Le Conseil des ministres de ce matin sera sans doute le dernier de Michel Barnier.
L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 11 Décembre 2024)
Retrouvez toutes les chroniques de Patrick Cohen sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00Et c'est l'édito politique, Patrick Cohen, le conseil des ministres de ce matin, sera
00:05sans doute le dernier de Michel Barnier ! Il rêvait de réforme en profondeur, c'est
00:10cela qui l'intéressait, en relançant un grand débat, en se projetant vers la fin
00:14de la décennie, il n'aura tenu que trois mois, en parant à l'urgence budgétaire
00:18avec le soutien parcimonieux d'un socle minoritaire et désaccordé, avec des macronistes
00:23qui le regardaient comme un intrus.
00:24Michel Barnier, premier chef de gouvernement censuré depuis plus de 60 ans, explique volontiers
00:29qu'il a « essuyé les plâtres » d'une situation inédite, mais en voyant les députés
00:34de son socle l'acclamer debout, pour la première et dernière fois, juste avant le
00:37vote de censure, en parcourant les milliers de messages de soutien qu'il dit avoir
00:41reçus depuis, en observant la prise de conscience d'une partie de ses censeurs de gauche,
00:46prêts à ne plus camper dans une opposition systématique, il se dit que peut-être,
00:51son sacrifice n'a pas été vain.
00:53Vis-à-vis du RN Patrick, il n'a pas de regrets ?
00:55Aucun, même s'il ne veut pas laisser croire qu'il a été adoubé par le RN, le mot
00:59l'a fait bondir, lundi, lors d'un déjeuner avec François Hollande, lui préfère dire
01:03« toléré » par le RN, pas de regrets donc, sauf d'avoir pris ses demandes budgétaires
01:08au sérieux, le Premier ministre est convaincu que depuis le réquisitoire qui vise à la
01:12rendre inéligible, Marine Le Pen n'était plus dans une logique de négociation et qu'elle
01:17a fait semblant.
01:18Lundi 2 décembre, 8h30, avec la chef des députés RN au téléphone, Michel Barnier
01:23liste les concessions qu'elle a réclamées une semaine plus tôt dans son bureau sur
01:27la proportionnelle, les baisses de crédit de la ME et de l'aide au développement
01:32la taxe sur les rachats d'actions, il en rajoute une nouvelle, en renonçant à la
01:36baisse des remboursements de médicaments et en promettant de citer son interlocutrice
01:40dans un communiqué.
01:41« Très bien, lui dit Marine Le Pen, je vois Jordan Bardella à déjeuner et je vous rappelle,
01:4614h15, le communiqué de Matignon est tombé, le portable de Michel Barnier vibre à nouveau,
01:51c'est Marine Le Pen, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle, lance-t-elle désinvolte,
01:55la bonne, c'est que je renonce à de nouveaux allègements de charges, la mauvaise, c'est
02:00que je veux la réindexation des retraites ». Le Premier ministre a compris, la candidate
02:04a mis pouce en bas pour des raisons qui lui sont propres, sûrement pas, dit-il, pour
02:08avoir été maltraité ou ostracisé, Michel Barnier regarde aujourd'hui sans déplaisir
02:13les retours de flammes, comme la perte d'un député dans les Ardennes, subie par ce parti
02:18selon lui hors-jeu.
02:20On le devine amer, désabusé ? Il a l'élégance de ne pas le montrer, il vante son équipe,
02:25son bilan, oui, il y en a un, il est fier des compromis trouvés par les partenaires
02:29sociaux avec la ministre Astrid Panosian-Bouvet sur l'assurance-chômage et l'emploi des
02:34seniors, il se désole d'une machine gouvernementale à nouveau stoppée nette après déjà trois
02:39mois d'arrêt cet été, il sait que la suite de l'histoire s'écrira sans lui,
02:44mais de son histoire à lui, il écrira quelques chapitres supplémentaires pour un livre qui
02:49fait le bilan de 50 ans de vie publique, auquel il avait mis la dernière main cet été
02:55avant sa nomination, « 120 leçons de vie », c'était le titre, il y en aura donc
03:00au moins 4 ou 5 de plus.