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Les API, ou interfaces de programmation d'applications, sont le moteur invisible de nos sites webs et applications en proposant des fonctionnalités supplémentaires. Initialement fournies par les géants de l’Internet, elles peuvent désormais l’être par des opérateurs télécom, ceux qui nous proposent normalement de la fibre optique ou de la 5G. Mais alors, qui est à l’origine de cette initiative et pour quel usage ? On fait le point avec Jérôme Bouteiller, le fondateur d’ecranmobile.fr.

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00:00Que se passe-t-il dans cette industrie du mobile ? Pour le savoir, il faut suivre la
00:09chronique Mobile Business avec Jérôme Bouteiller. Bonjour Jérôme, fondateur d'EcranMobile.fr.
00:15Aujourd'hui, on va se pencher sur les API, les API des opérateurs. C'est une nouvelle
00:21tendance mais je voudrais peut-être qu'on commence par donner une définition, rappeler
00:23ce que c'est une API.
00:24En informatique, c'est une interface de programmation d'application, Application Programming Interface,
00:31API en anglais. C'est une sorte de façade par laquelle un logiciel offre des services
00:36à d'autres logiciels. C'est la définition Wikipédia. On pourrait dire que c'est une
00:41sorte de brique, un peu comme une brique de Lego qui va permettre d'enrichir des sites
00:45ou des applications avec des contenus ou des fonctionnalités supplémentaires. Ces API,
00:50historiquement, étaient plutôt fournis par des gens de l'informatique, Microsoft, Oracle,
00:54IBM, par des gens de l'Internet aussi. On peut citer Google, Amazon ou Meta. Effectivement,
00:58désormais, par des opérateurs télécoms, ceux qui fournissaient jusqu'à présent
01:01de la fibre optique ou de la 5G.
01:03Qui est à l'initiative chez les opérateurs ?
01:05C'est une initiative de la GSMA, l'association qui réunit les opérateurs du monde entier
01:11et qui a un projet qui s'appelle Open Gateways, qui vise à valoriser les réseaux 5G. Ils
01:16se sont associés à la fondation Linux, très connue pour ses logiciels libres, dans le
01:20cadre d'un projet qui s'appelle Camara et qui vise à standardiser, au niveau mondial,
01:25une centaine d'API pour simplifier le quotidien des développeurs d'applications. Le projet
01:30a été annoncé en février dernier lors du Mobile World Congress. Il réunit déjà
01:34des grands noms de l'informatique et des télécoms. On peut citer Nokia, Ericsson,
01:38mais également Microsoft, Oracle ou des opérateurs. En France, c'est un peu particulier parce
01:43qu'Orange, Bouygues et SFR avaient déjà lancé une première génération d'API,
01:47il y a cinq ans. Ça s'appelait MobileID. Il y a quelques semaines, ils viennent d'annoncer
01:52qu'ils allaient également lancer sur le marché français cette seconde génération
01:56d'API Camara. La bonne nouvelle, c'est qu'ils ont embarqué avec Free, le quatrième opérateur.
02:01Ça va donc permettre à ces API d'opérateurs de couvrir la quasi-totalité des mobinotes
02:05sur le marché français.
02:06Et pour quels usages ?
02:08Le premier usage, incontestablement, ça va être la lutte contre la fraude. Vous connaissez
02:14des solutions d'authentification à deux facteurs, comme le SMS OTP ou les notifications.
02:21Elles sont aujourd'hui un peu insuffisantes pour faire face à une nouvelle génération
02:24de fraudeurs. Vous avez entendu parler de la fraude aux faux conseillers bancaires.
02:27Ce sont des gens qui vous appellent et qui arrivent à vous convaincre de leur répéter
02:32des mots de passe que, normalement, vous seuls recevez sur votre téléphone mobile. Ça
02:37introduit pas mal de problèmes puisqu'ils arrivent à se connecter à votre site et
02:40parfois à vous voler tout votre argent.
02:42Le mois dernier, une grande banque a été condamnée. Elle a été jugée responsable
02:48de ce type de fraude avec à la clé l'obligation de rembourser son client. Les grandes banques
02:53sont à la recherche d'alternatives à ces solutions. Et c'est là, évidemment, que
02:57les API opérateurs prennent toutes leurs valeurs puisqu'ils ont tout un tas de solutions
03:02qui vont permettre aux banques de vérifier, par exemple, que le mobile qui se connecte
03:06au compte bancaire correspond au numéro de téléphone. C'est un premier moyen d'authentification.
03:11Il y a également la capacité de vérifier la cohérence entre les données saisies sur
03:16le compte bancaire et les données que connaît votre opérateur, par exemple, votre nom ou
03:20votre adresse. Et puis, il y a tout un tas d'autres API, notamment les SimVerify qui
03:24vont permettre de vérifier que le numéro n'a pas changé très récemment, ce qui serait
03:29aussi suspicieux dans le cadre d'opérations bancaires d'envergure.
03:31Et au-delà de la fraude, d'autres usages ?
03:35Alors oui. Déjà, rappelez que la fraude, ça va être effectivement le premier achet,
03:39la sécurité informatique. 80% des entreprises françaises déclarent avoir subi des tentatives
03:43de fraude et c'est un chiffre en croissance de 40%. Donc, ça sera évidemment central.
03:47Mais effectivement, les opérateurs anticipent une grande variété d'usages. Par exemple,
03:50ça va être des services de géolocalisation qui vont utiliser les réseaux cellulaires.
03:54On va pouvoir utiliser la triangulation, donc un alternative au GPS. On va aussi avoir
04:00des API, par exemple, pour calculer la taille d'une foule ou mesurer les densités de
04:04population. Ça peut être utilisé dans l'univers événementiel ou dans le domaine
04:08de la sécurité. Et puis, il y a également de très nombreuses API qui sont annoncées.
04:13Grosso modo, l'objectif, c'est de simplifier l'expérience d'utilisateur. Donc, on va simplifier
04:17la saisie de données, simplifier un paiement, optimiser la qualité de la bande passante.
04:21Au total, il y a pratiquement une centaine d'API qui sont aujourd'hui proposées par
04:25le projet Camara.
04:26Et ça représente un business, ces API telco ?
04:29Alors, selon des projections du cabinet ABI Research, ce nouveau segment de marché,
04:35telco API, pourrait générer 13,4 milliards de dollars de revenus d'ici 2028. C'est à peu
04:40près trois ans. 5,3 milliards pour les API de sécurité, 5 milliards pour l'analyse de
04:46la qualité et 3 milliards pour le NAS, le Network as a Service. Les opérateurs qui
04:52sont à la recherche de nouveaux relais de croissance, après 20 ans de développement
04:55de leur réseau, sont évidemment très intéressés par ce nouveau business. Et normalement,
04:58ils devraient profiter du prochain Mobile World Congress, fin février à Barcelone,
05:02pour annoncer la création d'un joint venture avec Ericsson, pour développer tout ce business.
05:08Ah, donc vous avez déjà des infos pour ce qui va se passer en février. Mais on suivra
05:11ça avec vous, bien évidemment. Merci beaucoup Jérôme Bouteillier. Je rappelle que vous
05:15êtes le fondateur d'EcransMobiles.fr. Et merci à tous de nous suivre sur la chaîne
05:19Bsmart4Change. C'était Smartech. Vous nous écoutez également en podcast. Merci beaucoup
05:24de votre fidélité. A très bientôt.

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