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L'histoire aurait-elle pu s'écrire autrement ? Patrick Cohen imagine un accord de dernière minute pour sauver le gouvernement et le budget.

L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 3 Décembre 2024)
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00:00L'édito politique Patrick Cohen, l'histoire aurait-elle pu s'écrire autrement ? Vous
00:05imaginez ce matin un accord de dernière minute pour sauver le gouvernement et le budget ?
00:09Un renversement complet en plus de l'abandon de la surtaxe sur l'électricité, le Premier
00:14ministre accepte trois autres demandes de ses opposants, trois renoncements, pas de
00:18déremboursement des médicaments, pas de suppression de 4000 postes de professeurs
00:22et pas de coupe de crédit dans l'aide médicale d'État, Michel Barnier a choisi de s'adresser
00:27à la gauche plutôt qu'à l'extrême droite, de pactiser avec la fraction politique la
00:31moins éloignée du Bloc central, Olivier Faure a donc fini par toper avec Matignon.
00:37Olivier Faure, mais de quoi parlez-vous ? De politique-fiction, rassurez-vous, d'un scénario
00:41alternatif politiquement et arithmétiquement plausible, en observant les courbettes du
00:47Premier ministre face au RN, je me suis demandé si dans une logique de compromis, un leader
00:51de gauche libéré de la tutelle des insoumis aurait pu avoir le même poids politique en
00:57dictant ses exigences, bref, j'ai imaginé Olivier Faure triomphant au centre du jeu
01:03à la place de Marine Le Pen ! Il aurait pu négocier et épargner Michel Barnier ? Oui,
01:08sur le papier, oui, même avec deux fois moins d'élus, l'abstention des 66 députés
01:12socialistes suffirait à empêcher les censeurs de gauche et d'extrême droite d'atteindre
01:18la majorité absolue, il y a cette coïncidence amusante, Michel Barnier et Olivier Faure
01:23sont pays, comme on dit, ils sont nés au même endroit, à la Tronche, en Isère, précisément
01:29à l'hôpital Nord de Grenoble, ça peut aider à se parler.
01:32Et dans la vraie vie ? Non, non, pas du tout, c'est une fiction, même si les torts sont
01:36partagés par crainte de braquer les LR de Laurent Wauquiez, Matignon n'a jamais vraiment
01:41traité les socialistes, lesquels en ont beaucoup fait pour montrer qu'ils ne mangent pas de
01:46ce pain-là.
01:47Le jour même de la nomination de Michel Barnier, le 5 septembre, le PS annonce solennellement
01:52qu'il le censurera, la semaine suivante, Olivier Faure décline l'invitation de venir
01:56le voir à Matignon et laisse les communistes y aller en premier, il voit ensuite dans le
02:00gouvernement un bras d'honneur à la démocratie et signe, il y a dix jours, avec les trois
02:04autres chefs du NFP, une tribune pour répéter sa volonté de censure.
02:08Chacun sait à gauche que cette alliance ne tient que pour des raisons électorales, que
02:13quiconque en sort risque de se faire laminer à la prochaine dissolution, l'Union avant
02:18tout, avant le programme, avant le budget qui ne sera pas plus à gauche après avoir
02:22été rejeté, avant la cohérence, puisque les socialistes s'apprêtent à voter avec
02:26l'extrême droite à Paris, après avoir rejeté un vice-président de la commission européenne
02:31de la même couleur à Bruxelles, avant la responsabilité politique, celle d'ouvrir
02:35une crise sans moyen d'en sortir avant huit ou neuf mois, et celle de laisser le RN afficher
02:40sa puissance, comme jamais n'en a eu un parti d'opposition, maître du jeu, faisant croire
02:46à sa volonté d'un accord qui rende le budget et le gouvernement acceptables, alors que
02:50ce n'était qu'un prétexte pour le faire tomber, et un abus de bouche, avant la campagne
02:54qui vise à faire partir le président, la chasse est ouverte.

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