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Anne Fulda reçoit Bambou pour son livre «Pas à pas dans la nuit» dans #HDLivres 

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Transcription
00:00Bienvenue à l'heure des livres, Bambou. On est ravis de vous recevoir, mannequin, chanteuse.
00:06Vous venez de publier un très joli livre qui s'appelle Pas à pas dans la nuit,
00:10un livre qui est paru chez Ixo édition, un livre autobiographique dans lequel vous revenez
00:15notamment sur votre enfance fracassée, on pourrait dire, mais aussi sur l'amour
00:21qui vous a uni à Serge Gainsbourg, un amour a priori improbable sur le papier
00:27entre deux écorchés vifs mais dont vous parlez très bien.
00:31Votre livre commence d'abord par l'évocation de Barraud Blanc, qui vous rappelle ceux du lit
00:39de l'assistance publique où vous avez été, parce que vous le racontez,
00:45vous avez été un enfant qui a été abandonné, puis qui a été recueilli.
00:50Dans une famille d'accueil, on a l'impression que le mot ne convient pas
00:54parce que vous les appelez les Ténardiers et c'est un enfer qui vous font vivre.
00:59Oui, mais avant d'être placée chez les Ténardiers, je suis restée entre 6 mois et 1 an
01:09à l'assistance publique.
01:11D'où les Barraud Blancs qui reviennent dans les rêves.
01:14Et j'ai été placée dans cette famille horrible, qui me battait, qui m'affamait.
01:26C'était un cauchemar.
01:33Parce qu'ils avaient deux filles, ils voulaient que vous les appeliez papa et maman,
01:39ce qui était impossible pour vous, puisqu'ils vous traitaient comme quelqu'un
01:46qu'ils avaient désiré martyriser et mettre à leur service.
01:50Oui, ils étaient payés par le gouvernement pour nous garder,
01:55donc ils nous prenaient juste pour ça.
01:58Et ils avaient des esclaves à leur service, gratuits.
02:03On a l'impression que les premières années de votre vie sont un cauchemar
02:08qui n'en finit pas, parce que dans un premier temps, l'école,
02:11qui aurait pu être une espèce d'avre de paix, est aussi compliquée pour vous.
02:15Oui, parce qu'ils disaient que c'était raciste.
02:20Vous vous appelez la Jaune.
02:22Oui, la Jaune, et moi je ne comprenais pas pourquoi.
02:25Je l'ai compris quand ma mère est venue me voir la première fois à 8 ans.
02:30J'ai compris pourquoi on m'appelait la Jaune, parce qu'elle était chinoise.
02:36Je regardais ma peau et je me disais que je ne suis pas jaune.
02:42Cette mère va venir plus tard, une fois passé votre adolescence,
02:49après que vous ayez quand même fait deux tentatives de suicide
02:52alors que vous avez moins de 10 ans, ce qui prouve l'horreur que vous avez traversée.
02:58Oui, la première à 8 ans. Je me suis ouvert les veines.
03:03Elle vient vous chercher, mais ce n'est pas du tout la fin du cauchemar.
03:06Vous dormez chez elle dans une chambre où il n'y a pas de lit, même le sol.
03:10Ce qui vous sauve peu à peu, on voit, c'est la lecture.
03:14La lecture, oui. Dès l'âge de 11 ans, je lisais tout ce qui se trouvait, même la Bible.
03:23Et puis vous découvrez aussi, vous entendez à cette époque-là,
03:28pas que Gainsbourg, mais notamment Gainsbourg,
03:31l'album « L'homme à la tête de chou » et cette fameuse chanson « Melody Nelson ».
03:35Oui, « Marie-Louise Sous la neige » et « Melody Nelson », bien évidemment.
03:42Et quand je le voyais à la télé, je me disais que si je devais choisir un papa,
03:46je choisirais un papa comme lui.
03:48Ça ne sera pas votre papa, mais bien des années plus tard,
03:52alors que vous avez quitté le domicile après avoir fait des petits boulots,
03:56mais aussi avoir connu la drogue.
03:59Vous prenez beaucoup d'héroïne lorsque vous le rencontrez.
04:04C'est encore quelque chose d'être très présent.
04:08Vous le rencontrez en boîte, vous racontez cette rencontre assez étonnante.
04:13Ça ne coule pas de source.
04:15Il vous aile pour que vous veniez à sa table.
04:18Vous l'envoyez un peu maladée.
04:20Oui, on s'est traité de vieux cons et de boudins.
04:23Néanmoins, une histoire naît entre vous.
04:26Une histoire d'amour.
04:28Est-ce que vous pensez que c'est vos blessures, vos ténèbres qui vous ont rapprochées ?
04:32Vous parlez le même langage, vous dites.
04:35Je pense que c'est nos blessures qui nous ont rapprochées.
04:39Et cette fascination sur la mort.
04:45Lui avait une fascination pour la mort.
04:50Il se détruisait, mais c'était un super bon vivant, Serge.
04:55Il aimait rire, manger, boire.
04:59Alors que moi, je prenais de l'héroïne, c'était pour me tuer.
05:04Je ne voulais pas vivre jusqu'à 20 ans.
05:06Il y avait quelque chose d'autodestructeur.
05:09Ce couple va continuer.
05:12Vous vous attachez à donner une image moins caricaturale
05:16que certains pourraient avoir de Serge Gainsbourg,
05:19de quelqu'un qui était raffiné, qui pouvait être drôle,
05:21qui pouvait aller dans les excès que l'on a connus.
05:24Et qui allait sans cesse en répétant que la chanson était un art mineur.
05:28Oui, il disait que pour les arts majeurs, on avait besoin d'une initiation.
05:36Alors qu'il n'était pas content de ce qu'il faisait.
05:41Jusqu'à la veille de sa mort, il disait qu'il était un vieux con,
05:44qu'il écrivait de la merde.
05:47En tout cas, vous aurez un enfant ensemble.
05:50Vous avez eu un enfant, Lucien, Lulu, qui désormais est aussi dans la chanson.
05:55Si vous voulez en savoir plus sur cette autobiographie
05:59qui s'arrête à la mort de Gainsbourg, entre 20 et 11 ans,
06:02je vous conseille vraiment de lire ce livre qui s'appelle Pas à Pas dans la nuit.
06:06C'est paru chez Ixo, édition. Merci beaucoup, Bambou.
06:09C'est moi qui vous remercie.

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