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85% des travailleurs sociaux souffrent de stress lié à la charge de travail. Pour répondre à ce besoin, l’ONG Bayes Impact, fondé par Paul Duan, propose une plateforme, CaseAI, qui aide les employés du service public. Certaines tâches sont réalisées par cette IA, faisant gagner du temps pour les personnes qui ont besoin d’accompagnement.

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Transcription
00:00L'invité de Smart Impact, c'est Paul Duhan. Bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue. Vous êtes le fondateur, le président de Base Impact.
00:13C'est quoi d'ailleurs ? C'est une entreprise, une association, une ONG ?
00:16Non, c'est une ONG, donc c'est sur un format associatif en France,
00:19qui a pour mission de mettre la technologie, en particulier l'intelligence artificielle,
00:24au service du bien commun.
00:25Ça passe par quelles initiatives ? On va parler de votre dernière innovation,
00:28mais ça passe par quelles initiatives ?
00:30Concrètement, on travaille avec d'autres ONG ou des services publics
00:33sur des solutions technologiques qui vont les aider à être par exemple plus efficaces
00:37ou à mieux servir leur public cible, notamment avec notre nouvelle plateforme CASE AI,
00:44qui vise à outiller les travailleurs sociaux et les conseillers de terrain dans leur mission.
00:49Alors justement, cette plateforme qui est personnalisable,
00:54on reviendra sur l'aspect personnalisable. Pourquoi, comment vous l'avez créée ?
00:58Alors pourquoi, c'est sur un constat simple, c'est qu'il y a des millions de personnes
01:03qui bénéficient d'une manière ou d'une autre d'un accompagnement du service public
01:07ou qui sont en besoin d'une assistance.
01:10Et en face, les personnes qui répondent à ce besoin, ce sont les travailleurs de terrain,
01:15les travailleurs sociaux, les conseillers, par exemple le conseiller à la France Travail,
01:19ça peut être des infirmiers, des infirmières.
01:21En fait, toutes ces personnes-là de terrain qui sont en première ligne,
01:24majoritairement font de l'excellent travail, mais souffrent souvent d'un manque de moyens,
01:29d'un manque de ressources, d'un manque de temps.
01:31D'ailleurs, il y a une étude britannique qui a montré que 85% des travailleurs sociaux
01:35souffrent de stress lié à la charge de travail et ont des signes de burn-out.
01:38Et c'est justement là-dessus que nous, on est convaincus qu'avec l'intelligence artificielle générative,
01:43on peut les épauler en prémâchant du travail, en leur faisant gagner du temps
01:47et donc en libérant aussi du temps pour l'accompagnement humain.
01:50Et derrière, c'est comme ça qu'on peut faire en sorte que les gens qui sont dans le besoin
01:53peuvent avoir l'aide qu'ils nécessitent.
01:57Qu'est-ce que cette plateforme permet de faire ?
02:00CASE.AI, c'est une plateforme qui s'intègre avec les données de votre système de gestion de bénéficiaires
02:06et qui derrière va pouvoir aider les travailleurs sociaux en résumant les dossiers
02:10et en derrière proposant des plans d'action.
02:12Et ces plans d'action, ils sont donc personnalisés à la fois en fonction de la méthodologie de votre organisation
02:17mais aussi en fonction de votre catalogue de services pour que ça propose vraiment des plans d'action
02:21qui collent vraiment avec ce que les travailleurs sociaux de votre organisation feraient.
02:26Donc ça veut dire que c'est une plateforme qui est proposée gratuitement ?
02:31Moi j'essaie de comprendre, vous êtes une ONG, donc vous bénéficiez de dons
02:37et ça vous permet de développer un produit comme celui-là ?
02:40C'est ça, donc nous on a un modèle hybride, c'est-à-dire qu'en tant qu'ONG on reçoit des dons d'ailleurs
02:43à la fondation Google.org qui nous a fait un gros don de près de 2 millions de dollars
02:48pour financer la R&D sur cette plateforme parce que c'est un produit technologique assez conséquent
02:54mais derrière que nous on met à disposition un open source.
02:57C'est-à-dire que n'importe qui peut le télécharger, l'utiliser, etc.
03:00Ensuite derrière, j'utilise un modèle hybride parce que tout le monde n'a pas forcément envie de télécharger un code source
03:06de le faire tourner, de le déployer soi-même
03:08et donc on propose nous sur un format d'abonnement derrière une version packagée
03:12où tout ça c'est clé en main et donc ça là-dessus avec un modèle de revenu qui est associé.
03:16D'accord. Quand vous dites personnalisable, à quel point c'est personnalisable ?
03:20Alors c'est très personnalisable, c'est-à-dire que derrière en fait c'est facile pour une organisation
03:25donc imaginez par exemple vous êtes une association qui aide les enfants placés
03:28il y a tout un tas de méthodologies, de guides que par exemple vous pourrez fournir à vos nouveaux employés
03:35parce qu'il ne faut pas le faire n'importe comment, vous pouvez le faire aussi en fonction d'une méthodologie qui vous est propre.
03:41Tout ça c'est quelque chose qu'on peut enseigner à Case.AI et qui fait que derrière lorsque le Traversocio utilise l'outil
03:47les recommandations qui sont proposées collent vraiment avec ces instructions-là.
03:52Vous travaillez aussi avec l'association e-Enfance par exemple qui lutte contre le harcèlement et les violences numériques
03:58et qui utilise déjà cette plateforme ?
04:01Alors on est en cours de travail, parce qu'e-Enfance est également en train de changer leur système de gestion des cas.
04:09Ce sont des choses qui prennent du temps, mais effectivement on travaille avec eux pour aider à faire en sorte
04:13qu'e-Enfance puisse faire face à la montée assez exponentielle des appels.
04:20Oui alors c'était la question que j'allais vous poser parce qu'en fait ce qui est compliqué
04:25c'est qu'on est dans de l'accompagnement qui veut être le plus pointu, le plus humain, le plus précis possible,
04:33sauf que quand on est confronté à une association, à une masse grandissante d'appels ou de données, on est perdu, c'est ça le constat ?
04:41En fait, malheureusement c'est un constat dans le social, c'est que ça arrive fréquemment par exemple que vous ayez une montée de...
04:49Par exemple pour e-Enfance, c'est le nombre d'appels qui a presque doublé en un an,
04:54donc c'est une augmentation du volume qui est conséquente, mais en même temps les budgets n'ont pas doublé.
05:01On ne va pas forcément embaucher deux fois plus de personnes, on aimerait mais ce n'est pas forcément toujours possible.
05:06Et c'est là justement que grâce à la technologie, on pense qu'on peut outiller les personnes qui sont déjà là sur le terrain
05:14et les aider à faire face à cette montée en charge.
05:16Cette subvention dont vous parliez de Google.org, comment ça se passe ?
05:21Vraiment question de curieux, vous avez répondu à un appel d'offres, ils vous connaissaient, vous avez des contacts chez Google.org, comment ça s'est passé ?
05:29Oui, Google.org sont nos principaux financeurs depuis longtemps, ils nous avaient déjà soutenus sur des projets précédents,
05:35notamment on a beaucoup travaillé sur l'accompagnement des demandeurs d'emploi, avec une plateforme qui s'appelle Bob,
05:40qui derrière était un peu un prototype de KZI, puisqu'on utilisait à l'époque, il n'y avait pas encore l'IA générative,
05:46mais on avait développé tout un système pour proposer des accompagnements personnalisés en fonction de la situation d'un chercheur d'emploi.
05:53Et donc Google, on se connaît bien puisque nous on a démarré Base Impact aux Etats-Unis à l'époque où j'y vivais là-bas,
06:02donc c'est vrai que ce sont les mêmes réseaux et je pense qu'on partage avec la fondation Google, qui est une partie à part de l'entreprise,
06:11que la technologie ça sert aussi, c'est un outil, ça peut aussi servir à faire de l'impact et surtout à l'échelle.
06:17Vous parliez tout à l'heure de cette tension qu'on a au niveau des opérations, vraiment la conviction chez Base Impact,
06:24c'est que l'IA ça permet de concilier deux choses qui paraissent un peu contradictoires, c'est de faire du personnalisé en termes d'accompagnement à l'échelle.
06:32Comment est-ce qu'on fait du sur-mesure en masse, parce que l'échelle malheureusement des problématiques sociales est massive.
06:39Est-ce que vous avez l'impression de remplir une mission de service public ?
06:42Oui, clairement, et d'ailleurs j'ai écrit il y a quelques années un papier à ce sujet, que l'innovation sociale et l'innovation publique finalement c'est le même combat.
06:52Et ce qu'on a vocation à faire c'est l'impact systémique, c'est-à-dire ce que nous en tant qu'ONG on peut faire peut-être plus facilement que les pouvoirs publics,
07:01c'est innover, c'est prendre des risques, c'est tenter des choses, que ça marche, que ça ne marche pas, pour diverses raisons dont des bonnes.
07:07C'est plus compliqué pour les gouvernements d'aller tenter des choses et de prendre ce type de risques-là qui sont inhérents à l'innovation.
07:15Par contre une fois que ça fonctionne, vraiment la question c'est comment est-ce qu'on fait en sorte que ça passe à l'échelle,
07:19que ce ne soit pas juste un impact qui soit anecdotique ou une belle histoire où on dit voilà super on a réussi à prendre ce petit bout,
07:24comment est-ce que derrière voilà si on peut aider, si on a une solution où derrière on voit que ça peut aider 1000 enfants victimes de harcèlement, pourquoi pas 100 000 ?
07:33Alors vous avez peut-être lu, moi je suis en train de lire le dernier livre de Yuval Noahari Nexus, c'est l'auteur de Sapiens.
07:40Pour ceux qui avaient lu Sapiens, il propose une histoire des réseaux d'information de l'âge de pierre jusqu'à l'intelligence artificielle.
07:47Je ne suis pas arrivé à la fin du livre mais bon, il est quand même assez pessimiste sur la capacité humaine à maîtriser justement les IA génératives
07:57avec la puissance qu'elles sont en train d'acquérir. D'ailleurs il ne dit plus intelligence artificielle, il dit intelligence autre.
08:03C'est intéressant. Quel est votre avis là-dessus ? Parce que vous nous dites on met l'IA et c'est ce que vous faites.
08:09On met l'IA au service du bien commun finalement. Est-ce qu'elle peut nous échapper ?
08:14Alors il y a un débat technologique sur jusqu'où peut aller l'IA en termes d'intelligence et donc des IA qui notamment s'améliorent elles-mêmes pourraient nous échapper.
08:25C'est plus un débat de futuristes qui n'est peut-être pas un futur si éloigné que ça.
08:30Donc il faut se poser quand même ? C'est une question qu'il faut se poser ?
08:34Il faut clairement se poser la question. Après au-delà de cette question-là qui est plus futuriste, la grande question c'est surtout sur l'impact économique et sociétal
08:42d'avoir des IA qui peuvent vraiment chambouler le marché du travail.
08:47C'est pour ça qu'on parle vraiment est-ce que l'IA peut détruire des emplois ? Est-ce que l'IA même remet en question la notion même de travail ?
08:53Et nous ce qu'on oppose à ça c'est que c'est vrai qu'il faut se poser ces questions mais en fait dans le domaine du social on dit déjà qu'on est sur des industries
08:59ou sur un secteur qui est desservi, un secteur où il n'y a pas assez de gens, un secteur où les métiers sont peu attractifs, pas assez désirables, pas assez bien payés,
09:07où il n'y a pas assez de gens même si c'est un métier formidable, en tout cas qui ont du sens. L'économie ne valorise pas forcément ces métiers qui ont du sens.
09:15Donc lorsqu'on dit que l'IA peut chambouler l'économie alors certes mais du coup nous on parle d'économie sociale qui est déjà l'enfant pauvre malheureusement de nos sociétés
09:23et où quelque part on a presque tout à gagner en utilisant l'intelligence artificielle pour aider à mettre en valeur ce secteur qui est souvent un peu oublié.
09:35Merci beaucoup Paul Douanet, à bientôt sur BeSmart for Change. On passe à notre débat, les entreprises françaises sont-elles prêtes pour la CSRD ?
09:43Je crois que tous les jours ou presque on en parle.

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