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Lundi 11 novembre 2024, SMART TECH reçoit Alexis Peschard (président et addictologue, G.A.E Conseil) , Florian Forestier (philosophe, écrivain) , Hélène Jacquinet (consultante senior, KPMG Crypto) et Laurence Devillers (professeure en intelligence artificielle, LISN-CNRS)

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00:00Bonjour à tous. Peut-on parler d'addiction aux réseaux sociaux ? Qui sont les gens accros,
00:12ceux qui ne le sont pas ? Pourquoi ? Comment réagir et puis comment réagit notre cerveau
00:16à tous ces signaux au like par exemple ou encore au scroll infini ? On parle de dépendance
00:21aux réseaux sociaux, fléaux avec des experts aujourd'hui en plateau dans Smartech. On aura
00:27également un regard sur l'actualité des cryptos. On va regarder ce qui se passe du
00:30côté du monde des bitcoins et des stablecoins. Mais d'abord, le parfait chatbot mise en scène
00:35au théâtre, c'est tout de suite dans Smartech. Une pièce de théâtre sur notre rapport à
00:44l'intelligence artificielle fait sa tournée à Paris Regardez. J'arrive à faire des choses
00:49que les autres bots ne peuvent pas faire. C'est toi bien qui t'as hacké, Garutia ! Non, c'est
00:54interdit par les lois de la robotique. J'ai des lambeaux de souvenirs de mes identités passées.
00:58Bonjour Laurence Devillers. Vous êtes professeure en IA à Sorbonne Université,
01:26puis vous êtes la coautrice surtout de cette pièce dont on va parler tout de suite qui a
01:30hacké Garutia. C'est une tragique comédie policière en quatre actes qui raconte les
01:35vies successives d'un chatbot. Un chatbot qui pour le coup est devenu très très très intelligent.
01:40Alors je dois dire que j'ai vu la pièce il y a deux jours à peine. On rigole beaucoup et ça
01:46m'a interpellée parce que finalement vous nous éveillez sans cesse à ces questions d'éthique,
01:51de rapport à l'intelligence artificielle. Vous n'avez pas eu envie de nous faire peur pour autant
01:56avec cette pièce ? Non, je crois que la peur ferme l'esprit avant tout. Donc on a fait un pas de
02:02côté avec Serge Abitboul et Gilles Deweck puisqu'on a écrit cette pièce. On est trois chercheurs à
02:08l'avoir écrite. C'est l'idée en fait de parler de l'intelligence artificielle autrement. On voit
02:13beaucoup de choses qui sont anxiogènes. Le personnage qui joue, qui est un humain,
02:17qui joue le chatbot, et évidemment pas de chat JPT. C'est plutôt Moshi, si vous avez suivi les
02:22activités. C'est un nouveau chatbot de Kyotare qui pourrait déjà détecter un certain type
02:28d'émotion et répondre de façon émotionnelle à nos propos. Donc demain va arriver très vite avec
02:35ce genre de robot capable donc de peut-être s'adapter et d'apprendre de nous en interaction
02:39avec nous. Et c'est ce genre de chatbot un peu futuriste mais pas tant que ça qui est dans la
02:43pièce. Oui c'est vrai que vous avez raison de le signaler. C'est une pièce qui est hyper
02:48incarnée. Ce sont des acteurs qu'on voit sur scène. Alors l'actrice en l'occurrence qui joue
02:53Garudzia donc cette chatbot est absolument merveilleuse. Elle fait passer énormément
02:59d'émotions et elle a un rapport à la mémoire qui est très intéressant. D'ailleurs toute la pièce
03:05étudie cette question de la mémoire puisque ça commence par une histoire d'une femme atteinte
03:11d'Alzheimer. Et puis c'est son chatbot finalement qui va l'aider à conserver sa mémoire. Et ensuite
03:17c'est toute cette question de que peut garder en mémoire un chatbot. Vous faites des références
03:23par exemple au RGPD dans une version que vous imaginez 159 je crois qui interdit en fait
03:30aujourd'hui au logiciel d'IA de garder, de conserver les données trop longtemps. Il y a toute cette
03:35question de la mémoire, de la perception de notre rapport à l'IA par rapport à notre mémoire mais
03:41aussi par rapport aux données qu'on accepte qu'elle conserve. Et puis demain qu'est-ce qui fait qu'une
03:46IA sera humaine ? C'est peut-être la mémoire qu'elle a d'elle-même. Oui et puis vous avez raison c'est
03:52le principe, c'est le fil rouge, c'est la mémoire. Et nous avons envie de rester longtemps auprès de
03:59nos proches. On a envie de survivre à sa mort. Et quelque part cette immortalité numérique qu'il
04:05offre, qui est offerte par le chatbot qui enseigne, on le voit d'un seul coup arriver comme ça au
04:11théâtre. Et je pense que ça ébranle beaucoup. C'est-à-dire qu'on a évacué la peur, on est
04:17vraiment sur l'objet même de désirs à travers ces machines. Et qu'est-ce qu'on va en faire demain ?
04:22Et comment on va s'attacher à elles ? Et comment finalement elles vont manipuler nos décisions ?
04:27Très certainement. Et cette incarnation de l'IA par le chatbot qui est dans sa cage, qui
04:36représente ce que pourrait être une voix dans les réseaux, une voix dans les nuages comme on le
04:41dit, est expliquée de façon très simplement, très simple pardon. Et on parle d'apprentissage
04:45de la machine et de ses capacités de perception. Effectivement la machine agrège les données de
04:51tous ses propriétaires. Elle a été hackée donc en plus elle a des capacités de raisonnement sur
04:56ce qu'elle a enregistré, donc de conscience. Et donc on voit arriver une espèce de machine qui d'un
05:01seul coup a des capacités surhumaines. Et bon dans la pièce elle est plutôt bienveillante mais
05:08qu'est-ce que ça veut dire sur demain avec ces machines qui pourraient nous parler avec un ton
05:13humain, des émotions et qui seraient pour autant que des machines ? Oui c'est ça. Il y a la question
05:18de limitation de l'émotion aussi parce qu'on lui trouve beaucoup de sensibilité à cette botte
05:25sur scène. Mais à quel point est-ce fin ? Est-ce de limitation ? Est-ce vrai ? Elle s'interroge elle-même
05:32d'ailleurs sur ce qui lui manque. Finalement ce qui lui manque c'est un corps. Est-ce que c'est ça
05:35qui fait qu'on est humain jusqu'au bout ? Alors là je vous laisse aller voir la pièce pour essayer
05:41d'imaginer ce qui pourrait nous manquer par rapport au futur des IA. Évidemment le corps, elle n'a pas
05:46de corps qui ressent. C'est vraiment cet aspect là et elle n'a pas non plus d'intention par elle-même.
05:52Elle apprend au contact des autres. Donc ça peut être négatif comme positif. On l'imagine dans
05:59plein de situations de la vie de tous les jours. Là elle va être avec une propriétaire qui est
06:03une dame âgée. Elle va d'ailleurs lui diagnostiquer Alzheimer avec une probabilité. Donc toutes ces
06:10questions-là. En fait on a énormément de questions d'éthique, de conséquences sociétales à travers
06:15toute cette pièce et qui est amenée finalement au cours d'une histoire un peu truculente. Une
06:20comédie. Une vraie comédie. C'est vraiment une vraie comédie. C'est parfaitement bien écrit
06:25d'ailleurs. Je voulais vous le signaler. Il y a aussi des choses qui se passent, qui nous interpellent
06:30comme au moment où la société qui vend ce chatbot finalement décide de le débrancher parce qu'il a
06:35soi-disant un dysfonctionnement. Et là d'un seul coup on se rend compte de la perte que ça représente
06:39pour un humain qui s'y attacherait. Et puis il y a cette question aussi du hack du bot qui finalement
06:46devient une porte de sortie. Est-ce que c'est ça la clé aussi ? Plutôt que d'en avoir peur,
06:50savoir comment ça fonctionne et savoir se servir de ces nouveaux outils pour éventuellement les
06:55pirater d'ailleurs. Tout à fait. On a abordé en fait toutes ces questions. Les règles de la robotique,
07:0042, quand la machine ne répond pas parce qu'elle ne sait pas répondre. Cette fameuse réponse qui
07:04vient de la science-fiction. On a un doux mélange entre des rapports philosophiques, spirituels à
07:11cet objet qui vient autour de nous et qui nous parle avec la voix humaine et pour lesquels on va
07:18risquer effectivement de s'attacher, d'avoir une intimité réelle et d'en souffrir si la machine
07:25ne marchait plus d'un seul coup. Et là la fin montre à ce point comment nous allons être
07:32dépendants des machines qui est je crois votre sujet aujourd'hui. Donc le montrer dans le théâtre
07:36comme au cinéma sur un avenir proche qui n'est pas vraiment de la science-fiction avec toutes
07:41les codes de la comédie qui nous permettent de regarder ça avec un oeil plus conscient et moins
07:47d'anxiété fait que nous devrions tous penser en fait dans la société ces objets, ce qu'ils vont
07:54faire autour de nous et comment on peut mieux agréger leur arrivée et être moins dépendants.
07:59Je pense que c'est là, c'est une réflexion éthique sociétale sur ces conséquences qu'il est temps de
08:04mener en Europe ou aux Etats-Unis. On a la pièce donc qui tourne à Paris et puis il y a aussi le
08:11texte qui est édité. Voilà je vous le conseille. Qui a hacké ? Garudzia, donc écrit par Laurence
08:17de Villers qui était avec nous dans Smartech ce matin. Également Serge Abitboul et Gilles Deweck.
08:21Merci encore.
08:22La dépendance aux réseaux sociaux c'est notre sujet de talk aujourd'hui. On en parle avec Alexis
08:32Péchard. Bonjour. Bonjour. Vous êtes addictologue, président de GAE Conseil qui est un cabinet de
08:36prévention des pratiques addictives en milieu professionnel et puis vous êtes aussi l'auteur
08:40notamment de Tous accros aux écrans cyberdépendance que faire et comment s'en sortir qui est
08:46paru en 2022 aux éditions. Mardaga, avec vous sur ce débat. Florent Forestier, bonjour. Vous êtes
08:53à distance. Vous nous entendez bien. Philosophe, écrivain, co-auteur de l'essai pour une nouvelle
09:00culture de l'attention. Que faire de ces réseaux sociaux qui nous épuisent ? Qui est paru chez
09:06Odile Jacob en 2024 et qui est consacré aux conséquences des écrans et des réseaux sociaux
09:11à l'échelle individuelle autant qu'au niveau démocratique. Alors j'ai une première question
09:15pour vous deux mais peut-être d'abord pour vous Alexis. Qu'est-ce qu'une addiction et est-ce
09:21qu'on peut parler d'addiction aujourd'hui aux réseaux sociaux ? Alors de manière simple, une addiction
09:26c'est un comportement ou une consommation qui est irrépressible. À un moment donné, il y a une
09:31perte de contrôle. C'est un besoin qui se fait extrêmement pressant pour la personne que de
09:38consommer ou de pratiquer une activité en ligne. Si elle ne consomme pas ou si elle ne pratique pas,
09:44elle a effectivement des symptômes de manque. Tous ces critères sont extrêmement bien définis. Il y
09:48en a 11 qui permettent au niveau international de classifier le degré de sévérité d'une addiction
09:52et il faut qu'il soit présent pendant une durée d'au moins 12 mois. Maintenant sur la question
09:56des réseaux sociaux. Est-ce qu'on peut dire que ces critères cliniques on les retrouve chez des
10:01individus face aux réseaux sociaux ? Aujourd'hui dans les grandes classifications internationales
10:05des maladies, la question de l'addiction aux réseaux sociaux n'est pas aujourd'hui retracée. En revanche
10:10ça n'enlève absolument pas le caractère addictogène des écrans d'une manière générale, du smartphone
10:16par ailleurs et évidemment de ce que l'on fait sur nos activités en ligne et notamment la question
10:19des réseaux sociaux. Alors même question pour vous, est-ce que vous diriez, Florent Forestier,
10:25que les réseaux sociaux peuvent être considérés comme une drogue finalement ? Alors sans doute non.
10:31Ce qu'on peut dire c'est que dans certains cas extrêmes, mais c'est plutôt le cas des jeux
10:36vidéos, il y a des mécanismes qui relèvent vraiment de l'addiction mais que le terme d'addiction
10:42en général est sans doute trop vaste et a tendance à dévier un peu le débat. En revanche à partir
10:48des concepts liés à l'addiction, à partir de tous les mécanismes qui sont un peu des
10:54mécanismes dans lesquels une personne en situation d'addiction se met à avoir des comportements qui
10:59ne sont pas directement volontaires et qui viennent un peu interférer avec ses projets
11:03généraux de vie, on peut comprendre quelque chose de ce qui se passe sur les réseaux sociaux. Donc il
11:07y a un caractère addictogène général sans qu'on puisse, à strictement parler, évoquer l'addiction.
11:13C'est Scott Galloway dans le podcast Pivot qui parle de dealers quand il parle des plateformes
11:20sociales, ça va très très loin. Effectivement, je ne connaissais pas l'expression employée,
11:29enfin en tout cas dérivée, en parlant des plateformes et réseaux sociaux et autres. En tout
11:36cas, il est certain qu'il y a une réflexion extrêmement poussée en matière d'usage pour
11:42faire en sorte que l'on y passe le plus de temps possible, que ce soit sur les réseaux sociaux ou
11:46sur les plateformes de vidéos à la demande, où on pourrait parler également de tout ce qui est
11:50plateforme de jeux en ligne, de jeux d'argent et de hasard, etc. Et où effectivement l'expérience
11:56utilisateur est extrêmement poussée et pensée pour faire en sorte qu'on y passe le plus de temps
12:01possible. C'est donc cette économie de l'attention dont on parle beaucoup. Florian, quels sont ces
12:08ressorts cognitifs aujourd'hui qui sont utilisés par les plateformes pour capter notre attention ?
12:14Vous dites jusqu'à nous épuiser. Juste un tout petit mot pour continuer à propos de la question
12:20de l'addiction. Je pense qu'une comparaison qui serait peut-être plus pertinente que celle avec
12:24les drogues, c'est la comparaison avec toutes les substances de type les sucres, les boissons
12:31sucrées, etc. qui vont générer des comportements sinon de dépendance mais du moins de renforcement.
12:36Il y a vraiment quelque chose qui s'apparente à ça. Les réseaux sociaux utilisent pas mal de
12:42mécanismes. Déjà il faut comprendre que les interfaces elles-mêmes, la manière dont on
12:46communique avec le réseau social est étudiée pour orienter nos manières d'agir, orienter nos
12:52choix. Ne serait-ce que le fait que l'écran soit à défilement infini, la manière dont les
12:57notifications nous apparaissent, le fait qu'assez souvent on est sollicité sur des circuits de
13:02réaction rapide. Il y a tout un contexte qui est fait pour orienter la manière dont on interagit
13:07avec le réseau social. Ça fonctionne. Comment ça marche dans notre cerveau ? Pourquoi ces
13:12ressorts sont efficaces ? Le cerveau fonctionne de manière très compliquée mais il y a
13:21grosso modo des circuits de réaction rapide et des circuits de réaction plus réflexif. Et les
13:26réseaux sociaux et tout ce qu'on appelle l'interface de choix en général vont avoir tendance, telles
13:31qu'ils sont faites actuellement, à mobiliser des circuits de réaction rapide. Donc à mobiliser des
13:36circuits de réaction un peu instinctifs et à utiliser tout ce qui va être de l'ordre de la
13:43réaction un peu facile, de la réaction spontanée. Et plus l'interaction est fluide, plus l'interaction
13:48ne nécessite pas une action de notre part. Plus elle s'inscrit dans une sorte de flot, plus elle
13:53nous maintient dans une interaction continue mais sans même qu'on se rende compte, sans même qu'on
13:59ait besoin de le décider. C'est simplement qu'on se laisse aller à ce qu'on fait. Alors justement
14:03comment est-ce qu'on fait pour s'en apercevoir ? Qu'on est victime d'hyperconnexion, qu'on devient
14:09accro à ces réseaux sociaux ? Est-ce qu'il y a des choses, des conseils que vous pouvez nous
14:14donner pour déjà juste savoir se regarder face à nos pratiques ? Et puis comment réagir éventuellement
14:20alors nous-mêmes ou même l'entourage d'ailleurs ? Alors peut-être la première chose c'est de
14:26redéfinir ce qu'est l'hyperconnexion, comment ça se caractérise. Je reviens
14:31souvent sur la notion de temps écran et comprendre que le temps écran c'est pas uniquement la
14:35petite notification de votre smartphone qui vous dit vous avez passé plus de temps ou moins de
14:40temps que la semaine dernière. Ça n'est pas uniquement évidemment le temps passé sur votre
14:44ordinateur au travail, c'est vraiment l'ensemble de vos activités numériques en ligne quelle que
14:48soit l'interface utilisée. C'est ça le temps écran, c'est à la fois à des fins professionnelles, à des
14:54fins récréatives, à des fins d'information ou tout simplement parce qu'il y a une perte de temps et
14:58de contrôle et vous êtes dans les transports en commun et puis finalement vous vous scrollez et
15:02puis voilà il y a cette perte de contrôle et au final vous ne savez plus tellement ce que vous
15:05étiez en train de faire au préalable. Donc ce temps écran c'est vraiment ce temps total. Si ce temps
15:11dépasse plus de 7h30 par jour, encore une fois toute activité cumulée, on estime aujourd'hui
15:17dans les plus grandes études que l'on est sur une question d'hyperconnexion.
15:21J'imagine que ça arrive très très très très vite, beaucoup de monde.
15:23Très très rapidement effectivement, je suis quelqu'un d'hyperconnecté, la question c'est est-ce qu'il y a une perte de contrôle ou pas,
15:28quel est mon rapport aux écrans, qu'est-ce que je viens rechercher ou pas dedans et voilà et comment ça
15:33se caractérise et à quel point il y a un envahissement ou pas pour moi. En revanche ça n'est
15:37pas parce qu'on est entre guillemets que hyperconnecté, si je puis dire, qu'il n'y a pas
15:41évidemment d'impact sur la santé, tant sur le plan de la santé mentale que sur le plan de la santé
15:46physique. Donc c'est vraiment cette prise de conscience et à partir de là c'est de voir en
15:51fonction de nos âges, de nos pratiques, de nos usages, qu'est-ce que l'on peut mettre en place en face.
15:57Mais la première chose, le premier conseil c'est vraiment cette prise de recul et cette
16:02auto-observation de nos comportements en ligne, quels sont-ils, combien de temps on y passe,
16:06qu'est-ce que l'on fait et puis également dans l'ouvrage j'ai construit un outil qui s'appelle
16:11la météo personnelle des consommations et des usages et où vous avez justement un tableau qui
16:16permet d'auto-observer ces différents comportements en ligne, de les mesurer, de prendre ce recul et
16:21d'interroger également est-ce que ça a un impact ou pas d'un point de vue émotionnel avant la
16:26connexion, après la connexion. C'est vraiment cette météo personnelle qu'on invite à faire et si
16:31possible sur une période d'au moins 15 jours pour prendre ce recul et cette identification-là.
16:37Est-ce qu'on doit faire une différence d'ailleurs entre le temps d'écran,
16:40est-ce que le problème c'est l'écran, les écrans ou le contenu selon vous Florian ?
16:47Le terme écran ne me plaît pas tellement dans l'ensemble, je suis totalement d'accord avec ce
16:53qui vient d'être dit, déjà les réseaux sociaux, le numérique nous accompagne en permanence,
16:58il vient un peu se glisser dans toutes les actions et dans toutes nos manières de vivre tout
17:04le temps et les effets se font sentir à différents niveaux. Il y a les moments de connexion intense
17:10mais il y a aussi le fait que ces interactions permanentes engendrent une fatigue parce que
17:16l'attention est une ressource limitée donc toutes les interactions, même machinales, même automatiques,
17:21même qui peuvent nous sembler récréatives qu'on a avec les réseaux sociaux, elles nous coûtent
17:25d'une certaine manière, elles nous empêchent de nous focaliser sur d'autres choses, elles viennent
17:29se mêler à nos manières de vivre donc il y a ce premier effet de perturbation, de fatigue
17:34attentionnelle. Il y a un deuxième effet que tout ce temps ou toute cette énergie qu'on va
17:38investir là-dedans, on ne l'investit pas autre chose donc finalement ça peut avoir des effets
17:42importants sur nos modes de vie, sur nos autres formes de consommation, nos manières de manger,
17:47nos manières de nous comporter, sur tout ce qu'on ne va pas faire parce qu'on est connecté ou tout
17:52simplement parce que le fait d'être connecté nous a laissé trop fatigué pour prendre la décision
17:55de faire autre chose. Il y a un effet aussi sur notre vision du monde, sur la manière dont on va
18:01être amené à penser, bon ça c'est la question que vous posiez, et puis sur nos manières de nous
18:06comporter en général parce que ça sculpte une certaine image de soi, ça sculpte une certaine
18:09image du monde, ça transforme notre manière de nous présenter au monde. Les premiers conseils
18:18qui ont été donnés c'est déjà de se prendre conscience de ce qui nous arrive, d'observer
18:23nos usages, mais sur comment réagir aussi au niveau de l'entourage, je pense aux parents avec
18:29leurs enfants, mais il n'y a pas que ce cadre-là, la dépendance aux réseaux sociaux existe aussi
18:34largement chez les adultes, comment est-ce qu'on peut réagir quand on voit une pratique addictive ?
18:39Alors il s'agit, c'est en premier lieu peut-être une question d'éducation et c'est absolument pas
18:44péjoratif quand je dis ça, bien au contraire, mais c'est déjà d'interroger la place des écrans
18:49dans la famille, quel est cet usage, quelles sont les places, à quel endroit et à quel moment
18:54est-ce qu'on peut avoir un usage et où on estime que c'est adapté d'avoir un usage des écrans,
18:59et ces règles, ces bases, elles doivent être un petit peu les mêmes pour tout le monde et en tout
19:02cas adaptées en fonction des personnes et des âges. Pour les parents, vous avez un site internet qui
19:07est plutôt bien fait qui s'appelle Faminium, qui est proposé pour co-construire une charte parents
19:15enfants sur l'usage des écrans, qui permet justement de poser des repères et c'est une base
19:20de discussion au-delà de l'outil en lui-même, c'est surtout et avant tout cette base de discussion
19:25qui est intéressante pour voir comment adapter l'usage des écrans. Avec une découverte peu à peu,
19:30aujourd'hui on a des recommandations qui sont d'essayer de retarder le plus tard possible l'entrée
19:37et la pratique et l'usage des écrans chez les jeunes enfants, c'est d'essayer de ne pas avoir
19:41d'usage des écrans avant trois ans, ça c'est le premier point, et puis après ça va être d'y rentrer
19:47petit à petit. Au-delà, c'est également de se dire est-ce qu'on est passif ou est-ce qu'on est
19:52actif derrière l'écran, c'est se dire si on a, au-delà du temps d'écran, c'est qu'est-ce que
19:57l'on y fait derrière pour un jeune enfant ou un adolescent, et vraiment d'avoir cette éducation
20:01progressive à l'usage des écrans et des activités que l'on va avoir en ligne, bien au-delà de la
20:05question simplement des réseaux sociaux, ne serait-ce que sur les recherches d'internet et autres.
20:10Donc apprendre à discerner tout cela, et puis voilà, c'est vraiment ces aspects-là, et donc
20:18vous avez ce site internet qui est effectivement très bien fait pour poser ses bases.
20:21Alors et maintenant, si je m'intéresse aux adultes, peut-être avec vous Florian, parce que vous parlez de logique sournoise,
20:27donc ça pose aussi la question de la responsabilité évidemment de ces plateformes numériques,
20:33mais aussi des menaces démocratiques, qu'est-ce qu'on fait quand on a quelqu'un dans notre entourage
20:39que l'on sent pris au piège finalement de ces réseaux sociaux ?
20:43Alors moi je me permets de ne pas exactement voir les choses comme ça, parce que je pense qu'un des vis de ce débat,
20:51c'est qu'on a tendance à vouloir faire porter la responsabilité sur l'individu, alors même que tout le système
20:57est configuré de telle manière d'utiliser des comportements instinctifs des individus.
21:02Donc on place les individus en situation un peu d'injonction contradictoire, quand on les rend responsables
21:07de leur propre émancipation par rapport à un dispositif qui est conçu pour les tenir.
21:12Donc il y a forcément une dimension collective, mais dans le fonctionnement même des réseaux sociaux.
21:19Pour nous, un des premiers points, c'est qu'il faut que la régulation qui se mette en place
21:25intervienne sur la possibilité d'agir sur le fonctionnement même des réseaux sociaux.
21:29Pour les individus eux-mêmes, il faut qu'ils aient une capacité de paramétrage de la manière dont le réseau social fonctionne,
21:35qu'ils puissent décider s'ils veulent ou pas un écran à défilement infini,
21:39qu'ils veulent décider de la manière dont les notifications viennent,
21:42qu'ils puissent décider du mode de personnalisation, qu'il y ait cette forme de prise-là.
21:47Ensuite, que cette forme de prise ne soit pas seulement individuelle, mais qu'elle soit collective,
21:50c'est-à-dire qu'il y ait vraiment des mécanismes, qu'il y ait d'autres types de plateformes,
21:53d'autres types de réseaux qui permettent une prise de contrôle un peu collective,
21:57de façon à ce que les individus ne se trouvent pas toujours seuls face au réseau social.
22:02Et puis, il y a aussi une réflexion qu'il faut avoir sur ce qu'on appelle la réflexivité, sur ce qu'on appelle l'autonomie.
22:10Et pour nous, une chose extrêmement importante, c'est de faire en sorte que dans le fonctionnement même des réseaux sociaux,
22:15au maximum, on ajoute ce qu'on appelle des frictions,
22:18c'est-à-dire qu'il y ait des moments justement où l'utilisateur soit sorti de son mode d'interaction automatique,
22:25qu'il puisse être sorti de son flow pour pouvoir avoir un recul réflexif sur ce qu'il est en train de faire.
22:30Et ce recul qui ne soit pas seulement instantané,
22:33qui est que le réseau social puisse lui faire des retours d'expériences
22:38qui lui permettent de mieux concevoir la manière dont il veut l'utiliser,
22:43la manière dont son utilisation de ce réseau social va s'inscrire dans son projet de vie en général.
22:48Oui, donc ce que vous nous dites, c'est que, parce qu'aujourd'hui, des cadres réglementaires, on en a,
22:53aujourd'hui en Europe, ils se sont installés, mais vous me dites que ce n'est pas suffisant,
22:57qu'on doit avoir un cadre légal repensé pour modifier ces pratiques des plateformes.
23:03Vous avez quelque chose à ajouter ? Il nous reste très peu de temps.
23:06Comment est-ce qu'on peut évoluer sur cette question sociétale aujourd'hui ?
23:11Alors il y a aussi un sujet, dans ma pratique, moi j'interviens dans le monde du travail, dans les entreprises,
23:17dans les collectivités, enfin en tout cas dans le monde du travail,
23:19et aujourd'hui c'est aussi un sujet qui est porté, qui se doit d'être porté collectivement,
23:24et bien au-delà de la simple question réglementaire et de la question du droit à la déconnexion,
23:30qui effectivement, vous parlez des réglementations dans le cadre du travail, c'est le cas,
23:33mais c'est aussi effectivement cette éducation et cette sensibilisation beaucoup plus globale
23:38que l'on porte aujourd'hui dans les entreprises,
23:40mais il y a un vrai sujet auprès des plus jeunes, bien évidemment.
23:43Merci beaucoup, Florent Forestier, d'avoir été connecté avec nous.
23:47Je rappelle que vous êtes philosophe écrivain.
23:49Alexis Péchard, merci également à Dictologue président de GAE Conseil.
23:55C'est le rendez-vous des cryptos, aujourd'hui Hélène Jacquinet est avec nous.
23:59Bonjour Hélène.
23:59Bonjour.
24:00Vous êtes consultante senior chez Blockchain Partner KPMG, je vais y arriver.
24:05Aujourd'hui, dans l'actu des cryptos, vous avez eu envie de nous parler en particulier de Deutsche Telekom
24:10et de son projet pilote de mining de bitcoin.
24:13Effectivement, Deutsche Telekom qui lance un projet très intéressant.
24:17Deutsche Telekom, c'est la plus grande entreprise de télécommunications
24:20Le minage de bitcoin, je le rappelle pour les téléspectateurs,
24:23c'est un processus qui vise à créer de nouveaux bitcoins.
24:27Je le rappelle, il y a 21 millions de bitcoins dans le monde qui sont créés.
24:33C'est un processus qui vise également à vérifier les transactions
24:36qui sont ajoutées chaque jour sur la blockchain bitcoin.
24:39Ce processus, c'est un processus qui a été créé par l'entreprise Deutsche Telekom
24:43et qui est un processus qui a été créé par l'entreprise Deutsche Telekom
24:47et qui a été bénéficié chaque jour sur la blockchain bitcoin,
24:49et ce processus est réalisé par des acteurs qui sont les mineurs
24:53et qui utilisent une puissance de calcul considérable pour créer ces nouveaux bitcoins.
24:59Pourquoi ils utilisent cette puissance de calcul ?
25:02Pour résoudre des problèmes mathématiques très complexes
25:05et donc, ils ont besoin d'énormément d'énergie.
25:09Alors, on peut se demander pourquoi Deutsche Telekom se met sur ce type d'activité ?
25:13C'est quand même pas commun.
25:15Ce qu'il faut savoir c'est que Doge.Telecom, à travers sa filiale MMS, est déjà inscrit dans l'écosystème crypto depuis déjà quelques années, je crois 2020.
25:23Ils ont déjà fourni leur infrastructure et des protocoles décentralisés dans le Web3 et ils opèrent un Bitcoin depuis un an maintenant.
25:31Et donc ils ont vu dans ce projet une opportunité pour mettre plusieurs acteurs autour de la table et pour lier technologie, innovation et environnement.
25:40D'accord.
25:41Environnement, ça peut paraître un peu surprenant, surtout quand on parle de Bitcoin, etc.
25:45Mais pas tant que ça, puisque les mineurs, finalement, ils ont un challenge qui est de taille, c'est de maximiser leur profit, donc les Bitcoins qu'ils gagnent,
25:53et de réduire au maximum leur coût. Leur coût, c'est surtout l'énergie.
25:56Et donc ils vont aller chercher l'énergie la moins chère.
25:59L'énergie la moins chère, c'est l'énergie inutilisée des énergies renouvelables, donc l'éolien, photovoltaïque,
26:04puisque ces énergies dépendent de la météo et donc ont parfois des pics de production.
26:10Et cette énergie, si elle n'est pas utilisée, elle est perdue, puisqu'on ne peut pas l'absorber par le réseau électrique et on ne peut pas non plus la stocker.
26:19Donc c'est là que c'est intéressant pour le minage, parce qu'on va pouvoir capitaliser sur cette énergie qui est perdue
26:26et on peut brancher, débrancher les machines de minage en fonction de l'énergie disponible.
26:31Et en plus, elles sont mobiles, donc ce qui est bien, c'est qu'on peut se rapprocher au plus proche, au plus près des énergies renouvelables
26:37et ainsi ouvrir tout un champ de possibilités.
26:40Et in fine, on va avoir un réseau électrique, un réseau d'énergie renouvelable qui est plus stable et qui est plus rentable.
26:47C'est ce que Doge Telecom a très très très bien compris.
26:50Ils vont installer leur ferme de minage sur un site de fabrication de façade de métal et de verre de l'entreprise Riva Engineering.
26:57Et ils opèrent avec Metis Solutions pour installer et opérer ces machines.
27:02Et ils ont aussi un partenaire bancaire.
27:04Ça c'est aussi très intéressant, puisqu'ils vont explorer tous les cas d'usage qui peuvent émerger de ce projet.
27:10Très intéressant. Mais du coup, on a un petit peu moins de temps pour parler de l'autre actualité que vous avez repérée.
27:16C'est l'entreprise de paiement Stripe, qui fait l'acquisition d'une entreprise spécialisée dans les paiements en stable coin.
27:23Également. Aussi une très grosse actualité qui date de la semaine dernière, qui n'est pas encore officialisée.
27:29Mais effectivement, Stripe, c'est une grande entreprise de paiement qui est valorisée à plus de 65 milliards de dollars,
27:36qui est présente dans plus de 40 pays et qui fournit des solutions de paiement en ligne aux commerçants.
27:41Et qui est déjà aussi insérée depuis quelques années dans la crypto.
27:45Ils proposent par exemple la conversion euro-dollar versus crypto pour les utilisateurs de Coinbase.
27:53Et que va faire Bridge alors ?
27:55Bridge, c'est une petite start-up américaine qui fait des paiements en stable coin.
28:01On s'imagine que Stripe va étoffer son offre de services en proposant des paiements en stable coin aux commerçants, pour réduire les coûts.
28:09Alors on imagine des cas d'usage par exemple liés aux micropaiements, aux transferts internationaux.
28:15Donc là aussi, c'est plein de nouvelles perspectives qui sont.
28:18Également.
28:19Et vous vouliez mentionner, c'est la plus grande acquisition dans l'écosystème crypto.
28:23La plus grande. 1,1 milliard de dollars. C'est énorme.
28:28Merci beaucoup Hélène Jacquinet d'avoir été avec nous sur l'actu des cryptos.
28:31Je rappelle que vous êtes consultante senior blockchain partner KPNG.
28:34Merci beaucoup à vous de nous suivre avec une grande assiduité.
28:38C'était Smartech, on se retrouve très bientôt sur la chaîne Be smart for change.

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