• le mois dernier
Il faut coopérer ! voilà une injonction de plus en plus fréquente. Que ce soit entre les services de renseignements français pour plus d’efficacité, entre les métiers d’une même entreprise pour plus de créativité, ou encore au sein d’une filière industrielle pour améliorer sa capacité de négociation face à des concurrents étrangers. [...]

Category

🗞
News
Transcription
00:00Il faut coopérer. Voilà une injonction de plus en plus fréquente, que ce soit entre
00:13les services de renseignement français, pour plus d'efficacité, entre les métiers d'une
00:18même entreprise, pour plus de créativité, ou encore au sein d'une filière industrielle
00:23pour améliorer sa capacité de négociation face à des concurrents étrangers. Et pourtant,
00:29le quotidien nous montre combien cette injonction à la coopération est souvent peu suivie
00:34des faits. Pourquoi ? Parce que la coopération est double, elle est duale, elle repose sur
00:41des mécanismes apparemment contradictoires et qu'il va falloir gérer conjointement.
00:45Revenons à sa définition. La coopération, c'est agir collectivement en vue d'une
00:52finalité donnée. La coopération se développe dans le temps et repose sur deux logiques
00:57de comportement, à la fois opportunistes et identitaires. La logique opportuniste tout
01:04d'abord, on coopère par calcul. Je coopère avec l'autre pour avoir accès à des ressources
01:10que je n'ai pas et qu'il détient. Sanofi coopère avec Excentia pour avoir accès à
01:16son savoir-faire en intelligence artificielle. Et dans le même temps, l'entreprise britannique
01:21coopère avec Sanofi pour bénéficier de compétences en développement et commercialisation
01:26de nouveaux traitements contre le cancer. La coopération dure tant que les gains pour
01:31chacune des parties excèdent des coûts. Cette coopération est dite complémentaire
01:37parce qu'elle repose sur la complémentarité des ressources apportées par chacune des
01:41parties. L'autre forme de coopération est au contraire basée sur la ressemblance, une
01:49identité commune. Je coopère avec l'autre parce qu'il me ressemble, parce que nous
01:54faisons partie d'une même communauté de valeurs, d'histoires, de croyances. L'existence
01:59d'un syndicat professionnel, comme le Medef par exemple, repose sur cette forme de coopération.
02:05Nous la qualifions de coopération communautaire. Toute la difficulté est qu'il faut arriver
02:12à mobiliser conjointement ces deux formes de coopération. Aucune ne peut en effet se
02:17développer sans l'autre, et ce pour une raison simple. La coopération s'inscrit
02:23dans le temps. Ainsi, si elle n'est pas accompagnée par un intérêt individuel à
02:27être au Medef, la seule coopération communautaire s'essouffle et l'adhésion diminue. De
02:34même, si Sanofi et Exsintia n'ont pas un socle commun de croyances, la seule logique
02:40opportuniste peut rapidement faire exploser l'alliance. Ce raisonnement s'étend au-delà
02:45du management. Le champ politique en est un bel exemple. Il est vrai, on va avoir individuellement
02:52une préférence pour l'une ou l'autre forme de coopération. Mais c'est bien la
02:57présence simultanée au sein du collectif, de la coopération complémentaire et de la
03:02coopération communautaire, de l'opportunisme et du sentiment d'appartenance qui permettra
03:08de faire tenir la relation dans le temps. Créer une dynamique coopérative nécessite
03:14de dépasser la dualité des relations humaines. Voilà toute la difficulté, mais en voilà
03:20aussi toute la force.

Recommandations