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L’animateur de 71 ans est le conseiller éditorial du trimestriel dont le 3e numéro est sorti le 5 décembre. Les deux premiers se sont écoulés à 82 000 et 60 000 exemplaires. Un nouveau venu dans les kiosques récompensé du prix du « Meilleur lancement pour un titre de presse » aux Trophées de l’Innovation Presse & Médias.

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Transcription
00:00Votre invité Média, Céline Bayle d'Harcourt, est animateur télé, mais c'est pour son journal qu'il est avec nous ce matin,
00:06un magazine trimestriel baptisé « Vieux » qui vient d'être sacré meilleur lancement de presse de l'année.
00:11Bonjour Antoine de Cône.
00:12Bonjour.
00:13Félicitations pour ce prix. Pourquoi est-ce le meilleur lancement ? Allez-y, flattez-vous.
00:17En fait, c'est un résultat assez inespéré. On a lancé ce journal comme un fanzine, avec Romain Juber qui est mon éditeur,
00:26sans savoir exactement ce que ça allait donner. Parce qu'on avait ce titre un peu « provoque », « vieux » qui évite les périphrases habituelles,
00:34les cartes vermeilles, « seigneur », « mature » et compagnie. Non, on est vieux, vieux, voilà, on l'assume.
00:38Et on ne savait pas très bien comment ça allait être accueilli. Puis en fait, ça a été très très bien accueilli.
00:43Parce que c'est combien de votes, de vente ?
00:45Beaucoup de votes et quelques ventes aussi.
00:48Oui, combien ? Vous avez les chiffres ?
00:50Le premier a été tiré à 82 000, vendu à 82 000.
00:53Et le deuxième ?
00:54Et le deuxième, 60 000.
00:56Donc ça baisse un petit peu ?
00:57Il est toujours en vente le deuxième. Évidemment, il y a toujours l'effet de surprise, de découverte.
01:01Mais c'est beaucoup pour la presse papier kiosque aujourd'hui, croyez-moi, c'est beaucoup.
01:05Vous êtes l'incarnation de ce « vieux » et son conseiller éditorial, Antoine de Cône.
01:09Vous pensez qu'on se serait autant intéressé à « vieux » s'il n'avait pas été incarné par une personnalité ?
01:13Ça aide d'avoir Antoine de Cône ?
01:15C'est ce qu'ils m'ont dit. C'est pour ça qu'ils sont venus me chercher. Ils avaient besoin d'une tête de gondole.
01:19Mais ce n'est pas à vous qu'on pense spontanément quand on imagine un vieux ?
01:23Vous pensez à qui ?
01:25Je ne donnerai pas de nom, mais pas à vous en tout cas.
01:27Dites-le moi, pensez à qui vous ?
01:29Vous n'êtes pas vieux ?
01:31C'est horrible.
01:33Vous n'êtes pas l'incarnation du « vieux » Antoine de Cône ?
01:36Je suis vieux. Je viens d'avoir 71 ans.
01:39Vous ne les faites pas ?
01:41Je ne les fais pas, mais je les ai. C'est un âge canonique.
01:44Quand j'étais mauve, 71 ans, c'était des vieux tout voûtés, à moitié chauds, avec un impair,
01:49qui s'ennuyaient et qui attendaient plus ou moins sereinement la fin.
01:53Il y en a encore des comme ça. Vous pensez être représentatif vraiment des vieux ?
01:57Je crois que ça a beaucoup bougé ces 20 dernières années, 30 dernières années.
02:01Je ne suis pas spécialiste de la vieillesse non plus.
02:04Mais l'âge a bougé parce qu'on vit mieux, parce qu'on prend plus soin de soi,
02:10parce qu'il y a plus de motifs d'excitation, d'intérêt qu'avant.
02:15L'idée, c'était de ne pas aller dans un ghetto pour les vieux.
02:20Ce n'est pas un journal pour les vieux.
02:22C'est un journal pour tous ceux qui vont le devenir.
02:24Donc tout le monde ?
02:25Oui, à peu près tout le monde, et qu'on peut lire très tôt.
02:28Parce que l'idée du journal, c'est une idée de partage et de transmission.
02:31Nous, les vieux, on a vécu un certain nombre de choses,
02:34donc on a une forme d'expertise, je ne vais pas dire de sagesse,
02:38mais de détachement vis-à-vis de l'existence, d'expérience, qu'il faut qu'on partage.
02:43En même temps, on attend que les générations suivantes partagent avec nous ce qu'elles découvrent,
02:48qu'il y ait un mouvement, une circulation.
02:50Vous avez le profil de vos lecteurs ? Est-ce qu'il y a vraiment des jeunes, des cadragénaires ?
02:55On n'a pas fait d'études de marché, comme on n'avait pas fait d'études de marché avant de lancer le journal.
03:00Je vois avec les gens que je croise, dans les trains, le métro, dans la rue,
03:05il y a vraiment un peu de tout.
03:06Ça commence, j'ai l'impression, à partir de 40, 45.
03:09Qu'on est vieux ?
03:11Qu'on lit vieux, c'est ça.
03:14Mais dans ce magazine, qu'est-ce que vous voulez montrer ?
03:17Qu'être vieux, c'est génial ?
03:18Non, ce n'est pas génial, parce qu'en fait, pour moi, je vis ça comme la dernière aventure.
03:23C'est ma dernière aventure, j'en connais l'issue,
03:26je sais que ce n'est pas joyeux et que ça le sera de moins en moins tous les jours,
03:31mais je reste très curieux de cette histoire-là, de voir ce qui se passe,
03:36de constater que, par exemple, je reste toujours aussi curieux et enthousiaste
03:41que ça ne baisse pas.
03:44Et donc, cette curiosité et cet enthousiasme qui me maintiennent en vie,
03:48ça nourrit toute l'histoire qui est déjà derrière moi
03:51et ça me permet de découvrir d'autres choses que je ne connais pas encore.
03:54Donc, je prends ça de manière assez joyeuse, oui.
03:56Vous ne faites pas que prêter votre nom à ce magazine.
03:59Vous êtes donc le conseiller éditorial et puis vous réalisez de longues interviews,
04:02là dans le numéro 3 qui est actuellement en kiosque.
04:04Vous avez interviewé Véronique Samson, Jean-Paul Gaultier, Kosta Gavras.
04:08Donc, il n'était pas question juste d'accoler votre nom à un magazine
04:12et de ne pas mettre la main à la patte comme le font d'autres ?
04:15Ah ben non, ça n'a aucun intérêt.
04:17Si je prête mon nom à un journal comme ça, c'est évidemment pour participer à sa fabrication.
04:22Et d'ailleurs, quand je vous parlais de Fanzine tout à l'heure,
04:24on est deux avec Romain Joubert, plus le directeur artistique,
04:27trois, plus évidemment tous nos contributeurs habituels maintenant,
04:31c'est-à-dire les Laurent Chalumeau, les Olivier Gazalet, les Clémentine Golzal,
04:35Patrice Lecomte et compagnie.
04:36Donc, toute notre petite bande.
04:38Mais on le fabrique vraiment comme un Fanzine, oui.
04:41On est deux et il faut que tous les deux, on soit d'accord sur le contenu.
04:45Voilà, c'est simple.
04:46Ça évite les comités de rédaction interminables.
04:49C'est plus efficace, c'est ça ?
04:51Oui, ben oui.
04:52Il faut dire que ce n'est pas du tout un magazine tourné vers le passé.
04:54Ah, pas du tout, non.
04:55C'était mieux avant, quoi.
04:56Non, ce n'est pas Notre-Temps.
04:58Respect pour Notre-Temps.
05:00Vous voyez, ce n'est pas le journal qu'on lit au coin du feu en faisant des sudokus.
05:04Ah bon, on le lit où, alors ?
05:05On le lisait partout.
05:06C'est un journal qu'on peut lire en mouvement.
05:08C'est un trimestriel.
05:09Donc, c'est un bel objet, assez soigné, la mise en page, le papier, tout ça.
05:13C'est écrit assez gros.
05:14Avec des dessins.
05:15C'est écrit assez gros, comme on puisse le lire.
05:18Oui, avec des beaux dessins.
05:20Je pense que ça se lit partout.
05:22C'est un journal qui se picore.
05:24C'est-à-dire, comme c'est un trimestriel, vous pouvez le garder sur la table basse et y revenir.
05:28Vous n'êtes pas condamné à le lire dans la semaine.
05:31Il y a une mode du vieux en ce moment.
05:33Maïté Nabirabin qui a lancé son média numérique.
05:35Médame pour les femmes de plus de 50 ans.
05:37M6 qui a proposé un bachelor sexagénaire.
05:39Pourquoi, à votre avis, les médias s'intéressent enfin aux seniors ?
05:43Parce que c'est un gros marché, j'ai l'impression.
05:46Il faut dire ça de manière très simple.
05:49Parce qu'ils ont de l'argent, du pouvoir d'achat ?
05:51Oui, ils ont du pouvoir d'achat.
05:52C'est une population importante.
05:54C'est des gens qui, jusqu'à présent, étaient laissés un peu pour compte.
05:58On se disait, une fois les services rendus à la nation, on va les laisser vieillir tranquillement.
06:03Non, c'est un public très intéressant.
06:07Parce que, pour les raisons que je vous disais tout à l'heure,
06:09c'est des gens qui ont vécu.
06:11Une fois que vous avez vécu, il faut continuer à vous alimenter.
06:14Il faut que ça continue à circuler.
06:17Il faut que vous fassiez toujours partie de ce monde dans lequel vous êtes, de la société.
06:20Et pas juste être mis au rencard dans un coin.
06:23Parce que moi, je suis vieux.
06:26Donc oui, j'ai envie qu'on me prenne en considération.
06:28Je suis ravi qu'on s'intéresse à moi. Enfin !
06:30Ça fait combien de temps que vous faites de la télé ?
06:33Ça fait 40, 50 ans.
06:38Ça fait un moment qu'on s'intéresse à vous et qu'on vous suit.
06:41C'est la première fois avec ce journal que je parle de quelque chose que je connais.
06:45Quand vous faites l'émission Cinéma sur Canal+, vous n'y connaissez rien au cinéma ?
06:50Non, je garde toujours une âme naïve et néophytée.
06:53Je pars toujours du principe que je suis très socratique.
06:56Ce que je sais, c'est que je ne sais rien.
06:58Mais là, en revanche, la vieillesse, oui.
07:00Je peux vous dire que je commence à savoir ce que c'est.
07:02Je voudrais quand même qu'on dise un mot sur Canal+,
07:04parce que la chaîne vient d'annoncer qu'elle quitterait bientôt la TNT.
07:07Donc elle n'aura plus les mêmes obligations de financement du cinéma français.
07:09Est-ce que le secteur doit s'inquiéter ?
07:11Est-ce que Canal va et veut rester le premier financeur du cinéma français ?
07:15Je ne suis pas la bonne personne à qui poser cette question.
07:17Je ne suis pas un des décideurs de Canal.
07:19Vraiment, je ne sais pas quoi vous répondre.
07:22On ne vous a rien dit ? La direction de Canal ne vous a rien dit ?
07:25Vous serez encore sur la chaîne la saison prochaine ?
07:27Cette saison-ci, oui.
07:29Il faut voir qu'il y a une émission de cinéma qui passe le vendredi 20h20 en clair.
07:36Il n'y en a pas beaucoup des émissions en clair ?
07:38Oui, a priori, on continue cette série.
07:41Donc à 70 ans, on est vieux, mais on ne prend pas sa retraite, Antoine Decaune ?
07:45A la retraite, je ne sais pas trop ce que c'est.
07:47J'ai lu un bouquin sur Napoléon et la retraite de Russie.
07:50Il n'avait pas le choix.
07:52Je fais un travail que j'aime, qui m'amuse, qui me maintient en vie.
07:58Je ne vois pas pourquoi je l'arrêterais.
08:00Ne demandez pas à un comédien de théâtre d'arrêter de jouer.
08:03Sauf accident.
08:05Ne demandez pas à un écrivain d'arrêter d'écrire.
08:08Tant qu'on peut, on y va.
08:10Vous avez encore plein de projets.
08:12Du cinéma, un bouquin, une BD, plein d'autres choses pour lesquelles vous reviendrez avec grand plaisir.
08:17Merci Antoine Decaune.
08:19Et en attendant, le troisième numéro du magazine Vieux vient de sortir en kiosque.
08:22Merci à tous les deux.

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