Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
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00:0013h-14h, Europe 1-13h, 13h32 sur Europe 1, la suite d'Europe 1-13h avec vous, c'est l'île de Jérusalem.
00:06Aujourd'hui l'écrivain essayiste Paul Melun et le chroniqueur politique Jean-Claude Dacier.
00:10Et on continue à parler de politique alors que le conclave, enfin la concertation, la coalition, la grande réunion sera organisée à l'Elysée avec tous les partis,
00:21sauf, donc on l'a dit, la France Insoumise et le Rassemblement National.
00:25On parle du Parti Socialiste qui accepte, sous certaines conditions, d'ouvrir des discussions avec le bloc central macroniste ainsi qu'avec la droite républicaine.
00:35Est-ce que le PS a semé la zizanie au sein du NFP ? Le NFP peut-il résister à tout cela ?
00:40On va écouter Jean-Luc Mélenchon, le chef des Insoumis, il était en meeting hier, on l'a dit, il s'en prend au Parti Socialiste et fait pression sur les autres partis du NFP.
00:48Je continue à avoir l'espoir qu'il n'est pas la bêtise d'aller au bout de cette démarche, qu'il n'entre pas au gouvernement, qu'il ne détruise pas le front que nous avons constitué.
00:57Et alors on est passé de « je vous invite par courtoisie pour causer avec vous » et maintenant on en est à le président de la République, dont c'est pas le boulot,
01:06négocier avec les partis politiques une coalition et un programme. On a un programme, c'est le programme du Nouveau Front Populaire, qu'est-ce qu'on va les discuter ?
01:15Vous savez très bien que tout ça n'aboutira pas.
01:17Alors est-ce que ça peut aboutir justement ?
01:19La question qu'on se pose, parce que là Jean-Luc Mélenchon le dit, ça n'aboutira pas.
01:23Pas sûr que ça puisse aboutir, en tout cas dans le sens que Jean-Luc Mélenchon souhaite.
01:26Parce que Jean-Luc Mélenchon, c'est bien d'ailleurs qu'on ait écouté juste avant la publicité Mme Rousseau, parce qu'ils sont sur la même ligne.
01:33C'est-à-dire, voilà, tout le programme du NFP, rien que le programme du NFP.
01:38Donc un Premier ministre de gauche...
01:40Donc ils vont nous ressortir Mme Castet du chapeau, etc. Bon tout ça n'a aucun sens évidemment et ça ne marchera pas.
01:44Après sur les divisions à gauche, ce qui est intéressant d'observer, c'est que là, l'alliance de façade conjoncturelle du NFP est en train de se fracturer.
01:51Que Olivier Faure est en train de prendre son envol par rapport à Jean-Luc Mélenchon.
01:55Que Olivier Faure lui...
01:57Il veut réanimer la société démocratique qui était vraiment étouffée au sein de ce parti.
02:00Oui tout à fait, et étouffée aussi un peu à cause de lui.
02:02Parce qu'Olivier Faure, il n'a quand même pas été très très tendre avec les amis de Bernard Cazeneuve.
02:06Donc là, je ne sais pas si ça va être l'heure de la grande réconciliation des différents courants du PS.
02:11Mais en tout cas, c'est un peu tous contre Mélenchon, entre le PS et Jean-Luc Mélenchon.
02:16Donc là, on est aux prémices des tensions qui vont s'exercer au sein de la gauche.
02:20Et je pense que ça va être très rude parce qu'il y a des différences de lignes aussi.
02:24Et que si jamais certains partent au gouvernement, la gauche va imploser.
02:28Je ne pense pas que certains partiront au gouvernement précisément.
02:30Par contre, vous êtes moyennement optimiste sur la...
02:32Je pense que de toute façon, la coalition, si coalition il y a, elle se situera plutôt, je ne sais pas si Jean-Claude sera d'accord avec moi, mais plutôt à la droite de l'échiquier politique.
02:40Jean-Claude Dassier sur la capacité du PS.
02:42Je pense qu'Olivier Faure joue une partie très serrée.
02:46En tout cas, à mes yeux, il a besoin de quelque chose de substantiel, de cohérent dans sa négociation pour se tourner ensuite vers Jean-Luc Mélenchon et dire, tu vois, j'ai obtenu des choses.
02:59Oui, puis compromis pour lui n'est pas un gros mot, c'est-à-dire qu'on peut obtenir des choses...
03:03Il ne suffira pas d'aller en effet cet après-midi, ça va commencer d'une minute à l'autre, à l'Elysée,
03:08pour convaincre Mélenchon que la voie qu'il a choisie, lui, n'est pas la bonne.
03:14Je pense qu'Olivier Faure a pris le risque, il connaît les risques électoraux, il les connaît très bien, mieux que personne,
03:21mais je pense qu'il a pris le risque de prendre un peu de distance, de faire un pas de côté, ce n'est pas encore la rupture, on en est loin.
03:28S'il n'obtient pas...
03:29Ah, ça se fissure quand même.
03:30Oui, peut-être, mais bon, la fissure, on n'a jamais fait... Bon, on verra.
03:34Mais s'il n'obtient pas ce qu'il faudrait, c'est-à-dire quoi ?
03:38Notamment la promesse qu'on ne parle plus de la réforme des retraites, avant une refonte complète du contenu de la dite réforme,
03:45si on revient à la ME, l'Aide médicale européenne, je ne sais pas quoi... Pardon ?
03:51L'Aide médicale d'État.
03:51L'Aide médicale d'État, sur tous les points sensibles et essentiels aux yeux de M. Mélenchon.
03:58Si Olivier Faure n'obtient rien, cet après-midi, ou dans les heures et jours qui viennent du Président de la République, il est cuit !
04:06Et Mélenchon triomphera en disant, tu vois, je te l'avais dit, tu es allé perdre ton temps à l'Élysée.
04:12Il le dira peut-être plus méchamment.
04:13Oui, il le dira sans doute plus méchamment. Résultat, zéro.
04:16Là, on pourra éventuellement se poser la question de l'avenir de Mélenchon à la tête du PS.
04:21La gauche va très mal, parce qu'elle a un programme qui est ce qu'il est.
04:26Je pense qu'il est impraticable, si on devait la piquer, le programme de M. Mélenchon, on quitterait la formule, le monde actuel, pour rentrer dans un monde inconnu.
04:35Donc je pense que ce n'est pas ce qui va se produire, je partage les réticences, et je n'ai pas les craintes,
04:41mais les observations de mon camarade Paul, je pense qu'il n'y a pas d'accord possible, à l'heure actuelle, sur la base des discussions, et je pense que le Président de la République le sait.
04:50D'autant que la participation du PS, au sein de ce gouvernement d'intérêt général proposé par Emmanuel Macron, fracture le NFP, on l'a dit,
04:58mais ne fait pas forcément l'unanimité au sein même de son parti.
05:01Moi j'entendais des militants ce matin qui disaient, si il y va, on rend la carte.
05:05Et c'est ça le vrai danger, c'est que Olivier Faure, si jamais il rentrait au gouvernement, les socialistes,
05:11une des conditions qu'il avait soumises au Président de la République, c'était de dire, on ne veut pas de dissolution avant les calendes grecques.
05:18Parce que la hantise des socialistes, c'est de retourner devant leurs électeurs, après avoir noué un pareil accord de gouvernement.
05:25Parce que les électeurs du PS, les sympathisants, voire les militants, eux ils sont toujours sur la logique d'il y a quelques semaines, d'ailleurs il faut être cohérent.
05:32C'est-à-dire que si jamais Olivier Faure a voté la censure, c'est qu'il considère que tout ce qu'a fait le précédent gouvernement Barnier,
05:38qui est un gouvernement à la fois macroniste et à la fois de centre droit, est à jeter à la poubelle, puisque ça justifie une motion de censure.
05:44Donc le Parti Socialiste s'est mis dans une telle voie de radicalité derrière Jean-Luc Mélenchon, on n'est tellement pas sur la gauche de la raison, la gauche de la responsabilité.
05:53Il avait mis sa distance sur certaines positions, notamment au moment du conflit entre Israël et la Palestine.
05:57Mais en tout cas, le Parti Socialiste, traditionnellement, était plutôt un parti de gouvernement.
06:02Or, en signant la motion de censure avec LFI et le RN, ils ont quand même montré, les socialistes, qu'ils étaient dans l'affrontement direct avec Emmanuel Macron.
06:09Donc, 7 jours après venir dire, on va aller au gouvernement, les électeurs ne comprennent plus rien.
06:14Est-ce qu'on est dans la radicalité politique avec Jean-Luc Mélenchon, ou est-ce qu'on est dans le compromis avec Emmanuel Macron ? Il est où Olivier Faure aujourd'hui ? On ne sait pas.
06:21Donc ça, quand c'est flou, il y a un loup, comme dit Martine Aubry.
06:24Et j'aimerais bien, moi, en tout cas, qu'à gauche, il y ait plus de cohérence.
06:28Ou on est dans l'opposition systématique à Emmanuel Macron, ça c'est la ligne de Mélenchon,
06:32ou alors on est dans une gauche constructive, c'est la ligne de Bernard Cazeneuve, de Carole Delga, de Michael Delafosse.
06:38Mais jusqu'à présent, cette ligne social-démocrate de la gauche de gouvernement, elle a été battue en brèche et maltraitée par Olivier Faure.
06:44Donc je ne sais pas où habite Olivier Faure, peut-être qu'il faudrait qu'il sorte parfois de la stratégie et de la combine,
06:49mais en tout cas, là, il faut qu'il prenne ses responsabilités.
06:52Ça se met comme parti du gouvernement, voilà, ça change aussi.
06:54Paul dit l'essentiel, c'est que si on devait voter demain ou après-demain, c'est-à-dire, disons quoi, en septembre ou en octobre, à la rentrée,
07:03les socialistes auront contre eux, si vraiment ça se passe mal cet après-midi et dans les heures et jours qui viennent,
07:09ils auront contre eux un député, enfin un député, un candidat mélenchoniste.
07:14Le résultat des courses, c'est qu'il risque de revenir d'une petite formation pour ne pas dire pas grand-chose.
07:21Donc, notre ami, le premier secrétaire du Parti Socialiste, est mis, me semble-t-il, dans une situation extrêmement piégeuse et compliquée.
07:31Il y a un congrès du Parti Socialiste dans quelques mois, il y a aussi ça, et il va avoir face à lui des social-démocrates.
07:38Oui, alors là, ça ne va pas être simple pour lui non plus.
07:40Oui, mais en même temps, il reprend un peu de puissance par rapport au maire, au président, qu'on s'adresse à nous en particulier.
07:44Il faut qu'il compose, c'est vrai, avec toutes les tendances du Parti Socialiste, le meilleur en la matière, c'était François Hollande, jadis,
07:50qui était l'homme de la synthèse et qui arrivait à garder à peu près tous les courants quand il était premier secrétaire.
07:54Olivier Faure, il a été plus difficile avec ses opposants vis-à-vis de Nicolas Maillard-Rossignol, par exemple,
08:00qui était son dernier adversaire au congrès, il a été très rude.
08:03Il y a eu des soupçons de triche des deux côtés, d'ailleurs, je ne sais pas, moi je ne suis pas dans l'intimité de ces discussions-là,
08:08mais en tout cas, il y a eu des soupçons de triche de part et d'autre, ça a été extrêmement violent au Parti Socialiste.
08:12Heureusement, ce n'est pas un lit de rose.
08:12Donc, Olivier Faure, il faut aussi qu'il rende des comptes devant les grands élus, devant son groupe parlementaire, devant les sénateurs avec Patrick Cannaire.
08:20Non, si je dois résumer, vous êtes quand même assez pessimiste sur les capacités d'Olivier Faure à parvenir à agréger l'investissoir miracle de la Macronique.
08:28Si Macron fait un négociateur qu'il est, peut-être que le Président pourrait négocier un accord de non-censure de la part de l'UPS sans participation au gouvernement.
08:35C'est un peu ce que proposent vos pieds à côté droit.
08:37Pour dire, bon, je vous mets François Bayrou et un programme modéré, un programme centriste, et en échange, vous ne votez pas la censure.
08:45Pour ne prendre qu'un exemple, je ne vois pas le Président de la République accepter en son fort intérieur et même publiquement que l'on jette à la poubelle,
08:54si j'ose dire, sa réforme des retraites, qu'il a eu bien du mal à mettre sur le terrain, et en vigueur, et en application,
09:01ça me paraît extraordinairement compliqué. Tout aussi compliqué que le Parti Socialiste l'applique, l'accepte, après avoir dit pique-pendre de cette réforme en question.
09:13Donc c'est une réunion qui nous fait parler, on en parle depuis dix minutes, un quart d'heure, je crains en effet que ce soir on aille vers un bide.
09:22On suivra évidemment ça sur Europe 1 et dans quelques instants, on va continuer à parler de cette arc gouvernemental.
09:26Là aussi, c'est un nouveau mot qui apparaît dans le champ lexical d'Emmanuel Macron, à l'exception du Rassemblement National et de l'FI.
09:34Est-ce qu'Emmanuel Macron ne rejoue pas la lutte contre les extrêmes, la carte justement ? On va en parler dans quelques instants.
09:40Bon début d'après-midi avec Céline Giraud de 13h à 14h sur Europe 1.