Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00Bonjour Thierry Causse. Bonjour. Je suis très heureuse de vous accueillir à Patron en question.
00:05Vous êtes un patron d'un genre spécial. Si si quand même. Je vis au milieu des patrons mais c'est vrai que ma culture...
00:12Vous êtes le patron des patrons finalement. J'aime bien être au service de l'économie donc j'aime bien les patrons.
00:18Exactement. Et les patrons ont besoin d'être défendus et conseillés et plus sérieusement vous avez une entreprise de lobbying et stratégie
00:26et pas n'importe quelle entreprise. Lobbyistes des lobbyistes. C'est-à-dire que non non je dis ça en plaisantant mais vous êtes conseil des présidents de la République
00:36et Emmanuel Macron n'est pas le premier. Il y en a eu d'autres et je crois que c'est important parce que ce sont des conseils précis dans l'intérêt des entreprises.
00:46Bien sûr. Je suis en train de penser par exemple là je voyais ce qui se passait au Maroc. Nous savons tous nous entrepreneurs que les délais de paiement
00:54c'est un problème terrible au Maroc. Votre boulot par exemple c'est d'avertir. Bien sûr mais c'est terrible pour les grandes entreprises mais c'est encore pire pour les PMI,
01:02PME qui y croient, qui ont envie de s'investir, qui sont des startups parfois mais qui vont mourir à cause des délais de paiement parce que personne ne les aura prévenus.
01:10L'administration ne l'aura pas fait et on ne s'aperçoit pas qu'il y a des étrangers qui sont partis depuis un moment. Donc quand on veut redévelopper quelque chose
01:17il faut regarder. Moi mon métier de lobbyiste c'est d'essayer d'anticiper les crises. C'est d'essayer de voir comment le terrain se prépare et hélas moi je suis l'interprète de la jungle administrative.
01:32Donc moi mon boulot c'est de combattre l'administration parce qu'un chef d'entreprise, quel que soit son secteur, il veut produire, il veut gagner de l'argent, il veut créer de l'emploi,
01:41il veut continuer dans un secteur passionnant et parfois il est passionné par un secteur où il va faire considérablement progresser la société et on lui dit non là tu peux pas, là c'est pas bien, là tu veux gagner de l'argent c'est pas bien, là on va t'entraver pour ça.
01:57Et là je vous arrête là-dessus parce que c'est très important. D'abord vous êtes un électro-libre, mais c'est vrai, et un électro-libre il en faut absolument parce que ce que vous venez de dire c'est finalement dramatique car tout le monde se plaint de la même chose.
02:12Tout le monde se rend compte de la problématique qu'il y a, de ces normes inimaginables et en plus vous vous intéressez, on en parlera plus particulièrement à la ruralité.
02:21Et nous-mêmes à Haïti que nous avons vraiment intégré les agriculteurs comme des entrepreneurs à part entière.
02:26Et l'économie rurale, c'est des PMI, PME partout dans le territoire.
02:30Mais il y a un problème majeur et alors peut-être qu'un homme comme vous devrait savoir comment on fait, personne n'ose, le gruyère c'est même pas le gruyère c'est le millefeuille, ce serait bien si c'était un gruyère.
02:42Le millefeuille est tel que personne n'ose toucher à quoi que ce soit, c'est comme un micado, on a l'impression que si on touche un bâton tout va s'effondrer.
02:50Or il y a aujourd'hui un catalogue à la prévère de nouvelles taxes, de nouvelles sociétés, de nouvelles organisations, rien ne se passe, rien ne se passera, même voter.
03:01Comment on fait aujourd'hui pour que les choses soient rapides comme dans une entreprise ? Vous travaillez à ça ?
03:07Moi j'y travaille beaucoup parce qu'au-delà de défendre les intérêts précis de mes clients qui ont un projet de développement, qui ont une entreprise à ouvrir et qui sont bloqués par les règles environnementales,
03:16par les études d'impact, par tout ce qui peut bloquer la création de richesse, moi je m'occupe aussi de dire il faut taper du poing sur la table, il faut y aller.
03:26Alors je suis effectivement un électron libre, Nicolas Hulot a pu en témoigner puisque je souhaitais son départ et finalement je l'ai obtenu et il a démissionné en disant que c'était de la faute de Thierry Cosse
03:36parce que les lobbies étaient partout, mais quel imbécile ! C'est juste que, heureusement qu'on écoute les entrepreneurs, moi je suis là pour porter cette voix, mais parfois je suis là aussi pour dénoncer
03:47parce qu'il ne faut pas avoir peur de dénoncer. A chaque fois qu'on est courtisant, ça ne marche pas bien. Moi je trouve que quand on peut discuter intelligemment avec de bons arguments et que ça peut suffire,
03:57c'est génial, pour la loi comme pour le règlement, mais parfois il faut accepter le rapport de force. Et moi quand un préfet, quand un ministre, quand un dirkab ne me plaît pas et que je vois qu'il n'a aucun intérêt
04:09aux sujets économiques qui sont pourtant de son portefeuille, eh bien j'ai pas peur de demander sa tête, parce que je trouve qu'il faut oser. Dans ce pays, on n'ose pas et quand on va à l'étranger,
04:22on voit les choses qui sont simples. Moi je défends des projets d'aquaculture, mais on met un mois pour s'installer au Portugal, en respectant toutes les règles environnementales, parce qu'ils ont tout prévu avant,
04:32et on met 4 ans en France pour la même chose. On met 4 ans en France pour la même chose. C'est pas normal.
04:38Alors là, vous êtes pile dans la cible, mais quand vous dites ça, on a l'impression que vous êtes effectivement tout puissant, quand un dirkab ne me plaît pas, quand telle chose ne va pas, etc.
04:50Je n'ai pas dit que j'obtenais son départ, mais en tout cas, ça crée un rapport de force.
04:54Comment on fait ? Parce qu'un lobbyiste, d'habitude, il va voir le patron, le patron lui dit, écoutez, moi je voudrais arriver à avoir ça, alors qu'on est en train de me taxer, que ça ne va pas,
05:02ou que je peux partir ici, mais comment prenez-vous le pouvoir ?
05:06C'est difficile d'avoir le pouvoir avec une technocratie telle qu'on a dans ce pays, mais la réalité...
05:12Et pour les agriculteurs, par exemple, vous faites comment ?
05:14Pour les agriculteurs, c'est pareil. Parfois, regardez, si les manifestations ont provoqué des changements de réglementations, ça veut dire que le rapport de force est nécessaire.
05:23Et hélas, le pouvoir économique n'utilise pas ce rapport de force.
05:27Alors, les syndicats le font très bien, mais pas le pouvoir économique, pas les PMI-PME, pas les artisans, pas les commerçants.
05:33Mais pourquoi ? Parce qu'on n'est pas fait pour ça, on travaille, on veut créer des choses.
05:38On a 30 secondes. Dans les 30 dernières secondes, dites-nous ce qu'il faut absolument faire maintenant pour faire changer ce pays, ses normes et ses blocages.
05:46Il faut réduire de moitié tous les organismes inutiles, et des trois quarts, les droits qui sont inscrits dans des textes, qui bloquent aujourd'hui l'économie, alors que dans tous les pays étrangers, on le fait.
05:59Le défi de la Constitution, donc.
06:01Il faut savoir bouger la Constitution, mais pas sur des sujets de principe. Il faut adapter le territoire, il faut adapter les règles.
06:08On ne peut pas avoir les mêmes règles pour les multinationales et pour les PMI-PME, les commerçants, les artisans, même sur des sujets de santé.
06:15C'est le mot de la fin, parce que c'est exactement ça. La conclusion est parfaite.
06:19Merci beaucoup Thierry Cosse, vous viendrez nous dire si ça a avancé.
06:22Bien sûr.