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00:00Bonsoir. Comme chaque année à la même période, jamais les enfants n'ont été aussi grands et
00:09grandis que ce fameux 20 novembre, journée mondiale de l'enfance instituée par les Nations
00:17Unies. Les états et dirigeants du monde entier ont alors multiplié les actions et attentions,
00:22retentissant comme l'écho sonore de la pensée du tout premier et emblématique président noir de
00:28l'Afrique du Sud, Nelson Mandela, mort, comme vous le savez, le 5 décembre 2013 à Johannesburg,
00:35à 95 ans. Madiba, de son nom tribal, prétendait tant son temps que rien ne révèle mieux l'âme
00:44d'une société que la façon dont elle traite ses enfants. Une suite logique au postulat formulé
00:51depuis l'Antiquité par le philosophe présocratique Pythagore, qui énonçait qu'un homme n'est
00:56jamais si grand que lorsqu'il est à genoux pour aider un enfant. Le Cameroun,
01:06ayant pour pic Balmaïo dans l'Union SO, région du centre. La ministre des Affaires Sociales Pauline
01:14Rengainet y présidait le 20 novembre les cérémonies officielles de la journée des droits de
01:20l'enfant honorées par une centaine de chérubins de l'ONG SOS village d'enfants avec la caution et
01:28la présence de l'UNICEF présente au Cameroun depuis 1975. Le thème choisi cette année invite
01:36clairement à l'action. Écoutons l'avenir, défendons les droits de l'enfant. De quels enfants et de
01:45quels droits parlent exactement les Nations Unies ? Y a-t-il de communes mesures entre les enfants
01:50africains et ceux d'ailleurs ? Au point de généraliser les spécificités et de spécifier
01:57les généralités, la ville de Kumba dans le sud-ouest a montré depuis l'attaque barbare d'une école
02:03couronnée par la mort de neuf élèves âgés de moins de dix ans que les enfants camerounais ont
02:09des problèmes n'ayant souvent rien à voir avec certains énoncés romantiques de ceux que l'on
02:16considère sous d'autres latitudes comme prérogatifs dû à l'enfance, toutes choses égales par ailleurs.
02:23Pour questionner l'environnement de l'enfant au Cameroun et les actions favorables à son
02:29épanouissement, les doyers d'une juriste qui se vaut et se dévoue à la cause des enfants par
02:36formation, par conviction et certainement par passion. Nadine Perrault est spécialiste de la
02:43protection de l'enfance ayant affirmé son expérience de plus de 25 ans dans les bureaux
02:48de l'UNICEF à New York mais aussi au Salvador et en Guinée-Bissau. Elle est officiellement depuis
02:54le 13 janvier 2022 représentante de l'UNICEF au Cameroun et c'est notre invité ce dimanche.
03:02Nadine Perrault, bonsoir et bienvenue. Bonsoir et c'est un grand plaisir pour moi d'être ici dans
03:09vos plateaux. C'est la première fois que je vous visite donc pour moi c'est un plaisir de pouvoir
03:14parler de la situation des enfants mais aussi de l'action de l'UNICEF au Cameroun. Comment
03:21trouvez-vous justement le Cameroun depuis votre arrivée il y a un peu plus de deux ans ? Bon la
03:26première chose que je dois dire c'est que vous avez mentionné la convention relative aux doigts
03:31de l'enfant et vous avez exprimé cette inquiétude à savoir si ces droits sont des droits universels.
03:39Donc là je peux vous rassurer que le Cameroun a ratifié cette convention comme tous les autres
03:45pays du monde. En réalité c'est l'instrument qui a été le plus ratifié au monde donc qui vraiment
03:51démontre l'importance que les états en général et les gouvernements ont mis vraiment dans l'enfance.
04:00Maintenant quelle est la situation des enfants au Cameroun ? Ces dernières années il y a eu
04:06énormément de progrès et moi j'aurais aimé citer un progrès vraiment qui a été remarquable c'est
04:13la diminution de la mortalité infantile et vraiment qui était de 782 % et qui a été réduite à plus
04:23de 50 % donc ce qui montre vraiment un effort considérable pas seulement des systèmes de santé
04:30mais de tous les autres secteurs qui contribuent à la diminution de la mortalité infantile pour
04:38contribuer à ce succès. Donc voilà un point vraiment que le Cameroun devrait célébrer en
04:46cette période de célébration des 35 ans de la convention. Maintenant dites-moi,
04:52indépendamment des problématiques liées à l'enfance, le pays, le Cameroun, le pays même
04:59où vous êtes depuis plus de deux ans et demi, comment le trouvez-vous ? J'ai eu l'opportunité
05:05de visiter le pays puisque nous avons une présence dans plusieurs régions et je dois dire que les
05:15problématiques sont différentes. Ce n'est pas par hasard que vous-même Camerounais vous parlez du
05:21continent puisque ça regroupe vraiment toutes les problématiques du continent, que l'on parle de la
05:28partie sahélienne, que l'on parle de la partie côtière ou encore de la partie du bassin et du
05:36Congo et du Lac Tchad. Donc ce sont des problématiques différentes qui touchent les enfants mais qui sont
05:42peut-être aggravées dans certaines régions à cause des conflits qui sont des conflits qui
05:48perdurent et donc vous verrez que quand on parle des enfants au Cameroun, il y a de très
05:55grandes disparités vis-à-vis des enfants qui sont dans les zones urbaines, les grandes villes
06:03et les enfants qui se trouvent dans des zones un petit peu plus éloignées mais encore plus les
06:09enfants qui vivent dans ces zones qui sont sujets à des crises humanitaires constantes. Pour faire
06:17le travail que vous faites, il faut avoir un cœur d'enfant ou plutôt avoir les enfants dans le
06:25cœur ? Je dirais que ce sont les deux. Avoir le cœur d'enfant, c'est-à-dire être ouvert vraiment
06:31aux innovations, aux nouvelles perspectives et les enfants vous savez sont toujours très optimistes
06:36et aussi avoir les enfants et dans le cœur, c'est-à-dire vraiment mettre la priorité, la
06:44centralité sur les enfants et c'est comme ça que si les plans, les décisions, les budgets sont
06:53sensibles aux enfants, ça permet vraiment d'être dans le concret et la concrétisation des droits
07:01qui sont consacrés dans les instruments de droits humains. Dans la perspective africaine, si je suis
07:07plus âgé que vous, je considère que vous êtes une enfant et vice-versa, dites-nous un peu au sens
07:15des Nations Unies, qui doit-on considérer comme enfant ? La convention relative aux droits de
07:20l'enfant donne une limite jusqu'à 18 ans mais elle ouvre quand même la parenthèse que si un
07:26État considère qu'un enfant va jusqu'à 21 ans, l'État peut le faire. Donc tout ce qui est beaucoup
07:32plus progressiste et qui va vraiment vers une protection des enfants, des jeunes, c'est bien.
07:39Mais en termes généraux, la convention elle-même ne dit pas exactement jusqu'à quel âge que ça
07:49commence mais il dit que jusqu'à 18 ans, on considère une personne humaine et qui est donc de
07:56cette range d'âge comme un enfant, donc qui a droit à certaines protections et des protections
08:00spéciales. Par exemple, la protection contre toutes les formes de violence et de négligence,
08:07toutes les maltraitances, etc. L'enfant a droit à cette protection. J'allais justement vous demander
08:15contre qui et contre quoi défend-on, doit-on défendre les enfants ? On défend les enfants
08:22contre tous. Les enfants, la première chose, c'est que les enfants sont des sujets de droit,
08:28les enfants sont des êtres humains. Donc c'est cette réalisation que tous nous devons faire,
08:33que ce soit au sein de la famille, que ce soit dans les écoles, que ce soit dans les communautés,
08:38que ce soit dans les collectivités territoriales, que ce soit aussi au niveau central dans les
08:43décisions des différents ministères sectoriels. Donc c'est ça, c'est cette préoccupation qui doit
08:49toujours être au centre de cette décision. Je prends par exemple le système de la santé. Vous
08:56savez, les 1000 premiers jours de l'enfant, c'est la période la plus critique pour cet enfant. C'est
09:03cette période qui définit quel type de soutien que vous aurez demain et donc qui va pouvoir
09:09contribuer au développement du pays. Or, ces 1000 premiers jours, il y a différentes étapes qui sont
09:15importantes. La première, quand l'enfant naisse, donc tout l'accompagnement qu'il y a aux femmes
09:22enceintes, de manière à ce que vraiment l'enfant ait ce qu'on appelle un bon début dans la vie,
09:27donc l'investissement qui doit être fait. On parle aussi de la vaccination, parce que la
09:32vaccination sauve des vies. Au Cameroun, par exemple, il y a 3 millions d'enfants qui n'ont
09:37un carnet de vaccination complet. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire qu'il y a certains enfants
09:42qui ont reçu certains vaccins, mais qui ne sont pas retournés, qui ont été perdus,
09:47qui ne sont pas retournés pour d'autres doses. Mais à l'intérieur de ce groupe, il y a plus
09:54aussi de 112 000 enfants qui n'ont jamais été vaccinés. Donc ce sont des enfants qui sont
10:00susceptibles, peut-être, d'attraper certaines maladies, de tomber malade et peut-être même de
10:06mourir, mais avec une action qui peut prévenir, qui est juste la vaccination. D'où le sens d'un
10:14ensemble d'actions que vous menez, justement, dans le cadre de ce que vous appelez les mille
10:20premiers jours. En effet. Attardons-nous un peu sur le thème de la journée mondiale de l'enfance
10:28cette année. Écoutons l'avenir, défendons les droits de l'enfant. Avant toute chose,
10:34veuillez nous rappeler ces droits qu'il faut défendre. Ces droits, ils sont vraiment nombreux.
10:43Le droit à la santé, le droit à l'éducation, le droit à la protection, le droit de vivre au sein
10:49d'une famille et d'une famille qui soit aussi une famille responsable. Voilà pourquoi aussi tout ce
10:56qui a trait à la responsabilité parentale, c'est important. Puisqu'en réalité, le premier
11:01contact de l'enfant pour la réalisation de ses droits, c'est à l'intérieur de la famille. Le
11:06droit vraiment d'avoir l'accès à l'école, le droit de pouvoir aussi participer à la vie,
11:12à pouvoir s'exprimer, le droit aux loisirs et vraiment à l'activité culturelle. C'est dans
11:18ce sens aussi que l'UNICEF est en train, avec le gouvernement, de mettre en oeuvre plusieurs
11:26actions innovantes pour vraiment inciter les enfants à pouvoir participer, à pouvoir jouir
11:32de leurs droits et aussi à sensibiliser les décideurs, les acteurs, les autorités locales
11:39à ce droit qui est aussi essentiel, le droit à la participation. Donc le 20 novembre pour nous,
11:46c'est vraiment, je pourrais dire, l'apothéose de ce droit où on donne aux enfants les rênes. On
11:52leur permet de pouvoir s'exprimer, on leur permet de dire comment ils voient leur propre situation
11:58et ce qu'ils auraient aimé que nous, comme adultes, nous puissions faire pour qu'ils se sentent bien
12:04et qu'ils puissent vraiment jouir de leur plein développement. J'ai vu par exemple qu'à cette
12:09occasion-là, vous avez, en collaboration avec un certain nombre de structures, mis les enfants au
12:17devant de la scène en leur permettant de jouer les premiers rôles, par exemple dans les collectivités
12:21territoriales décentralisées. Cela correspond à quoi ? Vous amenez les enfants à se projeter et à
12:31voir le poids des responsabilités qu'ils seront amenés à assumer demain ? C'est une action très
12:38symbolique que nous avons menée dans certaines collectivités territoriales, par exemple à Bicoc,
12:43à Manjou. Cela veut dire que les enfants prennent les rênes, symboliquement, de cette institution,
12:50donc qui leur permettent aussi de comprendre ce que fait cette institution pour eux. Est-ce que
12:55ce n'est pas théâtral et un peu cosmétique tout cela ? Ce n'est pas théâtral, parce que pour
13:01l'enfant lui-même, les enfants qui ont participé à ce genre d'événements, ça les a marqués et ça
13:07peut changer des vies. Cela leur montre que comme enfant, et on choisit aussi les enfants parmi
13:13les plus vulnérables, les enfants qui peut-être n'auraient jamais eu la chance de mettre les pieds
13:17dans une mairie ou dans un organisme du secteur privé, parce que nous l'avons fait aussi dans le
13:24passé avec d'autres types d'organismes. Ici nous pouvons le faire aussi, peut-être que c'est une
13:28idée que vous me donnez. L'année prochaine, il faut avoir un enfant qui puisse être l'éditorialiste
13:33de votre émission. Donc c'est donc donné aux enfants. On va le noter et on va vous revenir le
13:4320 novembre prochain. Très bien, en attendant donc ce 20 novembre, je voudrais qu'on prenne
13:49un élément d'actualité de cette semaine, d'actualité de type institutionnel. Le ministre
13:55d'état, secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ndongo, a reçu au nom du
14:00chef de l'État ABB Améro Sélassié, directeur du département Afrique du Fonds Monétaire
14:07International. C'était une audience au Palais de l'Unité, racontée par Yves-Marc Mezo. Une
14:16audience nocturne qui vient clôturer un séjour dense en tout point. Peu avant 20h30 ce
14:22mercredi 20 novembre 2024, le directeur du département Afrique du Fonds Monétaire
14:26International est accueilli au Palais de l'Unité, précisément dans les locaux du secrétariat
14:32général de la présidence de la République, pour être reçu au nom du chef de l'État par le
14:37ministre d'état secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ndongo. Arrivé au
14:42Cameroun 48 heures plus tôt, ABB Améro Sélassié s'est rendu précédemment dans les cabinets des
14:48ministres des Finances et de l'Économie, avant d'être reçu à l'immeuble Étoile par le premier
14:52ministre-chef du gouvernement. Son audience avec le ministre d'état secrétaire général de la
14:57présidence de la République, cette fin de soirée du 20 novembre 2024, a par conséquent valeur de
15:02restitution. Restitution de l'évaluation faite de l'exécution du programme économique et financier
15:08du Cameroun et des perspectives de l'économie nationale. Le Cameroun, comme bien d'autres
15:15pays en Afrique et dans le reste du monde, a fait face à de nombreux défis ces cinq dernières
15:20années. Les perturbations sur la scène politique internationale, la guerre en Ukraine, le Covid,
15:29tout ceci a entraîné une pression énorme sur les produits de consommation courante.
15:34Fort heureusement, le pays a su répondre à ces défis. Le Cameroun a fait un excellent
15:44travail pour répondre à ces challenges. À présent, ce que nous faisons avec votre pays,
15:50c'est que nous avons un programme sur trois ans et qui est rendu à sa septième revue.
15:54Des revues qui s'effectuent tous les six mois. Le fait que nous ayons atteint cette étape témoigne
16:05de l'engagement des autorités camerounaises de continuer à avancer dans la mise en oeuvre de ce
16:10programme qui s'est jusque-là effectué de façon satisfaisante. À présent, la priorité doit
16:21consister à consolider la croissance et à améliorer la transparence dans la gestion des finances
16:27publiques. Après près d'une heure d'audience avec le ministre d'État, secrétaire général de la
16:37présidence de la République, le directeur du département en flics du FMI va quitter le
16:42palais de l'unité. Le palais de l'unité que vous connaissez, me semble-t-il également, vous y avez
16:49été pas formellement pour une audience, mais vous connaissez bien cette maison, en tout cas un petit
16:54peu. Oui, un petit peu. En effet, j'ai eu l'occasion d'aller donc pour présenter les voeux de cette
17:00année de 2024 au président de la République, accompagné des autres chefs d'agence du système des
17:08Nations Unies. Ça a été une très belle expérience pour moi. Pour avoir fait plusieurs pays, est-ce
17:15que les droits dont nous parlons, les droits des enfants, sont les mêmes et sont applicables de
17:22la même manière partout ? Les droits des enfants sont les mêmes partout. D'ailleurs, c'est un des
17:29articles que la Convention consacre. Quel que soit l'enfant, quelle que soit la juridiction dans
17:34laquelle l'enfant se retrouve, quel que soit le niveau économique du pays, c'est les mêmes droits.
17:42Quelle que soit la condition sociale aussi de cet enfant, les mêmes droits. S'agit d'un enfant
17:48handicapé, qu'il s'agit d'un enfant réfugié, qu'il s'agit d'un enfant abandonné, ce sont les mêmes
17:55droits. Mais dans tous les pays, y compris dans le Cameroun, même dans les pays qu'on dit les plus
18:01développés, les droits des enfants sont également bafoués. Donc il faut toujours, constamment, que
18:07l'on fasse se plaidoyer. Il faut toujours sensibiliser, attirer l'attention sur la nécessité
18:14vraiment de mettre l'emphase et la priorité sur les enfants. Parce qu'il s'agit ici du capital humain.
18:20C'est ce capital humain. Par exemple, si une nation est bien éduquée, donc l'enfant a un bon départ,
18:26l'enfant est éduqué, vous allez voir qu'il y a un revenu pour la société après.
18:31Reparlons donc de ce thème, Nadine Perrault. Écoutons l'avenir, défendons les droits de l'enfant.
18:41Comment comprendre et interpréter ce thème choisi cette année ?
18:46Ce thème choisi cette année, je pense que reflète un petit peu ce pacte de l'avenir que
18:54les chefs d'État et les gouvernements, les membres de l'Assemblée Générale des Nations Unies ont
19:02adopté. Pour bâtir l'avenir, c'est maintenant qu'il faut agir. Voilà pourquoi, qui doit-on
19:11écouter ? Il faut écouter les enfants, puisque ce sont ces enfants qui vont après avoir les
19:18rênes. Donc, plus on éduque les enfants, plus les enfants sont mieux préparés, bien préparés,
19:24puisque par exemple l'Afrique aura un boom démographique aux environs de 2050. Donc,
19:33vous voyez que la nécessité par exemple d'éduquer les enfants est cruciale. La nécessité de
19:39garantir maintenant l'égalité des genres est cruciale, parce que si on prend par exemple un
19:45pays comme le Cameroun, on verra que le taux de scolarisation est élevé. Mais quand on regarde
19:52maintenant les disparités, on verra qu'il y a de très très grandes disparités entre les grandes
19:57villes et les villes rurales, et encore de plus grandes disparités entre les garçons et les
20:03petites filles. Voilà pourquoi une des actions que nous menons, avec l'accompagnement de tous les
20:09ministères qui travaillent dans l'éducation, c'est d'assurer l'éducation de la petite fille,
20:15et donc la maintenir à l'école. Cela implique quoi ? Cela implique éviter le mariage précoce,
20:22cela implique éviter les grossesses précoces, cela implique assurer que les écoles soient
20:29adaptées pour que ces petites filles puissent rester à l'école, et on parle de l'hygiène
20:33menstruelle, on parle de latrine adéquate, on parle de la disponibilité d'eau potable, qui sont
20:41autant de facteurs donc qu'il faut que les enfants soient exclus de l'école. Cette fixation sur,
20:47disons, les droits des enfants peut également les détourner et les amener à croire qu'ils n'ont
20:55pas de devoirs. Est-ce que votre discours, votre action, concerne aussi les devoirs des enfants ?
21:01Mais bien sûr ! Qui dit droit, dit devoir. Donc notre action aussi implique cela. Par exemple,
21:09en termes d'action climatique, l'une des emphases que nous faisons, et une des actions vraiment clés,
21:18c'est vraiment sensibiliser les enfants dès aujourd'hui de leur responsabilité,
21:23la responsabilité qu'ils ont comme enfants, mais comme aussi citoyens, de protéger l'environnement.
21:28Et ça, ce sont l'apprentissage de gestes qui sont des gestes écologiques, mais aussi la
21:36conscientisation des enfants sur les bonnes manières. Et en plus de ça, que ce soit aussi,
21:44on parle de violences, on parlait de violences tout à l'heure, mais la violence, il existe aussi
21:49une violence entre pères, il existe aussi la violence au sein des écoles, il existe aussi
21:55les problématiques d'utilisation de substances abusives à l'intérieur des écoles. Tout cela,
22:03ce sont des actions aussi qui sont menées dans le cadre des activités que nous faisons dans
22:07les écoles. Donc c'est vraiment la sensibilisation aussi bien des décideurs de cela qui ont un rôle
22:14à jouer dans la protection des enfants, mais que des enfants eux-mêmes.
22:18Le 14 novembre, l'UNICEF Cameroun et le gouvernement ont lancé un système d'information
22:25pour la gestion des cas de protection de l'enfance au Cameroun. Il s'agit de quoi
22:31exactement et qui va faire quoi dans ce système-là ? Comment ça marche ?
22:36Ce système va permettre au ministère des Affaires sociales d'avoir cette globalité,
22:42d'avoir des données qui sont fiables et de pouvoir faire des analyses fiables,
22:48mais aussi d'avoir, je pourrais le dire, plus ou moins le contrôle et une vue globale de ce
22:54qui se fait sur l'ensemble du territoire. Donc avec ce lancement que nous avons fait
22:58le 14 novembre, nous allons maintenant commencer ce qu'on appelle le déploiement. Et le déploiement,
23:04cela implique premièrement la formation de tous ceux-là qui vont utiliser ce système,
23:10puisqu'il s'agit d'un système avec des données confidentielles, donc il faut former,
23:16et l'installation aussi de tout le matériel qui va permettre cette capture des formations,
23:22puisque tout ce fait est dans le digital. Pour, disons, écouter l'avenir et défendre
23:29les droits des enfants, comme nous y invite le thème de cette année, vous, l'UNICEF,
23:35avez-vous fait quoi ici au Cameroun à cette occasion ? L'UNICEF a fait beaucoup de choses.
23:40J'aurais aimé parler d'un point en particulier qu'on n'a pas mentionné. On a organisé avec le
23:47support, vraiment, le gouvernement, le ministère de la Santé, le support de l'UNICEF et d'autres
23:54partenaires, le premier forum national sur les soins de santé primaire et latorial,
24:00les endroits les plus éloignés. Ceux-là qui apportent les soins de santé à la population,
24:05ce sont les agents de santé communautaire. Or, ces agents de santé communautaire,
24:10ils travaillent dans des conditions très précaires. Premièrement, leur nombre est
24:16très restreint. Ici au Cameroun, il y a près de 10 000 et l'ambition, c'est de porter ce
24:24nombre à 25 000 d'ici 2030. Ils ne reçoivent aucune rémunération, ils ne sont pas reconnus,
24:32ils n'ont pas d'équipement. Cependant, le travail qu'ils font sur le terrain est crucial et c'est ce
24:38travail qu'ils font sur le terrain qui va aider et amener à la réalisation des objectifs de
24:44développement liés à la santé. Qui doit leur donner tout cela ? Tous les secteurs,
24:48compris. Parce que la santé et la santé communautaire, ce n'est pas l'affaire seulement
24:52du ministère de la Santé publique. Et c'est ce plaidoyer que nous avons vraiment fait. Et
24:57pendant ce forum, il faut cet alignement, cette coordination entre tous les secteurs. On parle
25:04même du secteur de la communication, des finances, etc. Pour assurer que dans le budget,
25:09il y ait des lignes spéciales qui puissent supporter vraiment la santé communautaire.
25:14Les ministères de la planification, le ministère de l'éducation, parce que le ministère aussi,
25:21on parlait du ministère des affaires sociales. Pourquoi ? Parce que ce sont ces agents aussi qui
25:29identifient les enfants dans leur foyer puisqu'ils font le port d'une certaine vulnérabilité. Ce sont
25:39ces mêmes agents aussi qui aident avec l'enregistrement des naissances. Vous avez
25:43amené les enfants à éclairer le monument « J'aime mon pays, le Cameroun » en plein cœur
25:49de Yaoundé la nuit. Pourquoi la nuit avec tous les risques que cela comporte ? Et pourquoi cette
25:56couleur bleue ? On a dû le faire la nuit puisqu'il fallait les lumières et les couleurs bleues. Le
26:01bleu, comme vous le savez, c'est la couleur des Nations Unies qui représente aussi toutes les
26:07valeurs de la charte des Nations Unies, la paix, la solidarité. C'est la couleur de l'UNICEF aussi.
26:13Mais c'est la couleur aussi qui montre cet espoir et cet optimisme que nous devons avoir sur l'avenir.
26:21Et donc voilà pourquoi nous avons eu cette couleur bleue. Et ça a été vraiment une très
26:27belle expérience. Je profite de l'occasion aussi pour remercier la mairie de Yaoundé qui nous a
26:31permis de faire cette expérience avec ce monument symbolique et une icône aussi du Cameroun.
26:37À propos du Cameroun, certains prétendent que c'est en partie à cause de vous, d'UNICEF,
26:45que le gouvernement camerounais a été amené à bannir la chicotte à l'école depuis l'intégration
26:53par notre pays le 14 avril 1998 de la liste des états interdisant par la loi l'échattement
27:01corporel à l'école et que depuis lors, prétendent donc certains acteurs, les enfants sont devenus
27:12des rois télés qui se conduisent un peu comme à la baille des télèmes dont la devise était
27:18fais ce que tu voudras, est-ce que cela vous gêne ? L'enfant c'est un être humain. C'est un être
27:26humain comme vous et moi, avec des droits fondamentaux comme vous et moi, adultes. Je
27:32suis sûre que vous n'allez jamais accepter que quelqu'un vienne vous chicoter parce que vous
27:36avez votre dignité. L'enfant a aussi sa dignité. Il y a une façon d'éduquer et voilà pourquoi on
27:42parle de discipline positive. Il faut vraiment que les parents prennent leur responsabilité
27:49pour aussi éduquer et diriger, donner les valeurs et voilà pourquoi dans beaucoup des actions que
27:55nous faisons, par exemple une action que nous menons avec le ministère de la jeunesse et de
28:00l'éducation civique, c'est vraiment mettre ses valeurs à la nue dans les actions que nous menons
28:08aussi bien à l'école, aussi bien dans les initiatives que nous avons. Quand vous parlez à
28:13un enfant, vous savez les psychologues vous disent vous vous mettez à son niveau, c'est-à-dire il
28:18s'agit d'un enfant de 4 ans, vous vous baissez pour pouvoir parler à l'enfant, le regarder dans
28:22les yeux et c'est un être humain qui comprend et qui va aussi avoir le comportement qui fait
28:28beaucoup de modélisation, c'est-à-dire qui regarde comment se comporte l'adulte et qui modèle son
28:33comportement à celui de l'adulte. Voilà pourquoi il est important aussi pour nous, adultes, d'avoir
28:38des comportements qui soient aussi des comportements positifs, corrects, etc. Ces discours de défense
28:45et de protection de l'enfant, on l'a entendu de manière officielle encore cette semaine de la
28:50bouche de la ministre des affaires sociales Pauline Irenguenet qui était à Balmaïo pour
28:56présider donc les cérémonies officielles le 20 novembre dernier, on l'a dit en présence de
29:02l'UNICEF. Direction Balmaïo pour voir comment tout cela s'est passé avec Daniel Ménenga.
29:07Le droit d'exprimer son opinion publiquement, le droit d'être inclus parmi les autres,
29:15le droit d'être enfant tout simplement, il n'en demande pas plus que ces petites attentions.
29:21Que nos familles respectent nos droits et qu'ils comprennent notre opinion. Mes droits comme par
29:28exemple j'ai le droit à l'éducation, j'ai le droit à la santé, j'ai le droit à la protection, j'ai le droit à la nutrition.
29:37Selon l'UNICEF, partenaire dans le combat pour le respect du droit des enfants, plus de 40% d'enfants
29:43au Cameroun n'ont pas accès à l'éducation, 30% souffrent d'un retard de croissance parce que
29:49parfois sans protection parentale. C'est une interpellation qui devrait nous permettre d'avoir
29:55une oreille un peu plus attentive à l'endroit des enfants et ça devrait nous permettre, n'est-ce pas,
30:04de les comprendre, de les guider et vraiment de tenir compte dans les différents projets et
30:12programmes qui sont menés, de leur spécificité, de leurs besoins. Et par rapport maintenant aux droits
30:20même des enfants, nous devons nous informer par rapport à leurs droits, comprendre leurs droits
30:27et bien sûr tout faire pour les intégrer dans ces programmes et leur garantir un avenir meilleur.
30:36L'UNICEF appelle l'urgence de l'adoption du code de protection de l'enfant, celui de la
30:46famille et la réglementation de l'accès des enfants aux familles d'accueil au Cameroun.
30:51Quels sont les principes?
30:54Les principes sont multiples. Comme je l'ai mentionné déjà, nous avons des initiatives,
31:05qu'on appelle des initiatives phares, comme l'initiative des 1000 premiers jours. C'est un
31:10paquet d'interventions qui est dirigée à l'enfant dans les 1000 premiers jours de naissance. Nous
31:17avons aussi des initiatives qui abordent la problématique du changement climatique,
31:25et donc ça encore c'est une intervention de l'UNICEF. Mais nous avons aussi beaucoup
31:31d'initiatives avec les différents ministères chargés de l'éducation pour donner suite au
31:37sommet sur la transformation de l'éducation. Et là c'est vraiment transformer l'éducation en
31:43amenant le digital, le numérique dans l'éducation, en réduisant les inégalités entre les filles et
31:50les garçons à l'éducation, en s'assurant que les filles restent à l'école. Et un programme
31:58que nous avons, ça s'appelle Connect My School. C'est un programme qui vise à s'assurer que les
32:04écoles soient connectées, que les enseignants puissent avoir l'usage de certains outils
32:12et digitales, donc peuvent plus les connaître, et que les enfants eux-mêmes soient dès le plus
32:17jeune âge préparés pour l'avenir, parce que l'avenir, le digital, c'est l'avenir,
32:22et que ça facilite l'enseignement. Et nous avons vu que premièrement la performance des enfants,
32:28de ceux-là qui participent à ce genre de programme, s'est améliorée, mais aussi le rapport parents
32:37et professeurs-enfants s'est amélioré, est devenu beaucoup plus positif, et il y a beaucoup plus
32:44d'actions innovantes à l'intérieur de certaines écoles. Donc nous le faisons à travers un concept
32:49que nous appelons les e-containers, qui est aussi à une autre emphase, c'est l'emphase de
32:55protection de l'environnement, puisque le e-container, c'est un container qui est fait
32:59avec du recyclage, et qui aussi promeut beaucoup l'action climatique et la protection de
33:06l'environnement. Donc on utilise du recyclage pour vraiment inciter les enfants en même temps
33:12à apprendre dans le digital, et en même temps on les met en contact aussi avec toutes les
33:20initiatives, les actions d'adaptation, de mitigation, et pour le changement climatique.
33:26Dites-moi un peu Nadine Perrault, quand les enfants sont assassinés à l'école combat-combat,
33:32ou même enrôlés dans des milices, et d'autres choses du genre, l'action de l'UNICEF se limite-t-elle
33:40uniquement à des sorties pistolères pour condamner, dénoncer, ou alors vous pouvez
33:46aller plus loin, par exemple en étant en des procès contre les coupables?
33:51L'UNICEF principalement, comme Agence des Nations Unies, n'a pas d'action particulière pour,
33:58puisque ça ce sont les institutions de l'État, vous avez ici un système judiciaire qui est
34:04responsable de ça, nous pouvons faire de plaidoyer, mais il y a un système quand même
34:09qui est responsable de ça, et ça c'est la responsabilité de l'État, c'est pourquoi le
34:13Cameroun a ratifié cette convention, donc a pris sur elle cette obligation, cette responsabilité
34:18de pouvoir protéger ses enfants. Mais vous avez parlé d'enfants qui sont affectés par les groupes
34:23armés, etc. J'aurais aimé quand même qu'on comprenne vraiment que ces enfants sont avant
34:29tout des victimes. Dans l'extrême nord par exemple, dans le nord-ouest et le sud-ouest,
34:33il y a des enfants qui ont été forcément inclus dans certains groupes non étatiques,
34:40et donc ces enfants sont considérés comme des enfants qui sont affectés par les conflits armés,
34:46que ces enfants sont considérés premièrement comme des victimes, et en réalité ce sont des victimes,
34:51parce qu'ils ont été forcément recrutés pour pouvoir participer à des actes qui sont
34:58dits illicites. Voilà pourquoi dans ces régions, l'UNICEF a des actions qui visent la démobilisation,
35:04la réintégration de ces enfants et leur réhabilitation. C'est-à-dire qu'avec,
35:09premièrement ces enfants ont besoin de supports psychologiques énormes, d'être acceptés dans
35:18les communautés qu'ils ont laissées, acceptés par même leur propre communauté, leurs propres
35:22parents. Donc il y a tout ce plaidoyer à faire, cette sensibilisation, cet accompagnement des
35:29communautés et des familles pour pouvoir reprendre l'enfant, récupérer l'enfant. Et c'est dans ce
35:34sens que nous avons travaillé beaucoup avec le ministère des affaires sociales, justement,
35:39sur un protocole qui permet vraiment de considérer ces enfants qui étaient affectés par ces conflits
35:46armés comme des victimes, et de pouvoir les remettre au service de protection de l'État,
35:53au lieu de les mettre dans des prisons par exemple. Comme beaucoup d'agences des Nations
36:00Unies, il vous arrive régulièrement de livrer les bons et les mauvais points à certains pays.
36:06Depuis deux ans que vous êtes là au Cameroun, vous avez le sentiment que les enfants camerounais
36:12ont plus besoin de liberté ou plutôt de fermeté ? Je ne prends que le cas des écoles et des fléaux
36:20comme les microbes où les enfants terrorisent pratiquement leur entourage. Les enfants sont
36:26avant tout des victimes, et il faut qu'on les voit comme ces victimes. Ces enfants que vous
36:31dites... Ah bon, lorsqu'ils décident de sortir en bande pour agresser les gens la nuit, ce sont des
36:36victimes ? Ce sont des enfants qui le plus souvent sont manipulés par des adultes. Ce sont des enfants
36:42qui sont utilisés par des adultes, on les met en devant, ils servent de bouclier. Mais ce sont
36:47des enfants aussi, quand vous les regardez un à un, vous regardez les cas particuliers, ce sont
36:52des enfants qui ont été abandonnés, ou ce sont des enfants qui ont fui leur foyer peut-être à
36:59cause de maltraitance, de négligence, etc. Donc chacun a sa problématique, a son histoire. Voilà
37:06pourquoi, par exemple, nous avons parlé de ce système qui a été lancé avec le ministère des
37:12affaires sociales, qui va permettre de capter dès le début les enfants qui peuvent se trouver dans
37:20des situations vulnérables, pour pouvoir leur apporter la réponse. Et cela implique que l'État
37:26et le gouvernement soient présents dans des lieux les plus reculés. Voilà pourquoi, dans notre
37:32Pédoyer aussi, nous encourageons aussi à condamner ces actes et vraiment à rendre responsables ces
37:39personnes qui font le recrutement forcé des enfants et qui les incitent à des activités qui
37:47soient des activités considérées illicites ou criminelles. De votre point de vue, le Cameroun est-il
37:53suffisamment avancé sur les questions liées à l'enfance ? Sur quoi devrait-on davantage travailler ?
38:02Je peux dire que depuis que je suis là, il y a eu des avancées énormes. Du moment où je suis
38:08venue en 2022 à maintenant, je dois dire que dans presque tous les domaines, nous avons vraiment
38:14avancé. Cette année par exemple, en mai 2024, nous avons fait le premier forum national pour
38:22l'enregistrement d'un naissance, où tous les maires, les 374 avec les collectivités
38:30électorales, se sont mobilisés et font partie maintenant d'une campagne MyName pour faire du
38:36Cameroun le champion pour l'enregistrement d'un naissance pour le continent africain. Et ça je
38:41dois dire que c'est une très belle avancée. Il faut voir que dans toutes les mairies qui pratiquement
38:45ont adhéré à cette campagne, nous avons une plateforme digitale qui permet de voir au jour
38:51au jour les initiatives prises par les différentes mairies pour faire avancer l'enregistrement d'un
38:57naissance. Cela veut dire l'installation d'un enregistrement d'un naissance dans tous les
39:02centres de santé, l'identification des enfants qui sont à l'école, qui n'ont pas été enregistrés,
39:07pour faire donc les audios foraines, pour permettre à ces enfants de pouvoir passer
39:13leurs examens, de pouvoir être des citoyens et être reconnus par l'état. Donc ce sont des avancées
39:18énormes. Malgré tout ce que fait l'UNICEF aux côtés du gouvernement, le phénomène des enfants de la
39:26rue, par exemple, persiste et prend même de l'ampleur. Sur ce plan là, vous avez le sentiment
39:32d'être dépassé par les événements ou peut-être même d'avoir complètement échoué ? Non, je ne dirais
39:39pas que nous avons échoué. C'est vrai que le phénomène persiste, mais les actions sont prises
39:44aussi bien avec l'accompagnement de mille profs du ministère des affaires sociales pour résoudre
39:50ce problème qui est à la base un problème aussi de violation des droits de l'enfant. Pourquoi je le
39:57dis cela ? Parce que la plupart des enfants abandonnés, ce sont des enfants qui sont
40:02de jeunes filles mères, d'adolescentes qui ont été chassées de leur famille à cause des grossesses
40:09et le plus souvent ces grossesses sont le fruit aussi d'abus au sein de la famille, au sein de la
40:14communauté. Donc c'est toute la chaîne qu'il faut vraiment adresser et voilà pourquoi nous avons ce
40:20qu'on appelle un continuum de services, c'est-à-dire de la naissance à l'âge de 18 ans,
40:28quels sont les différents services qu'il faut donner aux enfants, quels sont les différents
40:32points sur lesquels il faut insister et les périodes les plus critiques, la période de
40:39l'adolescence, une période critique, la période de la petite enfance, les grossesses, des périodes
40:44critiques. Donc ce sont ces périodes critiques que nous avons et ce sont ces actions qui vont
40:48permettre de résoudre d'autres problèmes qui sont connexes comme par exemple le phénomène des
40:53enfants des rues. Nous sommes aujourd'hui 35 ans après l'adoption de la convention internationale
40:59relative aux droits de l'enfant, commencez peut-être par nous replonger dans l'esprit,
41:04le contexte et forcément le contenu de ces textes. Comme justement cette télé, la convention
41:15relative aux droits de l'enfant va fêter ses 35 ans. Comme cette émission qui a débuté en 1989.
41:20En 20 novembre la convention relative aux droits de l'enfant a été adoptée par l'ensemble des
41:30membres des partis des Nations Unies et donc comme je l'ai dit c'est la convention qui a été la plus
41:39ratifiée au monde et par tous les états. Vous avez aussi la charte africaine sur le bien-être
41:46et les droits de l'enfant qui est une charte qui est tout à fait africaine donc qui voit aussi des
41:51problématiques que peut-être la convention n'adresse pas de manière ponctuelle. Par exemple
41:56le recrutement des enfants dans les banques armées de manière beaucoup plus précise. Donc
42:02cette charte africaine vient donc s'ajouter à la convention donc c'est tout à fait une charte
42:09qui est africaine qui a été aussi ratifiée par beaucoup d'états africains. Aussi le Cameroun
42:15donc qui ajoute un petit peu, si vous voulez, qui insiste un petit peu sur certaines problématiques
42:21qui sont des problématiques qui peuvent être spécifiques aux états africains et ont péri comme
42:29le Cameroun par exemple. Nous avançons aussi vers une date le 11 décembre prochain et à Douala
42:35l'UNICEF invitera les enfants et les jeunes à assister à ce que vous appelez là-bas la plus
42:42grande leçon du monde. De quoi s'agit-il exactement ? La plus grande leçon du monde c'est le Cameroun,
42:50les enfants du Cameroun connectés avec les enfants du monde. Et donc encore c'est vraiment
42:56une opportunité pour le Cameroun de montrer les enfants du Cameroun, de les exposer donc
43:01à leur permettre de s'exprimer, de présenter leurs préoccupations et de partager un espace
43:11avec beaucoup d'enfants et qui seront aussi connectés pendant cette journée pour donc
43:17montrer voilà l'importance que les doigts de l'enfant ont eux pour eux et ce qu'ils pensent
43:22que leur gouvernement, leur propre gouvernement, leurs propres décideurs font pour les enfants
43:26et comment ils voient l'avenir, quels sont les défis, quels devraient être leurs priorités.
43:31Donc c'est vraiment, ce sera un espace digital, virtuel où les enfants seront connectés avec
43:38d'autres enfants du monde. Une épidémie de choléra est déclarée depuis le début de ce mois de
43:44novembre dans l'extrême nord avec déjà un mort à la clé et les autorités aussi bien religieuses
43:51qu'administratives avec l'aide des partenaires comme l'UNICEF sont engagés dans une campagne
43:57de sensibilisation à travers l'extrême nord. On va voir dans la chronique sociale l'ère du temps,
44:04c'est dimanche, comment tout cela se passe. Un périple dans le lieu d'attroupement pour
44:11rappeler l'urgence de lutter contre le choléra. Face au cas de contamination qui monte les
44:17autorités descendent pour sensibiliser les commerçants sur le respect des règles d'hygiène.
44:22Nous devons sensibiliser les populations pour qu'ils commencent à prendre des mesures barrières
44:26pour éviter de contacter la maladie, soit pour soi-même, soit pour ses voisins. Le choléra est
44:33une maladie de la saleté. La première règle pour éviter le choléra, c'est la pauvreté. On ne peut
44:39pas admettre que les aliments que les gens vont manger soient posés par terre. La campagne que
44:44mènent les autorités administratives s'est aussi intensifiée dans les établissements scolaires.
44:49Le dispositif anti-choléra a été renforcé pour fermer les portes de l'école à cette maladie.
44:55Il y a un dispositif de lavage de mains où il y a de l'eau coulante et du savon. Chaque élève qui
45:00arrive est invité d'abord à se nettoyer les mains avant d'aller dans la salle de classe. Il y a
45:05également d'autres dispositifs de lavage de mains tout autour des lieux d'aisance. Une fois que
45:10l'enfant part au lieu d'aisance, quand il sort, il faudra qu'il se lave les mains avant de rentrer
45:16dans sa salle de classe. Dans les lieux de culte, la lutte contre le choléra s'invite aussi dans
45:22les prêches. Les dignitaires, religieux et chefs traditionnels sont montés au créneau pour amplifier
45:28le message de sensibilisation. On a eu à réunir autour de nous tous les chefs de troisième degré
45:33du Lamida et les chefs de deuxième degré. Il y avait les religieux. On leur demandait de diviser
45:39dans les mosquées le message pour que les gens soient au courant et puis prennent conscience de
45:46ce qui est en train de se vivre sur le terrain. Tout l'extrême nord est mobilisé et aucun détail
45:51n'est négligé. Réaction en quelques mots. Je dirais que c'était à prévoir. Pourquoi c'était à
45:59prévoir ? Parce que nous savons depuis quelques temps qu'il y a de très grandes inondations à
46:03l'extrême nord. Donc quand l'eau monte comme ça, non seulement il y aura une montée du paludisme mais
46:09aussi du choléra. Par exemple, nous, nous avions déjà fait ce qu'on appelle la prédisposition de
46:15kit pour pouvoir vraiment prévenir le choléra. Mais le choléra aussi c'est une affaire de
46:19prévention. Il s'agit aussi d'avoir les bons réflexes, les bonnes attitudes, le lavage des
46:26mains et tout ce qui vient ensuite. Mais il y a un problème crucial et le problème crucial c'est
46:34juste la disponibilité de l'eau potable. Comme nous savons au Cameroun par exemple, c'est 85% des
46:42ménages, 75% par exemple à Yaoundé qui ont accès à l'eau potable. Mais quand vous allez dans les
46:47régions, dans les familles les plus pauvres ou que vous allez dans les régions les plus éloignées,
46:52l'accès à l'eau potable diminue plus vous vous éloignez des grandes villes. Donc ça c'est un
46:59problème, je dirais qu'il y a un problème fondamental qui est latent et c'est une des
47:07activités, une des interventions qui devrait pouvoir résoudre le problème récurrent du choléra.
47:14Parce que le choléra, vous l'avez de manière récurrente. Nadine Perrot, quelle image garderez
47:19vous du Cameroun quand vous serez partie et quelle image voulez vous laisser de votre action ici ?
47:27Moi je vais vraiment avoir une très belle image du Cameroun. C'est mon deuxième pays d'Afrique et
47:34je suis extrêmement contente que j'ai pu servir ici, le continent, puisque j'ai pu au Cameroun
47:42seulement vraiment faire l'expérience de la partie sahélienne, de la partie côtière et vraiment de
47:48voir l'Afrique en miniature. Donc ça c'est vraiment l'Afrique en miniature puisque j'ai
47:55vraiment pris plaisir à voir ces grands contrastes de zones extrêmement boisées, de régions
48:03vraiment très fraîches comme Boya et Balmenda, des régions qui sont vraiment très belles en
48:10verdure et des régions qui sont un petit peu beaucoup plus sèches et mais qui quand même ont
48:19une beauté pittoresque d'eux-mêmes. Mais je dois dire que j'aurais aimé laisser quand même qu'au cours
48:27de mon passage ici, j'ai pu faire changer au moins une chose, si ce n'est pas plus, mais je
48:35suis quand même fière de ce qu'avec l'équipe, avec mon équipe ici au Cameroun, nous ayons pu
48:41avancer et avec aussi cette bonne collaboration que nous avons eue de nos principaux partenaires
48:50qui sont les différents ministères, nous avons pu faire avancer quelques points, l'enregistrement
48:55des naissances, les soins de santé primaires et la santé communautaire et à l'éducation,
49:03la transformation de l'éducation et vraiment la digitalisation de l'éducation. Et là maintenant
49:08aussi avec les différents ministères de l'éducation, comme je vous l'ai dit, le ministère
49:13de la jeunesse et de l'éducation civique et à vraiment mettre la partie culturelle et à faire
49:19l'emphase sur la partie sportive, la créativité des enfants dans les écoles. Et donc j'espère,
49:24mon souhait, c'est que dans quelques années j'écouterai moi-même votre émission et je
49:31verrai les fruits de tout ce que cela a apporté. Une ou deux questions qui peuvent fâcher avant de
49:38terminer, mais comme il n'y a pas de tabou à Actualité Hebdo, parlons-en. Il y a des silences
49:43qui gênent sur l'éthique des structures comme l'UNICEF et donnent le sentiment que les valeurs
49:50défendues sont un peu à géométrie variable. Je ne prends que le cas d'un pays comme la France,
49:56que vous connaissez bien. Deux anecdotes rapides. On a vu très récemment qu'on enseigne aux enfants
50:02là-bas, à l'école, qu'on peut être un homme et décider qu'on est une femme et vice-versa. Moins
50:09récent, les passages du livre La Mauvaise Vie de l'ancien ministre aujourd'hui décédé Frédéric
50:15Mitterrand faisant l'éloge de son amour pour les jeunes garçons. Et je m'arrête là. Pourquoi
50:23les telles situations qui pervertissent les enfants ne sont pas ouvertement et vertement
50:29condamnées par l'UNICEF ? L'UNICEF est présente dans près de 190 pays. Et dans les 190 pays,
50:37notre action va vraiment par ceux-là qui sont les plus vulnérables. Et comme je vous dis,
50:42les États sont les États aussi souverains. Donc, il faut travailler avec certains États et il faut
50:49regarder les cultures. Les États sont souverains, ils appliquent leur culture. Nous ne sommes pas
50:53là pour condamner. Nous sommes là pour accompagner. Notre but et notre mission même, c'est vraiment la
51:02promotion des droits de l'enfant, la protection de l'enfant, c'est la sensibilisation. Et cela ne
51:07se fait pas en condamnant. Cela ne se fait pas en pointant du doigt. Cela se fait dans un dialogue
51:14et dans des actions constantes d'accompagnement et d'échange de bonnes pratiques. Mais tout à fait,
51:23l'UNICEF comme l'Agence des Nations Unies, elle respecte aussi la souveraineté des États,
51:29de certains États, de celui où je me retrouve aussi aujourd'hui, de décider aussi pour ses
51:36enfants, pour son avenir. Ceux qui travaillent, et c'est ma dernière question, avec les enfants
51:41ou pour les enfants, ne sont jamais totalement exempts de tout reproche. Dans votre cas,
51:47depuis 25 ans que vous êtes dans ce domaine, vous avez plutôt les mains propres et la conscience
51:54tranquille par rapport à ces enfants ou alors vous avez quelquefois été en délicatesse avec ces tout
52:02petits par des pratiques, des trafics ou même des abus, comme il y en a parfois dans certains
52:10milieux onusiens qui, disons-le, ne sont pas toujours des paradis sur terre. Je parle de
52:17l'UNICEF, je ne vais pas parler des autres agences des Nations Unies. L'UNICEF, je pense que l'UNICEF est
52:23peut-être l'un des pionniers en termes d'éthique et aussi de procédures diverses qui assurent que
52:34non seulement les employés de l'UNICEF, mais aussi tous ceux-là qui, d'une manière ou d'une
52:39autre, bénéficient du rapport de l'aide de l'UNICEF ou du support de l'UNICEF, respectent
52:46certaines règles, respectent des règles d'éthique, certaines valeurs d'éthique, mais aussi s'abstiennent
52:53à certains comportements. Et cela, je parle même de nos fournisseurs. Donc nous n'allons pas seulement
52:59avec, je pense, les ONG qui nous accompagnent, ceux-là qui sont sur le terrain, etc., mais
53:06également ceux-là qui sont là pour l'achat de nos biens, pour les services aussi. Ceux-là
53:15même également, ce qu'on appelle les vendeurs, sont obligés aussi de respecter ces principes,
53:21sinon nous ne pouvons pas entrer dans certains partenariats. De même, pour l'utilisation de
53:28notre brain, vous voyez la couleur bleue, et il faut aussi que, pour que l'on s'associe à une
53:34activité, même si cette activité n'implique pas un transfert monétaire ou un appui technique,
53:41même pour nous associer, il faut qu'on s'assure que ce partenaire avec lequel nous allons nous
53:47associer, du secteur privé, qui fait la mobilisation de ressources, qui peut avoir la bonne foi de
53:53vouloir le faire pour les enfants, mais qui ne respecte pas certaines règles que l'UNICEF pense,
53:58qui sont contraires à nos propres principes, nous n'allons pas pouvoir entrer dans ce genre de
54:04collaboration. Cependant, nous allons toujours saisir ces opportunités pour faire la
54:10sensibilisation, pour aider à retourner les choses, et de manière à ce que les partenaires du secteur
54:18privé, ceux-là qui nous fournissent, les grands commerçants qui nous fournissent les produits, les
54:24intrants que l'UNICEF met à la disposition des enfants et du gouvernement, soient aussi sensibilisés
54:31sur les questions relatives à la protection des droits de l'enfant. En un mot comme en mille, vous êtes
54:36clair comme le bleu clair de votre veste et qui reflète donc la couleur de l'UNICEF. C'était une
54:45promesse. Nadine Peurot, représentante de l'UNICEF au Cameroun, merci d'être venue à Actuality Hebdo.
54:52C'est un plaisir pour moi d'être là et merci beaucoup pour cette riche conversation. Mesdames
54:58et messieurs, tout passe et nous passons tous, mais ce pays reste et restera. Prenons donc grand
55:04soin du berceau de nos ancêtres, le Cameroun. Bonsoir.