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Nicolas Sarkozy définitivement condamné dans l’affaire « Bismuth ». Une décision historique.

L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 19 Décembre 2024)
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Transcription
00:00L'édito politique Patrick Cohen, Nicolas Sarkozy définitivement condamné dans l'affaire
00:06Bismuth.
00:07Décision historique ? Il y a d'abord l'humiliation dont il faut
00:11mesurer la violence et l'ampleur.
00:12Nicolas Sarkozy n'ira pas en prison, mais il ne sera plus libre de ses mouvements, sous
00:17écrou, c'est-à-dire enfermé chez lui, et contraint de négocier toute sortie avec
00:20un juge.
00:21Avec un bracelet électronique à la cheville, c'est ainsi qu'il pourrait comparaître
00:26à partir de janvier pour les soupçons de financement libyens de sa campagne de 2007
00:31en citoyen déchu, lui qui avouait sa vie à la politique ne peut plus se présenter
00:35à une élection privée 3 ans de droit civique, et il ne pourra même pas voter à la prochaine
00:39présidentielle.
00:40Il va perdre sa grand-croix de la Légion d'honneur, c'est la règle, ce qui n'est
00:44arrivé à aucun autre de son rang depuis Philippe Pétain, il sera enfin le premier
00:48ex-président à porter plainte contre la France en demandant à la Cour Européenne
00:52pour les droits de l'homme de la condamner pour ce procès, selon lui, inéquitable.
00:56C'est un baroud d'honneur ? Peut-être pas, la Cour de Cassation a validé toute
00:59la procédure, il n'est pas question ici de la remettre en cause.
01:02Mais il y a dans ce dossier un point sensible, qui touche aux libertés, pas seulement celles
01:06de Sarkozy, les nôtres, à propos du secret des conversations entre l'avocat et son
01:11client.
01:12Je rappelle brièvement ces dossiers emboîtés comme des poupées gigognes, un, c'est pour
01:16récupérer ces agendas saisis dans le dossier Bettencourt que Nicolas Sarkozy complote avec
01:20son avocat pour circonvenir un magistrat de la Cour de Cassation, deux, c'est pour
01:25récolter des indices sur un financement libyen, deuxième dossier, que les juges placent l'ancien
01:30président sur écoute, et trois, c'est en le surveillant qu'il découvre une ligne
01:34ouverte au nom de Bismuth, troisième affaire.
01:36Précisons que rien n'a marché, personne n'est intervenu, aucun service n'a été
01:40rendu, ni poste, ni argent, ni agenda.
01:43Mais en matière de corruption, l'intention suffit, c'est la loi, or ces intentions
01:47n'existent que dans les échanges privés entre Nicolas Sarkozy et son avocat et ami
01:53Thierry Herzog.
01:54Ce sont les seuls éléments à charge et le secret professionnel est un principe fondateur
01:59du métier d'avocat et de l'organisation de la justice.
02:01Dans une société démocratique, certes, ce secret n'est pas intangible, a déjà
02:05dit la Cour Européenne des Droits de l'Homme, si les écoutes laissent penser que l'avocat
02:10a commis un délit, mais il y a, depuis le début de cette affaire, un trouble que la
02:14Cour de Cassation n'a pas complètement dissipé et que la Cour de Strasbourg devra
02:18éclaircir.
02:19A noter que dans notre Code de Procédure Pénale, c'est le même article qui protège
02:24le secret des correspondances de l'avocat et le secret des sources du journaliste.
02:28Un trouble, Patrick, qui aurait dû profiter à Nicolas Sarkozy ?
02:31Je ne sais pas, en matière de justice, l'une de nos boussoles devrait être le principe
02:35d'égalité des citoyens devant la loi, article 6 de la Déclaration des Droits de
02:39l'Homme.
02:40Le fait qu'un ancien président ne jouisse d'aucun privilège et subisse la rigueur
02:45de la loi telle qu'il n'a cessé de la réclamer tout au long de sa vie publique
02:49est plutôt un signe de bonne santé démocratique.
02:52Sauf, s'il apparaît que la personnalité de ce président a fait exagérément pencher
02:57la balance de l'autre côté, l'égalité, ça marche dans les deux sens.

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