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Jeudi 24 octobre 2024, SMART TECH reçoit Ophélie Coelho (chercheuse indépendante, spécialiste de la géopolitique du numérique) , Guillaume Monteux (Président, Gadsme) , Henri d'Agrain (Délégué général, Cigref) et Éric le Bourlout (Journaliste tech & conseiller éditorial)

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00:00Bonjour à tous, bienvenue dans Smartech. On va passer une demi-heure ensemble à débriefer de l'actu tech avec mes commentateurs sur les sujets que je vous présente juste après.
00:17Cette semaine dans le grand débrief de Smartech, je vous présente mes débriefeurs. La chercheuse d'abord Ophélie Coelho, spécialiste de la géopolitique du numérique. Bonjour Ophélie.
00:31Bonjour. Le délégué général du CIGREF Henri Dagrin, bonjour Henri. Bonjour Delphine. Et le journaliste Eric Le Bourloux, cher confrère, bienvenue. Merci, bonjour.
00:42Alors on va confronter nos points de vue aujourd'hui sur le projet de loi de finances 2025. On verra coup dur ou pas pour la French Tech. On va aussi parler des agents IA de Microsoft dévoilés très récemment.
00:54Et puis des réseaux en Afrique avec la main des big tech bien évidemment. Mais on commence avec l'appareil Games Week qui vient d'ouvrir, enfin en tout cas c'était hier.
01:03Pour lancer cette discussion, nous sommes connectés avec Guillaume Monteux, président de Gatsby. Bonjour Guillaume. Bonjour Delphine.
01:10Alors c'est une édition où l'on attend 200 000 personnes je crois cette année, 200 000 visiteurs. Les grands jeux, les grands noms du jeu, ils sont Ubisoft, Nintendo, Xbox, Playstation. Est-ce qu'il y a des absents selon vous Guillaume ?
01:24Il y a toujours des absents à l'appareil Games Week. Mais l'appareil Games Week c'est toujours un moment important dans la scénographie générale des shows, des expositions en Paris.
01:34Parce que je vous rappelle quand même que le jeu vidéo c'est la première industrie culturelle du monde et c'est la première industrie culturelle aussi en France.
01:422023, 6 millions d'euros de chiffre d'affaires, 20 000 emplois, 1 200 entreprises. Donc c'est quand même un moment qui est fédérateur et un peu saillant dans notre vie des expositions.
01:57Alors comme vous l'avez dit, l'appareil Games Week c'est de mercredi à dimanche prochain. Donc tout le monde peut encore y aller. Et ça se déroule dans le palais des expositions de la Porte de Versailles.
02:10Alors là on a un peu oublié le savoir-faire français qu'on a démontré lors des Jeux Olympiques avec les multi-sites et les scénographies extérieures un peu extraordinaires.
02:22Parce que là on est dans un format de salon qui est très très très classique. Mais s'il a déjà été vu et revu, c'est particulièrement bien fait.
02:33Il y a trois halls. Il y a un hall dédié à l'e-sport où on va d'ailleurs retrouver énormément de compétitions et on pourra y revenir si vous le souhaitez.
02:44Il y a un hall dédié à la pop culture et il y a un hall dédié vraiment aux jeux vidéo où on va retrouver toutes les grandes stars que vous avez citées.
02:52Nintendo, Sony, Xbox et tous les grands éditeurs comme Ubisoft, Capcom, Sega et autres.
03:00Avec quand même aussi un espace assez impressionnant sur le sport, pas que l'e-sport. Il y a une scène de skate, il y a du basket 3v3.
03:11On voit aussi cette volonté de montrer que le gaming ce n'est pas juste une histoire de geek derrière des ordis.
03:18C'est une façon de vivre et qui s'intègre bien dans la société. Je voulais aussi vous faire réagir à ce que vous avez dit dans le hall 3.
03:26C'est vrai que c'est quand même assez gigantesque cette Paris Games Week, mais dans le hall 3, il y a un autre truc gigantesque, c'est qu'il y a le Cybertruck de Tesla.
03:33Maintenant, on ne peut plus faire un salon sans avoir Tesla finalement.
03:36Ce qui est impressionnant, c'est que le Cybertruck de Tesla est en vedette à la Paris Games Week et dans les grands salons.
03:44Je reviens de New York et à New York, il y en a partout dans les rues. C'est quand même une voiture qui est un peu particulière à l'esthétique originale, un peu surprenante.
03:59Il y en a vraiment partout à New York. Effectivement, il y en avait une aussi à la Paris Games Week dans le hall 3.
04:08Les nouveautés, c'est des conférences Future of Gaming. J'ai vu qu'on va y parler des défis du secteur, de l'esport, mais aujourd'hui, le sujet va être l'investissement dans le jeu vidéo.
04:21Ça tombe bien parce que cette question du financement se pose beaucoup aujourd'hui. On a un secteur qui traverse une mauvaise passe, Guillaume.
04:30Oui, le secteur traverse une mauvaise passe, mais la Paris Games Week, c'est quand même un moment sympathique et de retrouvailles avec le grand public.
04:39C'est plutôt d'ailleurs un événement grand public, un événement B2B. Vous avez raison de faire référence au Future of Gaming qui est la partie B2B de ce salon, mais qui est relativement petite par rapport au salon.
04:53Oui, mais c'est intéressant parce qu'ils mettent vraiment l'accent là-dessus aujourd'hui sur le fait qu'ils veulent développer davantage aussi cette présence B2B.
05:01Oui, parce qu'en France, on est quand même très bon dans le jeu vidéo, que ce soit en termes de développement, de production, de capacité à raconter des belles histoires.
05:12La Paris Games Week, c'est un moment aussi pour que tous ces acteurs-là puissent se rencontrer et pourquoi pas faire du business.
05:19Donc oui, effectivement, c'est important. Mais le Paris Games Week, ça reste quand même avant tout un lieu très grand public dans lequel on peut essayer les derniers jeux, les jeux qui vont sortir.
05:31C'est un moment aussi où on peut regarder des compétitions. Vous avez fait référence tout à l'heure avec ce fameux Hall 3 qui est gigantesque, avec des scènes qui sont gigantesques
05:44et qui accueillent d'ailleurs des compétitions de renom dans l'esport comme la Coupe des Étoiles qui est la compétition féminine de LOL,
05:54il y a la compétition IME de Valorant, il y a la Trackmania World Cup. Donc il y a quand même des événements majeurs qui sont ultra fédératrices,
06:03qui rassemblent énormément de gens, à la fois des gamers et des gens qui regardent aussi, des gens jouer.
06:08Et on peut aussi toucher à des matériels qui permettent de jouer. Je sais que vous avez été captivé par cet écran de Samsung tout en longueur.
06:18Je me suis renseigné pour vous, c'est l'Odyssey Neo G9, il fait 57 pouces, mais bon, il vaut quand même 1 949 euros. Voilà, le message est passé.
06:27C'est bientôt Noël.
06:29Mais là, on peut aller sur le ring, on peut vraiment s'emparer de ces nouveaux objets pour les gamers, ça c'est chouette.
06:36Vous voulez réagir Henri sur la partie peut-être business ?
06:40Oui, c'est intéressant parce que cette année, le CYF, dans son plan d'activité, a lancé un groupe de travail qui est dédié justement aux jeux vidéo.
06:49Nous allons essayer de voir comment est-ce que les technologies, les techniques du jeu vidéo peuvent avoir quelque chose à dire sur les environnements professionnels
06:59pour améliorer l'expérience des professionnels qui utilisent ces outils et voir comment, dans le monde de l'entreprise, dans le monde de l'administration publique,
07:08on peut récupérer certaines de ces techniques, certains de ces méthodes qui permettent le bien-être au travail, la rétention d'attention
07:21et d'améliorer l'expérience des utilisateurs dans leur environnement professionnel. Donc ça va être intéressant, on va voir ce qu'on peut faire avec ce thème.
07:28Super, intéressant. Eric, la Paris Games Week, vous allez y aller ?
07:32Oui, je pense que je vais y aller, ça fait longtemps que je n'y suis pas allé en vrai, juste par rapport au nombre de jeux présentés, etc.
07:39Il est possible quand même que ce ne soit pas la plus intéressante, je ne veux pas casser l'ambiance, parce que c'est vrai que c'est pas 2024,
07:45c'est pas l'année la plus folle en matière de sorties de jeux importants, il y en aura sans doute beaucoup plus en 2025,
07:51notamment GTA 6 qui est le jeu que tous les gamers attendent et qui va se vendre comme des petits pains dès qu'il va sortir.
07:58Mais cette année, il y a eu un peu moins de sorties. On a parlé de la crise que traverse le secteur.
08:03Il y a eu un peu moins de sorties, mais il y en a eu beaucoup l'année dernière, il y a eu énormément de très bons jeux, de très gros jeux sortis l'année dernière,
08:09et là cette année, il y en a un peu moins. Et puis il y a aussi des jeux qui sont sortis cette année qui n'ont pas forcément marché comme ils auraient dû marcher,
08:15que je pense notamment aux Star Wars d'Ubisoft, qui n'a pas été un flop total, mais qui n'a pas marché à la hauteur de ce qu'attendait Ubisoft.
08:23Et on attend un Assassin's Creed aussi ?
08:25Oui, mais qui a été repoussé, et ça fait aussi partie des problèmes que rencontre Ubisoft aujourd'hui.
08:31Qui est particulièrement sous le feu des projecteurs en ce moment, mais en fait c'est quand même l'ensemble du secteur.
08:39Oui, c'est l'ensemble du secteur. Il y a eu énormément de licenciements dans le jeu vidéo.
08:43Plus de 10 000, je crois, depuis le début de l'année.
08:46Et puis il y a eu aussi toute la période post-Covid. Pendant Covid, tout le monde a beaucoup joué,
08:53et puis après on est toujours dans cette situation post-Covid où on joue un peu moins que quand tout le monde était confiné,
09:01et puis du coup les éditeurs ont fait des choix un peu radicaux, c'est-à-dire de fermer beaucoup de studios.
09:05Ophélie, un mot sur la Paris Games Week ?
09:08Simplement que si j'avais le temps, j'irais bien. De même que si j'avais le temps, j'aimerais jouer un peu plus, mais non.
09:14Vous êtes une gameuse ?
09:15J'ai été, maintenant beaucoup moins. Problème de temps en fait, c'est beaucoup trop chronophage.
09:20Ah, c'est hyper chronophage, ça c'est vrai.
09:22Et sinon, oui, avec plaisir.
09:23Guillaume, ça va la gestion du temps avec le jeu ?
09:27Écoutez, moi oui. Je suis plutôt dans le business que dans le jeu, mais j'aime bien jouer.
09:34Tout le monde est joueur de toute manière, quand on prend le métro, quand on est un peu chez soi.
09:38À partir du moment où la console, où son téléphone est devenu une console de jeu, on est tous plus ou moins joueurs.
09:46Je voudrais juste revenir sur un fait qui était intéressant.
09:50Delphine, est-ce que vous savez quel est le plus gros stand sur la Paris Games Week ?
09:55Qui a pris le plus gros stand sur la Paris Games Week ?
09:58J'aime bien quand Guillaume me pose des questions pièges.
10:01Ubisoft, tu veux dire, parce qu'on vient d'en parler ?
10:04Ubisoft a un très beau stand.
10:06Et d'ailleurs, je vous encourage à essayer le jeu Assassin's Creed Shadows, qui devrait sortir en début d'année prochaine.
10:13Non, le plus gros stand, c'est la FNAC.
10:16Et en fait, je vous en parle parce que c'est quand même surprenant de voir que la FNAC a fait le plus gros investissement, on va dire,
10:23auprès de Come Exposium pour s'exposer à la Paris Games Week.
10:28Et du coup, j'ai cherché la part du chiffre d'affaires gaming dans la FNAC pour la FNAC et je ne l'ai pas trouvé.
10:36On va continuer à chercher alors.
10:39Je vais continuer à chercher.
10:41C'est quand même intéressant de voir que, alors qu'on dit que les jeux se vendent de plus en plus en digital et de moins en moins en physique,
10:49la FNAC, quand il y en a quand même physique principalement, s'expose autant à la Paris Games Week.
10:58Merci Guillaume.
11:00D'accord.
11:01Merci Guillaume. Je rappelle, vous êtes le président de Gatsby et que la Paris Games Week, c'est un peu votre grand sujet.
11:07Je vais vous libérer parce que là, on va passer à d'autres thématiques ensemble en plateau.
11:11A bientôt Guillaume.
11:12Je voulais qu'on parle du PLF, du projet de loi de finances 2025.
11:16Coup dur ou non pour la French Tech, le texte présenté par le gouvernement Barnier.
11:21En tout cas, inquiète une partie du secteur.
11:24Pourquoi Henri ?
11:27Le secteur est inquiet effectivement parce qu'il y a deux dispositifs qui étaient particulièrement intéressants pour les startups.
11:35C'est le crédit d'impôt innovation qui permet de faire de la R&D et donc de subventionner.
11:45C'est une subvention de la recherche et développement dans les startups.
11:48Et puis le statut jeune entreprise innovante qui permet une réduction fiscale de la part patronale sur la recherche, sur l'innovation également.
12:01Donc effectivement, le secteur peut être inquiet.
12:06Maintenant, je constate que certains acteurs de ce secteur disent qu'il va falloir s'adapter.
12:14Et puis peut-être que l'on va arrêter de subventionner.
12:17En tous les cas, ça va inciter le secteur à courir plus après les clients et la profitabilité qu'après les subventions.
12:27Ça, c'est une première chose.
12:29On parle aussi d'un coup de rabot sur les crédits alloués au titre de France 2030.
12:34Oui.
12:35C'est à travers également une probable réduction du crédit impôt recherche, du CIR.
12:42Il y a effectivement des effets qui vont être importants.
12:46Il y a des risques pour des startups qui vont fermer les portes.
12:51Mais c'est déjà le cas.
12:52En ce moment, on constate qu'il y a quand même un certain reflux.
12:56Ça, c'est la première chose.
12:58Le CIREF reste quand même assez prudent sur toutes les initiatives et toutes les prises de parole sur ce sujet.
13:04D'abord parce qu'on est dans une situation budgétaire où de toute façon, on demande à beaucoup de gens de faire des efforts.
13:10Chaque secteur a de bonnes raisons pour ne pas participer aux efforts qui sont effectivement aujourd'hui inscrits dans ce budget.
13:17Par ailleurs, nous avons le sentiment et nous en avons discuté avec beaucoup de monde dans le secteur,
13:25qu'aujourd'hui, ces stratégies autour du dispositif jeunes entreprises innovantes, le crédit impôt innovation, le crédit impôt recherche,
13:33ça subventionne essentiellement l'offre.
13:36Et il n'y a aucune stratégie pour inciter la demande, pour promouvoir la demande.
13:42Or, beaucoup de ces entreprises nous disent, mais oui, nous, on a besoin d'avoir des clients.
13:47On a besoin plus de bons de commande que de subvention ou d'investissement.
13:52Et donc, c'est pour ça que nous restons mesurés sur notre approche sur le sujet en disant,
13:57il y a peut-être un rééquilibrage qui sera nécessaire à faire pour inciter les clients en France et en Europe.
14:04Et on pense que la bonne échelle, ça serait l'échelle européenne pour inciter les clients à devenir clients de ces écosystèmes.
14:11Voilà.
14:12Cet effort budgétaire qu'on va demander à la French Tech, on peut se dire, bah oui, de toute façon, on va en demander à tout le monde,
14:17donc pourquoi pas la French Tech ?
14:19Ou vous pensez, Ophélie, que c'est une erreur parce que c'est le moment où il faut investir davantage,
14:23justement, où l'État doit permettre à nos techs françaises de grandir ?
14:28Alors, je pense que dire que c'est une erreur, on va voir comment ça va se faire exactement.
14:33Bon, déjà, il reste quand même le crédit d'impôt recherche qui concerne…
14:36Sur lequel il y a quand même une incertitude.
14:38Sur lequel il y a une incertitude, certes, mais pour le moment, c'est quand même principalement les PME, c'est 80% des PME qui ont…
14:45Enfin, c'est plutôt dans la totalité des entreprises qui bénéficient du CIR, du CIR, on va avoir 80% de PME,
14:52même si ce n'est pas les plus gros montants puisque ce sont les grandes entreprises qui ont les plus gros budgets de R&D.
14:57Donc là, on a quand même le crédit d'impôt recherche qui reste.
15:00Ensuite, il y a aussi un autre crédit d'impôt qui est celui orienté vers les industries vertes,
15:04qui peut être une idée intéressante dans le sens où on va orienter vers des domaines stratégiques.
15:09Et je pense que là, l'orientation, en fait, industrielle, doit quand même prévaloir avant tout sur l'essai-mage de crédit d'impôt ou de subvention.
15:19Donc, je pense qu'avoir une logique stratégique, que ce soit industrie verte, mais je dirais de manière générale,
15:24industrie stratégique et domaine stratégique, ça peut être vraiment faire de la dentelle ponctuelle par secteur spécifique et par innovation spécifique.
15:35Et puis, en effet, il y a la question de la commande qui est plus de consommation de la part des entreprises et des Français ou des Européens,
15:44de produits européens, mais aussi de la commande publique, plus de commande publique orientée vers des PME, vers des entreprises européennes.
15:51J'ai l'impression qu'on le répète sans arrêt.
15:53Oui, on n'arrête pas. En fait, c'est ça qui est un peu décevant, c'est que ça fait quand même très longtemps que tout le monde répète cela,
15:58qu'on dit qu'il y a des solutions, qu'on les répète. Le constat est que soit on a l'impression de ne pas être entendu,
16:05ou en tout cas que ça ne bouge pas forcément dans ce sens-là.
16:09Et c'est intéressant parce qu'effectivement, arrêter cet essai-mage, on va dire peut-être que la French Tech Nation a fait son temps,
16:17pour se réorienter vers des secteurs plus stratégiques, ça veut dire qu'il faut aussi qu'il y ait une vraie volonté politique,
16:23un portage politique de ce sujet. Et l'arrivée de Clara Chappaz à la recherche et à l'enseignement sur l'IA,
16:29est-ce que ça vous semble être un premier bon signal ?
16:33J'ai l'impression quand même que pour Clara Chappaz, ça va être compliqué de soutenir politiquement ce modèle de budget
16:46qui tape sur la French Tech qu'elle a dirigée pendant trois ans avant d'arriver au secrétariat d'État chargé de l'intelligence.
16:54Elle en est partie. Elle a opéré ce virage.
16:57Ce n'est pas une position simple pour elle.
16:59Ophélie, on ne vous entend pas.
17:00Alors oui, en fait ce qui est assez contraignant de base, c'est le périmètre.
17:05Orienter vers l'intelligence artificielle, certes c'est une belle idée, sortie du panier que n'importe qui aurait pu avoir.
17:11Oui, c'est très tendance.
17:12Mais surtout, ça n'a pas forcément, je trouve, de sens. L'intelligence artificielle reste une surcouche
17:19où les entreprises dominantes ne sont pas européennes.
17:23Et pour pouvoir faire en sorte d'avoir la maîtrise de cette surcouche,
17:27il faudrait d'abord commencer par la base des couches numériques qu'on a complètement délestées, déléguées.
17:33Absolument.
17:34Donc en fait, il faut arrêter de se dire, on va aller sur la dernière innovation.
17:38Non, ce n'est pas le sujet. Il faut revenir aux bases.
17:40Et c'est en cela que la vision stratégique d'aller vers des industries stratégiques,
17:45vers des choses qui sont vraiment essentielles, sur lesquelles on devrait avoir un peu plus d'indépendance,
17:49eh bien pour le coup, on a raté le coffre.
17:51Vous en avez cité quelques-uns. Il y a aussi d'autres qui citent la défense, par exemple.
17:54Ah oui, bien sûr.
17:55On sait qu'on peut avoir des budgets conséquents.
17:57Défense, santé, éducation, enfin il y a des domaines.
18:00Énergie.
18:01Énergie, bien sûr.
18:02Agriculture.
18:03Alors attendez, je pense qu'on en a trop.
18:05En fait, on en a trop, mais en réalité, c'est le socle des sociétés humaines.
18:09Et donc en fait, si on les liste, finalement, c'est logique et on ne porte pas assez attention là-dessus,
18:14notamment quand on aborde le numérique, qui est un sujet interdisciplinaire, transdisciplinaire, interministériel.
18:21Absolument.
18:22Absolument.
18:23Alors, on passe à notre autre sujet.
18:25Là, je voulais faire réagir en particulier Eric Le Bourloux,
18:28puisque journaliste ex-spécialisé qui suit beaucoup l'actualité autour de tout l'écosystème numérique et informatique.
18:36Donc, c'est un compagnon IA pour tout ce que nous promet Microsoft,
18:40qui veut montrer peut-être finalement à quoi ça sert l'IA à chacun d'entre nous,
18:45en créant des agents spécialisés avec, par exemple, une fonction quotidienne
18:50ou un agent qui viendrait comme ça nous donner la météo ou les news du jour.
18:54Alors, vous vous dites, démarche intéressante, Eric ?
18:57Oui, il faut voir. Il y a deux choses.
19:00Il y a d'abord ce qu'a présenté Microsoft pour les pros,
19:03ce qui rentre dans tout ce qui est, on va dire, copilote lié à Microsoft 365.
19:09Et ça, effectivement, ça va être lancé bientôt.
19:12Ce sont effectivement des agents, on va dire, autonomes qui permettent de remplacer le boulot
19:16de pas mal de gens en back office dans l'entreprise.
19:19Par exemple, il vous permet automatiquement, dès que vous recevez un mail,
19:22de traiter le mail, de le résumer, de l'envoyer à la bonne personne, etc.
19:25Ça, il paraît que ça marche bien.
19:27Ça marche bien, mais alors, tout le monde n'est pas forcément toujours convaincu
19:30par l'utilité concrète au quotidien de copilote en entreprise,
19:35que ça coûte cher, mine de rien.
19:3730 dollars par utilisateur.
19:40Et par mois.
19:42Et par mois. Donc, c'est un produit qui vaut cher,
19:44donc il faut qu'il ait évidemment une utilité concrète, une rentabilité concrète pour l'entreprise.
19:50Mais voilà, ces nouvelles fonctions, ça participe à ça.
19:52Et effectivement, Microsoft, sur le volet grand public,
19:55essaie de, on va dire, un peu d'ailleurs comme tous les acteurs de ce secteur,
19:58de nous envoyer un petit peu du rêve avec ce qu'ils veulent proposer à terme
20:03en matière d'intelligence artificielle pour le grand public.
20:05Et effectivement, ils ont présenté, on appelle ça une vision.
20:08Alors, c'est assez courant à Silicon Valley, de ces grands pontes qui nous présentent leur vision à l'avenir,
20:15de comment ça va se passer, etc.
20:17Et effectivement, ce qu'ils espèrent faire, c'est un compagnon intelligent,
20:20un peu comme ce qu'on voit sur ces agents en entreprise,
20:22mais pour le grand public, qui vous permettrait d'automatiser plein de choses de votre vie quotidienne,
20:27et donc de ne plus se prendre la tête avec nos rendez-vous,
20:31nos passages chez le médecin, organiser nos rendez-vous pour nous, etc.
20:35Pour l'instant, on est très loin de ça dans ce que propose Microsoft.
20:38Là, ils ont fait aussi une mise à jour de leur copilote,
20:41qui n'est pas d'ailleurs disponible en France, leur application copilote,
20:44qui permet d'avoir des fonctions qui sont assez intéressantes,
20:47notamment un nouveau chat vocal beaucoup plus intéressant,
20:50un peu comme ce qu'a fait Chachipiti,
20:52c'est les mêmes technologies, donc ce n'est pas très compliqué,
20:55mais aussi un résumé de votre journée, etc.
20:58Ça, c'est une application qu'ils essayent de vendre comme un compagnon quotidien
21:02et qui, pour l'instant, en tout cas en France, n'est pas disponible,
21:05puisque c'est disponible qu'aux Etats-Unis et dans certains pays,
21:08ce n'est pas disponible en français, et on ne sait pas quand ce sera disponible.
21:12En France, disons les mois qui viennent, comme d'habitude.
21:15Après, ils nous disent quand même qu'on a le temps,
21:17parce que dans le billet de blog qui annonce l'arrivée de ces compagnons de vie,
21:20ils nous disent que c'est un voyage qui va prendre des années.
21:23Oui, c'est pour ça qu'ils disent que c'est vraiment ce qu'ils appellent une vision,
21:26on ne sait pas trop quand ça aura lieu, on ne sait pas déjà si ça va marcher,
21:30et si les gens s'en empareront, parce qu'il y a eu déjà plein de tentatives
21:34avant qu'on parle de l'IA générative et tout, de ce genre de choses.
21:37On se rappelle très bien, par exemple, des assistants vocaux qui étaient la révolution en 2016,
21:43et qui finalement ont fait vraiment plouf, on n'en parle quasiment plus.
21:47Maintenant, il y aurait une nouvelle version de ces assistants grâce à l'IA générative,
21:51on va voir ce que ça va donner, mais là, pour l'instant, c'est vraiment du long terme,
21:55même si j'ajouterais que Microsoft n'est pas le seul à travailler là-dessus,
21:59et que d'autres sont peut-être plus avancés que lui en la matière.
22:03Par exemple ?
22:04Je pense notamment à Anthropik, qui vient de présenter une démo de son nouveau modèle Cloud,
22:10qui est assez intéressant puisqu'il permet de contrôler automatiquement un ordinateur.
22:14Ça, c'est typiquement ce que pourrait faire Microsoft avec Copilot,
22:17mais vous pouvez dire à Cloud d'automatiquement, par exemple,
22:22envoyer un mail à votre maman, c'est possible.
22:24Alors, c'est un peu lent, mais il va lui-même faire les mouvements de souris,
22:28il va lui-même composer le mail, il va lui-même l'envoyer.
22:30Après, on comprend que les GAFAM avancent prudemment sur ces sujets,
22:34parce que, évidemment, ça veut dire capter davantage de données personnelles.
22:38Donc, ils ont parlé véritablement de toute notre vie, ce n'est plus seulement notre vie numérique.
22:43C'est un vrai sujet, oui.
22:44C'est un sujet.
22:45Puis, il y a un autre sujet qui est quand même un sujet de préoccupation,
22:48en tous les cas pour les membres du CRF,
22:50c'est de considérer les investissements considérables qui sont réalisés,
22:55notamment dans les infrastructures, dans le hardware, dans l'énergie.
22:59Il faut voir que, pour monter ces infrastructures,
23:02Microsoft vient de racheter une centrale nucléaire de sinistre mémoire,
23:08Stream Island, pour tout le hardware,
23:14qui également sont des investissements considérables,
23:19qui se comptent en centaines de milliards.
23:20Et derrière, est-ce qu'il y a du ROI pour les entreprises ?
23:24Combien ça va coûter pour les particuliers ?
23:27Est-ce qu'on aura vraiment besoin de tous ces outils ?
23:30Et derrière, c'est in fine, l'équation est particulièrement déséquilibrée,
23:34au détriment du client.
23:35Et ce sont tous les utilisateurs des autres produits
23:38qui vont augmenter considérablement,
23:41qui vont financer ces investissements.
23:45Parce qu'à un moment, il va bien falloir le faire.
23:47Donc, l'équation économique, aujourd'hui, elle ne paraît pas si évidente que ça.
23:53On a cité que des noms de boîtes américaines, évidemment.
23:56Oui, c'est évident.
23:58Après, il y a deux choses.
24:00Est-ce que ce sera utile et utilisé, à mon sens,
24:02quand ça marchera vraiment bien ?
24:04Oui, ce sera utilisé.
24:05Et puis, je pense qu'il y a une jeune génération qui est très…
24:09Ce n'est pas qu'ils sont très connectés.
24:11Moi, je pense que je suis assez similaire de ce côté-là.
24:14Je pense qu'il y a une appétence pour faire appel, en effet, à un assistant,
24:18et même en termes de soutien psychologique,
24:20c'est-à-dire en termes d'amis virtuels, etc.
24:22Je pense que ça, ça va avoir beaucoup de succès.
24:24Maintenant, moi, mon problème, ma problématique, c'est la concentration des pouvoirs.
24:29Voilà.
24:30Forcément, j'ai écrit un bouquin sur la géopolitique du numérique.
24:32Forcément, je suis très, très sensible à ces sujets-là.
24:35Et notamment… Alors, on parlait des infrastructures.
24:38Le problème, c'est quand on concentre l'ensemble de la chaîne de dépendance technologique
24:42auprès d'acteurs majeurs.
24:43Ce n'est pas forcément pour taper sur les Américains ou les Chinois ou autre chose.
24:46C'est juste l'idée qu'à partir du moment où on a des multinationales
24:49extrêmement puissantes, quelles que soient leurs origines, d'ailleurs,
24:52on pourrait faire la même critique si c'était une multinationale européenne, en réalité,
24:55qui aurait trop de pouvoirs, qui concentrerait à la fois infrastructures socles,
24:59capacité de calcul, données, capacité à aller chercher les données,
25:04mais à les exploiter également, et avec des surcouches logicielles,
25:07telles qu'on les connaît, sur le cloud, les services,
25:09et aujourd'hui, l'intelligence artificielle, et ensuite, les compagnons IA.
25:13Donc, en fait, le problème, c'est la concentration des pouvoirs auprès de ces entreprises-là,
25:17qui posent ensuite des questions, certes, de souveraineté, on peut parler de ça,
25:21mais aussi, en termes de politique, on fait trop le focus sur les réseaux sociaux,
25:24mais en réalité, le vrai pouvoir, c'est le pouvoir technologique de ces entreprises-là.
25:27Donc, pour moi, le vrai souci, en réalité, c'est la concentration des pouvoirs avant tout.
25:30Alors, on parle de l'Europe comme d'une colonie numérique.
25:34On ne regarde pas beaucoup du côté de l'Afrique,
25:36et moi, j'avais été interpellée par l'un de vos postes sur X Twitter,
25:41où, justement, vous nous dites, regardez la cartographie, aujourd'hui, des infrastructures,
25:46regardez ce qui se passe du côté de l'Afrique.
25:48Alors, expliquez-nous ce qui se passe en ce moment-là.
25:50C'est relativement simple et logique, en fait.
25:53Le continent africain est un nouveau marché, vraiment,
25:56un nouvel eldorado pour les grandes entreprises numériques,
25:58et pour leurs partenaires, également.
26:02C'est-à-dire que les entreprises européennes, aussi, tirent leur épingle du jeu de cela.
26:06Et, en effet, c'est très, très visible, mais physiquement visible,
26:10quand on regarde les infrastructures de câbles,
26:12que ce soit des câbles sous-marins qui se construisent autour de l'Afrique,
26:16depuis un certain nombre d'années, ces dernières années, principalement,
26:19mais aussi les infrastructures de réseaux terrestres,
26:22dans lesquelles investissent énormément les big tech américaines et chinoises.
26:26D'ailleurs, parfois conjointement,
26:28c'est-à-dire qu'ils ne sont pas forcément toujours concurrents sur le terrain.
26:31Quand il s'agit de faire une forme de néocolonialisation technologique de l'Afrique,
26:37là, ils s'entendent assez bien, avec des partenariats communs.
26:40Par exemple, on va avoir le Cap tout africain.
26:42D'un côté, on a Meta, grande entreprise américaine,
26:44et de l'autre côté, on va avoir China Mobile,
26:46qui, en fait, ont investi conjointement sur ce même projet, par exemple.
26:49Celui qui sort un peu son épingle du jeu, c'est Google,
26:52puisque Google est quand même le plus grand investisseur dans les câbles sous-marins
26:55ces dernières années, ce qui lui donne quand même un sacré pouvoir.
26:58D'autant plus que, pour la première fois dans toute l'histoire du câble sous-marin,
27:01il détient à lui seul des câbles géants.
27:04Normalement, ce sont des consortiums assez fournis d'entreprises.
27:09Là, on a un seul propriétaire sur ces sujets-là.
27:12Et dernière chose, il faut bien comprendre là-dessus que,
27:16évidemment, pour les pays africains et pour les entreprises africaines,
27:19quels que soient les pays d'ailleurs,
27:21c'est plutôt bien accueilli, ce développement infrastructurel,
27:24parce qu'ils en ont besoin.
27:25Mais à côté, quand on creuse, ils sont tout à fait conscients aussi
27:28que derrière, c'est une forme de néocolonialisme,
27:30une redite en quelque sorte, différent du colonialisme historique.
27:34Vous parlez des câbles et vous parlez aussi de la territorialisation
27:37des centres de données, des serveurs.
27:39Et ça, on le vit aussi en Europe.
27:41Oui, Henri, mais très rapidement.
27:43Il ne faut pas oublier quand même que la Chine reste le premier investisseur,
27:46notamment sur les réseaux et sur les data centers,
27:49puisque aujourd'hui, Huawei notamment, c'est l'histoire de Huawei,
27:52qui s'est développée essentiellement sur l'équipement télécom,
27:57puis ensuite informatique, sur les infrastructures informatiques,
28:02notamment sur les marges de la Chine et notamment en Afrique.
28:05Merci beaucoup, Henri Dagrin, Ophélie Coelho et Éric Lebourlou.
28:08C'est passé très, très vite à vos côtés.
28:11On se retrouve très vite aussi, nous, sur Smartech,
28:14sur la chaîne BeSmart for Change ou en podcast, comme vous voulez.
28:17À très bientôt.

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