Le maire de Nice, Christian Estrosi était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour Christian Estrosi.
00:02Et bienvenue à la grande interview sur CNews Europe 1.
00:04Vous êtes le maire de Nice, également vice-président du groupe Horizon.
00:08Marine Le Pen a prévenu que si le budget demeurait en l'état, son parti voterait la censure.
00:13Bruno Retailleau affirme qu'elle précipiterait ainsi le pays dans le gouffre.
00:17Le gouvernement, plus largement, parle de chianlis.
00:19Gabriel Attal dénonce son irresponsabilité.
00:22Est-ce que vous pouvez nous dire ce matin, Monsieur Estrosi,
00:25en quoi ce serait le chaos si Marine Le Pen et son parti voteraient la censure ?
00:29Non mais sérieusement, une France sans budget, c'est quoi ?
00:33Ce sont des taux d'intérêt qui montent.
00:36C'est un gel des économies qui sont proposées et qui sont aujourd'hui essentielles.
00:42Et c'est un dérapage des finances publiques.
00:46Et puis, naturellement, nous serons coupés de tout accès aux marchés qui ne nous feront plus confiance.
00:53C'est donc tout simplement une crise économique qui suit une crise politique.
01:00Et puis, je pense à la montée du chômage.
01:03Je pense à tous ces Français qui ont épargné et qui verront leur épargne s'effondrer.
01:10Alors, la grande question, c'est est-ce que Marine Le Pen est prête à assumer cette responsabilité ?
01:15Parce qu'aujourd'hui, j'avais le sentiment que le choix du Rassemblement national,
01:22c'était de rester assez serein, zen, calme, de montrer qu'on pouvait être une alternative possible à notre pays.
01:30Et moi, j'ai le sentiment que quelque part, les électeurs qui, au fond, pour un grand nombre d'entre eux,
01:38et je les respecte, ont voté pour elle, ou pour sanctionner Emmanuel Macron,
01:45ou parce qu'elle pouvait incarner à leurs yeux un choix possible,
01:50vont d'un coup d'un seul la juger comme quelqu'un de totalement irresponsable.
01:55Mais dites-nous, M. Estrosi, la crise économique, on l'a déjà.
01:58Le dérapage déficit, on l'a déjà.
02:00La crise politique, on l'a déjà.
02:02Qui a provoqué la dissolution et donc cette situation ?
02:04Non, mais je suis d'accord avec vous sur ce point-là.
02:10Mais on va refaire le match du mois de juin et du mois de juillet dernier, éternellement.
02:15Moi, je dis faire tomber Barnier, c'est faire trébucher la France.
02:19Et à votre question, au fond, qui est l'ingénieur du chaos, puisque c'est un peu ce que vous me demandez,
02:27qui est une expression qui est reprise dans l'excellent bouquin de Mario De Repoli, d'ailleurs.
02:34Celui-ci dit très clairement qu'il est important que les grands républicains soient capables de se rassembler
02:41et que le vrai danger vient des extrêmes, qu'ils viennent de gauche ou de droite.
02:46Donc aujourd'hui, on peut dire, allez, on avait raison quand on a dénoncé cette dissolution.
02:56On peut dire...
02:58Vous estimez que ce n'est plus le moment ?
03:00Aujourd'hui, vous estimez qu'on arrive à un point de bascule ?
03:02Je pense que la France mérite un peu mieux aujourd'hui dans le débat.
03:07Oui, mais c'est lui qui a commencé, vous savez, le truc du cours de récréation.
03:11Le mois de juin, c'est lui qui a commencé.
03:13Alors parce que c'est lui qui a commencé, on peut s'exonérer de tout.
03:16Parlons du présent et du futur.
03:17Six mois ou sept mois plus tard.
03:18Est-ce que vous estimez qu'il n'y a pas d'autres alternatives à Michel Barnier et son gouvernement aujourd'hui ?
03:22Est-ce que vous dites ce matin qu'il n'y a pas d'autres alternatives ?
03:24Il y a toujours des alternatives à tout, naturellement.
03:28Mais voyez-vous, moi, je ne suis pas un politicard.
03:34Je ne participe pas au débat à l'Assemblée.
03:37Il y a eu une loi sur le cumul.
03:38J'ai fait un choix, celui d'être maire.
03:41J'ai fait un choix, celui de ne plus participer, après avoir été trois fois ministre de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy,
03:49à une action gouvernementale, quelle qu'elle soit.
03:52Parce que le maire, c'est celui qui décide.
03:55Moi, au moment où vous me parlez, mon budget est déjà voté.
04:00Donc vous êtes en train de dire, en réalité, que même si le gouvernement tombe, les administrations restent,
04:04les maires et les collectivités assurent le suivi ?
04:06Oui, et puis ce n'est pas parce que le gouvernement tombe qu'il n'y a pas, dans notre Constitution, d'autres possibilités.
04:15Je vois simplement qu'il y a une grande confiance, on sort de la semaine du Salon des maires de France,
04:22une grande confiance dans l'élu qui est le maire, que les maires auront toujours un budget en équilibre,
04:27que les maires auront toujours...
04:29À bon entendeur. Là, vous dites, nous, on fait le job...
04:31Que les maires qui gèrent bien sont capables de baisser, comme nous le faisons, leur charge de fonctionnement...
04:38Et pas l'État.
04:39Et de maintenir de l'autofinancement pour pouvoir poursuivre les investissements dont nous avons besoin.
04:46Bon, si on veut qu'il y ait encore de la croissance dans notre pays, quel que soit ce qui se passe,
04:51il faudra bien en passer par une confiance renouvelée aux élus locaux.
04:56J'entends, bien sûr. Et vous dites, évidemment, arrêtez de mettre la pression sur les collectivités.
05:00Vous avez parlé, M. Estrosi, d'autres solutions. Parvenez-moi.
05:02Vous savez, le sursaut, si jamais ça se casse la figure, passera par les maires ou ne se fera pas.
05:08Bien. Et s'il n'y a pas ce sursaut ? Et si Emmanuel Macron est pressé par l'FI et l'ERN
05:13et pourrait se retrouver coincé entre la très grande difficulté de constituer un nouveau gouvernement
05:17et puis l'impossibilité constitutionnelle d'une nouvelle dissolution ?
05:21Est-ce que vous excluez une présidentielle anticipée ?
05:24Mais d'où vient cette idée ? D'abord, je vous suggère d'inviter Emmanuel Macron
05:33et de lui poser la question à lui-même, puisque le choix est entre ses mains.
05:41L'FI et l'ERN essaient tous les deux de faire croire que si une motion de censure est votée sur le budget,
05:51Emmanuel Macron n'aurait pas d'autre choix que de quitter le pouvoir.
05:56C'est totalement faux. Votre question, je ne sais pas si vous l'empruntez à l'FI ou si vous l'empruntez à l'ERN.
06:04L'emprunte au débat public, monsieur Estrosi, elle a été posée maintes fois, mais sans réponse, je l'emmarque.
06:09Nous sommes aujourd'hui dans plusieurs opportunités possibles. Renommer Michel Barnier, reconstituer un gouvernement.
06:17Adopter le budget de l'année dernière.
06:20Avoir le budget de l'année dernière qui sera distribué par douzième, puisque la Constitution le permet.
06:27Et puis, naturellement, tout cela peut durer jusqu'au mois de juillet, qui sera la date où on peut de nouveau bénéficier de législatives anticipées.
06:37Tout est possible. Vous savez, la vie politique s'accélère aujourd'hui.
06:41Et en même temps, je ne vous cache pas qu'il faut être prêt à tout.
06:45Parce que vous ne savez pas, je ne sais pas. Et imaginons ce que je n'imagine pas du tout.
06:53Tout peut arriver, y compris une démission du gouvernement.
06:57Mais avec Edouard Philippe et notre formation politique Horizon, dont je suis le vice-président, nous préférons nous mettre en situation d'être totalement prêts.
07:09Et aujourd'hui, je vois aussi que d'avoir ces temps-ci, avec une majorité parlementaire relative, faite de centres, centres droits républicains,
07:21réussi à renouer des liens avec nos amis d'hier. Moi, ma famille politique historique, ce sont les LR.
07:28Et je suis heureux de pouvoir parler avec eux, partager l'action qu'ils mènent et soutenir l'action du gouvernement de Michel Barnier.
07:36Après le tollé provoqué par leur proposition de loi visant à abroger le délit d'apologie du terrorisme dans le code pénal,
07:41les Insoumis font de nouveau parler, hier avec Éric Coquerel qui a refusé de dire que les islamistes étaient les ennemis de l'intérieur.
07:48Comment réagir face à ces outrances aujourd'hui ?
07:52Tout ça vient des islamo-gauchistes, c'est clair. Les outrances de Bernalise, de Coquerel, on commence à être habitués.
08:05Elles ont un mérite. Celle de montrer que c'est une gauche qui essaie de draguer, quelque part, les Français de confession musulmane.
08:17Si ce n'est que moi, je ne fais pas... Au contraire, je fais la différence très claire entre les islamistes et mes concitoyens de confession musulmane,
08:30qui aujourd'hui sont de parfaits citoyens intégrés aujourd'hui dans la République.
08:35Tous le sont.
08:36J'ai été, vous le savez, de ceux qui ont essayé d'illustrer ce qu'était la cinquième colonne il y a quelques années.
08:42Je vous pose une question. Tous le sont. Est-ce qu'il y a une parfaite intégration et assimilation en France ?
08:48Malheureusement, il n'y a pas une parfaite intégration. On est loin de ça.
08:53Je dirais même que chez les Français de plusieurs générations, je vois même dans un grand nombre d'entre eux un certain déclin dans leurs références à la nation,
09:09à cet héritage extraordinaire qu'est le nôtre, à cette France des Lumières où les valeurs sont abandonnées.
09:17Comment faire quand ils sont séduits par une partie du discours de la France insoumise ?
09:24Est-ce qu'il y a une solution ? Certains parlent de dissoudre un parti politique.
09:27D'abord, il faut reconnaître nos responsabilités collectives.
09:30Depuis la période de François Mitterrand, petit à petit, on a essayé d'abandonner l'excellence à l'école, sous des gouvernements de droite comme de gauche.
09:50Je vous pose la question directement. Gabriel Attal a appelé la gauche à se désolidariser de la France insoumise.
09:56C'est ce même Gabriel Attal, ancien Premier ministre, qui avait dit à l'entre-deux-tours des législatives qu'il fallait battre le RN, y compris en glissant dans l'urne un bulletin LFI.
10:05Est-ce que cette majorité dont vous faites partie, très relative, est crédible dans ce combat contre la France insoumise ?
10:10Je pense qu'aujourd'hui, un, ça n'est pas crédible. Deux, je vois de plus en plus de formations de gauche, y compris le Parti communiste d'ailleurs et Fabien Roussel,
10:22qui disent très clairement que jamais ils ne voudront participer à une action politique aux côtés de LFI.
10:30C'est-à-dire que de plus en plus, cette position extrémiste, anti-française, anti-nationale, personnellement, je vous l'annonce ce matin, je vais déposer plainte.
10:42Je vais déposer plainte pour l'intelligence avec l'ennemi. Je vais déposer plainte pour apologie pour le terrorisme contre M. Bernaliste et M. Coquerel.
10:56Parce qu'aujourd'hui, alors que nous voyons des citoyens qui, pour telle ou telle erreur, y compris Marine Le Pen d'ailleurs, et c'est la loi française, sont condamnés à l'apologie pour le terrorisme.
11:09– L'intelligence avec l'ennemi, je crois que c'est assez rare. C'est-à-dire que c'est même une forme de trahison par rapport…
11:17– Et pourquoi ce n'est pas une trahison ?
11:19– Je vous pose la question.
11:21– Non mais vous me posez la question, je vous la pose aussi.
11:23Parce que je vous lis, je vous ai lus dans une très belle tribune dans le JDD ce dimanche.
11:31J'ai le sentiment que vous n'avez pas un regard sur LFI qui ne considère pas comme moi qu'aujourd'hui, ce sont quelque part des ennemis, pas que de la République…
11:41– C'est la première fois qu'on fait ce repas.
11:43– De la nation, de la nation. La nation française, ça a un sens. Faire nation, ça a un sens.
11:49– Je vous pose la question, est-ce que c'est ainsi qu'on combat des idées, quand ça infuse dans les urnes ?
11:54Là, ce ne sont pas des idées. Est-ce qu'il y a bien des citoyens qui sont interdits de participer à des élections parce qu'ils commettent des infractions graves
12:05et qu'ils sont rendus inéligibles ? Pardon pour moi, défendre l'apologie du terrorisme en interdisant qu'on puisse être sanctionné pour apologie du terrorisme,
12:16eh bien, c'est sans doute une des infractions les plus graves qui soit, alors que notre pays a déjà payé un prix énorme face au terrorisme.
12:24– Et vous en savez quelque chose dans cette vie de ministre ?
12:26– Et j'en sais quelque chose.
12:27– Alors je vous pose la question directement.
12:28– Et d'ailleurs, j'ai des associations, des victimes du 14 juillet, ils sont prêtes à s'associer aux plaintes que je suis décidée à déposer.
12:38– Et on pense évidemment à ces familles, à ces victimes, évidemment à leur mémoire et à ceux qui sont blessés.
12:42Alors aujourd'hui, politiquement, Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon, quelle est la plus grande menace pour la démocratie ?
12:48– Je pense que l'une comme l'autre sont autant une menace, d'abord elle effie le son parce que ce sont des ennemis de la nation.
13:00Je n'en dirai pas autant de Marine Le Pen, mais je pense que Marine Le Pen, qui comme je vous le disais tout à l'heure,
13:06avait sans doute en prenant de la hauteur sur le débat public, en se contentant.
13:12Je remarque d'ailleurs que c'est une formation politique qui n'est que dans la critique et jamais dans la construction, ni dans la proposition.
13:20– Alors là, pour le budget, elle propose quand même certaines…
13:22– Oui, sa seule proposition c'est de dire je ne veux pas de budget.
13:26– Et vous, vous n'êtes pas d'accord avec ce budget non plus, Monsieur Strozy ?
13:29– Alors non, je ne suis pas d'accord avec ce budget, mais je suis pour que la France ait un budget
13:34et qu'à partir du moment où il y a des économies qui sont une exigence pour que nous regagnons une certaine confiance sur les marchés,
13:41et je crois que les Français aujourd'hui ont compris que nous étions confrontés à une instabilité
13:47qui pouvait avoir de graves conséquences sur la vie de leur ménage, sur les emplois à venir, sur leur épargne.
13:54Marine Le Pen se tirerait une balle dans le pied à l'égard de celles et ceux y compris qui lui ont fait confiance au mois de juillet dernier.
14:01Je pense qu'elle est en perte de crédibilité, tout simplement.
14:05Donc voilà, aujourd'hui nous avons un arc républicain où malgré tout…
14:09– Il va d'où à où, parce qu'à vous entendre, il y a juste le socle commun dans cet arc.
14:13Vous excluez la Rennes et la Latine.
14:15– Vous savez, en ce qui me concerne, je nourris un certain nombre d'espoirs de voir qu'avec Édouard Philippe et Horizon,
14:20avec les Républicains qui sont ma famille politique historique, dirons-nous, qu'avec…
14:27– Donc on balaye des millions de Français.
14:29– Avec un certain nombre de personnalités du centre-gauche avec lesquelles je partage certaines valeurs.
14:36Je pense à Manuel Valls, je pense à François Rebsamen et à quelques autres encore.
14:43Nous avons de quoi, à un moment, offrir un socle commun de véritables Républicains pour tenir les extrêmes sur les côtés.
14:51– Bien entendu, et c'est le projet d'Édouard Philippe.
14:53Il nous reste peu de temps, donc je vais aller à l'information de ce matin.
14:57Monsieur Estrosi, c'est Anne Hidalgo, la maire de Paris, qui ne va pas se représenter pour un autre mandat.
15:03Est-ce que vous dites, il faut savoir accrocher les gants ?
15:05– Vous savez, vous avez des confrères qui régulièrement font des enquêtes d'opinion.
15:10Quand vous voyez que, je pense à la tribune notamment, qui en a fait sur Bordeaux, sur Lyon, sur Marseille.
15:18Certains sont naturellement pas très bien placés.
15:22Je ne vais pas rougir d'en avoir un qui me met plutôt en bonne position à Nice,
15:28et un en très bonne position, Jean-Luc Moudin, qui est mon ami à Toulouse.
15:32– Même si vous avez la menace de votre frère ennemi, Eric Ciotti, pour 2026, qui est sérieux.
15:38Marine Le Pen a dit qu'il pourrait être le candidat naturel.
15:41– Alors si c'est Marine Le Pen qui le dit, vous savez, elle devrait se méfier de le voir faire la queue six heures
15:47pour essayer d'obtenir une petite signature de Jordan Bardella,
15:51qui, nous le savons, est un des premiers grands défenseurs de Marine Le Pen,
15:54pour se faire signer un petit bouquin.
15:57Quand on en est réduit à ça, on n'est pas un grand homme politique.
16:00– On avait dit tout à l'heure, pas d'enfantillage.
16:03– Mais lorsque je vois Anne Hidalgo, qui a sans doute fait un travail,
16:10que je ne veux pas lui contester, à Paris, peut-être avec un peu de brutalité à l'égard des Parisiens.
16:16Être maire, c'est toujours écouter, c'est toujours beaucoup de proximité, c'est de comprendre.
16:20– Vous lui dites merci, au revoir.
16:23– 62% des gens ne semblent plus vouloir d'elle.
16:27Se retirer, au fond, sur un succès aux Jeux Olympiques, c'est faire oublier le reste.
16:34Et c'est ne pas prendre le risque de se voir abîmé par une élection
16:41qui vous éliminerait de la vie politique.
16:43– Merci Christian Estrezy, on a compris que ce n'était pas votre cas en vue de 2026.
16:46Merci, bonne journée à vous.
16:47– Merci.