catholique,
09:24dont vous êtes le délégué départemental dans le Gard.
09:27Eric Thimel, merci à vous.
09:28Merci.