Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, la censure du gouvernement Barnier, la France broie du noir et Emmanuel Macron qui se retrouve face à une crise politique.
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00:00La revue de presse d'Europe 1, Olivier Delagarde, au lendemain de la censure de Michel Barnier, comment va la France ce matin ?
00:07Écoutez Dimitri, on dit parfois que la une des journaux, elle reflète de l'état d'esprit d'un pays.
00:13Et bien si tel est le cas, il n'est pas terrible honnêtement.
00:15C'est le grand flou, titre le Parisien aujourd'hui en France, le champ de ruines annonce l'opinion,
00:20la débâcle c'est la manchette de l'humanité, dont son éditor, le patron des échos, fait même ce matin l'analogie
00:26entre le vote d'hier et celui des pleins pouvoirs à Pétain en 1940.
00:31Bigre.
00:32Mais le titre qui résume peut-être le mieux l'humeur nationale nous vient de Londres,
00:37c'est celui du britannique The Economist.
00:40Un habile photomontage nous montre une entrée guimard du métro parisien,
00:44mais le mot métro a été remplacé par merde.
00:48Oui, c'est la France à la renverse, traduit dans un langage plus châtié quand même,
00:52Vincent Trémolet de Villers à la une du Figaro,
00:54l'éditorialiste qui signale qu'une seule personne n'était vraiment satisfaite du spectacle du grand délitement national,
01:00hier, Jean-Luc Mélenchon, qui était dans les tribunes de l'Assemblée.
01:04Il a passé un excellent après-midi, le spectacle a comblé toutes ses attentes,
01:08mais il est bien l'un des rares à pouvoir se réjouir ce matin,
01:12car quand Rémi Godot, à la une de l'opinion, tente de faire la liste des vainqueurs de la journée d'hier,
01:18il ne trouve en fait que des perdants.
01:21Le Premier ministre, tout sauf providentiel,
01:24les composants du socle commun salis par leur cynisme, leur lâcheté et leur fausse union,
01:30le nouveau front populaire discrédité par son obsession du chaos,
01:34le Rassemblement National redevenu au grand jour un parti populiste du désordre,
01:39du double langage et de la démagogie décomplexée.
01:43Mais celui qui a le plus perdu hier,
01:46celui à qui la presse en veut de manière définitive et unanime,
01:52et quel que soit le bord politique d'où elle s'exprime, c'est Emmanuel Macron.
01:56Son bilan, sa dissolution, sa stratégie, le roi est nu.
02:00Dans le point, Nicolas Baverez, qui ne peut pas être considéré comme un dangereux gauchiste,
02:05hostile au libéralisme, Baverez dissèque la France d'Emmanuel Macron au scalpel.
02:11La dissolution assensée de juin dernier, solde de 4 décennies de déclin, décrit-il.
02:16Le narcissisme et l'inconséquence de notre président ont transformé un long décrochage en crise sans précédent.
02:24Pour avoir dilapidé 1000 milliards de dettes publiques en 7 ans,
02:27le pays est touché par un violent choc financier, l'activité économique est en panne,
02:32les faillites explosent, le chômage remonte, les investisseurs se détournent massivement
02:37avec désormais pour mantra, tout sauf la France,
02:41et les institutions de la Ve République que l'on pensait indestructibles sont paralysées.
02:46Alors qu'attendre aujourd'hui d'Emmanuel Macron ?
02:48Eh bien, au moins qu'il nomme un premier ministre de droite, répond le Figaro écoeuré.
02:53Lui aussi, s'il pouvait faire preuve de bon sens, ce serait déjà inespéré, écrit Vincent Trémolet de Villers.
02:59Donc d'abord ne pas procrastiner pendant des semaines, mais nommer en quelques jours un nouveau premier ministre.
03:04Et puis, le pays est évidemment à droite, répète-t-il, il ne faut surtout pas un premier ministre venant de la gauche.
03:11Dans cette configuration, on peut ralentir l'autodestruction, mais on ne l'arrêtera pas, prévient-il encore.
03:18Entre confusion et médiocrité, cette journée de censure nous fait voir dans une unité de temps, de lieu et d'action,
03:26la tragédie d'une vie politique qui s'effondre sur elle-même.
03:29Alors au petit jeu des pronostics maintenant, qui pourrait accéder à Matignon ?
03:33Écoutez toujours les mêmes noms que vous retrouverez, Lecornu, Bayrou, Cazeneuve, ajoutez Baroin qui pointe le bout de son nez et de son ambition.
03:40Mais dans le fond, est-ce que tout ça a encore beaucoup d'intérêt ?
03:44Non, ce qui est formidable, c'est qu'aujourd'hui, les syndicats de fonctionnaires n'ont pas renoncé à descendre dans la rue
03:48pour contester un gouvernement qui n'existe plus.
03:51Une grève ? Mais pour quoi faire ? S'interroge d'ailleurs le Parisien aujourd'hui en France, frappé tout d'un coup par un éclair de lucidité.
03:59Un responsable syndical confesse à Catherine Gastez perdre une journée de salaire pour dire son mécontentement.
04:05S'il n'y a plus de gouvernement, pas sûr qu'il y aura du monde.
04:09Bref, pour paraphraser nos amis britanniques ce matin, merde !
04:15Et bonne chance à vous Olivier Delagarde, on se retrouve demain pour une nouvelle revue de presse.
04:19Et pourquoi vous me souhaitez bonne chance ?
04:20Parce que c'est ce qu'on dit aux gens pour leur souhaiter bonne chance, voilà, pourquoi ?
04:23Restons optimistes, restons optimistes.
04:25La revue de presse d'Europe, merci beaucoup Olivier Delagarde.