Thierry Breton, ancien ministre et ex-commissaire européen au marché intérieur, était l’invité du Face-à-Face de ce lundi 16 décembre sur BFMTV et RMC.
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00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Thierry Breton, merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:07Vous êtes ancien ministre de l'économie, ancien commissaire européen au marché intérieur.
00:11Évidemment, votre regard sur cette nomination, François Bayrou qui avait fait d'ailleurs de la dette l'un des enjeux les plus importants.
00:18Ça fait 15 ans qu'il en parle, bien avant tout le monde. Sauf que ce mur de la dette qui se rappelle immédiatement à lui,
00:24puisque quelques heures après avoir été nommé à Matignon, c'est Moody's, l'agence de notation, qui a décidé spontanément de dégrader la note de la France.
00:33Ça veut dire que la France est sous surveillance. Est-ce que ce n'est pas une très mauvaise nouvelle, immédiatement comme ça, en arrivant à Matignon, Thierry Breton ?
00:41Vous savez, les agences de notation surveillent, notent les États membres, les États d'une façon générale.
00:48Et c'est vrai que compte tenu de la situation financière de la France, mais à pleine de malherbe de la situation aussi,
00:55je n'ai pas peur de le dire ce matin à votre micro, d'arrêt de la France. Parce que la France est à l'arrêt depuis maintenant quasiment un an.
01:03On a quatre premiers ministres qui se sont succédés, je ne vais pas en venir là-dessus.
01:08On a les acteurs, les agences économiques qui sont à l'arrêt, qui attendent de savoir s'ils vont investir ou pas.
01:16On a vraisemblablement un risque de restructuration importante dans nombre d'entreprises. Oui, la France est à l'arrêt. Il faut un gouvernement.
01:24La France est à l'arrêt, il faut un gouvernement. Alors, au moins, il y a déjà un premier ministre. C'est déjà pas mal.
01:29Il y a un premier ministre et puis surtout, la bonne nouvelle, si je puis dire, c'est qu'effectivement, et vous l'avez vu du reste sur le perron de Matignon
01:36à l'occasion de la passation de pouvoir avec Michel Barnier, il a placé la lutte contre la dette comme étant le premier point de son intervention.
01:44Malgré tout, vous avez raison de le rappeler, les agences de notation sont la dernière d'entre elles.
01:48On va revenir sur l'argumentaire aussi de ces agences de notation qui s'inquiètent énormément justement de l'instabilité.
01:54La fragmentation, pour reprendre le terme de Moody's, c'était la dernière qui n'avait pas encore dégradé la France.
01:59C'est chose faite. Par contre, vous avez raison, on ne s'attendait pas à ce qu'elle le fasse. Maintenant, elle a décidé de le faire.
02:06C'est vrai que c'est un peu un signal d'alarme. Désormais, ce qui est intéressant ou ce qui est important de lire, c'est qu'elle indique qu'effectivement,
02:16on va être très nettement au-dessus de 6% cette année 2024 de déficit. Je rappelle pour nos téléspectateurs que 6%, ça fait quand même 180 milliards d'euros de plus
02:26qui vont dans la dette. Mais Moody's dit également que sauf, je dirais, interventions assez significatives, voire majeures, on devrait être aussi à 6%, voire 6,2% l'année prochaine.
02:38C'est-à-dire encore près de 200 milliards dans la dette.
02:41Précisément, et alors on va prendre le temps d'écouter ce que dit Moody's. Pour l'agence de notation Moody's, elle dégrade la note souveraine de la France
02:49au vu, je cite, de la fragmentation, comme vous le disiez, politique du pays, peu propice au rétablissement rapide des finances publiques.
02:56Elle estime aussi que les finances publiques de la France seront considérablement plus faibles dans les prochaines années que ce que prévoyaient les différents hommes politiques
03:06qui se sont succédés en raison d'une fragmentation politique plus susceptible d'empêcher une consolidation budgétaire significative.
03:13Elle juge la probabilité que le prochain gouvernement réussisse à réduire durablement l'étendue du déficit budgétaire absolument impossible.
03:22L'objectif, on va le rappeler, c'était quand même de passer d'un déficit public de 6,1% du PIB cette année à 5% l'année prochaine, déjà très loin des 3%.
03:33On se souvient des 3% normalement tolérés par la Commission européenne, par les institutions.
03:37Rappelez-nous de ma l'herbe, le rôle des politiques, et en particulier quand ils sont dans la charge des finances du pays, c'est évidemment de faire mentir les agences de notation.
03:52C'est possible, c'est possible.
03:54Car si on va au bout de la note de Moody's, ils redisent que, bien entendu, si jamais la France se mettait vraiment au travail, ils reverraient leur appréciation.
04:05Eh bien voilà, c'est un peu ce signal-là qui a été envoyé vendredi à la France.
04:10Si vous ne vous mettez pas au travail, si vous ne réduisez pas la dépense publique tout en préservant la capacité à nos entreprises de continuer à travailler dans un pays,
04:21je le rappelle, qui est le pays qui a le plus haut taux de prélèvement fiscaux de tous les pays de l'OCDE.
04:29De toute façon, il n'y aura que deux recettes, il n'y aura que deux moyens de faire baisser cette dette.
04:33C'est soit vous augmentez les impôts, soit vous baissez les dépenses.
04:36D'un point de vue économique, pour moi, il n'y en a qu'une, c'est évidemment ne pas toucher au prélèvement parce qu'on ne peut pas aujourd'hui...
04:43Y compris sur les plus riches ?
04:44Mais attendez, ça c'est de la politique, je parle d'un point de vue économique, parce que, encore une fois, le rendement ensuite...
04:48Vous parlez du volume global.
04:50Bien sûr, c'est de ça dont il s'agit, d'un point de vue économique, la seule façon de faire, c'est de commencer à s'attaquer à la baisse de la dépense publique.
04:58Bien sûr, en préservant notre modèle social le mieux possible, mais en s'attaquant aux mauvaises dépenses, en préservant les bonnes dépenses et en se mettant...
05:07Vous constaterez que c'est en faisant cela que le gouvernement de Michel Marie est tombé ?
05:10Non, parce qu'il ne l'a pas fait, pardon, et je ne veux pas du tout critiquer Michel Marie.
05:13Il ne l'a pas fait ?
05:14Bien sûr que non, il a essayé.
05:16Qu'est-ce qu'il a dit ? Il a dit 40-60 et finalement on s'est rendu compte que c'était 40 d'impôts.
05:20C'est précisément, je crois, la voie dans laquelle il ne faut pas aller, parce que sans ça, qu'est-ce que ça provoque ?
05:26Ça provoque, évidemment, encore de l'insécurité pour les agents économiques.
05:29Il faut davantage appuyer sur une baisse des dépenses et sur un relèvement des prélèvements ?
05:33Mais on ne va pas le faire en un claquement de doigts.
05:35C'est un cheminement, c'est un chemin qu'il faut engager et c'est ce chemin-là que vont regarder, évidemment, ceux qui nous prêtent.
05:41Je rappelle que l'année prochaine, ils vont devoir nous prêter plus de 300 milliards, c'est-à-dire plus d'un milliard par jour pour financer l'État.
05:48Il faut avoir ce chiffre en tête.
05:50Il faut évidemment veiller à ce que les taux d'intérêt ne montent pas trop, parce que derrière, aujourd'hui, on en est à un budget quasiment qui va être le premier budget de l'État pour payer la charge des intérêts de la dette.
06:01Le poids de la dette, effectivement, non seulement du remboursement de la dette, mais simplement de payer chaque année les intérêts de la dette.
06:07Est-ce qu'il faut aller jusqu'où quand on voit ce qui se passe en Argentine ?
06:11Tout le monde a crié au scandale lorsque le candidat, désormais élu président d'Argentine, avait sorti sa tronçonneuse en disant qu'il fallait couper dans les dépenses.
06:21Et aujourd'hui, on voit fleurir un certain nombre d'articles qui, un an après, disent que finalement, ce bilan n'est peut-être pas si mal, qu'il a réussi à obtenir des résultats.
06:28Apolline de Manerbe, la France n'est pas l'Argentine. La France est un grand pays.
06:34Nous sommes membres de l'Europe, nous sommes membres de l'euro, et nous disposons d'une épargne extrêmement abondante, plus de 6 000 milliards.
06:41C'est du reste ces raisons qui ont fait qu'une autre agence, Standard & Poor's, n'a, elle, pas dégradé la France, pour les trois raisons que je viens d'indiquer.
06:48Ce qui nous donne un petit peu de temps, de temps pour éviter de faire des méthodes à l'Argentine.
06:53Mais encore faut-il engager...
06:54Il est encore temps.
06:55Mais bien sûr qu'il est temps, mais il faut le faire. Lorsque j'étais ministre des Finances, je l'ai engagé moi-même.
06:59Donc je sais que c'est faisable, mais il faut donner du temps devant soi, une trajectoire, et puis ensuite, bien entendu, s'y tenir.
07:07C'est faisable, mais il n'y a pas une seconde à perdre.
07:10Il n'y a pas une seconde à perdre, puisque, vous le dites, la France est à l'arrêt.
07:14La question de l'investissement.
07:15Investir en France, c'est l'enfer.
07:18Ce n'est pas moi qui le dis, c'est le patron d'EDF.
07:20Le patron d'EDF, qui était aux côtés du patron de Total, et tous les deux, ces deux grands patrons français,
07:25ont, la semaine dernière, dit qu'investir en France, c'était l'enfer, l'enfer pour des raisons réglementaires et administratives.
07:31Le patron de Total, M. Pouyanné, qui ajoutait, si la France ne devient pas plus efficace, Total Energy ira voir ailleurs.
07:38Alors, ils parlaient tous les deux, pour être très précis, des investissements, dans ce qui concerne, évidemment, c'est leur domaine, l'énergie,
07:45et en particulier l'énergie renouvelable.
07:47Enfin, pardon, vous vous rendez compte des patrons français qui disent ça ?
07:49Oui, mais je préfère être plus précis, si vous me permettez, pour vos téléspectateurs,
07:54car, évidemment, on pourrait prendre ça en général.
07:56C'est leur domaine, l'un et le chez eux.
07:57Je rappelle, malgré tout, je ne suis pas là pour défendre la politique de quiconque.
08:01Je suis là pour voir les capacités de notre pays à se sortir de cette situation.
08:04Mais est-ce qu'il n'y a pas une contradiction ?
08:05Non, je vais vous le dire en deux mots.
08:07La France est le pays dans lequel on a le plus investi en Europe au cours des sept dernières années.
08:13C'est un acquis, parce que, précisément, nous avions une stabilité, une visibilité.
08:16Il ne faut pas le casser, et Dieu sait qu'on s'efforce de le casser depuis maintenant quelques mois,
08:20avec l'instabilité politique qui nous réunit ce matin.
08:24Maintenant, ce que disent les deux patrons que vous citez,
08:26c'est que pour, précisément, avoir les autorisations administratives pour faire des champs d'éoliennes,
08:30pour faire des champs de panneaux solaires,
08:32pour faire des entreprises qui vont permettre d'avoir de l'hydrogène, de créer de l'hydrogène,
08:38il faut trop de normes.
08:40Et on l'a fait à l'Europe, avec un acte législatif qui s'appelle l'acte qui est dédié à ces énergies renouvelables,
08:49et qui permet d'avoir, maintenant, des zones particulières où, enfin,
08:53c'est censé venir de l'Europe.
08:54Or, Patrick Poulainet, il disait, je suis même tenté d'aller en Allemagne.
08:59C'est aussi l'Union Européenne, pourquoi ils le font mieux que nous ?
09:02Parce que les Allemands se sont emparés les premiers,
09:05et notamment, c'est dans un des landers de l'Est, que je connais bien, qui est le Brandenbourg,
09:12qui ont décidé d'avoir la première vallée verte, et qui utilisent ces nouveaux moyens.
09:17Donc, à charge, maintenant, pour les collectivités locales de s'emparer de ces capacités,
09:23et puis aussi des acteurs économiques, peut-être, de leur demander de pouvoir les utiliser.
09:30C'est disponible aujourd'hui. Voilà.
09:32Vous parlez de l'Union Européenne, Thierry Breton.
09:34Est-ce que la France, qui est donc à l'arrêt, si je vous écoute,
09:37a encore un peu d'impact dans l'Union Européenne ?
09:40Est-ce qu'on a encore une voix qui porte ?
09:42Alors, d'abord, sur un point, lorsqu'on est un pays membre fondateur de l'Europe,
09:46ce qui est le cas de la France, avec les six états, on s'en souvient,
09:49l'Italie, évidemment, l'Allemagne, et puis les trois pays du Bénélux.
09:54Bien, on se doit de respecter les traités, faute de quoi on est moins entendu.
09:58Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?
09:59C'est vrai que lorsque le traité de vivre ensemble pour nos affaires économiques,
10:04pour notre monnaie, par exemple Maastricht,
10:06quand on est à 113% d'endettement, que l'agence de notation moudise nous voit à 120 dans deux ans,
10:13et que l'Allemagne est à 60%, eh bien, oui, on ne respecte pas les traités.
10:17Et c'est vrai, Apolline de Malherbe, que lorsqu'on ne respecte pas les traités,
10:21eh bien, on est moins entendu.
10:22Et je le dis parce que je l'ai vécu lorsque j'étais moi-même ministre,
10:25dans les réunions des ministres des Finances, qu'on appelle l'eurogroupe ou l'écofine,
10:28celui qui était le mauvais élève de la classe,
10:30et aujourd'hui la France est le mauvais élève de la classe pour ses finances publiques,
10:34eh bien, on lui dit, tu fais le travail chez toi et puis tu parles après.
10:37Voilà, c'est ça la situation.
10:38Donc c'est pour ça qu'il faut...
10:39Vous êtes très sévère ce matin.
10:40Mais je suis réaliste, je l'ai vécu,
10:42et c'est pour ça que vous m'avez entendu depuis des années,
10:45depuis des années, Apolline de Malherbe,
10:46dire qu'il fallait rétablir la capacité de nos finances publiques
10:50de respecter les traités parce que, non seulement,
10:52c'est une obligation pour que la France continue à être forte,
10:56mais aussi c'est une obligation morale.
10:57Donc quand je vous demande, est-ce que la France a encore un poids ?
11:00Est-ce qu'elle est entendue ?
11:01Vous dites, bon, c'est un peu de sa faute.
11:02La France, c'est disqualifié.
11:04Mais vous savez, en Europe, c'est toujours de la faute,
11:06c'est jamais de la faute des autres, pardon.
11:08C'est trop facile, quoi, de dire que c'est de la faute des autres.
11:10Mais c'est trop facile, donc voilà.
11:10Alors maintenant, sur le reste, il ne vous aura pas échappé
11:13que j'ai démissionné, moi-même, de mon poste de commissaire.
11:17Est-ce que vous auriez été...
11:18Mais la raison, je ne vais pas revenir dessus,
11:20mais si vous voulez...
11:21Vous avez démissionné avant que ça ne s'écroule, quoi,
11:24avant de ne pas être défendu.
11:26Vous l'avez entendu, ce n'est pas une question d'être défendu,
11:28ce n'est pas ma personne dont il s'agit.
11:30C'est tout simplement parce que j'ai estimé,
11:32c'était mon estimation, on peut la contester,
11:34que la proposition qui était faite à la France
11:38pour son commissaire n'était pas, à mon avis, appropriée
11:43par rapport au poids de la France.
11:45Mais pourquoi le président ne vous a pas défendu ?
11:47Mais ce n'est pas qu'il ne m'a pas défendu,
11:48on n'est pas allé jusqu'à cette décision-là.
11:50J'ai estimé, en ce qui me concerne,
11:52que la position que l'on offrait à la France
11:55au sein de la prochaine commission
11:56ne correspondait pas au poids de la France.
11:58J'en ai tiré en ce qui me concerne les conclusions.
11:59Je l'entends parfaitement, mais Thierry Breton,
12:01ça veut quand même dire que le président de la République
12:04n'a pas suffisamment pesé de tout son poids
12:07pour que la position et la place qui nous soit donnée
12:10soient suffisantes.
12:11Au regard de ce qui se passe aujourd'hui,
12:13j'estime que, en ce qui me concerne,
12:15je n'ai sans doute pas eu tort de démissionner.
12:18Vous n'avez pas eu tort de démissionner,
12:20ça veut dire que vous constatez,
12:22quelques semaines à postériori,
12:23qu'en effet la France n'est pas bien traitée.
12:25Je dis simplement qu'il faut veiller,
12:27encore une fois, en Europe,
12:28à avoir un équilibre entre tous les Etats membres,
12:31que la France est un pays fondateur de l'Europe,
12:35que la relation entre la France et l'Allemagne,
12:37ce fameux couple franco-allemand, est essentiel,
12:40et qu'aujourd'hui, c'est mon sentiment.
12:42Je trouve qu'il est trop orienté vers l'Allemagne
12:46et que c'est néfaste,
12:47non pas parce que je suis très favorable, évidemment,
12:50au couple franco-allemand,
12:51c'est le combat de ma vie,
12:53mais j'estime qu'aujourd'hui il est déséquilibré,
12:56et que c'est important de maintenir l'équilibre
12:59pour l'Europe et pour les Français.
13:00On va y revenir aussi avec la question des conséquences
13:02du Marcos-Fure, est-ce qu'on peut encore y échapper,
13:04est-ce qu'il faut encore y échapper ?
13:06Mais quand je vous écoute, en effet,
13:08on voit que vous avez pris une forme d'indépendance,
13:10d'émancipation, même vis-à-vis d'Emmanuel Macron.
13:12Est-ce que vous pourriez rejoindre François Bayrou ?
13:15Pardon, mais la question, c'est la question de la France,
13:17ce n'est pas la question des hommes.
13:19Donc, madame, si vous le permettez,
13:22je comprends très bien votre question,
13:24je ne vous dirai pas, ce n'est pas mon rôle,
13:27si on m'a appelé, si on ne m'a pas appelé,
13:29ce n'est juste pas digne.
13:31Donc, le problème, ce n'est pas Thierry Breton,
13:34le problème, c'est mettre en mouvement la France
13:36par rapport à ce dont on vient de parler
13:37depuis le début de notre entretien.
13:38Mais si vous pouviez être plus utile ici
13:39que vous ne l'auriez été auprès de la Commission européenne,
13:42vous le feriez ?
13:43Eh bien, on verra, mais ce n'est absolument pas,
13:45aujourd'hui, la question qui est posée.
13:49Un peu, parce qu'il y a des consultations
13:50toute la journée auprès de François Bayrou,
13:52alors pour l'instant, il va partir
13:53avant de parler avec les hommes.
13:54Si vous permettez, je crois qu'il faut laisser
13:55François Bayrou travailler, éviter les petites phrases,
13:59les petites positions des uns et des autres.
14:01En tout cas, moi-même, vous l'avez compris,
14:03je ne rentrerai jamais dans ce genre.
14:04Vous avez confiance en lui ?
14:05Bien sûr que j'ai confiance en lui,
14:06je le connais depuis 40 ans.
14:07Et vous avez confiance en lui face aux difficultés
14:10dont on vient de parler ?
14:10Mais il en est intimement convaincu.
14:12Il l'a dit lui-même, je crois, il l'a dit,
14:14on l'a senti que c'était un moment d'émotion,
14:17il ne l'avait peut-être même pas écrit,
14:20il a dit, nul mieux que moi ne connaît la situation du pays.
14:24Je suis face à un Himalaya.
14:26Voilà, donc oui, il en a conscience.
14:28Et donc, laissons-le maintenant bâtir,
14:31le gouvernement qui sera à même de relever ce défi.
14:34Et puis, il faudra se mettre très vite au travail.
14:36Très bientôt au travail.
14:38Les outils sont les mêmes.
14:39Pourquoi est-ce qu'il réussirait là où Michel Barnier
14:40n'a pas réussi ?
14:42Mais Michel Barnier ne s'est pas mis au travail
14:44puisqu'il a, hélas, et encore une fois,
14:46je le regrette à titre personnel,
14:48mais parce qu'encore une fois,
14:49il a mis peut-être un peu trop de temps.
14:51Aujourd'hui, on va avoir cette loi spéciale,
14:54vos auditeurs le savent.
14:55– Cette loi spéciale, elle commence à être étudiée aujourd'hui
14:58pour permettre tout simplement à l'État de lever les impôts.
15:01– Avec trois articles tout simples.
15:031. Autorisation pour lever les impôts.
15:062. Autorisation pour dépenser exactement selon les mêmes critères
15:10que les dépenses en 2024.
15:12Et 3. Autorisation de payer à l'Europe ce qu'on doit lui payer
15:15et aux collectivités locales ce qu'on doit leur payer.
15:17Voilà, ce qui fait que la France,
15:18et j'ai cru comprendre que cette loi serait votée…
15:20– Ça peut tenir quoi.
15:21– Oui, la France, encore une fois, ne sera pas à l'arrêt,
15:23ça peut tenir, ça va donner du temps à François Béroud
15:27et à son nouveau gouvernement pour réunir précisément
15:30ceux qui veulent s'attaquer vraiment
15:32au problème de la France structurelle,
15:33c'est-à-dire sa dépense publique,
15:35prendre le temps qu'il faudra,
15:36mais la France continuera à avancer et ce sera une bonne chose.
15:38– Elle est politiquement à l'arrêt, si je vous entends bien,
15:41il n'y a plus de projets qui soient faits,
15:42on voit effectivement le nombre de faillites d'entreprises
15:45qui se multiplient.
15:46– C'est une préoccupation.
15:47– Les inquiétudes également, bien sûr, des agriculteurs,
15:51notamment dans ce contexte-là,
15:52c'est aussi l'ancien commissaire européen que j'ai envie d'entendre,
15:55on a bien senti qu'avec Ursula von der Leyen,
15:57ça avait fini par se tendre,
15:58mais quand vous voyez qu'elle part en Uruguay,
16:00qu'elle met en scène une signature d'un traité du Mercosur,
16:05dans un moment où en France ça met le feu aux poudres,
16:08était-ce légitime, était-ce possible, était-ce une provocation ?
16:12– Alors, il y a deux choses, d'abord la légitimité,
16:14c'est vrai que ce Mercosur, ce traité qui permet d'avoir,
16:20je dirais, une vaste zone de libre-échange
16:23entre quatre pays d'Amérique du Sud et l'Europe,
16:26on en discute depuis près de 25 ans.
16:29Il y a 25 ans, Péline de Malherbe,
16:31la situation n'était pas celle d'aujourd'hui,
16:33aussi bien d'un point de vue industriel que d'un point de vue agricole.
16:35Et donc, je suis de ceux, je ne suis pas le seul évidemment en France,
16:38à estimer que les bases même de ce traité ne sont plus adaptées.
16:41– Elles sont caduques.
16:42– Oui, elles sont caduques à la réalité du monde.
16:44Je prends un exemple, on nous dit, mais c'est formidable
16:47parce qu'on va pouvoir exporter un nombre incalculable de voitures d'Europe…
16:52– Mais est-ce quelque chose dont on devrait se vanter ?
16:56– Mais aujourd'hui, malheureusement,
16:58on n'exporte plus que 17 000 voitures par an, vous savez pourquoi ?
17:02Parce que précisément notre industrie automobile,
17:04c'est un autre des sujets de préoccupation pour moi, européenne,
17:07elle est en train de sortir du marché en tout cas,
17:10des véhicules bon marché, que ce soit à moteur thermique,
17:13puisqu'on s'est dit qu'il fallait arrêter les moteurs thermiques,
17:16j'étais contre, vous le savez, en 2035,
17:18et non pas pour ne pas les arrêter, mais pour les exporter,
17:22et également sur les véhicules électriques
17:24où les Chinois font des voitures 40% moins chères.
17:26Donc aujourd'hui, ce qui était un bon deal pour reprendre un traité,
17:30il est plus adapté.
17:30– Mais alors, raison de plus pour ne pas aller le signer ?
17:32– Alors donc, effectivement, dans ce contexte,
17:36la France a dit à ma entreprise qu'elle n'était pas d'accord,
17:40voilà, donc moi j'ai deux questions,
17:42mais je n'ai pas les réponses aux deux questions que je vais vous poser,
17:46je ne sais pas si Ursula von der Leyen a prévenu les chefs d'État
17:52qui sont contre avant de partir, il faudra lui poser la question,
17:56si elle ne l'a pas fait, moi j'estime que effectivement…
17:59– C'est une forme de trahison presque.
18:00– Je n'irai pas jusque-là,
18:02mais quand on sait que les conséquences politiques
18:05que ça peut avoir dans les pays, on y réfléchit,
18:08et deuxièmement, est-ce que les contenus ont été aussi discutés
18:13au collège des commissaires avant ?
18:14Je ne sais pas, il faudra poser les questions.
18:15– Et en tout cas, au minimum, en posant ces questions,
18:17vous montrez que vous avez un sérieux doute.
18:19Merci Thierry Breton d'avoir répondu à mes questions ce matin,
18:21ancien ministre de l'économie et commissaire européen
18:24au marché intérieur de 2019 à 2024.
18:26Votre verdict sur l'état de la France aujourd'hui,
18:30qui est très sévère, une France à l'arrêt,
18:32en attendant donc qu'il y ait ce nouveau gouvernement.
18:358h51 sur RMC-BFM TV.