• il y a 2 semaines
Elle est née en l’an 2000, et elle habite les années 90 pour la grande fresque « Leurs enfants après eux » qui sort demain au cinéma, adaptée du Prix Goncourt de Nicolas Mathieu. La comédienne Angelina Woreth est ce matin l'invitée de Mathilde Serrell.

Retrouvez Nouvelles têtes présenté par Mathilde Serrell sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/nouvelles-tetes

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Transcription
00:00Les Nouvelles Têtes, Mathilde Serrel. Ce matin, votre invitée appartient à la génération
00:05dite Z, mais au cinéma, en ce moment, elle est plutôt Y. La comédienne Angélina Vorett
00:11est dans notre studio.
00:12Bonjour Angélina Vorett, on est tous vieux autour de ce plateau, on ne connait pas
00:41par cœur l'anecdote. C'est sorti en 1992, Under the Bridge, mais vous aussi vous la
00:46connaissez par cœur maintenant ?
00:48Oui, j'ai appris par cœur pour le film, parce qu'il y avait plein de musiques qui
00:52étaient déjà au scénario, donc on savait déjà à peu près à quelle sauce on allait
00:56être mangé. Je la connaissais mais j'ai dû la prendre par cœur et j'ai dû la
01:02chanter évidemment sur le plateau.
01:04Parce que dans leurs enfants après eux, donc l'adaptation du prix Goncourt de Nicolas
01:08Tuch, il y a une scène où vous chantez ça dans la piscine face à Paul Kirchherr,
01:11votre personnage de Steph, vous fredonnez.
01:13Je le fredonne, mais sur un plateau, quand il y a une musique, il n'y a pas vraiment
01:18la musique. Donc tu chantes avec un plateau en silence, tu chantes vraiment. Je chantonnais
01:25comme ça dans l'eau glacée, à un moment j'arrivais plus à chanter, j'avais plus
01:29de voix parce que j'avais trop froid.
01:30Il y a eu un phénomène avec l'amour ouf, c'est quand on s'est rendu compte que les
01:36acteurs de la première vie, c'est les mêmes producteurs, l'amour ouf et leurs enfants
01:40après eux, ils avaient envie de vivre dans les années 80.
01:42Il y a eu ça comme effet, les spectateurs aussi.
01:45Est-ce que ça vous a donné envie de vivre dans les années 90 ? Est-ce que c'est vraiment
01:48un personnage de ce film et de ce roman de Nicolas Mathieu ?
01:51Non, ça ne m'a pas forcément donné envie de vivre dans les années 90, mais ça m'a
01:57permis de découvrir un petit peu plus peut-être une époque avec laquelle j'étais familière,
02:02dûe aux musiques, aux films, toute la pop culture qui résulte de ma génération.
02:09En tout cas, on est vachement brillants de ça, j'ai l'impression.
02:12Donc, ça m'a permis d'être en immersion dedans et de vivre une adolescence différente
02:18pendant le petit temps d'un tournage.
02:20Le petit temps du tournage.
02:21Donc, leurs enfants après eux, donc Prigoncourt et Nicolas Mathieu, adaptés par des trentenaires,
02:25les jumeaux Bouckermin, vous incarnez le personnage de Steph, fille de Notable dans
02:29Tombe amoureux, le personnage d'Anthony, ado d'un milieu beaucoup plus modeste incarné
02:33par Paul Kirchherr.
02:34Paul Kirchherr, la bande-son, elle est totalement 90, je le disais, les rédotes entre autres
02:38que vous chantez dans une piscine et qui est dans une fête.
02:41Cette fête, elle est très importante parce qu'elle incarne la rencontre des différentes
02:45strates sociales.
02:46C'est un roman sur les inégalités, c'est un film sur les inégalités.
02:49Dans cette fête, il y a les différentes strates auxquelles les uns et les autres sont
02:52enfermés, dans lesquelles ils sont enfermés.
02:54Plus tôt, on a ceux qui sont d'un milieu plus aisé, ceux qui sont d'un milieu plus
02:59prolo et ceux qui sont carrément d'un milieu prolo, issus de l'immigration et qui sont
03:03presque dans la strate en dessous.
03:04Comment vous aviez ressenti, vous, ce livre et ce qu'il raconte de ces différences
03:11dans l'adolescence ?
03:12Déjà, ce livre, je l'avais adoré et je l'avais lu avant de savoir qu'il y avait
03:20ce projet qui allait se faire.
03:21Je l'ai relu au moment du film, bien sûr.
03:24J'avais trouvé déjà que c'était un film, que tout était très parlant, très imagé,
03:32en lisant, très détaillé.
03:33J'ai trouvé que c'était assez universel, que ça touchait à des choses que n'importe
03:40quel adolescent peut vivre.
03:41Moi, ce qui m'a touchée dans le personnage de Steph, c'est que c'est le personnage
03:48le mieux né, finalement, de l'histoire et c'est un peu le seul qui va ressentir
03:54un complexe de classe parce que c'est le seul qui va sortir un peu de cette arène
03:58d'élange et qui va se confronter à une autre réalité, celle de Paris, et qui va
04:04vivre une grande désillusion.
04:05Paris, c'est aussi une forme de déclassement parce qu'on se rend compte qu'il y a une
04:09hiérarchie.
04:10Même quand on est bien né, si on est bien né dans la région Grand Est, à Paris, on
04:13devient un peu moins né que les autres Parisiens, etc.
04:16Vous, vous avez quitté l'école à 16 ans, dans un autre milieu, ça aurait été
04:20pour aller bosser à l'usine, entre autres, et vous, ça a été grâce à votre père.
04:25Il vous a aidé à partir de l'école, c'est rare ça, qu'est-ce qu'il s'est passé ?
04:28Je ne dirais pas qu'il m'a aidé, c'est surtout parce que moi, j'avais vraiment
04:33des difficultés à l'école, c'était compliqué, ça se passait très mal et je
04:38pense qu'à ce moment-là, ça a été une discussion.
04:41Évidemment, mes parents étaient catastrophés, ils n'avaient pas du tout envie que j'arrête
04:45l'école, ils n'étaient pas genre youpi, mais je pense que certainement, on arrivait
04:52à un stade où ça devenait trop compliqué et mon père, comme lui, il n'a pas fait
04:55d'études et il était autodidacte, je pense que quelque part, il s'est dit, bon, j'ai
05:03dû te faire confiance, mais alors tu vas faire quoi ? C'est bien gentil, mais tu ne
05:09vas pas arrêter l'école pour rien faire, ce n'est pas possible, et comme ce n'était
05:14pas une vocation pour moi de devenir actrice, mais que j'ai grandi dans un milieu artistique,
05:18il était très fil, vous avez baigné dedans, je me suis dit, je vais faire du théâtre.
05:23Et là, pourquoi pas ? Et là, c'est le frisson quand même ?
05:29J'ai fait du théâtre, mais ça ne s'est pas forcément très bien passé, j'avais
05:36une peur bleue de monter sur scène, c'était violent pour moi, et puis sur un plateau,
05:42je me suis retrouvée comme un poisson dans l'eau.
05:44Finalement, vous avez trouvé votre espace, votre milieu, mais vous dites que vous ressentez
05:49comme le personnage qui est censé prendre Paris, Steph, et qui va être déçu, vous
05:54avez ressenti aussi cette difficulté, ce sentiment de ne pas être à sa place.
05:59Il y a des films qui vont être très importants quand même pour vous, qui sont deux films,
06:03d'abord un film de genre, Jessica Forever de Jonathan Vinel et Caroline Poggici, absolument
06:08génial, et puis vous allez jouer dans Les Rascales de Jimmy Laporal, très score, ça
06:12c'est votre premier rôle, et vous jouez le rôle d'une jeune femme skinhead.
06:17Vous avez eu peur depuis d'être enfermée, vous disiez, dans un rôle de skinhead ?
06:22Non, pas du tout.
06:24En fait, dans Les Rascales, ce n'est pas vraiment un personnage qui est skinhead, c'est
06:31un personnage qui se laisse embrigader, parce qu'il se passe quelque chose dans sa vie
06:35personnelle qui l'amène à ça, ça ne veut pas dire que je justifie ce qu'elle pense
06:41mais en fait, il se passe un événement d'une grande violence, et en fait, le film, en tout
06:47cas mon personnage, raconte un petit peu comment on en vient à avoir ce genre de pensées
06:53en fait, sans les justifier, mais en tout cas, ce qui a été intéressant dans ce film,
06:57dans ce projet pour moi, c'était d'essayer de la comprendre en fait, d'essayer de comprendre
07:03comment on en arrive là, et voilà, la violence, comment ça arrive en fait.
07:08Alors, vous êtes donc, depuis échappé de ce personnage, vous êtes Steph, donc dans
07:13Leurs Enfants Après Eux, qui est une très belle adaptation du roman de Nicolas Mathieu
07:17avec votre partenaire qui est incroyable aussi au cinéma, Paul Kirchherr, on vous souhaite
07:21bonne route Angéline Lavorette, sur une moto éventuellement !

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