Thierry Guerrier avec Xavier Gorce, Florence Bergeaud-Blacker, Delphyne Dabezies
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00:00Et dans l'œil de l'expert, jusqu'à 13h, la semaine prochaine, ce sera André Berkhoff qui sera de retour.
00:04Dans l'œil de l'expert, ce matin, nous revenons, notamment, en première partie, sur un de ces événements
00:10qui va marquer le début de cette nouvelle année 2025.
00:14On se serait bien passé de cet hommage, de cette commémoration plutôt, mais il faut le faire.
00:18Nous sommes 10 ans après l'attentat de Charlie Hebdo, qui a vu la rédaction du journal « 12 personnes assassinées »,
00:25rédaction décimée par les terroristes islamistes Kabu, Bernard Maris, Volinsky et leurs camarades qui ont été assassinés.
00:34Et puis, vous le savez, c'est l'Hypercacher, c'est Montrouge, c'est bien sûr le Bataclan, Toulouse auparavant,
00:40Samuel Paty aussi, bien sûr, les profs Égorger.
00:43Bref, on va évoquer leur mémoire et surtout s'interroger sur les enseignements qu'on a, ou non, tirés de ce drame.
00:50Mais avec nous, pour cela, deux experts, avec le dessinateur de presse qu'on salue, Xavier Gorce.
00:56Bonjour Xavier Gorce, vous êtes avec nous en ligne.
00:59– Oui, bonjour.
01:00– Vous êtes, Xavier, l'auteur de ces petits pingouins qu'on retrouve dans le point,
01:05après les avoir suivis longtemps dans le monde, et qui sont, ces petits pingouins,
01:08des auteurs de formules un peu assassines, un peu ironiques, très, en effet, très humoristiques.
01:16Et puis Florence Bergeau-Blaquer, vous êtes avec nous, bonjour Madame Bergeau-Blaquer.
01:22Vous êtes là, Florence ?
01:23– Oui, bonjour monsieur, je vous entends.
01:25– Vous êtes anthropologue, on vous connaît comme chercheuse au CNRS, présidente du CERIF.
01:31Vous êtes la grande spécialiste de l'organisation des frères musulmans,
01:34que vous étudiez, que vous suivez depuis des années.
01:36Vous avez publié « Le frérisme et ses réseaux » aux éditions Odile Jacob.
01:40Alors, on va parler bien sûr de la façon dont on, aujourd'hui, réduit ou non,
01:46auto-censure notre liberté d'expression, voire de blasphémer.
01:50Mais l'actualité, c'est l'attentat commis il y a quelques heures en Louisiane.
01:56Et on dit « Daesh », à nouveau, l'État islamiste,
01:59l'islamisme radical a frappé une nouvelle fois.
02:01Est-ce que vous pouvez dire, vous considérez qu'aujourd'hui,
02:04vous qui surveillez de très près, Florence Bergeau-Blaquer,
02:07ces groupes radicaux et qui nous menacent,
02:11qu'aujourd'hui, l'État islamique et Daesh ont repris du poil de la bête ?
02:16Alors, certainement, parce qu'on voit qu'en Syrie, les choses ont bougé.
02:20Donc, évidemment, on va entendre parler de Daesh,
02:23on va entendre parler des autres factions de l'islam politique.
02:27Mais pour revenir à l'affaire des attentats de Charlie, on parle de quoi ?
02:32On parle d'attentats djihadistes, bien sûr,
02:34mais d'une forme de terrorisme qui est inspiré par un projet islamiste
02:39qui conduit à la violence.
02:41Et c'est ce projet islamiste de conquête mondiale
02:45qu'on retrouve aux États-Unis, en France ou ailleurs,
02:48on le trouve donc chez les frères musulmans.
02:51Et c'est cette organisation d'origine égyptienne qui s'est répandue,
02:55qui a répandu son idéologie, que j'appelle frérisme,
02:58depuis un siècle maintenant sur tous les continents,
03:01et notamment en Europe.
03:03Et c'est cette idéologie-là qui a frappé Charlie Hebdo,
03:06et non pas les quelques frères kwachis qui sont endoctrinés par cette idéologie.
03:12Et c'est, si donc nous voulons aujourd'hui combattre cette violence,
03:16il nous faut combattre cette idéologie, son projet, sa stratégie.
03:20Mais Florence Bergeau-Blaquer, j'entends déjà les critiques qui vont dire
03:23mais enfin, c'était il y a dix ans, c'est normal de commémorer,
03:26mais en même temps, vous en faites trop, vous faites peur,
03:29la menace n'est plus si grande.
03:30Qu'est-ce qu'il en est, à vos yeux, aujourd'hui, de l'état de la menace,
03:33notamment pour nous en Europe, ici et en France en particulier ?
03:36Alors il y a des chiffres qui circulent, on peut leur faire confiance,
03:39il y a environ 250 000 victimes de l'islamisme depuis une trentaine d'années.
03:45Les choses ne s'arrangent pas, on voit que l'islamisme fait de plus en plus de victimes,
03:51mais après, il ne faut pas compter seulement le nombre de morts.
03:53Mais ce n'est pas que du terrorisme, c'est aussi un projet de société.
03:57C'est ça, il faut considérer aussi qu'à travers son idéologie,
04:01c'est une idéologie qui est de nature subversive,
04:05et c'est en cela surtout que réside son danger,
04:09que ce soit par l'endoctrinement, bien sûr,
04:15et surtout par ses capacités à détruire les antidotes que l'on peut lui retourner,
04:23c'est-à-dire généralement s'attaquer à ceux qui font la culture, l'humour,
04:29à tous ceux qui produisent la connaissance universitaire,
04:32au renseignement aussi, les frères s'attaquent justement à nos antidotes.
04:37Et c'est pour ça que nous devons nous réveiller,
04:40et peut-être utiliser pas seulement des armes lourdes,
04:44mais aussi des armes intelligentes.
04:46Nous devons apprendre, faire comprendre aux Français de quoi il s'agit exactement,
04:51et lever ce tabou.
04:52Oui, parce qu'on a beaucoup dit, énormément de gens se sont mobilisés,
04:57on l'a dit, je suis Charlie, à l'époque Xavier Gorce,
05:00et parce qu'il s'agissait de défendre le droit de ces humoristes,
05:03même quand on ne partageait pas leur humour,
05:06parfois qu'on trouvait trop vulgaire ou agressif à l'égard des religions,
05:10et bien il fallait défendre cette idée du droit à l'opinion et à l'expression,
05:15y compris du blasphème, de dire du mal d'une religion,
05:18de dire non, je ne crois pas que Jésus existe,
05:21ou que la Vierge ait été vierge, par exemple,
05:23je ne crois pas à cette virginité,
05:25et puis Mahomet, ce n'est pas le représentant de Dieu.
05:28Le fait de l'avoir écrit ou dessiné,
05:30ça a amené à l'assassinat de nos confrères.
05:33Aujourd'hui, dix ans après,
05:36est-ce que vous considérez que vous êtes menacé, vous,
05:38les humoristes qui cherchez à dire les choses, ou pas ?
05:41Xavier Gorce, les pingouins.
05:43Oui, on a une augmentation de la pression qui est due principalement
05:47au phénomène des réseaux sociaux,
05:49où on a des effets de masse qui n'existaient pas précédemment.
05:53Dans la menace, notamment.
05:55Oui, dans la menace, et puis dans l'intimidation,
05:58donc on rencontre effectivement ce phénomène-là.
06:01Moi, ce que je voudrais dire surtout, c'est que le rire,
06:04le rire, c'est une arme contre le sacré.
06:07Le sacré, c'est la notion de sacré,
06:09tout le monde, chacun peut avoir une part de chose jugée sacrée
06:15contre laquelle il ne veut pas déroger,
06:20mais on ne peut pas imposer son sacré aux autres.
06:23Et le rire est une façon d'opposer quelque chose qui est incontestable
06:28à quelque chose qui se dit incontestable, sacré,
06:32une arme de défense qui est une sorte d'anticorps au sacré.
06:35Oui, mais vous vous dites finalement, la pression est toujours là,
06:39est-ce que vous vous auto-censurez ?
06:41Est-ce que quand vous commencez un dessin, aujourd'hui,
06:43vous vous dites, ah, il faut que je fasse attention quand même ?
06:46Ça, c'est pas nouveau, je fais toujours attention,
06:49c'est-à-dire que le principe de responsabilité,
06:52ce n'est pas le fait de ne pas dire des choses qui ne vont pas plaire,
06:55c'est d'essayer de dire des choses qui sont justes et qui sont bien pesées.
06:58Donc le travail de dessinateur, mais comme de tout créateur,
07:01de journaliste, etc., c'est justement de poser les choses qu'on va dire,
07:05de réfléchir à son expression et d'essayer de faire des choses...
07:09Non mais d'accord, mais est-ce que vous vous censurez
07:11au sens où vous n'osez plus aller trop loin
07:14dans la critique des religieux, par exemple ?
07:17Ah non, non, je ne crois pas, pas du tout.
07:19Non, non, je crois au contraire que le but,
07:24la raison d'être du dessin de presse,
07:26c'est au contraire d'aller planter le stylo
07:29dans les zones sensibles.
07:32Alors Florence Bergeot-Blaquer, je reviens vers vous,
07:34parce que vous êtes enseignante, vous êtes universitaire,
07:37docteur en anthropologie, et vous avez certaines de vos conférences
07:40qui ont été interdites ou en tout cas qui ont été annulées
07:43parce que certaines universités n'osaient plus vous donner la parole.
07:47Qu'est-ce qu'il en est aujourd'hui de cette autocensure ?
07:49Est-ce qu'elle continue à sévir à l'université ?
07:52Alors ça, dans les universités, on n'a pas seulement de l'autocensure,
07:57on a de la censure.
07:59Donc là, c'est particulier.
08:02Par contre, c'est vrai que dans les écoles,
08:04on voit que les professeurs sont majoritaires à s'autocensurer.
08:07Il y a des enseignements qu'ils font à moitié
08:11pour ne pas recevoir des critiques et éventuellement des menaces.
08:18Donc ils se sentent en insécurité.
08:21Moi, mon travail, et c'est la raison pour laquelle je ne m'autocensure pas,
08:25c'est parce que je travaille sur les frères musulmans.
08:27J'essaie de mettre en lumière comment ils agissent,
08:30parce qu'il faut que les citoyens,
08:32puisque les élus ne peuvent pas faire grand-chose
08:36ou ne veulent pas faire grand-chose,
08:38comprennent comment ils agissent.
08:40Et c'est ça qui va nous permettre de sortir de ce problème,
08:44c'est comprendre comment ils agissent,
08:46parce qu'ils arrivent toujours très doucement.
08:48Donnez-nous des exemples de ce contre quoi on doit être vigilant,
08:53c'est quoi ces actions souterraines insidieuses dans la société
08:57pour nous amener à ne plus être ce que nous sommes ?
09:00D'abord, c'est une guerre psychologique
09:03qui vise, chaque fois que nous essayons de nous défendre de ce qu'ils font,
09:07à nous faire culpabiliser.
09:10Vous avez voulu une société multiculturelle
09:13et pourtant nous sommes cette autre culture
09:15et vous ne nous acceptez pas tels que nous sommes
09:17avec nos valeurs, nos traditions, nos lois.
09:19Donc vous ne faites pas ce que vous dites.
09:22Vous avez renoncé à vos valeurs d'ouverture,
09:24vous n'êtes pas vraiment des démocrates.
09:26On n'a jamais dit qu'accueillir des gens
09:28voulait dire qu'on allait modifier nos règles fondamentales
09:31sur le respect des femmes, l'égalité homme-femme par exemple.
09:34On n'a jamais dit ça.
09:35Et pourquoi nous culpabiliser pour ça ?
09:37On ne l'a pas dit, si malheureusement.
09:40C'est de fait ce que l'on observe.
09:44C'est-à-dire à partir du moment où vous êtes taxé de raciste ou d'islamophobe
09:48parce que vous vous opposez à la présence par exemple
09:51de femmes voilées durant les sorties scolaires,
09:53ça y est, vous êtes prié de vous taire
09:57et on n'écoute pas vos arguments.
09:59Donc il y a ce qu'on n'a pas voulu
10:02mais il y a ce qu'on est obligé de faire
10:05parce que sinon on peut recevoir pas seulement des insultes
10:11mais ça peut vous poser des problèmes dans votre travail,
10:13votre voisinage, vos amis, etc.
10:15Donc c'est un risque réputationnel comme on dit précisément.
10:20Ce discours extrêmement culpabilisateur, il fonctionne.
10:26C'est notre rôle de chercheur
10:30et en général de tous ceux qui s'occupent de ce problème de l'influence frériste
10:37de déculpabiliser les individus afin qu'ils puissent mieux se défendre,
10:41avoir l'esprit clair pour pouvoir argumenter.
10:45Parce que la première attaque est d'abord psychologique avant d'être physique.
10:49Et vous-même, vous me disiez, il y a de la censure dans l'université,
10:53vous avez publié le frérisme et ses réseaux chez Odile Jacob qui cartonnent
10:57parce que finalement même vos adversaires veulent le lire
10:59pour essayer de comprendre ce qu'il se passe.
11:01On vous interdit de venir expliquer ou participer à des débats aujourd'hui dans l'université ?
11:07Ou qui ? De quoi vous nous parlez quand vous parlez de censure ?
11:10Vous savez, ça ne se passe pas comme ça
11:12mais de fait, on ne m'invite plus dans les milieux universitaires.
11:16Je ne suis pas, je ne reçois pas d'invitation donc je n'y vais pas.
11:21Ça se passe comme ça.
11:23Et quand on m'invite, au dernier moment, finalement, il n'y a plus de salle,
11:28finalement, il y avait des examens, etc.
11:30Donc c'est comme ça que ça se passe.
11:32La censure, elle n'est évidemment pas directe.
11:35Xavier Gorce, on se souvient qu'il y avait eu une polémique
11:38et vous avez décidé de quitter le monde
11:40parce que sur un de vos dessins, le Monde avait fini par présenter ses excuses
11:44au journal Le Monde, ses excuses sur un doute.
11:47Il faut peut-être nous rappeler cette histoire.
11:49Et là, on est dans une autocensure qui n'est pas directement liée à l'islamisme
11:52mais c'est une sorte de vice ou de virus qui nous contamine.
11:58Oui, alors c'est comme vient de le dire Florence Bergeau-Blacklare,
12:05il y a une question psychologique qui est faite,
12:08on l'a appelée autrefois le terrorisme intellectuel,
12:10qui est une façon, pareil, c'est une forme de terrorisme
12:12parce que ça fonctionne sur le registre de la peur.
12:15Et le problème, c'est quand il y a les décisionnaires,
12:19que ce soit des directions d'écoles, de facs, d'entreprises de presse,
12:25de salles de spectacle, etc.,
12:27pour ne pas prendre de risques,
12:29pour ne pas mettre en jeu que ce soit leur réputation,
12:33leur vente pour les aspects peut-être les plus vénaux,
12:38préfèrent faire marche arrière et ne pas soutenir une expression
12:44et donc se coucher d'une certaine façon face à la menace.
12:49Et effectivement, comme il a été dit, c'est quelque chose qui est efficace
12:53parce que malheureusement, la lâcheté est un moteur pour le terrorisme.
12:57Florence Bergeau-Blacklare, juste un dernier mot à propos du procès Samuel Paty.
13:03Les avocats notamment de ceux qui ont été condamnés
13:08alors que les juges ont considéré que finalement,
13:12ils avaient établi les conditions de la commission d'une infraction terroriste
13:17et notamment évidemment de ce qui est arrivé au professeur Samuel Paty,
13:21aujourd'hui crient à l'injustice et remettent en cause la décision du tribunal.
13:27Alors ça ira sans doute en appel.
13:29Quel est l'appel pour vous comme réflexion ?
13:32Bon là, on est dans le cadre d'un procès.
13:34Il est évident que ceux qui ont défendu ont perdu la partie.
13:37Ils vont vouloir aller en appel.
13:40C'est de bonne guerre, si je puis dire.
13:42Mais ce qui se passe dans le procès, c'est une chose.
13:45Et la réflexion à laquelle ça doit nous conduire, ce qui s'est passé,
13:48doit être beaucoup plus large que ça.
13:50Et on doit inviter, je dirais, que ce soit les élus locaux, etc.
13:56à des réflexions sur ça.
13:58Le procès, ça ne suffit pas.
13:59Maintenant, il va falloir qu'on réfléchisse beaucoup plus largement
14:02dans les endroits où ça se passe, c'est-à-dire dans les écoles,
14:05dans les hôpitaux, dans les prisons.
14:07Il faut qu'on ait une réflexion beaucoup plus globale sur la menace intelligente,
14:11c'est-à-dire la guerre psychologique.
14:14On parle de djihad, mais djihad, ça veut dire guerre.
14:17Très concrètement, Florence Bergeau-Blaquer.
14:19Par exemple, dans la société, qu'est-ce qu'il faut surveiller aujourd'hui ?
14:23Sur quoi il faut-il être vigilant ?
14:25Quels seraient les signaux de cette pénétration insidieuse,
14:29de cette volonté de nous déstabiliser ?
14:32Pour être très bref,
14:34tous les discours sur l'islamophobie sont suspects à mes yeux.
14:37Puisque l'islamophobie est un dispositif
14:40élaboré par les frères musulmans dès les années 80-90
14:44pour empêcher toute réflexion sur ce phénomène.
14:48L'islamophobie, l'antiracisme,
14:51toutes ces mouvances-là décolonialistes
14:57sont suspects à mes yeux de véhiculer cette idéologie.
15:01En tout cas, sur Sud Radio, on vous réinvitera.
15:04Florence Bergeau-Blaquer, anthropologue, chercheuse au CNRS
15:08et auteur du frérisme et de ses réseaux aux éditions Odile Jacob.
15:14Et bien sûr, Xavier Gorge, qu'on retrouve notamment dans Le Point.
15:17On vous réinvitera aussi, Xavier.
15:19Merci à vous deux d'avoir été et bonne année 2025,
15:22malgré ces hommages un peu difficiles.
15:24À bientôt sur Sud Radio.
15:27On reste avec l'œil de l'expert.
15:29Et bien écoutez, je vais tout simplement vous proposer du caviar,
15:32pas moins, pour finir cette séquence.
15:35Avant que vous ne vous retrouviez la semaine prochaine,
15:36André Berdkoff et Valérie Expert.
15:38Dernière séquence de l'œil de l'expert ce matin avant 13h.
15:43Je voulais conclure cette semaine avec vous.
15:46J'ai passé à vous accompagner pendant les fêtes sur cette séquence
15:49en vous offrant un produit luxe.
15:52Et quel luxe en vous offrant du caviar.
15:54Et vous allez voir que c'est très concret.
15:56Alors bien sûr, on est à la radio.
15:58Malheureusement, je ne peux pas vous proposer à tous et à toutes du caviar.
16:01Mais c'est du caviar produit par des Français.
16:03C'est une aventure, une success story, un succès industriel
16:07d'une entreprise qui a été inventée par trois fondateurs ingénieurs.
16:12Au départ, ils se connaissent quand ils font leurs études à Paris.
16:15En école d'ingénieurs.
16:17Delphine Dabzy qui est avec nous.
16:19Bonjour, vous êtes l'une des co-fondatrices de ce Rova Caviar.
16:22Cette marque dont vous allez nous parler.
16:24Bonjour Delphine.
16:25Bonjour Thierry Guerrier.
16:26Vous êtes avec Christophe et Alexandre.
16:29Vous avez tous les trois fait vos études.
16:31Monté une entreprise à Madagascar de textiles.
16:34Notamment pour les grands du luxe en France.
16:37Et puis un jour, vous allez nous dire
16:39qu'est-ce qui se passe dans la tête de l'un d'entre vous.
16:41Vous n'êtes pas du tout pisciculteur.
16:43Et vous vous dites, on va élever là-bas,
16:45puisqu'on travaille à Madagascar,
16:47dans cette région, dans cette île,
16:49qui est à l'est, sud-est de l'Afrique.
16:51On va élever des esturgeons, ces magnifiques poissons.
16:54Et puis on va faire du caviar,
16:56en gros à la malgache et à la française.
16:58Et aujourd'hui, disons les choses tout de suite,
17:00c'est un carton.
17:01Ça fonctionne très bien puisque vos œufs de caviar
17:05sont sur les tables du Crion
17:07et de plusieurs grands chefs français.
17:09Comment est venue cette idée folle d'Elphine Dabzy
17:12tout d'un coup, alors que vous n'y connaissiez rien,
17:14d'imaginer produire du caviar ?
17:16Alors, c'est mon mari Christophe
17:18qui a regardé un reportage télévisé
17:21sur le caviar d'Aquitaine.
17:22Ah oui, Aquitaine des caviars français.
17:24Exactement.
17:25Et il s'est dit, tiens, c'est une idée assez sympa.
17:28On est tous les trois gastronomes.
17:30On aime relever les défis.
17:32Pourquoi pas le faire à Madagascar ?
17:33Et alors pourquoi ?
17:34Parce que vous y étiez.
17:35Mais parce qu'il se trouve qu'à Madagascar,
17:37il y a des conditions spécifiques climatiques
17:40et pour l'eau
17:41qui vous permettent d'être à la fois des producteurs.
17:446 tonnes par an, vous produisez à peu près 10 tonnes.
17:47Et puis, alors que le concurrent chinois,
17:49c'est 250 à 400 tonnes par an, je crois.
17:52Donc voilà, on est dans une autre dimension.
17:54Et pourtant, là, il y a des conditions
17:57qui vous permettent d'être à la fois productifs,
17:59de très grandes qualités
18:00et en respectant la transition écologique,
18:02l'écologie, la nature.
18:04Expliquez-nous.
18:05Exactement.
18:06Alors, Madagascar, c'est un pays exceptionnel,
18:08tant par son climat que finalement son terroir.
18:11Et contre toute attente,
18:13puisque les experts avaient donné ce projet
18:16complètement perdant.
18:17Tout le monde vous avait déconseillé d'y aller ?
18:19À tout le monde.
18:20Tout le monde avait dit c'est un projet fou,
18:21n'y allez pas, ça ne marchera pas.
18:23Tous les experts.
18:24Sauf un.
18:25Un pré-retraité, François René,
18:27qui a cru en notre projet.
18:29Qui travaillait à l'IFRENER,
18:30c'est-à-dire quand même un institut national
18:31qui est très, très compétent
18:33en matière maritime et de poissons.
18:36C'est ça.
18:38Pendant ses vacances,
18:39il est venu avec son épouse,
18:40il nous a aidés,
18:41et c'est lui qui a posé les premiers galons
18:44de cette entreprise.
18:45Oui, parce qu'il faut expliquer,
18:46situé pour nos auditrices et nos auditeurs,
18:48en réalité, ça se passe à Madagascar,
18:51sur les hauts plateaux.
18:52Et là, il se trouve qu'il y a une étendue d'eau,
18:54un lac qui est artificiel,
18:55qui est devenu un lac naturel là-bas.
18:57Une étendue d'eau douce,
19:01qui n'est pas trop froide l'hiver,
19:04qui n'est pas trop chaude l'été,
19:05et qui, du coup, vous permet là,
19:07d'un jour, vous avez importé des esturgeons,
19:09il y avait aussi des esturgeons,
19:10et puis de les nourrir, de les élever.
19:13Expliquez-nous comment vous faites.
19:14Oui, alors en fait, contre toute attente,
19:17on s'est rendu compte que le climat était exceptionnel.
19:20Au départ, ça a été quand même assez compliqué
19:23d'importer les oeufs fécondés de Russie.
19:25Au départ, il fallait lancer la machine,
19:26si j'ose dire, le processus.
19:28C'est ça.
19:29On a eu quatre échecs.
19:30Heureusement, le cinquième a fonctionné.
19:34Vous étiez au bord d'arrêter.
19:35Oui, voilà, c'est ça.
19:36On s'est dit s'ils avaient tous raison, finalement,
19:38mais non, ils avaient tort,
19:39et donc le projet a bien fonctionné,
19:41et les esturgeons se sont parfaitement adaptés
19:44à Madagascar, où ils grandissent,
19:46finalement, plus rapidement qu'ailleurs,
19:50plus rapidement qu'en hémisphère nord.
19:51Je ne suis pas un expert du caviar,
19:53j'en mange très rarement,
19:55sauf si c'est évidemment très cher,
19:57mais j'ai découvert en préparant cette interview
20:00qu'il y avait au moins six catégories,
20:02six races d'esturgeons,
20:04du beluga, très connu,
20:06jusqu'à d'autres dont je n'ai pas retenu les noms,
20:09et donc des très anciens,
20:11qui viennent plutôt des mers froides, d'habitude.
20:14Oui, c'est ça, en fait.
20:15Je crois qu'il existe 23 espèces d'esturgeons.
20:18Alors nous, exceptionnellement,
20:19nous en avons six en élevage,
20:21ce qui est incroyable pour un élevage,
20:23puisque normalement on en élève deux, maximum trois.
20:26Et la particularité de notre élevage,
20:29c'est d'avoir réussi un petit peu
20:31à ressusciter deux espèces
20:33qui étaient complètement disparues
20:35et qui ont été retrouvées dans le milieu sauvage.
20:37C'est quoi les noms de ces espèces ?
20:38Faites-nous rêver avec ces noms !
20:39Alors, c'est du persécus, en fait.
20:41C'est un ossiètre d'origine iranienne.
20:43L'ossiètre, donc qui est une race de poissons.
20:45Voilà.
20:46Et en fait, les...
20:47Persécus.
20:48Persécus, oui.
20:50Et en fait, il rappelle le goût du caviar d'antan,
20:53donc il a un succès assez incroyable auprès des chefs.
20:57J'ai su que vous aviez organisé à Paris
20:59un repas tout caviar
21:01pour inciter les grands chefs.
21:03Donc vous aviez invité 23 chefs
21:05et à un moment donné, il y en a un qui a dit
21:07« Mais quel goût ! »
21:08parce que lui connaissait ça,
21:09cette histoire de ce goût.
21:10Et vous avez permis de le renouveler,
21:13de le perpétuer,
21:14alors qu'il n'existait quasiment plus dans le monde.
21:16Oui, il n'existait plus du tout.
21:17Il était déclaré disparu,
21:19comme les dinosaures,
21:20de la même famille que les dinosaures.
21:22Et finalement, ce goût qui est réapparu,
21:25séduit de grands chefs,
21:27et nous avons même eu 2 kilos de caviar
21:30chipova suprême,
21:31donc une espèce disparue
21:32que plus personne ne connaît à aujourd'hui,
21:35et qui nous a donné aussi 2 kilos de caviar blanc.
21:38Alors il y a ces caviars d'exception
21:40qui sont jusqu'à 15 000 euros le kilo, j'ai vu.
21:43Bon, ça c'est de la folie,
21:44j'y goûterai jamais non plus.
21:46Mais vous essayez de créer aussi,
21:49de produire du caviar,
21:50peut-être pas grand public,
21:51mais tout de même,
21:52avec un meilleur rapport qualité-frit
21:54pour que d'autres finissent aussi
21:57par goûter ces produits,
21:59des gens plus modestes.
22:00Oui, tout à fait.
22:01Chacun d'entre nous, si j'ose dire.
22:02Exactement, en fait,
22:03nous avons une deuxième marque
22:05qui s'appelle Casenoderm Caviar,
22:07et qui permet de goûter ce caviar
22:09qui est évidemment produit
22:10dans les mêmes conditions d'élevage,
22:13mais avec un prix moins élevé
22:17que Rovacaviar.
22:18Et vous vous parlez avec vos concurrents français
22:20de la Gironde,
22:21qui ont pris ce risque aussi un jour,
22:22et qui ont fait une très belle réussite ?
22:24On ne se parle pas beaucoup
22:26parce qu'on est assez éloignés.
22:28Oui, puis c'est Malagascar et Bordeaux,
22:30c'est pas du tout le même.
22:31En fait, on n'a pas intérêt à être concurrent,
22:32puisqu'on est tous des producteurs de caviar
22:34et chacun a ses forces.
22:36Après, nous, on essaye de mener notre affaire
22:39de manière un peu différente.
22:41Oui, parce que votre idée,
22:43c'est que tout le monde court
22:45après l'impact carbone de son activité,
22:48de son industrie,
22:49et vous vous êtes dit
22:50on va produire la nourriture de nos poissons
22:52sur place, là encore,
22:53parce que la terre malgache est très riche,
22:55et vous produisez votre pâte de riz,
22:57des choses comme ça,
22:58pour que les esturgeons soient nourris localement
23:01et que du coup,
23:02l'impact carbone de votre caviar,
23:04dont les petites voies de voyage
23:05évidemment ensuite dans le monde,
23:06mais dont initialement,
23:08ce qui aurait été le plus dur
23:09pour l'impact carbone et la transition écologique,
23:11c'est la nourriture des poissons,
23:12vous la produisez sur place.
23:13C'est magnifique.
23:14On peut le trouver où en France ?
23:16Votre caviar, j'ai dit le Crion ?
23:18Vous le trouverez donc exactement,
23:20dans des palaces,
23:22il faut y aller,
23:23le chef Boris Campanella
23:25vous fera une aventure exceptionnelle.
23:27On est également à l'hôtel du Palais de Biarritz,
23:30le grand palace français,
23:32Biarritz bien sûr,
23:33magnifique hôtel,
23:35un des plus beaux de France.
23:36Avec le chef Christophe Scheller
23:37qui sublime le caviar à merveille,
23:39on est également au Meibourne-Riviera
23:41de Maroc ou le Gréco,
23:42au-dessus de Monaco,
23:44et au Cheval Blanc des Seychelles,
23:46pour les palaces,
23:47et ensuite nous avons des chefs étoilés
23:49qui sont très très pointus
23:50et orientés produits,
23:51comme le chef Yohann Chapuis ou Chabour,
23:54qui justement a offert une expérience
23:56avec le caviar blanc à Noël à ses clients.
23:58Écoutez Delphine Dabzy,
24:01donc revas de caviar,
24:02des français qui ont lancé,
24:05avec des gros risques au départ,
24:07vous avez mis votre propre argent,
24:08tous les trois,
24:09et puis quatre échecs,
24:10et puis une réussite,
24:12et c'est parti depuis quelques années,
24:13aujourd'hui vous êtes sur les tables,
24:14c'est une belle réussite industrielle
24:16et commerciale,
24:17et d'entrepreneurs français.
24:19On voulait finir avec du positif,
24:21sur cette semaine où je vous ai accompagné,
24:23à la place de Valérie Expert
24:24et un peu André Bercoff,
24:25ici sur Sud Radio,
24:27avec ce caviar.
24:28Je remercie Delphine Dabzy
24:30d'avoir été notre invitée.
24:31Je vous souhaite à toutes et à tous
24:33de rester fidèles à Sud Radio,
24:35fidèles avec non seulement les 2025,
24:37mais davantage encore bien sûr,
24:39et une très très bonne année,
24:41avec l'espoir de vous retrouver bien sûr,
24:43sur l'antenne dans quelques jours,
24:45dans quelques semaines peut-être.
24:46En tout cas, je vous embrasse tous,
24:47et je vous souhaite une très très bonne année,
24:49avec nous, sur Sud Radio.