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À l’aide d’un outil de mesure de l’impact environnemental du web, Razorfish a créé un baromètre permettant de classer les sites internet et les outils d’IA en fonction de leur méfait pour l’environnement. Charlotte Dollot, la directrice générale de l’entreprise, nous explique la manière dont il a été conçu.

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Transcription
00:00L'invité de Smart Impact, c'est Charlotte Dolot, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue, heureux de vous retrouver.
00:11Vous êtes Directrice Générale de Razorfish France, en quelques mots Razorfish, vous
00:14nous rappelez ?
00:15Razorfish, on fabrique des stratégies et des plateformes digitales pour nos clients,
00:20donc nos clients qui font des chaussures, des contrats d'assurance, bonnes choses.
00:23Nous, nous mettons en oeuvre des plateformes digitales, entre autres choses, et on fait
00:26partie du groupe Publicis.
00:27Et il y a ce collectif d'experts qui s'appelle GreenIT qui publie comme chaque année son
00:33baromètre de l'éco-conception digitale, classement des sites web, et qui utilise
00:38votre Razoscan.
00:39Alors, ce classement, on peut dire en quelques mots ce qu'est le Razoscan, et puis ce classement,
00:44comment il est effectué ?
00:45Exactement.
00:46Alors, c'est une idée de Razorfish.
00:47On a été chercher GreenIT pour fabriquer ce baromètre parce que GreenIT propose l'algorithme
00:52de référence du marché, pas qu'en France, même en Europe, pour mesurer, ce qu'on n'arrivait
00:57pas encore à mesurer il y a 5-10 ans, c'est-à-dire l'impact environnemental ou les impacts
01:02environnementaux des interfaces digitales.
01:05Donc, on a fabriqué cet outil qui permet de mesurer à l'échelle, c'est-à-dire plusieurs
01:09sites web, plusieurs pages, et donc fabriquer des baromètres.
01:12Le Razoscan, c'est l'outil qui embarque, pardon, c'est un peu technique, l'éco-index
01:16de GreenIT.
01:17Donc, c'est un partenariat d'égal à égal qui nous permet d'aujourd'hui de mesurer.
01:20Avec une nouveauté cette année, pour la première fois, les intelligences artificielles génératives
01:26sont testées.
01:27J'imagine qu'il y avait une attente assez forte pour savoir quel est leur bilan carbone.
01:33Déjà, est-ce que c'est plus difficile ou pas d'évaluer l'impact de ces IA génératives ?
01:37Est-ce qu'il y a autant de données disponibles ? Comment vous avez fait ?
01:39Alors, ce n'est pas plus difficile, c'est juste que c'est partiel.
01:43Et donc, on est tenté de ne pas le faire, puisque mesurer seulement les interfaces,
01:47c'est juste la partie émergée de l'iceberg.
01:49C'est le type of iceberg dont tout le monde dit, y compris les journalistes, et je les
01:52comprends, à quoi ça sert alors qu'en fait, il nous faudrait, et aujourd'hui c'est
01:57dans une black box, les données ne sont pas accessibles, mesurer les data centers et leurs
02:01impacts environnementaux.
02:02Donc nous, on n'a mesuré que le type of iceberg et il faut bien commencer quelque
02:06part.
02:07Et on se rend compte qu'en mesurant seulement la partie émergée, il y a déjà énormément
02:11d'impacts environnementaux.
02:12Donc, ce qu'on a dévoilé comme étant les impacts sont déjà mouse, si je puis dire,
02:17quand bien même c'est partiel.
02:19Il y a des IA génératives texte et images.
02:23On va simplifier.
02:24Intuitivement, je vais dire, celles qui ne sont que sur le texte...
02:29Coutent moins cher à l'environnement.
02:31Oui.
02:32Bon, ok, là je ne me suis pas planté.
02:33Mais ça dépend du nombre de promptes ?
02:35Ça dépend du nombre de promptes.
02:36La façon dont elles les utilisent ?
02:37Exactement.
02:38C'est-à-dire que le rasoscan permet de classer de A à G comme un utri-score, et donc quand
02:43on lance l'interface de Mistral ou de ChatGPT, déjà on a une note de C, ce qui est la moyenne.
02:49Donc déjà, ça consomme.
02:50Et puis ensuite, au bout d'un prompt ou de cinq prompts, effectivement, la note descend
02:54drastiquement.
02:55D'accord.
02:56Donc, mieux on utilise, plus on est précis dans la question qu'on va poser à son IA
03:03générative, moins on va consommer.
03:04Les IA d'images, à l'inverse, elles sont moins bien notées, elles consomment beaucoup
03:09plus ?
03:10Elles sont moins bien notées, effectivement.
03:11Elles consomment beaucoup plus.
03:12Et on pourrait se dire, en fait, pour un même service rendu, pareil pour le texte, elles
03:16coûtent pareil.
03:17En fait, non.
03:19Donc, déjà, dans les interfaces et au bout de cinq prompts, énormément de différences
03:22entre les interfaces, entre un Mid-Journey et un DALI, il y a des différences.
03:25Donc, c'est important aussi d'avoir conscience, si on veut un peu jouer à notre échelle
03:28et économiser, parce que sur des millions et des millions d'utilisateurs, ça compte
03:33énormément.
03:34C'est important aussi d'avoir conscience qu'il y en a qui coûtent plus cher à l'environnement.
03:39Et alors, si on compare, moi, soit j'utilise un moteur de recherche classique, soit j'utilise
03:45une IA générative pour une demande de, pas d'image, de texte, d'info, etc.
03:53Je vais plus consommer avec une IA ou pas ?
03:55Oui.
03:56D'accord.
03:57Oui, oui, clairement.
03:58Très clairement.
03:59Clairement.
04:00On sait aujourd'hui que la consommation d'électricité explose et c'est en grande partie dû à
04:05nos usages numériques.
04:06Je parle vraiment au niveau mondial.
04:07Et c'est notamment dû aux IA qui consomment énormément d'électricité et notamment
04:14les data centers et les méthodes de calcul qui les permettent.
04:17On voit aujourd'hui que les GAFAM, qui beaucoup fabriquent les IA ou OpenAI, ont besoin maintenant
04:24de l'énergie nucléaire, des énergies renouvelables.
04:28Il y a une bataille pour s'accaparer la ressource électricité.
04:31Donc aujourd'hui, effectivement, c'est hyper important de se dire quel choix je fais pour
04:37mon usage quotidien.
04:38Est-ce que j'utilise Google quand c'est accessible sur Google ou est-ce que j'ai besoin vraiment
04:43d'avoir l'intelligence et la puissance des IA pour faire ce que j'ai à faire ?
04:47Je reviens à ce que vous venez de dire sur le nucléaire.
04:49Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que les GAFAM, les géants d'Internet, ils sont en
04:54train de développer toute la technologie des mini réacteurs dont on parle beaucoup.
04:59Exactement.
05:00C'est-à-dire qu'ils créent… À quoi ça va ressembler un data center des GAFAM ou
05:06d'OpenAI ?
05:07Exactement.
05:08Peut-être d'ailleurs à quoi ça ressemble déjà.
05:10Je ne sais pas où on en est.
05:11Déjà, c'est énorme.
05:12Il y a deux choses dont ils ont besoin.
05:14C'est de l'eau.
05:15Il faut savoir que Microsoft, en une année, a consommé plus de 20% d'eau et pareil pour
05:23les gaz à effet de serre.
05:24Donc, ils sont loin d'arriver à tenir leurs engagements de zéro carbone à 2030 ou 2030.
05:29Donc, le bilan des GAFAM, le bilan carbone est en train de dégringoler.
05:33De dégringoler ou d'exploser.
05:34Oui, ça dépend.
05:35Exactement.
05:36La consommation explose.
05:37La consommation explose parce que nos usages explosent.
05:40C'est pareil pour tous ceux qui développent des IA, indépendamment des GAFAM, parce que
05:42tout le monde les connaît.
05:43C'est pareil pour n'importe quelle entreprise.
05:45Et donc, effectivement, ils deviennent des stratèges énergéticiens et donc ils font
05:52appel à l'énergie nucléaire, notamment aux Etats-Unis qui n'étaient pas une puissance
05:54nucléaire a priori.
05:55Ils font appel à ces mini réacteurs qu'ils pluguent directement, qu'ils branchent directement
05:58à leur data center.
05:59Et ça, c'est une nouveauté.
06:00Si on sort des IA génératives, même si ça ouvre quand même un débat qui est passionnant
06:09sur nos usages également, sur les sites web des grandes entreprises françaises, vous
06:14avez gardé aussi ce classement qui est très attendu et qui est intéressant.
06:17Oui, c'est moins sexy, si je puis dire, mais en même temps, c'est important, on teste
06:20chaque année les 80 sites qui font l'économie française, c'est-à-dire le CAC 40, les sites
06:26corporels du CAC 40, et les 40 sites e-commerce utilisés le plus par les Français.
06:31Et ce qu'on remarque, donc ça fait trois ans qu'on fait ça avec Green IT, et on remarque
06:36qu'il y avait une amélioration notamment des sites du CAC 40 depuis deux ans, et que
06:41là, à la défaveur de la crise, il y a une stagnation des efforts sur l'éco-conception
06:45digitale, ça c'est pour la partie CAC 40, sur la partie e-commerce, on n'est pas du
06:52tout dans la compréhension de l'éco-conception digitale, en tout cas la mesure n'est pas
06:57prise, il y a une note moyenne de F, pour tout le secteur, donc c'est catastrophique
07:05parce que je pense que ça participe d'un impensé en fait, je pense que les e-commerçants
07:12ne considèrent pas l'éco-conception digitale comme étant leur priorité, on peut le comprendre,
07:16et comme ils ont leur propre digital factory en général, ils n'intègrent pas cette
07:21contrainte.
07:22Alors que ça ne coûterait pas plus cher d'éco-concevoir, et ça a des impacts en
07:26termes de millions de litres d'eau, en termes de millions de kilos équivalents.
07:30On va rentrer dans ce détail, parce que si effectivement on parle d'un site de e-commerce,
07:34je vais penser logistique, et c'est peut-être, pour en avoir reçu plusieurs, le premier
07:40effort qui est fait.
07:41Ils vont se dire comment arrêter de transporter du vide, comment faire en sorte que les cartons
07:45ne soient plus là, comment mettre moins de camions sur les routes, ils peuvent faire
07:49baisser leur impact en termes d'émissions de gaz à effet de serre d'une façon importante
07:54en s'intéressant à cette question de l'éco-conception de leur site.
07:58C'est absolument massif, les e-commerçants, par définition, c'est du digital et en effet
08:02de la logistique.
08:03Je n'en sais rien, je ne suis pas spécialiste de la logistique, mais en tout cas, il y a
08:07un levier formidable, et ça se compte encore une fois en millions de baignoires et en millions
08:13de gaz à effet de serre.
08:14Parce qu'ils vont faire moins tourner de datacenters, juste pour bien comprendre la
08:18mécanique.
08:19Une page de e-commerce, je prenne un billet de train ou j'achète des chaussures, une
08:23page en tant que telle, ça ne coûte pas cher à l'environnement.
08:25Ce qui coûte cher, c'est le million de personnes qui vont aller sur cette page et faire un
08:28parcours d'achat.
08:29Donc, ce parcours-là est très consommateur en énergie, et donc ne rien faire, parce
08:37qu'on pense que le digital c'est virtuel et que ça ne coûte pas cher à l'environnement,
08:40en fait c'est hyper polluant et ça aurait un impact massif si tout le monde faisait
08:44un tout petit peu gaffe à la façon dont ils conçoivent leur site web.
08:47Alors comment on fait baisser l'impact carbone d'un site web de e-commerce ?
08:51On s'approprie les bonnes pratiques, franchement c'est hyper simple, la difficulté ce n'est
08:56pas de éco-concevoir, il suffit qu'un UX, un UI, c'est tous les métiers qu'ils fabriquent,
09:01les techs éco-conçoivent, mais après quand on contribue, c'est-à-dire que quand on
09:07fait évoluer un site web, on continue dans cette démarche vertueuse de bonnes pratiques.
09:12C'est juste qu'avant on disait, on faisait comme ci, maintenant il faut faire comme ça.
09:15Mais ce n'est pas coûteux, donc ça procède surtout d'un change management dans les entreprises
09:21pour aligner tous les métiers, pour qu'ils changent leur façon de fabriquer, mais en
09:24fait c'est assez simple.
09:26C'est moins sexy un site éco-conçu ? J'entends souvent cette réaction-là.
09:31Je vous mets au défi de savoir, en fait ça ne se voit pas à l'œil nu, ça ne se voit
09:36pas à l'œil nu.
09:37Si vous allez sur la home page de ArcelorMittal, je vais citer les trois, ArcelorMittal, le
09:45groupe immobilier Unibail, Rodamco, Westfield et Xylor, le Luxottica, Gérechtic, ils sont
09:50sur le podium.
09:51Et vous en prenez un autre du Cacaran, je pense que vous ne feriez pas la différence.
09:53Donc ça ne se voit pas.
09:54Et donc c'est un arbitrage à faire, et puis c'est le nombre de requêtes, enfin bref
09:57c'est plein de choses qui ne se voient pas à l'œil nu.
09:59Donc en fait nous quand on fabrique des sites web, on a une démarche de simplicité du
10:04code, le code c'est la ligne qu'on fait, on peut faire des lignes longues ou des lignes
10:08courtes pour arriver plus rapidement à son objectif ou à sa requête, mais en fait ça
10:13se fait sans que le site web soit dégradé esthétiquement.
10:17Il y a un dernier élément qui moi m'énerve beaucoup quand je vais sur un site, particulièrement
10:22sur des réseaux sociaux, même si je suis de moins en moins, c'est les vidéos qui
10:25se déclenchent toutes seules.
10:26Débile ! Complètement débile ! Donc ça, il faut arrêter ce truc-là, et de même
10:31qu'on parle même plus largement de lazy loading, donc déchargement paresseux, c'est-à-dire
10:36que ça ne sert à rien de faire télécharger sa page intégralement, il faut ne faire télécharger
10:42que 50% de la page, en général c'est ce qu'on voit, donc ce qui passe à l'écran.
10:45Et donc en faisant ça, on économise aussi drastiquement les impacts environnementaux,
10:50il y a plein de choses à faire.
10:51Il faut juste faire un peu de plaidoyer, et c'est ce qu'on essaye de faire chez Publicis.
10:54Et c'est ce que vous venez de faire ici, sur ce plateau.
10:56Merci beaucoup Charlotte Delau et à bientôt sur BeSmart for Change.
11:00On passe tout de suite à notre débat, le marché du bio en question.

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