Alors qu'elle même accuse le sénateur Joël Guerriau de l’avoir droguée à son insu dans l’intention de l'agresser sexuellement, la députée Sandrine Josso revient sur l'importance du procès Mazan. Pour les victimes, pour la mise en lumière du fléau de la soumission chimique et pour tous les progrès qu'il reste à faire.
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00:00La soumission chimique, c'est un angle mort et c'est le viol facile.
00:04C'est le premier moyen pour les agresseurs d'arriver à leur fin.
00:08J'étais comme tout le monde, c'est-à-dire que je pensais que ça arrivait dans les bars,
00:12dans les boîtes de nuit, alors que ça arrive majoritairement dans le cercle familial ou amical.
00:19Le 14 novembre dernier, j'ai été invitée par le sénateur pour fêter sa réélection.
00:23Et à un moment donné, j'ai commencé à avoir des symptômes
00:25après avoir bu quelques gouttes de ce champagne qu'il m'avait versé.
00:30Et là, je l'ai vu tenir dans sa main un sachet de drogue
00:34qu'il s'est mis à ranger dans un tiroir sous le plan de travail.
00:38Et c'est là que j'ai commencé à comprendre que finalement,
00:41tout ce que je ressentais, c'était dû au fait qu'il avait mis quelque chose dans mon verre.
00:46Et je me suis échappée.
00:47Joël Guerriot a décidé de ne pas démissionner.
00:51Il s'acharne à rester.
00:53Aujourd'hui, il se pose la question de son retour ou pas au Sénat.
00:57Il sait qu'on ne peut pas le démettre.
01:00C'est uniquement par la Constitution et après le procès qu'il pourra être démis de ses fonctions.
01:08Donc, il est en position de force.
01:10Et c'est ça que les Français ne comprennent pas,
01:12qu'il soit toujours sénateur et toujours rémunéré, quelque part, à ne rien faire.
01:18C'est-à-dire qu'il est en vacances pendant que d'autres,
01:22moi en l'occurrence, je travaille.
01:24En ce moment, et pour 4 mois, se tient à Vignon le procès des viols de Mazan,
01:28qui a permis de mettre en lumière le fléau de la soumission chimique.
01:31Est-ce que pour vous, ce procès constitue un point de bascule
01:34dans la conscientisation de la culture du viol, de ce qu'est la soumission chimique ?
01:38À plein de niveaux, nous sommes à un point de bascule.
01:41Il y a un avant-procès, il y aura un après-procès Mazan.
01:45Je suis marraine et porte-parole de l'association Mandorpa.
01:49À ce titre, je me suis rendue au procès.
01:51Bien sûr, pour soutenir Gisèle et sa famille,
01:55et également pour aller regarder, dans cette salle d'audience,
02:00comment les choses se passent.
02:02Ce procès n'est pas à huis clos.
02:04On est en mesure de constater tous les progrès qu'on a à faire.
02:08Tant sur la perception des victimes,
02:12le manque de compréhension à l'intérieur de la salle d'audience
02:18de tout ce qui est la soumission chimique, ce qu'elle induit,
02:21et puis aussi, il y a à l'intérieur des avocats
02:25qui, finalement, colportent une sorte de culture qui est un peu biaisée,
02:31cette fameuse culture du viol.
02:33Aujourd'hui, on banalise, on minilise,
02:36et quelque part aussi, on maltraite les victimes dans les salles d'audience.
02:40Et ça, c'est inadmissible, parce qu'il faut à tout prix
02:43que les victimes qui ont le courage de porter plainte,
02:46et qui peuvent porter plainte,
02:48parce qu'encore une fois, c'est tellement difficile de porter plainte,
02:51elles puissent aussi continuer à le faire dans des bonnes conditions.
02:56Gisèle dit très bien qu'il faut que la peur et que la honte changent de camp.
03:01Eh bien, elles pourraient changer de camp si, et seulement si,
03:05on prend en compte la douleur de toutes les victimes
03:10et qu'on les accompagne du mieux possible dans ces situations.
03:15Ce procès, Mazan, est là pour faire bouger les lignes.
03:18Et il faut que derrière, il y ait des bénéfices à ce procès
03:23et à cette levée de huis clos.
03:26Étant une femme politique engagée par une mission gouvernementale
03:31avant la dissolution de l'Assemblée nationale,
03:33je regarde à tous les endroits, tous les axes de progrès
03:37qu'on a à faire pour cette prise en compte de la soumission chimique.
03:41Ce qu'on souhaite avec ma collègue, c'est déjà qu'on puisse recenser
03:45toutes les victimes, que ce soit celles qui portent plainte
03:48comme celles qui ne portent pas plainte.
03:49Ensuite, il faudrait un kit du lendemain
03:51parce que l'accessibilité à la preuve, elle est très difficile
03:56pour plein de raisons.
03:57D'une part, parce que c'est une course contre la montre.
03:59D'un autre côté, parfois, les victimes ne se rappellent de rien,
04:03donc c'est très compliqué.
04:04Et puis, il y a aussi une emprise, une sorte de conflit de loyauté
04:07parce que dans la majeure partie des cas,
04:10les victimes connaissent leur agresseur.
04:12Donc il y a aussi une emprise, quand elles veulent parler,
04:16elles sont d'une certaine manière dissuadées à plein d'endroits.