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L’Europe souhaite interdire les ventes de voitures thermiques neuves à partir de 2035. Comment y arriver, et ce, de manière durable ? Développer une économie circulaire dans le transport, réduire la taille des véhicules, construire des infrastructures adaptées au dérèglement climatique… L’ensemble de ces sujets ont été évoqués au Sommet de Movin’On sur la mobilité durable le 7 novembre 2024. Sébastien Spangenberger, directeur général du do tank et Coralie Lancerotto, associée stratégie d’Accenture, nous en parlent.

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Transcription
00:00On fait le bilan du sommet que Movinon vient d'organiser à Bruxelles avec le directeur général de Movinon. Bonjour Sébastien Spangenberger, bienvenue.
00:14Bonjour. Coralie Lanseroto, bonjour. Vous êtes directrice stratégique chez Accenture. On va commencer par présenter quand même Movinon,
00:22doutanque, cercle de réflexion et d'action. Qui participe, qui fait partie de ce doutanque ?
00:29Alors aujourd'hui, Movinon, c'est un écosystème d'une trentaine d'entreprises qui s'engagent tous ensemble pour la mobilité durable.
00:36Ce qui est intéressant, c'est que ça a été créé par Michelin à la base il y a 25 ans maintenant. Ça s'appelait le Challenge Bibadome.
00:42Et à l'époque, c'était un événement qui avait pour double vocation d'informer sur la nécessité pour la mobilité de devenir plus durable
00:50et puis aussi de générer de l'émulation, des innovations pour les différents membres, effectivement, de la chaîne de valeur de la mobilité.
00:58Et puis, il y a sept ans, c'est devenu Movinon pour deux raisons. D'abord, le temps de l'information était terminé, il fallait agir.
01:04Et puis, la deuxième chose, c'est que générer l'émulation n'était plus suffisant. En fait, les problèmes ou les problématiques de la mobilité
01:10sont beaucoup trop complexes pour que chaque acteur puisse s'en sortir tout seul. Donc, il fallait générer des groupes de travail, des communautés
01:17d'intérêts, comme on appelle ça chez Movinon. Et c'est pour ça qu'il y a sept ans, c'est devenu Movinon et non plus le Challenge Bibadome,
01:23qui était très Michelin. Donc, aujourd'hui, c'est une aventure collective d'une trentaine d'entreprises.
01:27– Oui, et on va plus précisément parler de résilience dans ce débat, mais je voudrais savoir, une question assez générale,
01:35Corinne Lanseroto, sur le rôle qu'a Accenture. Pourquoi Accenture participe à des aventures collectives comme ça ?
01:40Quelle mission vous vous fixez quand vous participez à une aventure collective comme celle-là ?
01:45– Alors, Accenture est impliquée depuis le début dans le projet du Movinon, parce qu'on a vocation et volonté de travailler en écosystème
01:55et donc de profiter de compétences larges que proposent l'ensemble des membres pour répondre à des sujets complexes
02:06et à des problèmes qui impliquent une pensée systémique. Nous, on est déjà sur le end-to-end.
02:13Donc, c'est-à-dire qu'on participe au projet depuis la stratégie jusqu'à la mise en œuvre, parce qu'on a à cœur que la réalisation soit suivie des faits.
02:26Et de travailler en écosystème, ça nous permet de pouvoir jouer sur toutes les facettes et tous les leviers à actionner.
02:35– Alors, le thème, c'était la mobilité durable et l'idée de se projeter un peu en 2035.
02:42Alors, c'est pas seulement une mobilité électrique, déjà, on peut avoir ça en tête, parce que si on prend une focale un peu courte,
02:52on se dit, bon, décision européenne, fin de vente des voitures thermiques en 2035, donc tout ça à l'électrique.
02:57C'est évidemment, évidemment, beaucoup plus compliqué que ça.
03:00– Oui, oui, c'est plus compliqué. Alors, le thème, c'était même la décarbonation des transports en Europe,
03:03encore un petit peu plus précis, parce que sinon, on peut se noyer dans pas mal de sujets auxquels on est confrontés dans la mobilité.
03:10Effectivement, on n'a pas challengé la décision de l'Europe pour le tout électrique en 2035, en tout cas, les voitures neuves.
03:17Mais par contre, ce qu'on a dit, c'est qu'il y a un certain nombre de sujets sur lesquels il faut que cette mobilité électrique
03:22soit vertueuse pour l'environnement, évidemment, aussi juste pour les personnes, parce qu'aujourd'hui, elle est un peu exclusive.
03:29Donc, il fallait qu'on accompagne, effectivement, cette transformation en garantissant le fait qu'elle soit, encore une fois, vertueuse.
03:36Ce qui implique un certain nombre de sujets sur, par exemple, la circularité des matériaux utilisés dans les véhicules électriques.
03:43Là encore, le caractère inclusif, en fait. Est-ce qu'on continue à voir grossir les voitures qui font une tonne et demie, deux tonnes,
03:49et qui sont de plus en plus difficiles à acheter ? Donc, un certain nombre de sujets, on va dire,
03:55connexent à l'électrification qu'on n'a pas remis en cause. Donc, on a été à Bruxelles pour travailler aussi avec les autorités européennes
04:03et se dire, maintenant, il est temps, une fois que la décision est prise, de s'aligner sur cette mobilité électrique,
04:10comment est-ce qu'elle doit s'exprimer pour être bonne pour l'environnement et pour les Européens.
04:14– Est-ce que vous vous êtes posé la question de la challenger ? Parce que d'autres la challengent.
04:18Disent que c'est trop radical et qu'il faut peut-être mettre un peu de souplesse dans cette décision.
04:23– Nos membres la challengent, très bien. Donc, nous, ce qu'on challenge, c'est le fait que les autorités européennes,
04:30en fait, ne soient pas stables dans leurs décisions. C'est ça qu'en fait, les entreprises de Moulin de challenge davantage.
04:35Et une fois qu'une direction est prise, alors, on peut lancer les investissements, on peut lancer les personnes aussi,
04:40l'upskilling, le reskilling des personnes pour faire arriver le changement.
04:44Le problème, c'est qu'on le voit bien aujourd'hui avec les élections, on n'est plus sûr de rien.
04:48Donc, les autorités hésitent parce que les citoyens hésitent. Et ça, ça met les entreprises dans l'embarras.
04:55Davantage qu'une décision très ambitieuse. Parce qu'on a déjà prouvé par le passé qu'on savait faire des choses très ambitieuses.
05:01– Alors, à l'occasion de ce sommet, il y a une communauté d'intérêt, de résilience.
05:06C'est ça qui est en train de se créer, à laquelle Accenture participe.
05:10Déjà, c'est quoi le principe de cette communauté d'intérêt, de résilience ?
05:13– Déjà, ça a été un sujet qui a émergé au sein des membres et des discussions.
05:19Donc, Accenture s'est emparé du sujet et on a rassemblé des membres tels que Alstom, Michelin, Geodis, Massif, Engie,
05:28et bien d'autres, pour réfléchir à ce sujet.
05:31On s'est aperçus que l'ensemble des membres rencontraient les mêmes difficultés concernant la mobilité.
05:37C'est-à-dire ralentissement, interruption de plus en plus fréquente et liée à des problèmes liés au changement climatique.
05:44C'est-à-dire période de sécheresse intense, élévation des températures, beaucoup plus d'inondations, glissement de terrain.
05:52Beaucoup de choses qui se traduisent par des complications dans toutes les infrastructures de transport.
05:58Donc là, on s'est dit, il faut qu'on y réfléchisse ensemble, il faut qu'on monte un groupe de travail,
06:02il faut qu'on ait des travaux communs, une réflexion commune.
06:05Et je peux vous donner quelques exemples, parce que c'est quand même assez parlant.
06:10Toutes les infrastructures de transport sont concernées.
06:13La route, par exemple, on voit un des phénomènes, c'est le retrait gonflement des argiles.
06:19On voit des fissures sur les maisons. Sur les routes, c'est pareil.
06:22Il y a des fissures, il y a des affaissements qui viennent perturber la circulation.
06:28On a vu cet été encore, le niveau du Rhin était à son plus bas,
06:33et on a dû limiter la charge des barges pour ne pas bloquer le flux du Rhin et ne pas faire échouer les bateaux.
06:43Et c'était baisse de charge, attention, parfois jusqu'à 75%.
06:46Donc là, on n'est pas dans les quatre...
06:48Parce que j'avais parlé de l'Espagne, forcément, on va parler de l'Espagne et des conséquences d'une catastrophe.
06:52Mais c'est aussi tout ce que le changement climatique peut provoquer de désagréments
07:00qui supposent de réinventer parfois des modèles.
07:02Vous me parliez d'un fait d'hiver qui a eu lieu à New York cet été.
07:05Je pense qu'il faut le raconter à nos téléspectateurs, parce que moi, j'avoue que je ne l'avais pas vu passer.
07:10Il est assez révélateur.
07:11Oui, c'est un pont tournant, en fait, pour permettre de laisser passer les bateaux,
07:16et sur lesquels il y a un passage très important aussi routier quand il est fermé.
07:19En fait, il s'est ouvert.
07:20Et en fait, ils n'arrivaient pas à le refermer parce que des matériaux s'étaient dilatés sous l'effet de la chaleur.
07:24Donc en fait, ils l'ont arrosé pendant...
07:28Je ne saurais vous dire pendant combien d'heures ils ont dû l'arroser, effectivement, pour le refroidir et pouvoir le refermer.
07:32Donc ça, ce sont des événements, effectivement, en plus des catastrophes, comme on sait tous.
07:36Ce sont des événements presque quotidiens, des ponts qui s'effondrent, qui deviennent fragiles
07:41et qui fragilisent, effectivement, la fluidité de la mobilité.
07:44Et donc la question à laquelle vous allez collectivement répondre, c'est la question de quoi ?
07:51Des investissements, de la planification des investissements, c'est ça ?
07:55Pour finalement ne pas se retrouver quand il y a une catastrophe ou quand il y a une panne avec une solution à trouver en l'urgence, c'est ça ?
08:05Il va falloir changer de paradigme, en fait.
08:09C'est ça qui est le plus gros challenge auquel on aura à faire face.
08:15Déjà, il va falloir partir des territoires, chose qu'on n'avait plus tellement l'habitude de faire.
08:20Chaque territoire a ses spécificités.
08:22Donc on va devoir réfléchir aux conditions auxquelles on doit faire face pour réfléchir aux meilleures infrastructures d'aujourd'hui et de demain, sachant que...
08:31— Donc ça commence par un audit des infrastructures, des conditions climatiques dans le territoire, une cartographie des risques, d'accord.
08:38— Une étude de sensibilité. Ça va générer vraisemblablement entre nous des travaux pour construire des outils, pour monitorer ces risques et prendre des décisions,
08:47sachant que ce qui est compliqué aussi, c'est que les normes de construction qui seront nécessaires pour faire face aux événements climatiques de demain,
08:55elles sont pas encore prêtes aujourd'hui. Donc il y a tout un sujet au niveau de la réglementation qui doit être clarifié et auquel Moving On pourra,
09:03bien entendu, alimenter, aider les autorités à prendre conscience.
09:08— Oui. Et peut-être pourquoi c'est si complexe, en fait. Dès qu'on aborde le sujet de la résilience, on aborde la question de la longueur de la supply chain.
09:16Il faut re-régionaliser les supply chains, les raccourcir. Ça, c'est un changement de paradigme énorme. On parle de renaturaliser les sols,
09:24puisqu'on parle beaucoup de l'artificialisation en étant une des causes du fait que les catastrophes prennent de l'ampleur.
09:30Renaturaliser les sols, ça veut dire repenser la ville, enfin dire à des habitants « Vous ne pouvez plus habiter là ».
09:37Donc on parle de solutions dont aucune n'est simple, en fait, et dont beaucoup non seulement coûtent cher, mais ont un impact sur l'organisation, en fait, de nos sociétés.
09:47C'est pour ça que c'est si écosystémique, en fait. — Oui. Et la question du financement, elle est majeure. Alors quand on voit l'Espagne, le bilan financier...
09:57Parlons pas du bilan humain, mais le bilan financier des dégâts, etc., il n'est pas encore fait. Si on fait le bilan des inondations qu'en Union, il y a 3 ans,
10:05en Europe, notamment en Allemagne, on est autour de 40 milliards. Il y a toujours la question « Ça coûte plus cher d'anticiper, par exemple,
10:14si on prend des infrastructures électriques qu'il faut surélever », enfin etc., etc., ou alors « Attendons la catastrophe et réparons ». Vous voyez ce que je veux dire ?
10:21— Oui. — On voit bien. Et c'est justement, je pense, un des objectifs effectivement de cette communauté d'intérêt, c'est de réfléchir à ce modèle-là, en fait.
10:28Dans quel cas est-ce qu'il faut anticiper ? On travaille pas seulement sur l'Europe. On travaille aussi sur les États-Unis. Et en Floride, ils ont un vrai problème
10:35avec la montée des eaux. Ils savent que tout va être immergé avec d'ailleurs une durée pas si longue que ça. Donc eux, ils n'ont pas choix. Il faut anticiper.
10:43Donc comment on planifie ça ? Comment on fait du public-privé, en fait ? Il y a forcément des modèles public-privé pour financer en fait ces infrastructures,
10:51car ni le public ni le privé ne seront capables seuls de financer de tels investissements.
10:55— Et donc il y a une logique de travail collectif, de partage des données, de biens communs même, d'une certaine façon.
11:01— Exactement. — Ce qui peut être un discours qu'on n'a pas forcément l'habitude d'entendre dans le business.
11:05— On construit des communs. Exactement. — Voilà. Et vous espérez voir grandir cette communauté ? Parce que pour l'instant, il y a des grandes entreprises
11:11que vous avez citées. — En fait, on a lancé le projet. Et déjà, il y a beaucoup de personnes qui ont demandé à nous rejoindre.
11:19Et notre but aussi, c'est d'enrichir cet écosystème, de chercher par exemple des assureurs comme Massif ou d'autres, des banques, des institutions européennes
11:29pour réfléchir à des mécanismes de financement un petit peu différents. Il y a beaucoup d'innovations, y compris sur le mécanisme des assurances, à imaginer.
11:38— Évidemment. Dernier mot. — Et un sujet dont on n'a pas forcément encore beaucoup parlé, mais c'est aussi comment est-ce qu'on va embarquer
11:44les populations et assurer leur protection, influer sur le changement des comportements, parce qu'effectivement, il y a des choses à adapter aussi
11:55de ce côté-là. — Bien sûr. Merci beaucoup. Merci à tous les deux. Et à bientôt sur BeSmart4Change. On passe à notre rubrique start-up.
12:03On va parler de mobilité électrique.

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