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Avec Estelle Youssouffa, députée LIOT de Mayotte

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##C_EST_A_LA_UNE-2024-12-17##

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Transcription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:03— Nous sommes en direct de Mayotte avec Estelle Youssoupha, que je remercie. Estelle Youssoupha, bonjour.
00:10— Bonjour. Bonjour à tous. — Bonjour, Estelle Youssoupha. Je rappelle que vous êtes députée Lyotte de Mayotte.
00:16Je rappelle que vous défendez... Vous êtes venue à de très nombreuses reprises ici sur l'antenne de Sud Radio.
00:21Vous défendez ardemment votre île, que vous adorez, cette île que vous avez retrouvée, que vous avez retrouvée dévastée, Estelle.
00:30— Oui. Mayotte, qu'on a connue, n'existe plus. Aujourd'hui, c'est une île qui a été quasiment rasée à zéro.
00:40Sur les bâtiments durs, 90% d'antieux n'ont plus de toit. Donc 90% des familles maores ont perdu leur toit.
00:51On a la chance de pouvoir compter sur la solidarité familiale. Donc moi, j'ai aussi perdu ma maison.
00:59Et donc avec mon frère, ma belle-sœur et mon neveu, on est réfugiés chez des cousins.
01:06Mais pour toute l'île... Mon cas est d'une rare banalité. Pour toute l'île, on n'a pas d'eau, pas d'électricité.
01:15La nourriture commence à manquer. Les routes sont peu à peu dégagées. Mais il n'y a pas de réseau téléphonique.
01:21Donc on n'arrive pas à avoir de nouvelles entre les villages. Donc il y a beaucoup, beaucoup de familles qui sont sans nouvelles des uns et des autres.
01:29Mais ce qu'on arrive à avoir par les personnes qui ont réussi à passer d'un village à un autre, c'est que les destructions sont principalement matérielles.
01:43Mais là où il y a de nombreux disparus et vraisemblablement de morts, c'est dans les bidonvilles.
01:49Donc toutes les zones qui étaient des concentrations d'habitations en tôle ont été réduites à néant.
01:58Et ce sont, à mon avis, des charniers à sel ouvert. Les personnes ont été englouties par la boue et les tôles.
02:08— Il est impossible d'établir un bilan, évidemment. Il va falloir des jours et des jours pour en avoir un.
02:14A expliqué Bruno Rotailleau, le ministre de l'Intérieur qui était sur place, qui est retourné à La Réunion.
02:21Estelle Youssoupha, l'hôpital fonctionne tant bien que mal, tant bien que mal.
02:28Emmanuel Macron a dit qu'il serait sur l'île, sur l'archipel très vite. Il a dit aussi qu'il allait décréter un deuil national.
02:37Un deuil national, c'est indispensable parce que ça permet de rappeler à beaucoup de métropolitains que Mayotte, c'est la France.
02:47— Mais je pense que grâce à vous et à beaucoup de médias qui ont beaucoup consacré de temps et de couverture médiatique à Mayotte depuis quelques années,
02:57nos compatriotes ont compris la détresse dans laquelle on était. Et on voit les messages de soutien et l'empathie, la compassion,
03:05l'élan de solidarité nationale. Et je sais qu'on peut compter sur le pays. Ce deuil national, c'est nous rappeler à nous, Mahorais, qu'on n'est pas seuls,
03:14que le reste du pays est avec nous. Mais évidemment qu'on compte sur vous tous pour nous aider, pour nous permettre de relever la tête et de reconstruire Mayotte.
03:24— Là, l'urgence, c'est qu'on arrive à maintenir un pont aérien 24 heures sur 24 en réparant la piste aérienne pour qu'elle puisse avoir des éclairages la nuit.
03:37L'hôpital a été en partie endommagé. Mais on attend un hôpital de campagne avec les militaires. Les réserves sanitaires commencent à peu à peu arriver.
03:48Mais le sujet, c'est de loger les forces de l'ordre, de loger les médecins et les soignants qui arrivent, et puis de réussir à maintenir la sécurité.
03:57Vous savez que les violences sont très nombreuses à Mayotte. Et malheureusement, elles ont commencé à reprendre de manière sporadique.
04:06Mais on voit aussi – et ça, c'est dramatique – les personnes qui ont survécu dans les bidonvilles commencer à plier les tôles pour reconstruire les bidonvilles,
04:17alors que ce sont des cimetières. Et ça, c'est dramatique, parce qu'on se dit qu'on va laisser à nouveau l'anarchie régner à Mayotte, et on peut pas l'accepter,
04:28parce que les bidonvilles, on avait demandé leur destruction. Tout le monde savait que c'était extrêmement dangereux pour les populations qui sont dedans.
04:37Et maintenant, il n'y a plus âme qui vive. Les personnes ont été enterrées vivantes pendant le cyclone. Et on n'arrive pas à compter les morts, parce que la boule est plutôt rancelle.
04:52Tout est enchevillé. Et puis on n'arrive pas à circuler de quelques centaines de mètres. Tous les services publics sont arrêtés.
05:01La préfecture, le commissariat, les bâtiments officiels ont été quasiment tous détruits. Il faut comprendre l'état de dévastation dans lequel est Mayotte.
05:12Et effectivement, on a vu très rapidement le ministre Rotaïo. Et on lui a rappelé que 10% seulement des Mahorais étaient assurés.
05:23Il va falloir un fonds spécial pour nous permettre de reconstruire les maisons privées, parce qu'on n'a rien.
05:32— On n'a rien. Et quand j'entends les polémiques, ici en métropole, ça me fait bondir. Pas vous ?
05:42— Écoutez, vous allez avoir M. Bonpart qui dit recréter mes déclarations sur LFI. C'est quand même l'hôpital qui se fout de la charité.
05:49On va juste clarifier les choses. LFI, c'est le Vendebou contre l'opération Wambushu qui voulait détruire les bidonvilles parce que c'étaient des zones
05:57d'assas libres et dangereuses. Là, ils se permettent de pointer du doigt les autorités. Je rappelle aussi que LFI conteste même que Mayotte est française,
06:07que l'un de leurs députés, le député Ratnon de La Réunion, propage un discours anti-Mahorais, veut élever carrément une frontière entre nos deux départements français
06:19et que LFI ne proteste pas, ne laisse continuer à propager un discours raciste. Donc en fait, LFI, c'est les médecins après la mort. Ils viennent et puis ils nous disent
06:31« Surtout, ne prenez aucune mesure. Vous n'avez pas d'eau, pas d'électricité, mais il faut continuer à accueillir des gens, même si c'est indigne ».
06:39Et maintenant que ces personnes sont décédées, ils rejettent à nous la culpabilité, la responsabilité. Puis moi, je les vois pas en train d'appeler
06:47à un pont aérien, à appeler à l'aide. Je les vois pas appeler tous les beaux-beaux-gauchos pour monter dans un avion, nous aider à déblayer l'île.
06:57Ils sont juste en train de faire leur politique politicienne sur nos morts et nos disparus. C'est abject.
07:04— La solidarité, je terminerai avec cela parce que c'est l'essentiel, Estelle Youssoufa. La solidarité sur l'île, vous la voyez, vous la vivez ?
07:15— Vous savez, on a été très touchés d'entendre les mots du pape. Et on a senti la compassion et la solidarité nationale et internationale.
07:24Mais Mayotte, c'est une île qui est extrêmement résiliente, qui a fait face à de nombreuses crises, qui a toujours réussi à rester debout.
07:34Et heureusement, on se serre les coudes. On est ensemble. Mais oui, on a besoin de toi, là, parce que c'est beaucoup. C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup.
07:46Et que quand on regarde un paysage où rien n'est debout, c'est un choc aussi, parce que ceux qui ont survécu ont vécu des heures traumatisantes.
07:57Moi, mon frère, ma belle-soeur et le bébé étaient sous une table, exposés au vent et aux pluies, avec le toit qui s'est arraché pendant des heures.
08:07Et ça, c'est le cas de tous les survivants. Et là, on va voir aussi les blessés qui n'ont pas réussi à accéder à l'hôpital,
08:18qui vont commencer à sortir et, peu à peu, aller vers les soins. Et on va comprendre la gravité de la situation sanitaire.
08:28Vraiment, on a besoin des renforts, de l'eau, de la nourriture et puis du sang pour les blessés.
08:35— Merci, Estelle Youssoupha. Bon courage dans tous les cas. Nous vous rappellerons, évidemment. — Merci à vous. Merci à vous et à tout votre soutien.
08:41— Merci, merci. Évidemment, nous n'oublions pas, Maillot. Ne vous inquiétez pas, nous n'oublierons pas.
08:47On va faire la pub parce que... Merci à vous. Témoignage exceptionnel sur l'antenne de Sud Radio ce matin. Il est 7 h 21. Un peu de pub.

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