Apolline de Malherbe reçoit Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, dans "Face-à-Face" sur BFMTV et RMC, ce lundi 13 mai 2024.
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00:00 [Générique]
00:09 Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Thierry Breton.
00:14 Bonjour.
00:14 Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:16 Vous êtes commissaire européen au marché intérieur et vous venez notamment pour fêter une bonne nouvelle tout à l'heure
00:22 et pour accueillir des patrons à Versailles puisque vous serez à partir de midi dans ce fameux sommet qui s'appelle Choose France.
00:28 Choisissez la France et il y en a beaucoup qui l'ont choisi visiblement puisque l'annonce a été faite cette nuit.
00:34 Un millésime de tous les records dit Emmanuel Macron. 15 milliards d'euros vont donc être investis en France.
00:42 Des contrats qui seront signés tout au long de la journée avec ces patrons reçus en grande pompe à Versailles.
00:48 15 milliards d'euros, ça représente quoi ? Est-ce que c'est un effet de loupe ? Est-ce que c'est des réalités ?
00:54 Quel genre de réalité ? Des usines ? Des emplois ? Est-ce que vous pouvez nous en dire plus ?
00:57 Ce sont d'abord effectivement des emplois. Les investissements, c'est derrière des emplois.
01:03 Ce sont des emplois, c'est très important justement dans ce millésime. Cette année, ce sont des emplois majoritairement industriels
01:10 et ça va complètement dans le cadre de la réindustrialisation de l'Europe. Alors pourquoi suis-je ici aujourd'hui à Plaine de Malheur ?
01:16 Oui parce que vous êtes français mais vous êtes le commissaire de tous les Européens normalement.
01:20 Mon rôle, c'est d'aller en permanence encourager aussi les meilleurs.
01:25 Mais vous le faites aussi pour les autres pays ?
01:26 Là, je vais en France parce que la France est le meilleur en Europe en matière d'investissement.
01:31 C'est donc mon rôle d'aller précisément accompagner, j'allais dire aussi peut-être un peu célébrer si vous me permettez l'expression.
01:39 15 milliards, ça se célèbre en 15 milliards.
01:40 Non, non, c'est pour la cinquième année consécutive que la France est le numéro un en Europe en matière d'investissement étranger.
01:47 La France est le pays le plus attractif d'Europe.
01:50 Le plus attractif d'Europe.
01:51 Ça veut dire qu'elle attire le plus de capitaux étrangers.
01:53 Donc ça veut bien dire quelque chose, ça veut dire effectivement que la France sait attirer ses capitaux.
01:58 C'est très important encore une fois pour notre avenir.
02:00 On le voit cette année pour la transition numérique avec beaucoup d'investissement dans le quantique
02:05 mais aussi évidemment dans tout ce qui concerne l'intelligence artificielle, dans aussi la localisation.
02:10 C'est essentiel.
02:11 Des data centers, des centres de données.
02:13 4 milliards d'euros annoncés par Microsoft notamment d'investissement en France.
02:16 Beaucoup d'entreprises, j'ai vu que d'autres allaient le faire également comme je crois Amazon Web Services.
02:21 Ça veut dire effectivement que ça y est, enfin, les grands acteurs du numérique viennent installer leur data center en Europe.
02:28 Ce qui nous permet nous évidemment de mieux contrôler et protéger les données de nos entreprises et de nos concitoyens.
02:33 Vous le disiez d'ailleurs, en Europe mais plus spécifiquement en France, qu'est-ce qui a fait la différence ?
02:37 Vous savez, ça fait encore une fois comme je le dis, 5 ans maintenant d'affilée.
02:41 D'abord évidemment c'est le niveau de formation.
02:44 C'est très important.
02:46 On a en France mais aussi en Europe d'une façon générale 40% de nos concitoyens qui ont achevé des études supérieures.
02:54 C'est très important, il faut continuer évidemment.
02:56 Il ne faut laisser personne au bord de la route.
02:58 Mais c'est un atout très important évidemment pour la compétitivité.
03:01 C'est aussi, il faut le dire, une énergie qui est une énergie décarbonée, massivement décarbonée, la plus décarbonée.
03:08 Le nucléaire.
03:09 Bien entendu, grâce au nucléaire.
03:10 C'est un argument.
03:11 Mais un argument majeur, massif.
03:13 Parce qu'il produit cette énergie décarbonée et on sait qu'on va en avoir besoin massivement pour atteindre nos objectifs de 2050 de décarbonation.
03:21 Mais c'est aussi une énergie dont les coûts vont baisser.
03:26 Je rappelle que la France est aussi le premier pays exportateur d'électricité décarbonée.
03:31 C'est donc un rôle tout à fait privilégié.
03:34 Il y a aussi évidemment la situation géographique de la France qui est très importante.
03:37 Ses infrastructures routières, ferroviaires.
03:40 Donc tout ça évidemment pèse.
03:43 Et puis une politique, il faut le dire aussi, incitative.
03:45 C'est très important.
03:46 Ne soyons plus naïfs.
03:47 Et on est plus naïfs maintenant au niveau européen.
03:49 Les Américains procèdent à des subventions massives.
03:52 On l'a vu notamment avec l'Infection Reduction Act.
03:55 Vous savez cette fameuse IRA, où ils ont massivement investi.
03:59 Où ils ont tordu le bras à l'économie d'une manière artificielle.
04:02 Mais ils ont massivement subventionné précisément les industries.
04:06 Et on fait pareil.
04:08 On doit faire aussi.
04:10 Il faut être absolument pragmatique.
04:12 Donc il faut effectivement que de façon pareille.
04:14 Et on a fait pareil nous aussi au niveau européen.
04:16 Avec une loi qui s'appelle Net Zadia qui maintenant est déclinée.
04:18 Et dont on commence à voir les résultats, et en particulier en France,
04:20 dans les batteries, dans l'éolien, dans les panneaux solaires.
04:23 Dans tout ce qui va contribuer précisément à cette décarbonation.
04:26 Et il y a aussi tout ce qui se passe en Chine.
04:28 Où on voit qu'on a du damping.
04:30 Donc ne soyons pas naïfs.
04:31 On est plus naïfs au niveau européen.
04:33 Et c'est la traduction de cela.
04:34 C'est pas seulement nos concurrents.
04:36 La Chine et les Etats-Unis, ça devient presque nos adversaires.
04:38 Parfois sur ce terrain de jeu de l'économie.
04:40 Mais bien entendu, et c'est absolument clair.
04:43 Nous sommes aujourd'hui dans une compétition mondiale
04:46 qui n'a jamais été aussi féroce.
04:49 Jamais été aussi féroce.
04:51 Et on voit bien que pour lutter contre notamment le poids
04:54 que représentent la Chine ou les Etats-Unis,
04:57 seuls le niveau européen nous permet d'y répondre.
04:59 C'est quelque part, vous savez, ce que tous nos concitoyens européens ont compris.
05:03 Parce qu'on voit bien qu'aujourd'hui, dans les élections à venir,
05:06 il n'y a plus un parti qui dit qu'il faut quitter désormais l'Europe.
05:10 Je crois qu'enfin, tout le monde a compris que l'Europe ensemble,
05:12 c'est l'Europe qui protège.
05:14 On va revenir sur l'Europe qui protège et qui va même jusqu'à l'Europe de la défense.
05:17 Vous êtes, je le disais, le commissaire européen au marché intérieur, Thierry Breton.
05:21 Mais vous avez également dans votre portefeuille
05:23 les questions de la politique industrielle, on vient d'en parler,
05:25 mais aussi du numérique, de l'audiovisuel, de la défense et de l'espace.
05:28 Thierry Breton, vous disiez, au fond, ce sont nos concurrents.
05:31 Mais ils sont aussi concurrents entre eux.
05:33 Quand vous voyez que Joe Biden annonce qu'il va vouloir taxer
05:37 à 100% les voitures électriques chinoises,
05:41 est-ce qu'il faut faire la même chose ?
05:43 Alors, cette annonce qui a été...
05:45 C'est à la une du journal Les Échos ce matin.
05:47 ...dans le contexte des élections à venir.
05:50 D'abord, qu'est-ce que ça veut dire pour les États-Unis ?
05:52 Je rappelle que les États-Unis, c'est 15,5 millions de véhicules produits aux États-Unis.
05:57 Et c'est quelques dizaines de milliers importés en Chine.
06:00 Donc on voit bien que cette annonce, c'est une annonce politique.
06:03 Aux lignes de ma lerme.
06:04 Ceci dit, il ne faut pas être ni dupe ni naïf.
06:07 Et nous ne le sommes pas, au niveau européen,
06:09 puisque nous avons décidé, du reste, d'ouvrir une enquête
06:12 sur les véhicules chinois, les véhicules électriques chinois
06:15 qui viendraient en Europe.
06:16 Vous avez dit qu'il ne fallait pas être naïf.
06:18 Est-ce qu'au fond, le président américain ne montre pas
06:21 que nous, on est un peu naïf et que lui, il y va ?
06:23 On verra ce qu'il va faire.
06:24 On va voir, parce qu'il y a évidemment, derrière tout ça,
06:26 des jeux de rétorsion.
06:28 Il faut toujours être extrêmement attentif à ce type de démarche.
06:31 Alors vous pouvez le faire quand vous comptez entre...
06:33 Il montre les muscles, quoi.
06:34 Ça concerne zéro pour lui.
06:35 Il n'importe quasiment pas de voiture électrique chinoise.
06:38 Donc on voit bien que c'est un acte politique.
06:39 En ce qui nous concerne, ce n'est pas le cas.
06:41 On importe des voitures électriques.
06:42 Donc effectivement, l'enquête a été lancée.
06:45 Les conclusions vont aboutir, je l'espère, avant l'été,
06:49 dans les quelques semaines qui viennent.
06:51 Et il faut s'attendre, effectivement, en tout cas,
06:53 je ne veux pas anticiper, mais il faut s'attendre
06:55 à un rééquilibrage parce qu'il faut de la réciprocité, c'est évident.
06:58 Un rééquilibrage, ça veut dire que vous pourriez...
07:00 Alors on comprend bien que vous estimez que Joe Biden va trop loin
07:03 et qu'il va trop loin aussi parce qu'au fond,
07:05 s'il n'y a plus de voitures chinoises électriques qui rentrent aux États-Unis,
07:07 ça ne fera pas une grosse différence.
07:09 Mais enfin, est-ce que vous vous dites,
07:11 on peut aller jusqu'à des taxes extrêmes, comme ça,
07:14 sur les véhicules chinois ?
07:15 On va commencer par voir la réalité.
07:17 L'enquête est en cours, elle est bientôt achevée.
07:19 Pour se protéger.
07:20 L'enquête est en cours, elle est bientôt achevée.
07:21 On va le voir.
07:22 Donc, réponse attendue, encore une fois, dans les semaines qui viennent.
07:26 On va bien entendu voir ce qui va se passer.
07:28 Je ne vais pas dévoiler ce qui va se passer,
07:30 mais on peut s'attendre à un rééquilibrage, on verra bien.
07:33 Il n'en demeure pas moins que derrière.
07:35 Et c'est là où il faut voir mener, à Pauline de Malherbe,
07:38 des rapports de force désormais.
07:40 Un seul pays ne peut pas lutter contre la Chine, c'est une évidence.
07:43 En revanche, l'Europe, qui est le premier marché intégré au monde,
07:48 c'est un enjeu majeur et ça nous permet de faire de la balance
07:51 dans les rapports de force avec la Chine.
07:53 Et en particulier, parce que vous savez ce qui va se passer,
07:56 lorsque vous augmentez les droits de douane sur tel ou tel produit,
08:01 généralement la partie adverse va faire monter les douanes sur d'autres produits.
08:06 Le cognac, le vin ou je ne sais quoi.
08:08 Donc, ce qu'il faut, c'est pouvoir avoir des relations, encore une fois,
08:10 de rapports de force sur l'ensemble de la chaîne et des chaînes de valeurs.
08:14 Et c'est ce que nous nous efforçons de faire au niveau européen.
08:16 Et je le redis, aucun pays au monde, regardez ce qui se passe,
08:19 j'allais dire tragiquement en Grande-Bretagne,
08:21 qui est maintenant désormais laissé pour compte.
08:23 Aucun pays au monde ne peut faire des rapports de force avec des géants
08:27 que sont la Chine, les Etats-Unis aussi,
08:30 si nous ne pesons pas collectivement ce que nous pesons.
08:32 C'est toute l'ambition, la volonté et la détermination du projet européen
08:37 collectif à 27 à 450 millions de consommateurs,
08:41 premier marché intégré au monde.
08:43 On sent bien que pour vous Thierry Breton, c'est aussi le moment de plaider l'Europe.
08:47 Quand vous entendez que Gabriel Attal dit à propos de cette campagne européenne,
08:52 on est à moins d'un mois désormais des élections européennes,
08:56 il dit, Gabriel Attal, le RN est dehors, dehors, en dehors de l'Union européenne.
09:02 Il résume les choses ainsi, le débat de cette élection, c'est dedans ou en dehors de l'Union européenne à propos du RN.
09:07 Mais il a raison, il a raison, mais vous savez, le Rassemblement national,
09:11 et je vais dire les extrêmes, et je les connais bien les extrêmes,
09:13 notamment les extrêmes au Parlement européen,
09:16 ils ont eu pendant des années, et c'est leur ADN, ne l'oublions jamais,
09:21 la volonté farouche de sortir de l'Union européenne, par tous les moyens.
09:27 C'était "on sort de l'Europe", "on sort de Schengen", "on sort de l'euro".
09:32 Et c'était vraiment la ligne politique.
09:34 Est-ce que vous croyez que cette ligne politique, elle a changé,
09:38 absolument pas.
09:39 Seulement, qu'est-ce qu'ils ont vu, les extrêmes ?
09:42 Ils ont vu que désormais ce n'était plus populaire.
09:44 Parce que qu'est-ce qu'ont compris nos concitoyens européens ?
09:46 Regardez avec le Covid par exemple, on a réussi à protéger, à vacciner,
09:50 nous, tout seuls, l'Europe.
09:51 Oui, mais quand vous regardez les sondages, vous avez vu peut-être celui de l'Ouest France.
09:54 Je vais y revenir, je vais y revenir.
09:55 Vous croyez que si on n'avait pas été ensemble, l'Union européenne,
09:58 le continent européen, on aurait pu vacciner, être le premier continent
10:01 à vacciner nos concitoyens et l'ensemble des pays du monde,
10:04 avec les vaccins RNMSG ?
10:05 Vous pensez que si on était dépendant de la Chine ou de la Russie,
10:08 comme le veulent les tenants et aboutissants de l'extrême droite,
10:12 le vaccin Spoutnik ou le vaccin chinois nous auraient sauvés ?
10:15 Regardez combien de temps la Chine a dû rester confinée parce que ça ne marchait pas.
10:19 Donc ça, c'est l'Europe.
10:20 Maintenant, qu'est-ce que ça veut dire ?
10:21 Ils ont compris qu'effeuiller la marguerite de l'extérieur, ça ne marchait plus.
10:26 Donc ils ont arrêté de dire qu'ils voulaient sortir, mais le projet est le même.
10:29 Maintenant, ils ne veulent plus détruire l'Europe de l'extérieur,
10:32 en effeuillant la marguerite, mais de l'intérieur.
10:34 Donc maintenant, ils sont effectivement à l'intérieur.
10:36 Et qu'est-ce qu'ils veulent faire ?
10:37 Eh bien, en permanence, cisailler tous nos fondements,
10:41 c'est-à-dire continuer à faire des alliances officieuses.
10:43 Ne soyons dupe de rien, et notamment avec les autocrates.
10:46 Parce que si vous pensez que l'extrême droite a rompu avec la Russie de Poutine,
10:51 on se trompe, on le voit du reste aujourd'hui.
10:53 Partout où l'extrême droite revient en Europe,
10:56 vous avez effectivement la Russie, Poutine, les fake news qui reviennent.
11:01 Donc ne nous trompons pas.
11:02 L'URN et l'extrême droite européenne, c'est l'ennemi.
11:04 Mais ne nous trompons pas.
11:05 En tout cas pour eux, l'Europe, c'est l'ennemi, c'est clair.
11:08 Mais quand vous entendez...
11:09 Je voudrais le dire de façon très claire à nos concitoyens.
11:11 On sent que vous êtes en campagne quand même.
11:13 Mais bien sûr, je suis en campagne, parce que c'est existentiel ce qui est en train de se passer.
11:16 Parce qu'on ne peut pas à la fois dire "je suis contre l'Europe de l'extérieur",
11:19 maintenant je suis dans l'Europe, mais je suis contre l'Europe de l'intérieur,
11:22 sans expliquer ce que ça va vouloir dire à nos concitoyens.
11:24 Oui, ils sont en campagne contre l'Europe de l'intérieur,
11:27 c'est-à-dire cisailler méticuleusement, pas à pas, tous nos projets européens,
11:34 et tout ce qui nous met ensemble pour être plus forts.
11:36 Ça ne veut pas dire, encore une fois, abandonner nos souverainetés,
11:38 contrairement à ce qu'ils disent.
11:39 Absolument pas.
11:40 Ça veut dire savoir se mettre ensemble, comme on a su se mettre ensemble,
11:43 que je l'ai dit tout à l'heure pour la pandémie.
11:45 Comme on sait se mettre ensemble désormais pour produire plus et mieux ensemble
11:48 en matière d'industrie de défense.
11:50 Comme on a su se mettre ensemble aussi pour lutter contre les conséquences
11:55 de la guerre en Ukraine en ce qui concerne nos dépendances au gaz,
11:58 et on a pu substituer ces dépendances grâce à une interconnexion exceptionnelle
12:02 de réseaux électriques en Europe.
12:04 Tout ça c'est l'Europe.
12:06 Une des attaques notamment de Jordan Bardella sur l'obligation de ne plus vendre
12:12 de véhicules thermiques à partir de 2035, Jordan Bardella est contre,
12:17 et il dit "ça va augmenter nos tarifs d'électricité et notre dépendance"
12:22 dit-il, en matière de métaux rares à l'égard de la Chine.
12:25 Que répondez-vous ?
12:26 Jordan Bardella, encore une fois, il fait sa campagne.
12:29 Moi je connais très bien ce sujet.
12:31 Mais ça marche, vous l'avez vu.
12:33 Les sondages le donnent à plus du double de la candidate macroniste.
12:37 Une campagne de Madame s'est faite précisément pour expliquer
12:39 "je comprends très bien les mécontentements, je comprends très bien
12:41 qu'on va détourner ces élections pour en faire des mis de terme à la française,
12:44 je comprends tout ça, je suis dupe de rien, et vous savez,
12:47 je vais même vous dire une chose, notre rôle à nous, acteurs politiques,
12:50 nous sommes des acteurs politiques, c'est évidemment d'écouter ce qui se passe,
12:53 et puis voilà, moi je suis de ceux qui respectent évidemment l'intégralité des électeurs".
12:57 Alors si on répond précisément, est-ce que cette interdiction des véhicules thermiques
13:01 entraînera une hausse des tarifs d'électricité,
13:03 et est-ce que ça entraînera une dépendance accrue à l'égard de la Chine et des météorats ?
13:06 "Sur cette interdiction, je vais vous faire une révélation,
13:08 mais j'étais de ceux, et je continue à dire qu'il faut être très attentif sur cette évolution,
13:13 qui avait proposé plutôt 2040.
13:16 Maintenant, le Parlement européen et le Conseil européen, c'est-à-dire les 27,
13:21 ont décidé 2035.
13:22 Je rappelle que ce n'est pas la commission qui décide, ce sont encore une fois les électeurs".
13:26 Vous avez un doute sur ce 2035 ?
13:28 "Non, j'ai toujours dit qu'il fallait maintenant se mettre ensemble
13:31 et avoir ce que j'ai appelé "route 35",
13:34 c'est-à-dire un processus où tous les trois mois maintenant,
13:36 j'engage avec l'ensemble de l'écosystème automobile,
13:40 de ceux qui fabriquent les chargeurs,
13:42 de ceux qui permettent d'avoir une interconnection au fait".
13:45 Mais est-ce que ça veut dire que vous voulez qu'on ne se rappelle pas après ?
13:47 "Et nous avons mis, et c'était quelque chose sur lequel j'ai beaucoup insisté,
13:51 comme quoi si M. Bardella était un peu plus présent au Parlement européen, il le saurait".
13:56 Tac !
13:57 "Non mais c'est une réalité, voilà".
13:59 Non, non, mais allez-y, j'ai bien compris, vous l'assumez, vous dites que vous êtes en campagne.
14:02 "Il faudra lui rappeler qu'en 2026, j'ai insisté pour qu'il y ait une clause de révision,
14:07 ça ne veut pas dire encore une fois, on va réviser la date de 2035,
14:11 mais on va tous mettre autour de la table, 2026".
14:14 En tout cas, vous n'êtes pas rebouté sur 2035.
14:16 "On va se mettre autour de la table, et précisément, c'est ça le pragmatisme européen,
14:19 pour être plus fort, voir s'il va falloir investir davantage,
14:22 peut-être pour produire plus d'interconnections,
14:25 peut-être pour avoir plus de bornes et de recharges électriques
14:29 dans tous les pays de l'Union européenne, et non pas aujourd'hui,
14:32 dans quelques-uns, comme c'est encore le cas.
14:34 Évidemment, renforcer nos chaînes d'approvisionnement,
14:37 mais ça, on le fait massivement maintenant avec des accords multilatéraux,
14:40 enfin bilatéraux, Europe, avec un certain nombre de pays,
14:44 qui sont des pays producteurs de ces mineraux rares.
14:47 Tout ça, évidemment, c'est en route, donc ne vous inquiétez pas, on est en route,
14:51 on a nos clauses de rendez-vous, et on fonctionne, encore une fois,
14:54 ensemble, en respectant les diversités des uns et des autres,
14:57 mais en ayant un but commun, et en se donnant les moyens.
15:00 - Thierry Breton, à propos de la défense, d'abord ce qu'il se passe sur le front ukrainien,
15:05 la Russie, qui ces derniers jours a remporté un certain nombre de victoires,
15:09 et qui se rapproche de Kharkiv, est-ce que vous vous dites qu'au fond,
15:14 l'Ukraine est peut-être en train de perdre cette guerre ?
15:17 - Encore une fois, les observateurs politiques et militaires le disent en permanence,
15:23 y compris sur vos plateaux, à Plaine de Malherbe,
15:25 c'est vrai que la période qui s'ouvre est une période dangereuse pour l'Ukraine,
15:30 parce que là encore, on n'est dupe de rien.
15:32 Nous sommes dans une période maintenant où nous-mêmes, nous sommes en élection,
15:35 les États-Unis vont rentrer en élection, ils rentrent maintenant en campagne,
15:39 on vient d'en parler il y a quelques temps.
15:41 - Donc les Russes profitent de ce temps d'incertitude ?
15:42 - Mais bien entendu !
15:43 - De flottement ?
15:44 - Mais bien entendu !
15:45 Donc bien entendu, pour eux, c'est une opportunité que d'avancer,
15:49 c'est la raison pour laquelle nous, Européens,
15:51 nous avons décidé d'augmenter très sensiblement nos dotations
15:56 en matière d'armement et de défense auprès de l'Ukraine,
15:59 que ce soit les munitions, je rappelle qu'on est maintenant en perspective
16:02 d'atteindre plus de 2 millions de fabrications d'obus sur le territoire européen,
16:06 et notamment les gros calibres à 155 pour pouvoir les fournir plus rapidement à l'Ukraine.
16:10 Enfin, les États-Unis, après 18 mois de tergiversation,
16:14 c'est compliqué la démocratie américaine, plus compliqué que celle européenne,
16:17 je vous laisse par parenthèse.
16:18 Enfin, ils ont voté donc ces subventions, ces soutiens à l'Ukraine.
16:24 Je constate que beaucoup d'équipements étaient pré-positionnés,
16:27 notamment dans les pays limitrophes, en particulier les fameux missiles,
16:33 antimissiles patriotes, pour pouvoir protéger l'espace aérien ukrainien.
16:38 Donc tout ceci maintenant est en route.
16:40 Oui, vous avez raison, il faut aller vite.
16:42 - Est-ce qu'il faut aller encore plus vite et plus loin
16:44 quand vous entendez Volodymyr Zelensky qui demande davantage d'armes
16:46 et plus vite, il dit "il y a urgence" ?
16:48 - Moi, en tant que commissaire aux industries de défense
16:50 de l'ensemble du continent européen, je dis oui, bien sûr,
16:53 il faut aller encore plus vite et encore plus loin.
16:56 Et je voudrais vous dire ici que les industries de défense
16:58 se mettent vraiment maintenant en mouvement.
17:00 - On est en économie de guerre ?
17:01 - Alors en tout cas, sur les munitions, ça je vous le confirme.
17:03 C'est ce qu'on a fait dans les munitions.
17:06 On a réussi en moins d'un an à doubler la capacité de production de munitions,
17:09 et dans l'année qui vient, on va la redoubler encore.
17:11 Donc oui, sur ce segment, on est passé en économie de guerre.
17:14 Maintenant, l'enjeu, c'est qu'on passe en économie de guerre
17:16 sur tous les segments de l'industrie de défense européenne
17:20 et qu'on le fasse évidemment, là encore, au niveau européen.
17:23 Parce que vous voyez, on parle des munitions,
17:25 il faut de la poudre, il faut du TNT,
17:27 il faut faire les enveloppes de ces obus.
17:30 Et tout ça, ça nécessite des chaînes de valeur un peu réparties
17:33 différemment au niveau européen.
17:35 Donc il faut pouvoir avoir un contrôle global des chaînes de valeur
17:39 pour pouvoir réaliser ce qu'on est en train de réaliser.
17:41 C'est vital, je le redis, de continuer à soutenir l'Ukraine dans son combat.
17:45 Son combat nous concerne, il est existentiel pour nous également.
17:48 Thierry Breton, vous êtes commissaire européen depuis 2019,
17:52 et avant cela, vous étiez le patron d'Atos.
17:54 Atos est une entreprise qui est aujourd'hui dans la tourmente,
17:57 dans une situation budgétaire complexe,
18:00 et elle a donc jusqu'à la fin du mois pour tenter de trouver une solution.
18:04 Quand vous regardez et quand vous demandez,
18:07 et vous avez bien raison, quand vous veillez à ce que la France
18:09 respecte ses engagements budgétaires,
18:11 est-ce que vous vous dites à posteriori que vous avez manqué de sagesse ?
18:15 Alors écoutez, moi ce que je peux vous dire, c'est que
18:18 quand j'ai quitté l'entreprise,
18:19 cette entreprise était numéro un en matière de cybersécurité,
18:23 de service de cybersécurité en Europe,
18:25 numéro un en matière de supercalculateurs,
18:27 tellement important pour l'intelligence artificielle,
18:29 mais aussi pour les applications plus militaires,
18:32 qu'elle était numéro un dans le cloud privé,
18:36 qu'elle était numéro un dans la fabrication et dans la gestion
18:39 de data centers sécurisés.
18:40 Mais notamment parce qu'elle avait acheté, parce qu'elle avait investi.
18:43 Mais comme toutes les entreprises, quatre acquisitions en onze ans.
18:46 2,9 milliards d'euros dans l'achat de Sintel en 2021,
18:51 Capital, le journal Capital, disait que l'héritage de Thierry Breton,
18:55 je cite, "pèse lourd dans la chute d'Atos",
18:57 pour Alternatives Economiques, Atos avait été, je cite,
18:59 "victime de la folie des grandeurs de Thierry Breton".
19:02 - Est-ce que vous êtes... - Non, alors, évidemment,
19:04 je ne peux pas être d'accord à 100% pour une raison simple.
19:07 C'est que vous parlez de Sintel, par exemple,
19:09 elle a été entièrement financée, toutes les acquisitions,
19:11 quatre uniquement en onze ans, ont toutes été financées
19:14 par Atos elle-même, et on a eu zéro dette nette
19:18 durant toute la durée de mon mandat.
19:20 Les deux dernières années, nous avons acquis Sintel.
19:23 Sintel a été totalement remboursée, parce qu'on avait aussi
19:26 des actions qui ont été vendues.
19:28 Et donc, un an après mon départ, Apolline de Malherbe,
19:30 un an après mon départ, qu'est-ce que disaient
19:32 ceux qui m'ont succédé ?
19:34 Elles disaient qu'Atos avait zéro dette nette.
19:36 Je dis bien zéro dette nette, vous m'avez bien entendu.
19:38 - Ah, c'est compliqué l'histoire de dette nette, de dette brut.
19:40 - Non, non, c'est pas compliqué, c'est toujours l'indicateur qu'on suit.
19:42 Zéro dette nette, c'est très important,
19:45 et qu'elle était numéro un sur tout ce secteur stratégique.
19:47 Il s'est passé que deux ans après, pendant deux ans,
19:49 l'entreprise a continué à très bien performer.
19:51 Deux ans après, il y a eu des tentatives d'acquisition majeures
19:54 qui sont mal passées.
19:56 L'entreprise a commencé à perdre la confiance des marchés.
19:59 Cinq directeurs généraux se sont succédés.
20:01 Ce que je peux vous dire, c'est que si, avec le conseil d'administration,
20:04 nous avons fait à Atos ce qu'elle était,
20:06 et comment elle est devenue en dix ans,
20:08 un acteur absolument majeur pour la cybersécurité,
20:11 pour la souveraineté numérique de l'Europe, si vous me permettez.
20:14 - Allez-y, allez-y.
20:15 - Si nous avons réussi à le faire, avec l'ensemble du conseil
20:17 et l'ensemble des parties prenantes, sans endettement net, je le redis,
20:20 c'est parce que c'était stratégique pour l'Europe.
20:22 Alors, ce qui est formidable, si je peux te le dire,
20:24 - C'est encore stratégique désormais pour la France.
20:26 - Il y a 100 000 collaborateurs exceptionnels.
20:28 - La France doit mettre 700 millions à un milliard.
20:30 - Il y a 100 000 collaborateurs exceptionnels.
20:32 Encore une fois, Pauline de Malherbe, c'était il y a cinq ans.
20:35 Je ne sais pas où vous étiez il y a cinq ans,
20:37 mais on ne va pas dire que si jamais il y a des choses
20:39 qui sont passées deux ans après votre départ, c'est de votre faute,
20:41 et ce sera bien normal.
20:42 - En tout cas, vous plaidez les responsabilités là-dessus.
20:44 - Donc non, je dis uniquement ce qui était Atos,
20:46 et je dis ce qu'elle est encore.
20:47 C'est une entreprise très importante,
20:49 et donc je me réjouis qu'on soit en train de trouver une solution,
20:53 parce que cette entreprise a un formidable avenir.
20:55 - La France a déposé une offre de rachat de 700 millions à un milliard d'euros
21:00 pour les partis stratégiques.
21:01 Merci Thierry Breton d'être venu répondre à mes questions avant.
21:03 Versailles, vous qui êtes commissaire européen au marché intérieur, 8h53.
21:06 - Merci.