Dans ses interviews, Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal Ethic, se met dans la peau des patrons...
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00:00 -Bonjour, Guillaume Dumelier, et bienvenue dans "Pas trop en question".
00:04 Vous êtes président d'une entreprise que j'aime beaucoup,
00:07 que j'ai beaucoup aimée.
00:09 C'est amusant, car j'ai toujours dit Roche et Beaubois,
00:12 et vous m'avez dit que c'est plus Roche et Beaubois.
00:15 -Les fondateurs l'ont appelée à la fois Roche et Beaubois
00:19 et Beaubois et Roche dans les années 60,
00:21 pour des raisons d'équité entre les deux familles,
00:24 puisque Roche-Beaubois, c'est la réunion de deux familles,
00:28 les Roches et la famille Chouchon,
00:30 qui avait un magasin qui s'appelait Au Beaubois,
00:33 dans les premières années,
00:35 ils ont alterné Roche et Beaubois et Beaubois et Roche.
00:38 Et puis, avec le temps, les effets du marketing faisant,
00:41 on ne joue pas avec une marque, c'est devenu Roche-Beaubois.
00:45 -Très bien. En tout cas, très belle marque.
00:47 Je suis vraiment heureuse de vous avoir aujourd'hui,
00:50 parce qu'il s'est passé quelque chose d'assez étonnant
00:53 pour votre entreprise.
00:55 Vous avez racheté, aux Chinois,
00:57 ce qui est quand même rare,
01:00 votre propre marque.
01:02 -Le groupe a racheté en France,
01:04 puis aux Etats-Unis, puis au Canada,
01:07 puis un peu partout en Europe,
01:08 s'est franchisé dans les grandes villes
01:11 pour maîtriser davantage la marque,
01:13 pour intégrer de la valeur.
01:15 Et donc, dans ces dernières années,
01:17 on a beaucoup racheté aux Etats-Unis,
01:19 où la marque, aujourd'hui, est très forte.
01:22 Les Etats-Unis, c'est 35 % de notre chiffre d'affaires,
01:25 c'est le premier marché, c'est la moitié de notre rentabilité,
01:28 donc on est vraiment très fort aux Etats-Unis,
01:31 on y est depuis 1974, et on était,
01:33 en dehors de la France, l'Europe, Etats-Unis, Canada,
01:36 on n'était pas en propre, on était en franchise.
01:39 Donc l'idée, c'est de continuer cette histoire
01:42 vers des territoires de conquête comme la Chine.
01:45 -Vous parlez d'entreprise et presque de cuisine interne,
01:48 au très beau sens du terme,
01:50 mais la réalité, c'est que votre marque,
01:52 ce sont vos produits.
01:54 C'est vraiment les designers, le style est incroyable,
01:57 c'est ce qui a marqué,
01:59 quand Beauxbois et Roche débarquaient,
02:02 c'était le luxe.
02:03 Alors c'est drôle, parce que c'était très contemporain,
02:06 pour moi, très contemporain,
02:08 et j'ai presque l'impression que maintenant, ça l'est moins.
02:12 C'est presque devenu une marque plus traditionnelle.
02:16 -Je sais pas si on peut dire ça,
02:18 c'est peut-être parce que vous avez une approche différente
02:22 du design, mais non, on reste très contemporain,
02:24 on travaille avec 50 designers,
02:26 on a un renouvellement des collections
02:28 qui est extraordinaire,
02:30 on vient d'annoncer là aussi une collaboration
02:33 assez extraordinaire avec une designer chinoise,
02:37 Chang-Kyun He, qui a un talent extraordinaire,
02:40 on va présenter une collection avec Patrick Norgay,
02:43 designer français avec énormément de talent,
02:46 il y a toujours des nouveaux designers,
02:48 il y a toujours cette créativité,
02:50 mais finalement, Rochebeaubois s'intègre au paysage du design
02:53 et peut-être qu'il se surprend différemment,
02:57 mais non, on reste une marque très design...
02:59 -C'est une marque qui prend du temps,
03:01 on est sûr de cette marque. -Exactement.
03:04 -Et c'est...
03:06 Vous êtes connu, effectivement, dans le monde entier.
03:09 Est-ce que ça a été très difficile au moment du Covid ?
03:12 Parce que, quand même, deux ans sans vendre,
03:15 ou est-ce qu'au contraire, les gens en avaient ras-le-bol
03:18 de leur maison ? -Alors, écoutez,
03:20 les gens en ont plutôt eu vite ras-le-bol
03:23 de leur maison. On a été surpris,
03:25 évidemment, pendant les périodes de confinement,
03:28 on a eu peur, comme toutes les entreprises,
03:30 mais les redémarrages, à chaque ouverture,
03:32 c'était fantastique, des croissances à trois chiffres.
03:35 -On avait le temps de regarder ce qu'il fallait acheter.
03:39 -Les gens se disaient "je suis chez moi, ça, ça va pas",
03:42 ils avaient le temps d'aller sur notre site,
03:44 de regarder des magazines de déco, l'envie venait,
03:47 et dès qu'on rouvrait, il y avait la queue dans nos magasins.
03:51 Et on a été au même niveau que 2019,
03:53 et puis on a même fait des très belles années de croissance.
03:56 On a quasiment doublé notre chiffre d'affaires
03:59 entre la période pré-Covid et aujourd'hui.
04:01 -Et business to business,
04:03 parce que de plus en plus, les bureaux, quand on y va,
04:06 les bureaux, on attache beaucoup d'importance à ça.
04:09 -Absolument. -Et est-ce que vous êtes
04:11 dans le business to business ? -Absolument.
04:14 On fait des hôtels, on fait des bureaux,
04:16 des espaces de co-working,
04:18 on a des équipes dédiées pour ça dans les grandes villes du monde.
04:21 C'est quelque chose qui existe depuis une dizaine d'années
04:25 et qui se développe. -D'accord.
04:27 Et vous avez battu des records en Asie,
04:31 et je suis toujours très surprise,
04:34 parce que le style asiatique, la mode,
04:36 enfin, autant, ils nous copient, je ne peux pas dire ça,
04:39 mais d'un point de vue vestimentaire,
04:41 ils sont très demandeurs de ce qui est européen et occidental.
04:45 Mais il me semblait que c'était un univers
04:47 où on les a copiés beaucoup, la maison de la Chine.
04:50 -C'est vrai, il y a eu une mode,
04:52 mais aujourd'hui, nos best-sellers américains,
04:55 nos best-sellers en Asie, nos best-sellers en Europe,
04:58 à quelques produits près, sont les mêmes,
05:01 parce que l'envie, justement,
05:03 d'être dans les bonnes lignes,
05:06 dans le bon goût à la française, il est le même partout.
05:09 -Est-ce que ça a pas changé ?
05:11 Il y avait l'intérieur, les femmes travaillaient beaucoup moins,
05:15 on faisait très attention.
05:16 Est-ce que le rythme de la vie actuelle,
05:19 les femmes qui travaillent,
05:20 ça a pas changé le comportement par rapport à la décoration d'intérieur,
05:25 de classe moyenne ?
05:26 -Je pense que l'envie d'avoir un bel intérieur,
05:30 il s'est pas du tout éteint, au contraire.
05:33 Et on a de plus en plus des clients
05:36 qui font des choses extraordinaires,
05:39 qui ont des maisons extraordinaires.
05:41 -Vous faites un peu de surmesure ?
05:43 -C'est personnalisable.
05:45 On peut modifier, adapter, personnaliser les revêtements...
05:48 -Vous étiez les premiers à l'avis qu'on pouvait agencer.
05:51 -Il y a des modèles composables, on a toujours.
05:54 Le majon, qui date des années 70, c'est toujours notre numéro 2.
05:58 C'est toujours un produit extrêmement important.
06:01 On a des produits plus récents qui sont aussi composables.
06:05 Et sur tous nos produits Rochevauvois,
06:07 on peut personnaliser. Il y a des possibilités.
06:10 -C'est ma dernière question.
06:12 Il y a quelque chose, pour moi, dans le meuble,
06:15 qui se transmet, etc.
06:16 Un meuble Rochevauvois, ça peut devenir un classique ?
06:20 Vous avez l'impression qu'on se le transmettra ?
06:23 Ou est-ce que ça fait partie du consommable ?
06:26 -C'est souvent des classiques.
06:28 On a un modèle... -Ça se transmet ?
06:30 -Ça se transmet.
06:31 On a des produits qui peuvent durer plusieurs vies,
06:34 plusieurs générations.
06:35 On a un exemple très récent,
06:37 un modèle dromadaire des années 70,
06:40 qui s'est vendu, je ne peux pas dire combien,
06:43 mais très, très cher.
06:44 -Formidable. -Il se collectionne.
06:46 -Formidable. Donc là, on vous a eus.
06:48 On pourra être antiquaires bientôt.
06:51 Merci infiniment. -Merci beaucoup.
06:54 -Et continuez comme ça. -Merci à vous.
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