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Le Mercosur, c’est presque sûr. Les explications de Patrick Cohen.

L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 18 Octobre 2024)
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Transcription
00:00Le 6-9, sur France Inter.
00:04L'édito politique donc avec Patrick Cohen, bonjour Patrick.
00:07Bonjour Marion.
00:08Le Mercosur, c'est presque sûr.
00:10Dans les allées du pouvoir à Paris comme à Bruxelles, c'est un nom qui suscite les
00:13soupirs consternés de ceux qui savent qu'ils ont perdu la partie.
00:17Mercosur, soit le nom du marché commun sud-américain, dominé par le Brésil et l'Argentine,
00:22cinq pays avec lesquels l'Europe négocie depuis 25 ans, pour un accord commercial
00:26que la France bloque depuis cinq ans mais qui pourrait bientôt s'imposer avec la
00:31perspective d'une déferlante de viandes brésiliennes et argentines, un quota de 99.000
00:37tonnes de bœufs taxés à 7,5%, 60.000 autres tonnes exemptées de droits de douane, ainsi
00:42que 180.000 tonnes de volailles, une bombe, moins d'un an après la grande colère agricole
00:48qui avait secoué le pays.
00:49Et pourtant, hier soir à Bruxelles, après le sommet européen, Emmanuel Macron a répété
00:53qu'en l'état, le traité Mercosur n'était pas acceptable.
00:56Oui, c'est la position constante de la France qui réclame notamment pour ce traité
00:58la mention effective de l'accord de Paris sur le climat et surtout la mise en place
01:02de « close miroir », c'est-à-dire l'imposition de normes environnementales et sanitaires
01:05identiques pour les produits échangés, ce qui n'est pas le cas, le président français
01:09l'a redit en mars dernier à Lula lors d'une visite au Brésil, tel qu'il est négocié
01:14aujourd'hui c'est un très mauvais accord, pour vous comme pour nous, il a aussi promis
01:18devant les paysans du salon de l'agriculture en février que les discussions se poursuivraient
01:23aux conditions françaises, mais en réalité, et malgré la France, l'accord est sur le
01:28point d'aboutir.
01:29Mais la France n'y a pas mis son véto, donc ?
01:31En fait, il n'y a pas de véto, en théorie, le texte, du moins son volet commercial, nécessite
01:36un vote à la majorité européenne qualifiée, or, cette majorité paraît largement acquise,
01:43l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie sont pour, la France est le seul grand pays qui
01:46ne veut pas signer, jusqu'ici, sa place en Europe et le poids personnel d'Emmanuel
01:51Macron avait dissuadé la présidente Ursula von der Leyen de lui tordre le bras et de
01:55décider sans lui, et bien c'est fini, la donne a changé, notre pays, en plein chaos
02:00démocratique et budgétaire, apparaît affaibli, le renvoi humiliant de Thierry Breton était
02:04un premier signe, Paris se bat maintenant à Bruxelles, isolé et dos au mur, incapable
02:10désormais de bloquer l'accord à lui seul et de former une coalition pour l'arrêter,
02:14c'est ainsi que face à la pression de l'Allemagne et de dix autres pays, impatient de voir s'ouvrir
02:20un débouché de 270 millions de consommateurs pour leurs voitures, leurs machines, leurs
02:25produits pharmaceutiques, la Commission européenne met la dernière main à un traité qui sera
02:29aussi dans les discussions du G20 de Rio de Janeiro dans un mois.
02:33Et donc, la France n'aurait rien à gagner à un accord avec le Mercosur ?
02:36Si, si, les industriels sont demandeurs et il y aurait des filières agricoles gagnantes,
02:41les producteurs de vin, de spiritueux, les éleveurs laitiers, mais l'heure n'est
02:44plus aux arguments économiques rationnels, le dossier est politiquement indéfendable,
02:49aujourd'hui c'est le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, qui sonne l'alarme,
02:53il parle du Mercosur comme d'un combat existentiel dans les campagnes, où la révolte gronde
02:59à nouveau, aussitôt terminée la période des semis, ils sont nombreux à envisager
03:03de ressortir les tracteurs pour un nouvel hiver de colère.

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