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Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, les journaux reviennent essentiellement sur les résultats des élections européennes largement remportées par le Rassemblement national mais ils s'attardent plus longuement encore sur la décision d'Emmanuel Macron de dissoudre l'Assemblée nationale.

Retrouvez "La revue de presse" sur : http://www.europe1.fr/emissions/la-revue-de-presse2

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Transcription
00:00 *Musique*
00:03 La revue de presse d'Europe 1, Olivier Delagarde,
00:05 les rédactions des quotidiens auront passé une nuit compliquée.
00:08 - Oui, parce que la soirée d'hier restera comme celle d'un double choc historique,
00:13 expliquant Henri Vernet du Parisien Aujourd'hui en France.
00:16 D'abord le choc annoncé tout de même depuis des semaines par les sondages
00:19 de la victoire écrasante du RN,
00:21 et puis deuxième choc, sans conteste le plus spectaculaire,
00:25 poursuit-il l'annonce par Emmanuel Macron de la dissolution.
00:29 Et là, branle bas de combat, les éditorialistes sont obligés de reprendre leurs papiers,
00:33 le Figaro change de une à toute vitesse,
00:36 la déferlante, c'était le premier titre du journal,
00:38 le choc, c'est la manchette de la dernière édition.
00:41 À Lille, dans la voie du Nord, Nathalie Zorn le reconnaît,
00:44 personne, personne n'attendait cette dissolution,
00:48 c'était même considéré comme impossible par les experts politiques.
00:52 Et du coup, les manchettes sont à la hauteur de la stupéfaction générale.
00:56 Coup de tonnerre, titre Le Dauphiné à Grenoble,
00:59 coup de poker pour le Télégramme de Brest,
01:01 c'est un pari extrême, annonce le Midi Libre à Montpellier,
01:05 un pari fou, titre l'Humanité.
01:07 - Alors une fois passée la stupéfaction, qu'en disent les journaux ?
01:10 - Bon, alors évidemment Dimitri, il y a plusieurs lignes.
01:13 Il y a d'abord ceux qui estiment que Macron ne pouvait finalement pas faire autrement,
01:17 il a fait le choix de la démocratie,
01:20 écrit par exemple Stéphane Vernet à la Une de West France,
01:23 "Oui Macron a décidé de ne pas faire comme d'habitude",
01:25 explique aussi Olivier Biscay du Midi Libre,
01:27 "il n'enjambera pas l'élection et sa cuisante défaite"
01:31 et l'éditorialiste le salue, "et même un acte courageux",
01:34 même son de cloche à Strasbourg où Franck Bouchy des DNA écrit
01:39 "Réduire la décision du président de la République à une opération kamikaze
01:42 s'apparente à un manque de confiance dans la démocratie".
01:46 Et puis les prophéties politiques ne s'accomplissent pas toujours,
01:49 rappellent-ils, voilà.
01:50 Alors ça ce sont un peu les journaux que l'on pourrait mettre dans la rubrique
01:54 "c'est pas si grave",
01:55 mais en toute objectivité, ils sont loin d'être majoritaires ce matin.
01:59 L'idée dominante c'est plutôt celle de Sébastien Weers,
02:02 l'éditorialiste de la Provence,
02:04 qui parle de Paris extrêmement risqué,
02:07 "Macron défie les électeurs de placer Jordan Bardel à Amatignon,
02:10 le jeu s'est révèle hautement inflammable", écrit-il.
02:14 "Mais c'est même déjà perdu d'avance",
02:16 donne Alexis Brezet dans le Figaro,
02:18 "la progression du Rassemblement National n'est pas un accident", écrit-il.
02:23 "Elle traduit une colère qui vient de loin,
02:26 qui désormais déferle sur l'Europe entière,
02:29 qui se nourrit pour l'essentiel,
02:31 d'une part des risques de l'immigration à contrôler
02:34 et de l'autre des menaces de l'islam politique".
02:37 Emmanuel Macron aura beau sonner le toxin,
02:40 battre le rappel une fois de plus des "bons républicains"
02:44 contre les "méchants extrémistes", poursuit-il,
02:47 il est peu probable que cette angoisse-là recule d'ici la fin du mois de juin.
02:52 Trois semaines, en plus, c'est très court pour faire campagne,
02:55 souligne Sébastien Crépel dans "L'Humanité",
02:57 le quotidien communiste qui parle d'irresponsabilité.
03:01 - Oui mais les plus sévères ce matin envers Emmanuel Macron,
03:04 ce ne sont pas les quotidiennes gauches.
03:06 - Non, ce sont les deux journaux qui ont probablement le plus soutenu
03:09 le président de la République depuis sept ans.
03:11 Je veux parler de l'opinion et des échos.
03:14 Nicolas Bethout, le président de l'opinion,
03:16 qui n'y va pas par quatre chemins ce matin.
03:18 "Emmanuel Macron a choisi l'option la plus aventureuse
03:21 au prétexte que cela lui a réussi pour conquérir le pouvoir", écrit-il.
03:26 "Il renverse la table, il remet en scène son duel exclusif avec le RN,
03:30 il relance le match entre nationalisme et progressisme
03:33 en imaginant qu'il lui sera plus profitable que le combat perdu d'hier".
03:37 En son temps, rappelle-t-il,
03:39 Bernadette Chirac avait affublé du surnom de "Néron".
03:43 Les mauvais génies qui avaient su convaincre Jacques Chirac
03:46 de dissoudre l'Assemblée et ainsi de massacrer sa majorité.
03:49 Comme l'empereur romain mit le feu à Rome,
03:52 Emmanuel Macron a-t-il craqué l'allumette
03:55 qui embrasera sa propre citadelle ?
03:58 Ça, c'est donc dans l'opinion.
04:00 Mais le plus sévère, c'est sans conteste le nouveau patron des échos.
04:03 Christophe Jacubisin a dû, lui aussi, réécrire son éditorial à la hâte
04:07 en apprenant les décisions présidentielles.
04:09 Vous l'allirez dans la dernière édition du journal.
04:12 Après la dissolution de confort de Jacques Chirac,
04:14 voici donc la folle dissolution d'Emmanuel Macron.
04:17 Véritable saut dans le vide, écrit-il.
04:20 Pour une fois, il n'a pas procrastiné.
04:23 Eh bien, il aurait dû.
04:25 Certes, il place les Français devant leur responsabilité,
04:27 mais alors que la guerre est aux portes de l'Europe,
04:30 alors que les Français ont choisi des candidats
04:32 qui plaident pour la non-ingérence,
04:34 il semble leur dire, eh bien,
04:36 "Gouvernez maintenant, les cons !"
04:39 Avec Rommel et Edouard Daladier,
04:41 découvrant à sa descente d'avion les Français
04:43 qui l'acclamaient pour avoir signé les accords de Munich,
04:45 Emmanuel Macron n'agit pas autrement,
04:48 affirme-t-il.
04:50 Conscient de la fragilité de la démocratie
04:52 et parfois de la lâcheté de ses concitoyens,
04:55 il lâche lui-même l'affaire
04:57 et de conclure qu'un président
04:59 ne devrait pas jouer à la roulette russe,
05:01 surtout en ce moment.
05:03 - Signature Europe 1, Olivier Delagarde,
05:05 de la revue de presse d'Europe 1.
05:06 Merci beaucoup, Olivier, à retrouver sur Europe 1.fr,
05:08 les réseaux sociaux également. Il est 8h46.

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