• il y a 2 semaines
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Benjamin Haddad, ministre délégué chargé de l’Europe, répond aux questions de Sonia Mabrouk au sujet de l’Europe qui fait face à une violente vague d’antisémitisme après les attaques et la chasse aux juifs à Amsterdam, de Donald Trump qui pourrait être l’homme des négociations sur l’Ukraine et de la colère des agriculteurs.

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Transcription
00:00Bonjour Benjamin Haddad, et bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:06Vous êtes le ministre délégué chargé de l'Europe, l'Europe qui fait face à une violente vague d'antisémitisme.
00:12Hier soir, le Premier ministre des Pays-Bas a dénoncé une violence antisémite pure et simple après les attaques et la chasse aux Juifs à Amsterdam.
00:19Le choc et la honte perdurent, a-t-il dit, alors que des tensions ont de nouveau éclaté hier dans la nuit dans la capitale.
00:26Il appelle à une action forte. Monsieur le ministre, quelle pourrait être cette action, même au niveau européen ?
00:31Déjà, effectivement, il faut constater que depuis le 7 octobre, même si en réalité, c'est un phénomène qui préexistait,
00:35mais depuis le 7 octobre 2023, on voit une explosion de violence et de haine antisémite partout en Europe.
00:41On sent que ça a libéré une fois de plus la parole antisémite, l'acte antisémite, et que le conflit est utilisé comme un prétexte.
00:50Il est instrumentalisé pour attaquer les Juifs en Europe.
00:53Il faut toujours le rappeler de façon extrêmement claire, quand on s'attaque à un Juif en France, on s'attaque à la France,
00:58on s'attaque à la République, et c'est pour ça que nous avons dans notre pays des forces de l'ordre qui sont mobilisées
01:03pour protéger les synagogues, pour protéger les écoles. C'est malheureux d'avoir en arrivé là.
01:07C'est malheureux que les fidèles pour entrer dans les synagogues doivent être protégées par la police,
01:11mais de fait, le gouvernement, le président de la République sont extrêmement mobilisés.
01:16Et on le voit, cette haine d'Israël est utilisée comme un carburant pour attaquer des Juifs.
01:21Et là-dessus, je dois dire plusieurs choses.
01:22Premièrement, c'est que les responsables politiques ont une responsabilité, y compris dans la parole,
01:27puisqu'on voit ceux comme la France insoumise qui, précisément, ont utilisé la question palestinienne
01:33comme un carburant électoraliste avec des conséquences, y compris des conséquences dans la violence.
01:37C'est pour ça que le ministre de l'Intérieur a raison quand il s'agit de...
01:40Il ne veut rien laisser passer.
01:42Il ne veut rien laisser passer.
01:42Encore ce matin, monsieur le ministre, un élu du DOU, conseiller municipal du Vert-Gauche, Ismaël Boudjekada,
01:47a dit qu'il aurait voulu être à Amsterdam pour participer à cette chasse aux Juifs.
01:51Bruno Retailleau, à chaque fois, il a raison.
01:55Oui, bien sûr, il a raison.
01:56Il ne faut absolument rien laisser passer parce qu'en fait, finalement, après, on s'habitue.
02:00On laisse les ennemis de la République grignoter du terrain.
02:03On s'est trop habitués, d'ailleurs.
02:04Donc, en tout cas, pendant longtemps, on n'a pas suffisamment dénoncé,
02:08on n'a pas suffisamment combattu.
02:09Donc aujourd'hui, il faut une main absolument ferme et il ne faut rien laisser passer.
02:12C'est pour ça que Bruno Retailleau a raison de saisir le procureur de la République
02:15sur les propos, par exemple, de la députée insoumise.
02:17Et après, vous me posiez la question, est-ce qu'il faut des mesures au niveau européen ?
02:20Oui, je crois qu'il faut qu'on réfléchisse à cela au niveau européen.
02:23Quand je vois ce qu'on a fait en France, par exemple, avec la loi sur le séparatisme,
02:26vous vous rappelez, il y a quelques années,
02:27faire la transparence sur les financements étrangers de l'islam radical,
02:32pouvoir se donner les moyens d'expulser des imams ou de dissoudre des associations
02:37soupçonnées de liens avec des mouvements radicaux.
02:39Pourquoi ne pas apporter, effectivement, ce type de mesures au niveau européen ?
02:43En tout cas, c'est une réflexion qu'on a en ce moment avec le ministre de l'Intérieur.
02:46Mais oui, j'en fais une priorité et c'est, je crois, à la France qui s'est dotée d'outils,
02:50je veux le dire, qui s'est dotée d'outils importants pour défendre notre laïcité,
02:54pour lutter contre l'islamisme et pour lutter contre l'antisémitisme,
02:58y compris, d'ailleurs, l'antisémitisme et la haine en ligne.
03:00C'est un combat que nous avons porté, il faut le faire aussi au niveau européen.
03:03Vous-même, Benjamin Haddad, vous aviez été pris à partie par Jean-Luc Mélenchon.
03:06Il avait déclaré que vous étiez acquis à la politique de Benjamin Netanyahou.
03:10Il s'était indigné que ce soit vous, monsieur Haddad, qui vous occupiez de l'Europe.
03:14Est-ce que faire l'amalgame entre votre confession et votre action politique,
03:18ça relève de l'antisémitisme ?
03:20Oui, et je crois que ça avait été dénoncé comme tel, d'ailleurs, par de nombreuses personnes.
03:23Monsieur Mélenchon est antisémite ?
03:24Mais moi, j'entends ce qu'il dit et je vois, effectivement, ses propos
03:28et ceux de son parti qui désignent les Juifs, des personnalités juives,
03:33comme Yael Brun-Pivet ou d'autres, à la vindicte depuis déjà bien longtemps.
03:37Mais vous savez, fondamentalement, moi, j'avais pas réagi à cette polémique à l'époque
03:41parce que je crois qu'il y a deux façons de faire de la politique.
03:43Soit on cherche, justement, constamment à cliver, à créer de la politique,
03:47à enfermer les gens dans des cases, à créer du conflit, de la conflictualisation pour exister.
03:52Soit on essaie de se mettre à sa tâche, pour travailler au service des Français,
03:55en avançant calmement.
03:57Moi, c'est plutôt mon approche et je crois que c'est celle aussi du gouvernement.
04:00Alors, le calme, c'est ce qu'on espère.
04:02Mais en tout cas, c'est un match sous très haute tension et sécurité entre la France et Israël
04:05qui se tiendra à jeudi.
04:06Benjamin Haddad, le fait que les autorités israéliennes aient appelé leurs ressortissants
04:10à ne pas s'y rendre, sous-entendu, il n'y aurait pas toute la sécurité en France.
04:14Est-ce que ce n'est pas une forme de camouflet pour notre pays ?
04:17Écoutez, ce que je veux vous dire, c'est que, un, bien sûr, les footballeurs
04:20et les supporters israéliens sont les bienvenus à Paris,
04:23comme ils étaient d'ailleurs les bienvenus aussi les athlètes israéliens dans des Jeux olympiques.
04:26Il y a des forces politiques qui nous demandent le boycott.
04:28Ce n'est pas une pratique acceptable.
04:32Le sport, ça doit être aussi un moment d'amitié entre les peuples.
04:35Et donc, les Israéliens sont bien sûr les bienvenus.
04:37On avait boycotté les athlètes russes.
04:38Non, ils étaient sous bannière neutre.
04:40Mais bon, mais en tout cas, les Israéliens sont bien sûr les bienvenus à Paris.
04:46Et je me félicite d'ailleurs du message qui est envoyé par le président de la République,
04:49par le Premier ministre, qu'ils se rendront à ce match.
04:53Ce qui montre encore une fois que ça va être un moment de fête,
04:56que le meilleur gagne, mais il ne faut pas politiser.
04:59De fête ? Vous y croyez ?
05:00Bien sûr, c'est le sport.
05:01Il faut que ce soit un moment de fête et de rassemblement.
05:04Il y aura toutes les dispositions en termes de sécurité qui seront prises.
05:07Mais je me félicite encore une fois qu'on n'a pas cédé à l'intimidation.
05:10On n'a pas cédé au chantage.
05:12Encore une fois, les Israéliens sont les bienvenus à Paris.
05:14On n'a pas délocalisé, c'est ça ?
05:15Oui, exactement.
05:16Que ce soit les footballeurs, les supporters.
05:19Et vous aurez des personnalités comme le président de la République
05:22ou le Premier ministre et des ministres qui seront présents à ce match
05:25pour soutenir l'équipe de France.
05:27Vous-même, vous avez un déplacement peut-être prévu ?
05:29Je l'espère, j'ai un déplacement prévu.
05:31Donc on verra effectivement comment on organise ça.
05:32En tous les cas, le président Emmanuel Macron y sera.
05:34On peut y voir un symbole car son absence lors de la marche contre l'antisémitisme
05:38avait été beaucoup commentée et notamment dénoncée,
05:42pas seulement par les Français juifs, mais en particulier par les Français juifs.
05:45C'est aussi le même président, M. Haddad,
05:47qui avait évoqué l'arrêt des ventes d'armes à Israël.
05:49Tout à l'heure, l'ambassadeur d'Israël sera au quai d'Orsay pour autre chose.
05:52Pour s'expliquer, après l'incident dans les Léonards à Jérusalem-Est,
05:57on a du mal à comprendre la position aujourd'hui de la France vis-à-vis d'Israël.
06:00Si vous deviez, ce matin, sur CNews Europe 1, nous la résumer, que diriez-vous ?
06:04Je crois qu'il n'y a absolument aucune ambiguïté et qu'il ne faut pas mélanger les sujets.
06:08Le président de la République, son engagement contre l'antisémitisme
06:10et contre l'antisionisme, puisqu'il a été l'un des premiers à dire
06:13que l'antisionisme était une forme d'antisémitisme,
06:15il ne souffre d'aucune contestation.
06:17Et c'est pour ça, d'ailleurs, je vous le disais,
06:18qu'on voit une mobilisation des forces de l'ordre, des autorités
06:21pour protéger la communauté juive depuis déjà des années.
06:24Et là-dessus, il n'y a aucune ambiguïté et c'est pour ça, d'ailleurs,
06:26qu'il se rend, et c'est un message, encore une fois, fort, d'amitié, de fraternité,
06:30de se rendre à ce match.
06:32Après, effectivement, il défend la position qui est très claire,
06:35qui est la position de la diplomatie française,
06:37qui, dès le 7 octobre, qui était une dénonciation absolue et sans ambiguïté
06:43de la barbarie terroriste du Hamas le 7 octobre contre les civils israéliens,
06:48avec le soutien aux droits des Israéliens à se défendre contre le terrorisme
06:52dans le respect du droit international humanitaire.
06:54Aujourd'hui, la France appelle à un cessez-le-feu
06:57qui peut mener à la reprise des négociations pour une solution politique à deux États,
07:02ce qui a toujours été un État israélien, un État palestinien,
07:04ça a toujours été la position de la France.
07:06La libération inconditionnelle des otages,
07:08je rappelle que nous avons toujours deux otages français, d'ailleurs,
07:11au fer Calderon, au Hadia, à Lumi, qui sont aujourd'hui détenus par le Hamas.
07:15Et donc, c'est à la fois la voie de la France de s'élever contre l'antisémitisme,
07:18mais aussi de promouvoir la relance du dialogue politique,
07:22la solution politique à deux États,
07:23et la fin des combats dans la région.
07:25J'entends. Est-ce qu'on peut appeler à un cessez-le-feu, comme vous le faites,
07:28et en même temps dire que, et en même temps, c'est l'expression adaptée,
07:32dire qu'Israël a le droit de se défendre ?
07:34Encore une fois, Israël a le droit de se défendre.
07:38Après le 7 octobre, il y a une réponse, évidemment, à l'attaque terroriste barbare.
07:42Aujourd'hui, encore une fois, l'objectif du président de la République
07:44et de la diplomatie française, c'est de retrouver les voies d'une solution politique,
07:48c'est-à-dire que comment est-ce qu'on arrive au-delà de la dimension militaire et des combats
07:51à créer un cadre politique qui est la garantie de la sécurité durable
07:55et de la stabilité dans la région ?
07:57Encore faut-il que la voie de la France porte.
08:00Il y a aujourd'hui une piste pour que cet accord, pour que ce cessez-le-feu,
08:05puisse un jour arriver sur la table de négociation ?
08:06Mais vous savez, la voie de la France, comme celle de nos partenaires,
08:10déjà, on tient notre rang, on utilise notre voie.
08:13Je constate qu'on est très impliqué, notamment, par exemple, au Liban, dans l'aide humanitaire.
08:17Il y a encore quelques semaines, le 24 octobre,
08:19une grande conférence humanitaire sur le Liban,
08:21qui a permis de lever près d'un milliard d'euros, 800 millions d'aides humanitaires,
08:25200 millions pour le soutien aux forces armées libanaises,
08:27qui est un enjeu aussi, bien sûr, de souveraineté pour le Liban.
08:31C'était plus, d'ailleurs, que les objectifs que s'étaient donnés les Nations unies
08:34pour cette conférence.
08:34Donc voilà, la France est en initiative et la France, effectivement, fait porter sa voix,
08:38y compris, encore une fois, par des initiatives concrètes comme le soutien humanitaire.
08:41Alors, l'actualité, monsieur le ministre en charge de l'Europe ces dernières heures,
08:44c'est une brusque accélération des événements au sujet de l'Ukraine.
08:47Selon la presse américaine, le Washington Post en particulier,
08:50Donald Trump se serait entretenu au téléphone avec Vladimir Poutine.
08:53Il lui aurait conseillé de ne pas aggraver la guerre,
08:56avec à la clé la possibilité pour Moscou de conserver les territoires conquis.
09:00Le Kremlin dément cet appel, mais des mouvements de troupes
09:02laissent penser quand même qu'il y aurait une accélération.
09:05Comment vous réagissez, ce matin ?
09:07Trump peut-il être l'homme des négociations sur l'Ukraine ?
09:12Tiens, je voudrais rappeler qu'au fond, et au-delà, d'ailleurs, de l'Ukraine,
09:14mais au fond, ce qui se passe en Ukraine,
09:16ça engage avant tout notre sécurité, nous, d'Européens.
09:18C'est une agression contre un État souverain à nos frontières,
09:22avec les conséquences, d'ailleurs, que ça pourrait avoir sur des pays...
09:24Au confins de l'Europe.
09:25Oui, au Nord, aux portes.
09:26Quand on voit les États baltes, la Roumanie, la Pologne,
09:28ce sont des États de l'Union européenne,
09:32ce sont des États membres de l'OTAN.
09:34Vous diriez que nos intérêts vitaux sont en jeu en Ukraine ?
09:36Les intérêts vitaux de l'Union européenne, bien sûr.
09:38Je pense que c'était effectivement un enjeu existentiel pour l'Union européenne.
09:41Si on laisse Vladimir Poutine gagner,
09:44ça crée un précédent désastreux pour les relations internationales,
09:46y compris sur d'autres théâtres.
09:48Donc, c'est à nous aussi de faire entendre notre voix,
09:51de continuer à soutenir les Ukrainiens, à pouvoir se défendre.
09:53Et en effet, la seule façon de mettre fin à cette guerre,
09:56et c'est le message que nous portons aussi auprès de nos alliés américains,
10:00avec qui nous travaillerons, avec l'administration Trump,
10:03c'est de donner aux Ukrainiens les moyens
10:05de rééquilibrer leur rapport de force sur le terrain
10:07pour pouvoir engager une négociation.
10:09Ça veut dire quoi ? C'est-à-dire de pouvoir même frapper sur le sol
10:11et en profondeur sur le sol russe ?
10:13Est-ce que, pour être claire dans ma question,
10:15est-ce que le soutien aujourd'hui à l'Ukraine est inconditionnel et sans limite ?
10:18Non, mais rien n'est inconditionnel ou sans limite.
10:20Mais le sujet, fondamentalement, c'est comment est-ce qu'on donne aux Ukrainiens
10:24les moyens de rééquilibrer leur rapport de force sur le terrain
10:26qui peut mener à une négociation ?
10:27Moi, j'entends aujourd'hui le président Zelensky,
10:29qui depuis longtemps, par exemple, dans son plan de victoire,
10:31dit qu'il souhaite pouvoir négocier.
10:33Mais après, une négociation, elle se base sur un rapport de force.
10:36Et le rapport de force qui doit pouvoir se rééquilibrer sur le terrain,
10:39c'est quand on donne aux Ukrainiens les moyens, précisément,
10:42de pouvoir mener cette négociation.
10:44Est-ce que Trump pourrait être l'homme de ce rapport de force ?
10:46On le connaît quand même pour ses rapports de force et son goût du deal.
10:49En tout cas, c'est le message que nous portons
10:51et que nous continuerons de porter auprès des autorités américaines.
10:54Mais ma question, est-ce que Trump peut être l'homme de ces négociations pour vous ?
10:57En tout cas, vous savez, au fond, mais je sais qu'on va...
11:00Vous n'y croyez pas, M. Miss, vous ne voulez pas le dire,
11:02parce que, semble-t-il, s'il est en contact avec Poutine, il est le...
11:05Non, mais en réalité, je ne fais pas de la spéculation sur ce que va faire quelqu'un d'autre.
11:09Moi, je vous dis la position que nous porterons
11:10et ce que nous devons faire aussi pour prendre en charge notre propre sécurité.
11:13Vous avez dit que ce serait une erreur historique d'abandonner l'Ukraine.
11:16Négocier, c'est abandonner ?
11:17Non, mais pas du tout.
11:18Je vous dis, encore une fois, abandonner, c'est laisser Vladimir Poutine gagner la guerre
11:23et le précédent que ça créerait.
11:25La question, c'est comment créer les conditions d'un rapport de force pour une négociation.
11:29Maintenant, fondamentalement, ce que nous voyons avec l'élection de Donald Trump,
11:33mais au fond, avec les tendances même qu'on avait vues...
11:35Que vous avez vues venir.
11:36Je vais le préciser à nos auditeurs d'Europe 1 et téléspectateurs de CNews.
11:40Vous avez publié ce livre il y a quelques années, en 2019.
11:42Il s'intitule
11:43« Le paradis perdu, l'Amérique de Trump et les désillusions européennes ».
11:47C'est-à-dire, au moment où tout le monde pensait que Trump était terminé,
11:49que même Trump ne pouvait même pas émerger,
11:52vous l'avez vu arriver.
11:53Vous ne faites pas partie de ces élites aveuglées.
11:55J'ai vécu le premier mandat de Donald Trump aux États-Unis
12:00et je crois qu'effectivement, moi, je ne crois pas aux leçons de morale.
12:03Moi, j'ai voulu voir en tant que Français, de façon analytique,
12:06déjà les sujets qui ont fait son succès.
12:09Que ce soit les questions de l'immigration,
12:12la question de la désindustrialisation,
12:14le rejet des interventions militaires
12:16par une partie de l'opinion publique américaine,
12:19en particulier après les échecs de l'Afghanistan et de l'Irak.
12:23Et, au fond, l'accélération aussi qu'il représentait,
12:27je ne pense pas qu'il représente une parenthèse ou un accident de l'histoire.
12:29On a vu, par exemple, les tendances protectionnistes
12:31qui ont été continuées, voire amplifiées par l'administration Biden
12:33avec certains tarifs douaniers, avec l'Irak,
12:36contre même les intérêts de l'industrie européenne.
12:38Et donc, la conclusion qu'il faut en tirer,
12:41c'est, pour nous, Européens,
12:42de prendre en charge notre propre sécurité, notre destin,
12:45d'investir dans notre défense, de nous donner les outils
12:48d'assumer des rapports de force aussi, sur le plan commercial,
12:51de soutenir notre industrie,
12:52c'est-à-dire d'investir dans notre autonomie stratégique.
12:54C'est le fameux sursaut européen.
12:55Mais pourquoi vous ne dites pas d'abord la France ?
12:58Mais la France, nous, c'est ce qu'on fait d'ailleurs depuis 2017,
13:02en faisant baisser le chômage,
13:03en doublant le budget militaire de la France
13:05sur les deux mandats d'Emmanuel Macron,
13:07en investissant dans la réindustrialisation.
13:09Mais après, les intérêts de la France...
13:10Les mémoragers en ce moment, les féminins industriels, oui.
13:12Les intérêts de la France, c'est aussi d'être influent en Europe
13:15et d'avoir une Europe qui est capable de défendre ses intérêts.
13:18Parce que, fondamentalement, entre les États-Unis,
13:20la Chine, l'Inde, la Russie,
13:22on a intérêt à peser ensemble en Européens.
13:24Mais c'est pour ça que je vous reviens juste rapidement
13:26sur la question de l'Ukraine.
13:27Le vrai sujet, une fois de plus,
13:29c'est comment est-ce que nous, Européens,
13:30sommes capables, collectivement,
13:32en coopérant au niveau, par exemple, de l'industrie de défense,
13:34comment est-ce qu'on est capables de défendre ensemble nos intérêts ?
13:37Mais expliquez-nous ce matin, quelle Europe ?
13:39Celle de Viktor Orban, dont vous aviez dit, il y a deux ans,
13:41je vous cite, et dénoncer sa dérive autoritaire
13:43et le fait qu'il détourne les fonds européens ?
13:45Celle de Laff-Scholz, fragilisée en Allemagne
13:47et probablement remplacée avant Noël ?
13:49Ou celle de Georgia Melloni, dont vous aviez critiqué
13:51l'Europe lit nationale au sujet de l'immigration ?
13:53Georgia Melloni ? Non, ce que j'ai dit, c'est que...
13:55Au contraire.
13:55Mais quelle Europe ?
13:56Non, ce que j'ai dit, c'est que quand elle a été élue,
13:58elle a fait appel à l'Europe et à la coopération européenne,
14:00précisément pour avoir des résultats sur l'immigration.
14:03Mais j'avais parlé de ça pendant sa campagne.
14:04C'est-à-dire qu'effectivement, pendant sa campagne,
14:06elle a fait croire qu'il y avait des solutions uniquement nationales
14:09et unilatérales pour avoir des résultats sur l'immigration
14:11et que c'est à travers la coopération européenne.
14:13Mais une Europe qui est capable de se défendre,
14:15une Europe qui a investi dans son autonomie...
14:16Celle de M. Orban ? Celle de M. Scholz ?
14:18Mais non, déjà, celle des 27.
14:19On a besoin de travailler avec nos partenaires, nos voisins.
14:21On dit souvent l'Europe des 27,
14:22mais le 27e, c'est la Commission européenne.
14:24En réalité, moi, ce que je constate,
14:26c'est que quand j'entends l'Europe aujourd'hui,
14:27la Commission européenne, dans son collège des commissaires actuels,
14:31qui parle de souveraineté industrielle,
14:33de souveraineté technologique,
14:35de nucléaire comme énergie de décarbonation.
14:37Il y a un commissaire à la Défense.
14:38Je vois que le logiciel change.
14:39Je vois qu'on fait changer le logiciel.
14:41Je vois qu'on sort d'une forme de naïveté
14:43quand on impose des tarifs à la Chine
14:46face à son comportement commercial déloyal
14:48sur la question des véhicules électriques.
14:50Mais maintenant, effectivement, il faut ce sursaut.
14:53Moi, ce que je constate quand je vois aux Etats-Unis,
14:56c'est que les Américains, en fond, ont toujours faim.
14:59Ils veulent innover.
15:00Ils veulent créer, ils veulent investir dans leur défense.
15:03Donc la question que je pose aujourd'hui aux Européens,
15:05c'est est-ce qu'on a faim ?
15:06Est-ce qu'on veut innover
15:07ou est-ce qu'on veut simplement être des sujets,
15:10un théâtre passif des rivalités des grandes puissances ?
15:12Moi, je veux qu'on soit un acteur.
15:14Et un acteur, ça veut dire investir massivement
15:16dans notre compétitivité, notre productivité
15:18au niveau français comme au niveau européen
15:20en unifiant les marchés de capitaux,
15:22en terminant le marché unique,
15:24en mettant plus l'accent sur l'innovation
15:26que sur la régulation.
15:27Parce que ces dernières années, ça a été au niveau européen
15:29beaucoup l'accent sur la régulation,
15:30sur les questions technologiques.
15:31Là, je crois au contraire qu'il faut qu'on soutienne
15:33nos entreprises et nos innovateurs.
15:34Et en pensant à nos agriculteurs.
15:36Je veux vraiment terminer par cette question.
15:37Il nous reste quelques secondes.
15:39C'est un sujet qui risque d'allumer de nouveau
15:42la colère des agriculteurs.
15:43Le fameux Marco-Sourds, l'accord de libre-échange
15:46qui défavoriserait très largement nos producteurs nationaux.
15:49L'enjeu désormais de rallier d'autres pays européens,
15:51puisque la France, on le sait, ne veut pas le signer.
15:54Est-ce qu'il va être signé, là, dans quelques jours ?
15:56Vous voyez bien, la position de la France,
15:58elle est extrêmement claire.
15:59C'est que cet accord n'est pas acceptable en l'état.
16:01Est-ce qu'on allait au moyen de s'y opposer ?
16:02Nous travaillons avec nos partenaires européens
16:04pour construire effectivement une coalition
16:06qui dit très simplement qu'on a des exigences
16:09aussi bien sur les questions d'équité commerciale,
16:11c'est-à-dire, très simplement,
16:13que quand on s'applique des normes, des standards,
16:15par exemple, pour nos agriculteurs ou nos entreprises,
16:17il faut que nos partenaires commerciaux
16:18s'appliquent les mêmes.
16:20Et après, aussi bien au niveau des normes environnementales,
16:22c'est-à-dire la protection, notamment, des accords de Paris.
16:24Vous pouvez nous garantir, ce matin,
16:27qu'il ne sera pas signé cet accord, là, d'ailleurs,
16:29au G20, dans les prochains jours ?
16:32Je ne le souhaite pas.
16:33En tout cas, c'est clairement le combat de la France,
16:36c'est de s'opposer à cet accord en l'état,
16:38de mobiliser nos partenaires pour s'y opposer.
16:40Parce que ça revient exactement à ce que je vous disais tout à l'heure,
16:43quand on sort d'une forme de naïveté sur les accords commerciaux.
16:45D'ailleurs, on voit que l'une des raisons
16:46pour lesquelles Donald Trump a été élu,
16:48c'est qu'il y a ce retour de bâton
16:49contre ces accords commerciaux
16:52qui ne sont pas considérés comme équitables
16:54et qui ont mené, par exemple, à une forme de désindustrialisation.
16:57Eh bien, là, on doit être capable de défendre nos intérêts sans naïveté.
17:00C'est le message que porte le gouvernement
17:02sur la question du Mercosur.
17:03Merci, monsieur le ministre délégué en charge de l'Europe, Benjamin Haddad.
17:05Merci pour cette grande interview.
17:07Bonne journée et à bientôt.

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