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00:00Et bienvenue dans les informes et l'émission de décryptage de l'actualité de France Info avec Renaud Delis, bonjour Renaud.
00:09Bonjour Salia.
00:10Et bonjour à nos informés autour de la table.
00:12Aujourd'hui on a Alix Bouillague, éditorialiste politique à France Info Télé, vous présentez tous les matins 7h45 l'interview politique.
00:18Bonjour Alix.
00:19Bonjour Salia.
00:20Et à vos côtés François-Xavier Bourmont, journaliste politique à l'Opinion, bienvenue.
00:23Bonjour Salia.
00:24Renaud Delis on commence tout de suite par la grande déprime des maires au congrès des maires de France justement qui s'ouvre aujourd'hui.
00:30Le congrès, le 106ème congrès des maires de France qui s'ouvre officiellement aujourd'hui.
00:35Un congrès lors duquel la colère des maires pourrait se faire entendre, c'est ce que certains d'entre eux en tout cas affichent comme intention.
00:42Un congrès où, comme souvent d'ailleurs il faut le reconnaître, le Premier Ministre est attendu de pied ferme, en l'occurrence Michel Barnier,
00:50mais aussi son gouvernement et notamment Catherine Vautrin, ministre chargée de la décentralisation et des collectivités locales,
00:56attendu de pied ferme plus encore sans doute cette année puisque dans le cadre du projet de budget 2025,
01:00pour résorber peu à peu le déficit public record, le gouvernement demande 5 milliards d'économies à l'ensemble des collectivités locales.
01:08Alors on se souvient que vendredi dernier Michel Barnier a déjà promis au département de France qui le recevait,
01:14qui recevait le Premier Ministre à l'occasion de leurs assises,
01:16il a promis de revoir significativement à la baisse la facture exigée des départements de France.
01:21Est-ce que le gouvernement fera un effort aussi à l'endroit des communes, des maires qui se sentent délaissés, abandonnés ?
01:29Voici ce que disait il y a quelques jours David Lissnard, qui est le maire LR de Cannes et président de l'Association des maires de France,
01:35et qui était l'invité de nos confrères de France 2.
01:39J'ai dit récemment qu'il fallait faire attention à ce que les prochains gilets jaunes ne soient pas en écharpe tricolore, pour une raison toute simple.
01:45Bien sûr qu'il y a un millefeuille indigeste, il y a aussi des collectivités mal gérées évidemment.
01:49Mais aujourd'hui sur la dette de toutes les collectivités, régions, départements, malgré celles qui sont mal gérées,
01:54le rond point trop c'est 8,9% du total de la richesse.
01:57C'était plus de 9% il y a 30 ans, pendant ce temps-là la dette de l'État a été multipliée par 3.
02:03Alors on peut parler des 8,9% qui ne sont que des dépenses d'investissement,
02:06mais il faudrait parler des 91% qui sont notamment dans du fonctionnement.
02:12Presque les maires ont raison de se plaindre, d'être pointés du doigt par l'État.
02:17Il y a quelques semaines d'ailleurs, le même David Lissner évoquait le fait, je le cite,
02:20que l'État se déchargeait de ses turpitudes sur le dos des collectivités locales en général et des maires en particulier.
02:27A l'approche de ce congrès de l'AMF, un certain nombre de mairies ont affiché leur hostilité en restant fermées plusieurs jours,
02:34en affichant sur leur façade des banderoles hostiles au projet de loi de finances.
02:37Le gouvernement sera-t-il en mesure de répondre à cette colère des maires ?
02:40Alors c'est vrai que c'est un petit peu le marronnier quand même.
02:42Chaque année, les collectivités locales se plaignent de leur dotation budgétaire.
02:47Et c'est vrai aussi que Bruno Le Maire avait quand même un peu armé les choses
02:51en disant que les collectivités locales étaient quand même les principaux artisans du dérapage budgétaire à hauteur de 16 milliards.
02:58Bon, il y avait peut-être manière plus délicate de faire les choses pour cette année.
03:03Après, c'est vrai qu'à la décharge de l'AMF, par exemple, il y a des transferts de charges qui ont lieu sur l'environnement,
03:12sur la petite enfance, sur la sécurité, sur les transports.
03:15Plus de charges, ça veut dire plus de personnel, donc plus de dépenses.
03:19D'un autre côté, le Conseil constituel dit qu'il y aurait des économies à faire
03:24parce qu'effectivement, on peut supprimer 100 000 emplois sur 2 millions des collectivités locales, ça ferait économiser 5 milliards.
03:35Donc, il y a quand même du gras.
03:37Madame Vautrin, qui est la ministre des Territoires, elle calme le jeu en disant que d'une manière générale, les collectivités locales sont bien gérées.
03:45La vérité, elle est peut-être entre les deux.
03:47C'est-à-dire qu'aujourd'hui, l'État veut rogner 5 milliards d'euros.
03:52Si on compare les déficits, on se rend compte que l'État, c'est 5,5%, que les collectivités locales, c'est 0,35%.
03:59Donc, peut-être que le chiffre de Gérard Lachez qu'il a lâché ce week-end dans le JDD
04:04et qui ferait tourner autour de 2 milliards ces nouvelles charges, c'est peut-être ça qui serait le juste prix, entre guillemets,
04:11en sachant qu'effectivement, ils ont beaucoup moins d'autonomie sur les recettes.
04:15Mise à part la taxe foncière, il n'y a plus de taxes d'habitation, il n'y a plus non plus de taxes professionnelles.
04:20C'est pour ça que les mairies sont en colère, mais aussi les départements, en fait.
04:23Il y a plusieurs échelons, parce que sur les économies demandées, il y a très peu de moyens d'avoir des recettes supplémentaires, François-Xavier.
04:31Oui, effectivement, d'autant plus que...
04:33En fait, il y a plusieurs choses dans la colère des maires qui s'expriment.
04:36Il y a des sujets récurrents.
04:38Le premier sujet récurrent, c'est la suppression de la taxe d'habitation que les maires n'ont toujours pas digérée.
04:45Il y a des sujets qui s'aggravent, les agressions que subissent les maires et la sécurité à laquelle ils doivent faire face dans leur commune.
04:53C'est ces agressions qui progressent.
04:56Et puis, là, effectivement, cette année, il y a en plus le fait que Bruno Le Maire les ait accusés d'être en grande partie responsables du dérapage budgétaire.
05:06Avec la facture de ce dérapage budgétaire qui arrive, 5 milliards d'euros, c'est un peu toujours sur eux que ça retourne.
05:14Donc, ça crée quand même un climat de colère.
05:17Mais si cette colère ne s'exprime pas au Congrès des maires, c'est quand même le seul endroit où les maires peuvent porter des revendications.
05:25Il n'y a pas de manifestation de maire ou de grève de maire.
05:28Si ça ne s'exprime pas au Congrès des maires, ça ne s'exprime jamais.
05:31Tous les ans, les maires sont en colère, les représentants des collectivités territoriales sont en colère.
05:36Il y a un bras de fer qui se joue avec l'exécutif.
05:38Une différence depuis le début du quinquennat, c'est que cette année, cette colère est dirigée contre Michel Barnier.
05:46Et plus contre Emmanuel Macron, qui de toute façon ne pourra pas y répondre puisqu'il est au Brésil pour le G20.
05:51Mais c'est la première fois depuis le début du quinquennat d'Emmanuel Macron à la suppression de la taxe d'habitation
05:56que c'est quelqu'un d'autre que le président de la République qui doit affronter la colère des maires.
06:01Est-ce qu'il va réussir à la faire retomber ou pas ? C'est son grand enjeu.
06:05Il est un réputé, habile négociateur. On voit qu'il a commencé à lâcher deux, trois choses.
06:09C'est un enjeu pour lui que de réussir à faire en sorte qu'au bout du compte, ça se passe quand même bien.
06:15L'un des atouts qu'on compte mettre en avant Michel Barnier,
06:19qui commence déjà à mettre en avant dans les jours et dans les heures qui viennent,
06:23c'est le fait que son gouvernement devient un gouvernement d'élus locaux.
06:26Beaucoup plus que le précédent, un gouvernement à taille qui était panté du doigt,
06:30comme étant à la fois très techno et très parisien.
06:32Là, les territoires, puisque c'est désormais le mot consacré, sont abondamment représentés au sein de ce gouvernement.
06:38Ensuite, c'est vrai qu'il y a plusieurs strates qui s'additionnent pour expliquer ce mal-être, ce malaise des maires.
06:44Il y a évidemment un problème de financement et certains évoquent un manque de moyens.
06:49Mais au-delà de ça, c'est plus une perte d'autonomie fiscale que déplorent les maires,
06:53plus que la baisse globale de l'enveloppe.
06:55Et effectivement, d'être pointé du doigt en gros par l'État,
06:58alors que l'État lui-même a peu de leçons à donner en matière d'efficacité budgétaire.
07:04Ensuite, il y a des choses qui relèvent parfois de la responsabilité de certaines communes
07:10ou de certaines collectivités locales, bien sûr.
07:12Mais je pense qu'il y a plus, dans l'éventuel gabgi, si j'ose dire,
07:18ou en tout cas dépenses excessives d'un certain nombre de collectivités locales,
07:22un problème qui tient à la structure de ces collectivités locales.
07:25David Lissenard le citait lui-même, d'ailleurs, dans l'extrait qu'on a diffusé il y a quelques minutes.
07:28Il parlait d'un millefeuille territorial.
07:30Effectivement, l'expression aujourd'hui est consacrée.
07:32Et c'est vrai qu'on a cessé d'additionner un certain nombre de structures.
07:36Et par exemple, ces 30 dernières années, il y en a une qui s'est développée considérablement,
07:40c'est l'intercommunalité, qui pose aussi d'ailleurs un certain nombre de problèmes aux maires
07:45qui ont le sentiment de perdre un certain nombre, une forme d'autonomie,
07:48un certain nombre de responsabilités.
07:50Sauf qu'on a empilé les strates, les mairies et les départements étant, on va dire,
07:56les strates historiques, d'ailleurs, qui sont liées vraiment à la constitution
08:00de notre territoire, de notre République, mais on y a ajouté les régions.
08:03Et on a vu d'ailleurs qu'y compris la fusion des grandes régions sous François Hollande
08:06n'a absolument pas généré d'économie.
08:08Bien au contraire, le développement de l'intercommunalité.
08:10Et donc aujourd'hui, on se retrouve avec un problème qui est un maquis,
08:13qui peut générer des dépenses excessives.
08:16Et puis aussi une vraie question de responsabilité.
08:18Qui est responsable de quoi ?
08:20C'est trop flou, là, maintenant, Alex.
08:21Y a le maire de Charleville-Mézières qui a fait un rapport qui est sorti en mai 2024
08:26justement sur les doublons entre l'État et les collectivités locales.
08:29Conclusion, 5 milliards de dépenses pour rien, dans un enchevêtrement
08:35qui n'a aucun sens entre l'État, les interventions de l'État,
08:39des agences qui font doublons.
08:42Donc déjà, peut-être commencer à faire le ménage là.
08:445 milliards, c'est quand même pas rien.
08:45C'est ce qu'il demandait.
08:47Ensuite, et c'est vrai qu'on s'est rendu compte
08:49qu'il y a un renforcement du contrôle financier exercé par l'État
08:53comme si finalement il y avait eu un mouvement de décentralisation
08:56qui a engagé en 1982,
08:59qui est devenu un mouvement de recentralisation financière,
09:04d'où l'idée qui germe ici ou là de reprendre un peu le contrôle des finances
09:08avec cette fameuse contribution qui n'a pas encore de nom,
09:11de contribution locale.
09:13Et puis la deuxième possibilité pour essayer de redonner du sens
09:19et notamment au métier de maire, c'est le fameux statut de l'élu.
09:22C'est vrai que c'est quelque chose qu'il réclame,
09:25avoir plus de reconnaissance,
09:27qu'on fixe les choses sur la formation,
09:29la meilleure articulation entre la vie professionnelle et la vie privée.
09:32Donc ce sont peut-être des choses comme ça
09:34pour éviter aussi cette crise de vocation.
09:36Il y a 43 maires par mois qui démissionnent
09:40depuis la dernière élection.
09:42Ça fait beaucoup.
09:44Donc le mal est très profond.
09:45Je vous propose qu'on continue la discussion juste après le Fil Info
09:47à 9h16.
09:50Les Restos du Coeur veulent refuser un peu moins de bénéficiaires cet hiver.
09:54L'association qui vient en aide aux plus démunis
09:56est en meilleure santé financière.
09:58La 40e campagne débute aujourd'hui.
10:00L'accent est mis cette année notamment sur les enfants de moins de 3 ans.
10:04126 000 sont bénéficiaires des restos,
10:06explique sur France Info le porte-parole de l'association.
10:09La coordination rurale veut durcir le mouvement.
10:12Elle appelle à son tour à la mobilisation des agriculteurs
10:14contre le projet d'accord entre le Mercosur,
10:17les pays d'Amérique du Sud et l'Union Européenne.
10:19Emmanuel Macron affirme de nouveau son opposition à cet accord.
10:23La France continuera à tenir le bras de fer avec l'UE,
10:26promet le gouvernement.
10:28Les pays du G20 se disent unis
10:30pour soutenir un cessez-le-feu à Gaza et au Liban.
10:33Mais la guerre se poursuit sur le terrain.
10:35Des sirènes d'alerte ont retenti dans le centre d'Israël ce matin
10:38après des tirs en provenance du Liban.
10:40Des frappes israéliennes ont fait 5 morts hier soir à Beyrouth.
10:44Une partie de la grande barrière de corail est en danger.
10:47Une étude révèle une mortalité allant jusqu'à 72%
10:51en raison de deux cyclones et d'une augmentation de la température de l'eau.
10:55Si les hautes températures persistent,
10:57le corail devient blanc avant de mourir.
11:09De retour sur le plateau désinformé avec Renaud Delis,
11:13avec Alix Bouyagué aussi éditorialiste politique à France Info TV
11:16et François-Xavier Bourmeau, journaliste politique à l'Opinion.
11:19François-Xavier, on parlait du mal-être, du malaise même
11:22des maires en ce jour d'ouverture du Congrès aujourd'hui.
11:26Il y a une perte d'autonomie, c'est ce qu'on a constaté,
11:30financière et pas que.
11:32C'est intéressant de noter que cette perte d'autonomie
11:36que dénoncent les maires s'est sans doute accentuée
11:39avec l'interdiction du cumul des mandats.
11:42Avant, il y avait le député maire qui pouvait porter à Paris,
11:44à l'Assemblée nationale, les revendications de sa commune
11:47et faire remonter du terrain.
11:49Et donc, en gros, faire en sorte que les lois qui soient votées
11:52par l'Assemblée ne soient pas en contradiction
11:56ou ne viennent pas gêner le travail des maires.
11:58Et on voit en ce moment resurgir ce débat
12:02sur la fin de l'interdiction du cumul des mandats.
12:04En gros, repermettre qu'un maire puisse être élu député.
12:08C'est sans doute une piste intéressante pour redonner,
12:12si ce n'est de l'autonomie aux maires,
12:14en tout cas, reconnecter les lois nationales,
12:18ce que produit l'Assemblée nationale, au terrain,
12:20la réalité du quotidien que vivent les maires tous les jours.
12:22Et c'est vrai que ce non-cumul des mandats,
12:24qui est considéré aussi pour bien des aspects
12:26comme un progrès démocratique, il a sans doute contribué
12:28aussi à ce que les maires se sentent un peu plus
12:30effectivement tenus à l'écart, délaissés,
12:32abandonnés, voire méprisés par les politiques nationaux,
12:36les parlementaires ou autres.
12:37Donc c'est vrai que ça pose un problème.
12:38Après, on peut très bien envisager de rétablir
12:40tout ou partie du cumul des mandats
12:42sans rétablir pour autant le cumul des indemnités.
12:44Puisque c'est aussi quelque chose qui pouvait
12:46choquer l'opinion, c'est-à-dire un certain nombre d'élus
12:50qui additionnaient des indemnités multiples et variées.
12:54Renaud, l'autre sujet d'actualité, c'est la mobilisation
12:56des agriculteurs qui continue.
12:58Et il faut le dire, tous les politiques,
13:00leurs partis, leurs bords sont avec eux.
13:02Voilà, cette colère paysanne qui continue de s'exprimer
13:04avec aujourd'hui d'ailleurs, comme c'était attendu,
13:06une nouvelle organisation, la Coordination rurale,
13:08qui se joint à ce mouvement,
13:10qui prend de l'ampleur.
13:12Et effectivement, vous le disiez avant même
13:14que le mouvement soit déclenché, mais plus encore
13:16ces dernières heures,
13:18tous les responsables politiques, de toutes étiquettes
13:20confondues, qui affichent leur soutien,
13:22leur compréhension, leur bienveillance
13:24à l'endroit des agriculteurs,
13:26du Rassemblement National,
13:28du Nouveau Front Populaire, en passant
13:30par la droite, le bloc central macroniste,
13:32Emmanuel Macron lui-même,
13:34qui hier, avant de s'envoler
13:36pour le G20 réuni à Rio, rappelait
13:38à quel point il était aux côtés des agriculteurs dans leur combat
13:40contre le Mercosur, ce traité de libre-échange
13:42négocié entre l'Union Européenne
13:44et cinq pays d'Amérique Latine.
13:46Et puis, le Premier ministre lui-même,
13:48Michel Barnier, qui soulignait
13:50à quel point il était lui aussi
13:52solidaire des agriculteurs. C'était il y a quelques jours,
13:54vendredi dernier, sur l'antenne
13:56de nos amis de France Bleue.
13:58Il y a une loi d'orientation agricole
14:00qui était déjà en discussion au Sénat,
14:02que nous allons reprendre, conformément à nos engagements.
14:04C'est une promesse tenue. Toutes les promesses
14:06faites aux agriculteurs qui ont manifesté
14:08en début d'année seront
14:10respectées. On ne doit pas laisser ces hommes
14:12et ces femmes seuls dans leur détresse,
14:14dans leur solitude.
14:16Il y a des organismes
14:18dans les chambres d'agriculture,
14:20qui sont là pour
14:22aider moralement, psychologiquement,
14:24financièrement aussi.
14:26On met en place
14:28des aides d'urgence.
14:30Je dis aux paysans, aux agricultrices, aux agriculteurs
14:32qu'ils peuvent avoir confiance
14:34dans le gouvernement. Je ferai tout ce que je pourrais.
14:36Il faut reconnaître que c'est plutôt rare,
14:38quand on regarde les mouvements sociaux.
14:40Tous les responsables politiques de toutes étiquettes ne se rangent pas forcément
14:42aux côtés des cheminots, des pilotes de ligne
14:44ou des enseignants quand ils se mettent en grève.
14:46En revanche, lorsqu'il s'agit des agriculteurs,
14:48et on le voit encore ces jours-ci, c'est le cas.
14:50Pourquoi ? Est-ce que c'est une
14:52solidarité
14:54tout à fait sincère ?
14:56Ou est-ce qu'il y a aussi une forme
14:58de grande hypocrisie collective ?
15:00Il y a
15:02une solidarité
15:04de fait, parce que c'est vrai
15:06que ces agriculteurs, c'est la France
15:08qui travaille, qui se lève tôt, qui compte pas ses heures,
15:10qui pour certains
15:12ne gagne pas beaucoup.
15:14Les agriculteurs nourrissent les Français,
15:16donc il y a une forme de
15:18reconnaissance.
15:20Ils sont des intouchables,
15:22ils jouissent une grande popularité parmi la population.
15:24Et c'est vrai que
15:26Jérôme Fourquet l'explique bien.
15:28Jérôme Fourquet, il dit
15:30que les agriculteurs,
15:32c'est le plus grand plan social de l'époque.
15:34Il faut quand même voir les chiffres en tête.
15:361988, ils sont un million.
15:382020, ils sont 380 000.
15:40C'est donc
15:42un groupe social en extinction.
15:44Il faut savoir que
15:4650% des agriculteurs
15:48aujourd'hui seront à la retraite
15:50en 2034. Donc c'est le symbole d'une France
15:52qui se transforme.
15:54Après, je dis solidarité,
15:56sincérité
15:58à moitié, mais effectivement
16:00récupération politique, bien évidemment.
16:02On sent que
16:04il y a notamment
16:06en ce moment la volonté
16:08de dire que la loi d'orientation agricole
16:10qui est dans les tuyaux, qui va être réexaminée
16:12par le Sénat bientôt,
16:14il y a moyen de faire autrement, plus fort.
16:16Il y a notamment deux sénateurs
16:18qui font un texte extrêmement
16:20radical sur ce sujet,
16:22qui disent qu'il faut simplifier
16:24les installations pour les élevages,
16:26qu'il faut alléger les contraintes environnementales,
16:28qu'il faut réautoriser
16:30certains produits phytosanitaires.
16:32Ils vont très loin. Et naturellement, il y a aussi
16:34le Rassemblement national qui laisse d'ailleurs planer
16:36totalement le doute, comme souvent
16:38sur ce texte d'orientation
16:40agricole, en disant peut-être qu'on ne le votera pas
16:42parce que nous, on a mieux à proposer
16:44pour répondre à la colère des agriculteurs.
16:46Si tout le monde est d'accord, justement, si tout le monde
16:48est derrière les agriculteurs, pourquoi il y a mobilisation
16:50aujourd'hui ?
16:52Il y a tout un tas de raisons qui expliquent la mobilisation des agriculteurs.
16:54On rentre dans une espèce de goulet d'étranglement
16:56où il y a, première étape,
16:58le maire Caussure, Emmanuel Macron,
17:00est en Amérique du Sud et il va
17:02reparler de ce sujet qui est contesté par
17:04les agriculteurs. Deuxième étape,
17:06en janvier, les élections aux chambres d'agriculture
17:08régionales, où là, il va y avoir
17:10une concurrence entre les syndicats agricoles
17:12pour obtenir des places.
17:14Il y a les un an de la première mobilisation
17:16agricole,
17:18qui vont arriver en janvier aussi. Et puis, toujours
17:20en point de mire
17:22de ce couloir,
17:24il y a le salon de l'agriculture en février, qui est toujours
17:26un peu comme le congrès des maires, le moment où
17:28les revendications s'expriment fortement.
17:30Mais quoi ? Vous êtes en train de nous dire que les agriculteurs aussi,
17:32ils font de la politique, ils font de la stratégie ?
17:34Oui, s'ils ne s'appuient pas
17:36sur ce calendrier qui les sert
17:38pour l'instant,
17:40il serait une mauvaise politique.
17:42Mais en tout cas, il y a quelque chose
17:44qu'il faut noter, c'est que les agriculteurs sont
17:46tout à fait conscients de leur popularité
17:48auprès des Français. Arnaud Rousseau de la FNSE
17:50dans les mobilisations du
17:52moment, a donné une consigne, c'est pas
17:54emmerder les Français. Et puis, surtout, ne pas aller
17:56jusqu'à les emmerder pendant Noël, parce que
17:58se couper de ce lien avec
18:00le pays, c'est affaiblir la
18:02mobilisation. Et il y a plusieurs
18:04autres revendications qui
18:06arrivent. Donc, le Mercosur, c'est le point d'entrée,
18:08c'est la façon d'accrocher
18:10la mobilisation, le premier round.
18:12Ensuite, il y a
18:14effectivement les un an de la mobilisation
18:16agricole, ou là, en janvier,
18:18où la colère est là beaucoup plus grande,
18:20en réalité, parce que rien n'a été réglé ou pas
18:22grand-chose. Il y a eu beaucoup d'effets d'annonce
18:24et pas grand-chose n'est arrivé sur le
18:26terrain. Or, là,
18:28il y a plusieurs stratégies
18:30qui divergent au sein des syndicats agricoles.
18:32Il y a la FNSEA qui, bon, ne pas
18:34emmerder les Français. Puis du côté, la
18:36coordination rurale.
18:38On prévient que, attention,
18:40on a manifesté
18:42poliment, gentiment, l'année dernière,
18:44et on s'est contenté du traditionnel
18:46lisier sur les préfectures. Cette fois,
18:48ça peut déborder. D'ailleurs,
18:50le ministre de l'Intérieur, Bruno Rotailleau,
18:52est tout à fait conscient des risques
18:54de débordements qui
18:56peuvent exister, puisqu'il a mis en garde lui-même
18:58les agriculteurs. Il a mis un coup de pression en disant...
19:00Beaucoup moins compréhensif que Gérald Darmanin.
19:02J'amènerais juste ce dernier point.
19:04Tout n'a pas été paisible dans la mobilisation des agriculteurs
19:06l'année dernière. Il faut se souvenir quand même de l'accueil
19:08particulièrement violent, brutal, qui avait été
19:10réservé au président de la République lors du sommet d'agriculture,
19:12sans d'ailleurs que ça n'émeuve grand monde.
19:14Et ça illustre, justement, cette espèce de totem d'immunité
19:16globalement dont bénéficient,
19:18dans l'opinion, les
19:20agriculteurs. En l'occurrence, il y avait un certain
19:22nombre d'individus très politisés
19:24qui avaient organisé cet accueil
19:26plus que violent du président de la République,
19:28dont, d'ailleurs, des membres de la coordination rurale,
19:30syndicats marqués très à droite. Mais globalement,
19:32c'est vrai que ça explique cette
19:34unanimité, en tout cas de façade, de tous les
19:36responsables politiques. Il y a une forme de
19:38totem d'immunité dont bénéficient les
19:40agriculteurs, qu'il y ait d'abord la
19:42grande peur des politiques, effectivement,
19:44de se les mettre à dos. Et c'est vrai
19:46que, d'un point de vue purement arithmétique,
19:48c'est assez surprenant quand, comme le rappelait
19:50à l'instant Alex Bouiaguet, on constate qu'effectivement
19:52il ne pèse, entre guillemets, que 380 000
19:54personnes aujourd'hui.
19:56Et c'est effectivement une
19:58profession, entre guillemets, en voie
20:00de disparition. Donc il y a la question du
20:02sort des agriculteurs, de ce
20:04fameux très grand plan social
20:06qu'évoque Alex Bouiaguet à raison,
20:08et de la question de leurs revenus, de la transmission
20:10de l'exploitation, ce sentiment de
20:12perte, en quelque sorte, d'identité
20:14et de disparition, qui est évidemment
20:16une angoisse légitime à laquelle
20:18les pouvoirs publics doivent répondre. Mais au-delà de ça,
20:20il y a, de la part des politiques, la crainte
20:22que ça fasse tâche d'huile, en quelque sorte, dans l'opinion.
20:24Et c'est ce qui explique le fait que
20:26tout le monde se prétende,
20:28effectivement, soutient faire vendre des agriculteurs,
20:30au risque parfois d'entretenir une forme d'illusion.
20:32Parce qu'effectivement, la France n'est pas seule au monde,
20:34elle est dans un environnement
20:36concurrentiel, elle appartient à l'Union Européenne,
20:38et on le voit avec la position très isoleuse aujourd'hui de la France
20:40sur le Mercosur. C'est-à-dire que le Mercosur
20:42est évidemment une inquiétude légitime
20:44pour une frange d'agriculteurs, ça peut être aussi d'ailleurs
20:46un gain pour d'autres, pour certaines productions,
20:48et puis au-delà de l'agriculture, ça peut être
20:50un gain,
20:52un atout, pour d'autres secteurs
20:54de l'économie française. Sauf que ça, c'est
20:56accessible dans ce contexte
20:58à la fois très symbolique, d'ailleurs, qui est lié aussi
21:00à l'histoire de l'agriculture dans notre pays, la façon dont
21:02cette profession a façonné
21:04notre pays, a nourri les Français, effectivement,
21:06et en particulier depuis la Libération.
21:08Et quand on regarde, il y a deux catégories
21:10qui, aux yeux des politiques en règle générale, sont intouchables,
21:12ce qui n'est pas le cas quand il y en a d'autres qui manifestent
21:14ou qui protestent, c'est les retraités et les agriculteurs.
21:16On l'a vu, les retraités, récemment,
21:18d'ailleurs, lorsque le gouvernement a envisagé de leur faire
21:20peu ou prou les poches, tout de suite, ça a
21:22suscité l'émoi et un recul
21:24partiel du gouvernement.
21:26Mais alors, tout à l'heure, juste parce que François-Xavier, il donnait
21:28le calendrier, ça veut dire que ça peut continuer longtemps ?
21:30Alors, la FNSEA a dit
21:32c'est mi-décembre. Donc, bon,
21:34on va voir un peu ce qui va se passer.
21:36C'est vrai que la loi d'orientation agricole,
21:38elle va arriver en janvier
21:40au Sénat. D'après la FNSEA,
21:4236%, parce qu'il faut souvenir
21:44qu'il y a quand même eu une mobilisation il y a un an à peine,
21:4636% des promesses auraient été tenues,
21:48mais il y a quand même
21:50des choses qui sont dans les tuyaux,
21:52normalement. Mais se pose
21:54quand même une question un peu plus globale pour ce budget
21:562025, c'est que
21:58si on relâche des sous pour les
22:00agriculteurs de manière méritée
22:02ou pas, si
22:04on relâche des sous pour les retraités, si on
22:06relâche des sous pour les élus,
22:08il y a un moment, les économies, elles se font où
22:10sur ce budget 2025 ?
22:12Et là, on a la case
22:14allègement, mais on n'a toujours pas la case
22:16économie.
22:18C'est comme pour les maires, c'est la facture
22:20qui arrive et qui provoque
22:22ces dégâts.
22:24On va suivre, évidemment, la mobilisation des agriculteurs,
22:26on continue à la suivre. Merci beaucoup à tous les
22:28trois. Alex Bouiagui, éditeur réaliste politique
22:30à France Info Télé. Je rappelle l'interview politique
22:32tous les matins, 7h45.
22:34Merci à vous aussi, François-Xavier
22:36Bourmeau, journaliste politique à l'Opinion. On en profite
22:38pour jeter un coup d'œil à la une du jour
22:40avec cette question.
22:42Une certaine manière de présenter les choses.
22:44Audacieux. Ukraine,
22:46Trump, homme de paix.
22:48C'est une question, c'est bien ce que j'ai dit.
22:50Il y a peut-être un peu d'ironie là-dedans.
22:52Merci beaucoup, François-Xavier.
22:54Merci à vous, Renaud.
22:56Les informés du soir, c'est à partir de 20h
22:58avec Agathe Lambret et Jean-Rémi Baudot.