Le Sénat commence à examiner le budget de la Sécurité sociale ce lundi, avant de s’attaquer au budget de l’État. "J'ai été très déçue de la tenue des débats budgétaires", assure la présidente de l'Assemblée nationale. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50/l-invite-de-7h50-du-lundi-18-novembre-2024-1788592
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00:00Bonjour Yael Brune-Pivet, vous rentrez de Nouvelle-Calédonie, nous allons en parler
00:04dans un instant.
00:05Mais d'abord une petite question, au moment là où on démarre cette interview, les agriculteurs
00:09se mettent en route pour manifester leur colère, il y a un sujet qui revient dans la bouche
00:13de tous les syndicats, c'est la loi d'orientation agricole, il leur faut attendre jusqu'en
00:18janvier.
00:19Ils estiment que c'est très tard, est-ce qu'il y avait moyen d'aller plus vite ?
00:22Évidemment, c'est une loi qui a été adoptée en première lecture à l'Assemblée nationale
00:28avant la dissolution, moi j'avais demandé dès septembre à ce qu'elle soit mise à
00:32l'agenda du Parlement le plus rapidement possible, ça a traîné, c'est dommage parce
00:38que c'est une loi qui est importante, qui a été réclamée, tous les parlementaires
00:42avaient été sur les barrages rencontrer les agriculteurs, nous étions tous très
00:46conscients de l'urgence et donc c'est dommage, mais maintenant avançons et examinons-la
00:52rapidement.
00:53Alors, 6 mois jour pour jour après le début des émeutes qui ont fait 13 morts, des milliards
00:57d'euros de dégâts, vous vous êtes rendu en Nouvelle-Calédonie avec Gérard Larcher
01:01le Président du Sénat, vous rentrez en parlant d'un risque d'effondrement, le mot est très
01:07très fort, que réclamez-vous face à cela ?
01:09Alors déjà, il faut une aide financière importante et rapide pour permettre à la
01:14Nouvelle-Calédonie de faire face, de faire face aux destructions massives d'emplois,
01:21aux problématiques sanitaires, sécuritaires, etc.
01:25Donc il faut qu'on les aide tout de suite.
01:26Importante comme quoi les Calédoniens, et c'est bon signe, portent eux-mêmes ensemble,
01:33tous partis confondus, des amendements qui seront examinés au Sénat, une aide d'urgence
01:37de l'ordre de 850 millions d'euros, c'est fondamental.
01:41Mais ils ont besoin, au-delà de cette aide d'urgence, ils ont besoin d'un retour de
01:46la confiance.
01:47Et pour cela, ils ont besoin de perspectives, de perspectives politiques, de stabilité
01:52politique.
01:53Et c'était principalement l'enjeu de notre mission, remettre tout le monde autour de
01:58la table pour que le dialogue se réouvre, pour qu'on puisse avoir une feuille de route
02:02pour dresser des perspectives politiques.
02:04Et en ça, vous n'avez pas l'impression de réparer les dégâts causés par la méthode
02:08d'Emmanuel Macron jusqu'à présent sur la Nouvelle-Calédonie ?
02:10Vous savez, ce sont des sujets extrêmement complexes, donc il faut les aborder avec beaucoup
02:16d'humilité, comme on dit en Nouvelle-Calédonie.
02:18Mais vous avez été un ministre des Outre-mer.
02:21J'ai été ministre des Outre-mer.
02:22Moi, ce que je trouve toujours dommage, c'est que je pense qu'on ne traite pas les Outre-mer
02:27à leur juste place.
02:28Il faut avoir une vraie vision pour les Outre-mer.
02:31Vous savez, c'est une chance inouïe pour notre République d'avoir des territoires
02:36comme ceux-là sur toutes les mers et tous les océans.
02:39Le soleil en France ne se couche jamais grâce à nos Outre-mer.
02:42Donc, ayons de l'ambition.
02:44Responsable des tensions qui ont fini par ravager et faire exploser l'archipel.
02:49Quand on fait de la politique, on est tous responsables et on sait qu'il y a des débats
02:54au Parlement qui ont fait partie des raisons pour lesquelles ça a explosé.
02:58Donc, évidemment, il ne faut pas nier la part de responsabilité qu'on a.
03:01Yael Broun-Pivet, au même moment, le débat sur la loi de finances a pris fin à l'Assemblée
03:07nationale que vous présidez.
03:08Je le rappelle.
03:09À quoi avons-nous assisté ? La séquence a été très agitée.
03:14Des centaines d'amendements parfois très baroques ont été votés au gré d'alliances
03:19parfois aussi très inattendues.
03:21Le texte réécrit a été rejeté en bloc, en tout cas ce volet-là.
03:25Il part au Sénat qui redémarre à zéro.
03:28Le travail des députés a été effacé d'un trait.
03:31Est-ce que l'Assemblée nationale sert encore à quelque chose, Yael Broun-Pivet ?
03:36Bien sûr, parce que l'Assemblée nationale, c'est le reflet de l'expression de la volonté populaire.
03:42Et c'est la dernière expression du peuple français, c'était en juillet dernier.
03:45Et ils ont élu cette Assemblée nationale qui est la leur, qui est la nôtre, jusque
03:50en juillet 2025.
03:51Donc moi maintenant, la mission qui est la mienne, c'est de la faire travailler.
03:55Je ne vous cache pas que j'ai été très déçue de la tenue des débats budgétaires.
04:01Parce que, en fait, pourquoi ça s'est passé comme ça ? C'est que chacun a agi en irresponsabilité.
04:06Personne n'avait la vision collective, globale de ce budget.
04:10Donc, on adopte tel amendement, on en adopte tel autre, etc.
04:13Sans regarder la photo d'ensemble, qui fait que ce budget était invotable, ni par les
04:20uns, ni par les autres.
04:21C'est dommage, moi j'ai voulu, j'ai essayé à un moment de dire aux parlementaires, mettons-nous
04:26ensemble, regardons ce sur quoi nous pouvons transiger.
04:29Mais vous pensez que ça peut alimenter une forme d'anti-parlementarisme, de défiance
04:34des électeurs, des françaises, des français, vis-à-vis des institutions ?
04:37Je ne garde pas le regard que les français ont sur leurs élus.
04:41En revanche, il ne faut pas s'arrêter aux questions budgétaires.
04:44Il faut regarder les autres textes, et moi j'ai beaucoup d'espoir sur le travail de
04:48l'Assemblée hors questions budgétaires.
04:50Nous allons avoir dans les semaines qui viennent le texte sur la fin de vie.
04:54Je suis convaincue que les débats seront de très haute tenue.
04:57Nous avons voté le texte sur le report des élections en Nouvelle-Calédonie, à l'unanimité
05:02des parlementaires, je crois 299 voix.
05:06Nous avons réussi à voter aussi des textes transpartisans.
05:10Nous avons recommencé ce travail-là, où nous portons des textes majorité et opposition
05:15depuis le début.
05:16C'est le texte Airbnb, et il y en aura d'autres, et c'était ma proposition de fonctionnement.
05:21Donc moi je suis confiante, il faut qu'on réussisse à avancer.
05:25Mais j'ai envie de vous dire, nous n'avons pas le choix, puisque cette Assemblée, c'est
05:28la nôtre jusqu'au moins en juillet 2025.
05:31Alors j'ai parlé d'alliances parfois baroques, il y a eu aussi des fractures inattendues,
05:38des oppositions que l'on ne voyait pas venir.
05:40Michel Barnier, Premier ministre, est supposé s'appuyer sur ceux qu'on appelait auparavant
05:45les macronistes, et sur la droite ce sont ses deux pieds, ses deux jambes.
05:50Or les deux présidents de groupe, Gabriel Attal et Laurent Wauquiez, se tirent dans
05:53les pattes.
05:54Vous êtes aux premières loges de cette guéguerre.
05:56Quelles vont en être les conséquences ? Ou quelles en sont déjà les conséquences ?
06:01Les conséquences pour moi sont graves.
06:03Parce que lorsqu'on fait de la politique, lorsqu'on est dans une situation politique
06:07dont on sait la complexité, il faut être capable de prendre de la hauteur, il faut
06:11être capable de se distancier.
06:12Et là on voit beaucoup qui ont des ambitions pour plus tard, mais moi je cherche aujourd'hui
06:18leurs ambitions pour le pays.
06:19C'est ça.
06:20Donc Gabriel Attal et Laurent Wauquiez, ils jouent chacun leur partition présidentielle
06:25pour 2027 ?
06:26En tout cas c'est ce que beaucoup constatent, oui.
06:28C'était à Laurent Wauquiez d'annoncer un compromis sur les petites retraites au JTT ?
06:32Peu importe, peu importe.
06:34Mais je crois que quand on fait de la politique, il ne faut pas chercher à vouloir être devant
06:41tout le temps.
06:42Vous savez, vous parliez de la Nouvelle-Calédonie, nous y sommes allés avec le président du
06:47Sénat.
06:48Ce qui fait la réussite de notre duo, c'est que ni l'un ni l'autre, nous cherchons à
06:52tirer la couverture à nous, nous sommes dans un esprit extrêmement républicain, complémentaire
06:58et on essaye de faire au mieux pour servir nos compatriotes.
07:00Et c'est ce à quoi il faut appeler chacun aujourd'hui.
07:04Nous sommes en 2024, Laurent Desplaizes.
07:06Et pas en 2027, en tout cas pas encore tout à fait en 2027.
07:11Yael Brunvilliers, vous êtes une ancienne avocate pénaliste.
07:13Que pensez-vous des réquisitions du parquet contre Marine Le Pen ?
07:18Je peux peut-être répéter.
07:20Cinq ans de prison ont été requis, trois avec sursis, 300 000 euros d'amende et cinq
07:26ans d'inéligibilité avec une exécution provisoire.
07:29Déjà en tant qu'avocate, mais surtout en tant que président de l'Assemblée Nationale,
07:34je suis garante de respect de nos institutions et de la séparation des pouvoirs.
07:38La justice est parfaitement indépendante et les magistrats du parquet sont indépendants
07:43dans les réquisitions qu'ils prennent et donc je ne les commenterai pas.
07:47Ce qui est certain, c'est que c'est la stricte application de lois que nous avons
07:51votées, que le Parlement a votées en 2016 et que nous avons confirmées et aggravées
07:58en 2017 à notre arrivée aux responsabilités dans un élan qui était commun à toutes
08:03les formations politiques, c'était les fameuses lois confiance.
08:07Et ces lois confiance, je crois qu'il n'y a que quatre parlementaires qui ont voté
08:10contre.
08:11Donc l'ensemble des parlementaires ont souhaité ces lois-là.
08:15Marine Le Pen parle d'une exécution politique, d'une mise à mort politique, mais plus près
08:22de votre famille politique, Gérard Darmanin, ancien ministre de l'Intérieur et actuel
08:27député, dit que ce serait choquant de voir Marine Le Pen déclarée immédiatement inéligible
08:32et qu'elle ne puisse pas se présenter devant le suffrage des Français.
08:35Jean-Luc Mélenchon s'est dit hier contre la peine d'inéligibilité obligatoire donc
08:40automatique.
08:41On a l'impression qu'en fait, ils la veulent tous comme adversaire politique.
08:46En fait, ils veulent tous les peines d'inéligibilité, mais pour les autres.
08:49C'est pour les autres, c'est pour Marine Le Pen, c'est pas pour eux.
08:53C'est quand même absolument ahurissant.
08:55Les Français nous disent quoi ? Ils veulent des élus exemplaires.
08:59Nous portions en 2017 le fait que le casier judiciaire d'un élu devait être vierge,
09:05rappelez-vous.
09:06Et aujourd'hui, on viendrait critiquer le fait qu'effectivement, la justice, en toute
09:12indépendance, peut se prononcer sur cette inéligibilité.
09:16Moi, je suis absolument effarée.
09:18Il faut laisser les magistrats travailler et il nous faut des élus exemplaires en tout point.