SMART TECH - Emission du jeudi 3 octobre

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Jeudi 3 octobre 2024, SMART TECH reçoit Henri d'Agrain (Délégué général, Cigref) , Léo Briand (Cofondateur et président, Vittascience) , Franck Gicquel (pilote d'Impact Cyber et directeur des partenariats, Cybermalveillance.gouv.fr) et Gérard Haas (avocat et Coprésident de l'association "Les Jurisnautes")

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Transcription
00:00Bonjour à tous, nous sommes ensemble pour une demi-heure, une demi-heure consacrée
00:11au débrief de l'actualité dans notre secteur de la tech, du numérique.
00:15Je vous présente les sujets et mes invités juste après ça.
00:18C'est parti pour notre grand débrief de l'actu dans Smartech avec aujourd'hui autour de
00:28la table Henri Dagrin, bonjour, délégué général du CIGREF, Maître As, bonjour,
00:34Gérard As, avocat, co-président de l'association Les Juries Snot, et puis Léo Briand, bonjour
00:39Léo, co-fondateur et président de VitaSciences.
00:42Alors on va confronter nos points de vue aujourd'hui sur le cybermois parce que c'est un mois consacré
00:47à la cybersécurité, on aura d'ailleurs à ce sujet Franck Jiquel qui est connecté
00:52avec nous, Franck Jiquel de cybermalveillance.gouv.fr qui pilote donc ce mois de sensibilisation
00:57sur la cyber.
00:58On va aussi débattre de Google, Google qui en appelle à l'Europe, à l'Union Européenne
01:03contre Microsoft.
01:04On parlera également Metavers puisque ça reste un sujet d'importance visiblement, en
01:09tout cas Meta continue d'investir lourdement.
01:11Et puis je vous demanderai pour ou contre, vous avez le temps de réfléchir quelques
01:15minutes, pour ou contre la vidéosurveillance assistée par IA, on a vu qu'elle a été
01:20opérationnelle pendant les Jeux Olympiques Paris 2024, faut-il prolonger ce qui était
01:25une expérience ponctuelle au départ ? Alors on commence avec notre sujet, le cybermois,
01:31ça y est, on y est, c'est en octobre, la campagne de cybermalveillance.gouv.fr va démarrer,
01:38il y aura d'ailleurs un focus spécifique auprès des PME.
01:41Franck Jiquel, bonjour, vous êtes le directeur des partenariats et le pilote d'Impact Cyber
01:46au sein de l'équipe cybermalveillance.gouv.fr, je voulais d'abord que vous nous expliquiez
01:50ce qui va se passer pendant ce mois d'octobre.
01:53Bonjour, déjà deux mots sur ce qu'est le cybermois, c'est une initiative à la base
01:58européenne de l'ENISA, l'agence européenne de cybersécurité qui a été créée il y
02:02a 12 ans, c'est la deuxième édition, là c'est la deuxième année consécutive que
02:05Cybermalveillance.gouv.fr pilote cet événement qui a pour but de faire parler de cybersécurité
02:10qui dans notre milieu d'initiés est déjà reconnu comme enjeu mais qui doit l'être
02:16au niveau plus global, au niveau de toute la population, donc l'idée c'est de pouvoir
02:19s'adresser à tous les publics, les particuliers, les entreprises, les collectivités, durant
02:24tout un mois en se servant aussi de la force du collectif, des forces vives de l'écosystème
02:29cyber voire IT, on a cette année plus de 1200 entités qui sont engagées à nos côtés
02:36pour faire parler du cybermois, pour vous donner un ordre d'idée c'était 130 l'année
02:39dernière donc l'effort est massif et ça va prendre diverses formes, la campagne que
02:43vous voyez là, les fausses bonnes idées, ce sont des visuels qu'on a créés autour
02:47des fondamentaux de la cyber un petit peu détournés pour se dire que non, il faut
02:52éviter les raccourcis, ce sont souvent de fausses bonnes idées, donc l'idée de sensibiliser
02:58la population au risque, leur donner des bonnes pratiques et puis aussi valoriser tout ce
03:03qui se fait sur l'ensemble du territoire en matière d'action, de prévention et de
03:07sensibilisation, là c'est pas moins de 200 événements qui sont organisés sur tout
03:12le territoire avec même des événements, on a vu là pour la première fois dans des
03:17centres commerciaux adressés à des seniors, donc vraiment voilà, toutes les populations
03:22et puis des actions plus spécifiques, nous par exemple on va organiser un grand quiz
03:27durant tout le mois basé sur un contenu qui s'appelle le cyber guide famille où c'est
03:30vraiment les fondamentaux de la cybersécurité mais transposés au foyer et puis comme vous
03:37le disiez effectivement on va avoir une action assez spécifique concernant les TPE-PME qui
03:41s'appelle Impact Cyber.
03:42Si je reste là sur ce qui concerne tous les français, quelle est l'arnaque qui tourne
03:47en ce moment ?
03:48Il y a des récurrences on va dire, on a beaucoup beaucoup entendu parler je pense de l'arnaque
03:56aux faux conseillers bancaires, vous êtes victime d'un phishing, on absorbe quelques
04:01données, vous êtes après appelé par un prétendu conseiller bancaire qui vous fait
04:07réaliser que vous avez peut-être fait une bêtise, alors vous dites mince mais oui
04:10c'est vrai j'ai donné mes coordonnées etc. et derrière il vous fait valider des
04:15achats sur internet, je vous fais la version très courte parce que le scénario peut aller
04:18vraiment assez loin jusqu'à même un envoi physique de carte bancaire.
04:23On a encore beaucoup beaucoup d'arnaques aux faux supports techniques, donc vous êtes
04:30en train de naviguer, vous tombez malheureusement sur le mauvais site web et votre navigateur,
04:35votre pc est verrouillé avec des grands messages d'alerte, soit des antivirus, soit très
04:39souvent Microsoft qui vous invite à appeler un prétendu support technique qui vous délestera
04:45de quelques centaines d'euros au mieux et au pire prendra la main à distance sur votre
04:51machine pour y faire tout ce qu'ils veulent derrière.
04:54Moi je voulais faire réagir aussi en plateau parce que c'est vrai qu'il y a des arnaques
04:58comme ça récurrents, des trucs qui restent, les coucou papa, coucou maman, je me souviens
05:02en avoir parlé l'année dernière, ça continue, y compris dans mon cercle familial, les gens
05:08continuent de plonger.
05:09Qu'est-ce qui bloque sur la sensibilisation ? Qu'est-ce qu'on ne fait pas suffisamment
05:14pour stopper ces arnaques qui semblent quand même basiques ? Ça devrait commencer à
05:18l'école peut-être, Léo ?
05:20On sent que de plus en plus la direction du numérique éducatif pousse ce sujet de la
05:24cybersécurité à l'école, même si pour l'instant il n'y a pas encore dans les programmes
05:28officiels de cette notion-là qui est abordée, mais on sent que ça va venir de plus en plus
05:32et il y a clairement un manque d'éducation là-dessus.
05:35Juste pour illustrer, avant-hier, un salarié qui est arrivé dans mon équipe il n'y a
05:39pas longtemps a reçu un mail en mon nom avec ma signature qui disait « j'ai besoin de
05:43t'envoyer un message, donne-moi ton numéro sur WhatsApp s'il te plaît » et il l'a
05:47fait en pensant à ce qui venait d'arriver dans l'équipe et il y a la suite qui peut
05:52arriver derrière avec le processus de phishing qui peut être mis en place comme ça a été
05:56décrit à l'instant.
05:57Ce qui est dingue, c'est que ça va très vite et on tombe facilement dans les pièges
06:01malheureusement.
06:02Les PME, puisque vous vous occupez d'un pacte cyber qui vise justement à inciter les TPE
06:07et PME à se sécuriser, est-ce qu'elles sont plus exposées que les autres entreprises ?
06:10Alors, elles sont largement exposées, est-ce qu'elles le sont plus ou moins, c'est surtout
06:16leur nombre qui fait qu'elles sont largement touchées.
06:19Ce qui est intéressant, c'est que dans l'opération Impact Cyber, il y a juste deux mots quand
06:25même sur l'origine, on a réuni autour de la table trois organisations a priori d'obédience
06:31assez différentes, la CPME, le MEDEF, l'UDEP et on les a mis en face du club EBIOS spécialiste
06:37de la méthode éponyme pour travailler ensemble sur les impacts réels des cyberattaques pour
06:43les TPE et PME.
06:44Et on en a fait trois volets, un premier avec une enquête qui nous permet justement d'avoir
06:50un éclairage sur où on en est en termes de maturité des entreprises, je vais vous en
06:55parler, derrière une campagne de sensibilisation et troisième volet, des outils concrets qu'on
07:01met à leur disposition.
07:02Et effectivement, si on veut voir le verre d'eau à moitié plein et être positif, quand
07:08on les interroge sur le sujet de la cybersécurité, on a près de six entreprises sur dix qui
07:12considèrent que c'est un sujet qui doit mobiliser tout le monde et plus de la moitié d'entre
07:16elles qui sensibilisent leurs collaborateurs en conséquence.
07:18Donc bon, il y a encore du chemin à parcourir mais on a progressé en la matière.
07:23Mais derrière ce premier constat, entre guillemets, encourageant, en tout cas en progression,
07:29on se rend compte que les TPE et PME sous-estiment encore effectivement largement les enjeux
07:35de cybersécurité.
07:36On a 62% des sondés qui pensent être faiblement exposés aux risques de cyberattaques ou l'ignore.
07:44Le dernier grand constat de l'étude, je vous inviterai à la prendre en détail si
07:48vous le souhaitez, c'est le défaut clair d'un manque de compétences et d'expertise
07:54cyber.
07:55Quand on leur demande de se projeter dans une situation de cyberattaque, on a 65% qui
08:00reconnaissent que si elles y étaient confrontées, elles ne sauraient pas en évaluer les impacts.
08:03Et c'est vraiment clé ce sujet des impacts parce que, vous savez, c'est un petit peu
08:07le syndrome du parc-maître, je ne vais pas payer le parc-maître, je me dis que ce n'est
08:13pas très grave.
08:14Le moment où je paierai une amende, ce sera pour tout ce que je n'ai pas payé, sauf
08:18que les impacts sont évidemment énormes.
08:20Sur les sondés, on a 15% des entreprises interrogées qui déclarent avoir été touchées
08:25par un incident sérieux de cybersécurité dans les 12 derniers mois et il y en a encore
08:29la moitié d'entre eux qui sont incapables d'identifier la raison de cette cyberattaque
08:35avec tous les risques de récidive qu'on peut imaginer.
08:37Il y a beaucoup à faire pour qu'elles prennent vraiment le sujet et surtout qu'elles se
08:42sécurisent.
08:43Franck Jiquel, merci beaucoup, on aura participé comme ça un peu au moins cyber aussi dans
08:48Smartech.
08:49Merci de votre intervention.
08:50Je rappelle que vous œuvrez au sein de cybermaveillance.gouv.fr.
08:54On enchaîne avec notre autre sujet, je voulais absolument qu'on revienne sur cette plainte
08:59déposée par Google contre Microsoft dans le monde du cloud, qui n'est pas un monde
09:05de bison-ours loin de là.
09:07Plainte déposée auprès de la Commission européenne pour pratiques anti-concurrentielles.
09:12Microsoft emploierait des méthodes discutables, en tout cas des enquêtes qui vont être menées
09:21là-dessus, pour pousser les entreprises à choisir sa plateforme Azure.
09:25Est-ce que c'est votre constat aussi quand vous interrogez les DSI que vous représentez
09:31au sein du SIGREF, Henri ? Est-ce qu'il y a des pratiques douteuses ?
09:36Alors, des pratiques qui pourraient être potentiellement qualifiées d'anti-concurrentielles.
09:41Il n'y a pas que le SIGREF qui en parle.
09:44Je note que cette plainte de Google s'inscrit dans un paysage un peu plus global, dans un
09:51certain contexte.
09:52D'abord, la plainte qui avait été déposée par 6P auprès de la Commission européenne
09:58il y a un an, je crois, contre Microsoft, et qui a été résolue par une transaction
10:08entre 6P et Microsoft, mais dont Google et AWS ont été exclus.
10:16Par ailleurs, autre élément de contexte, il y a l'autorité de concurrence allemande
10:23qui, au titre de son propre Digital Market Act, sur les régulations exemptées des acteurs
10:33majeurs, a décidé de mettre Microsoft sous surveillance sur ces pratiques anti-concurrentielles.
10:40Nous-mêmes, nous constatons à peu près les mêmes pratiques, de bundleisation des
10:46offres, c'est-à-dire de la vente liée, ce qui est interdit, de restrictions sur l'usage
10:53de licences dans d'autres environnements qu'Azure, sur des obstacles et des surcoûts
10:58à la migration d'Azure vers d'autres plateformes, bref, toutes méthodes qui peuvent être qualifiées
11:05d'anti-concurrentielles.
11:06Nous, ce que l'on a dit il y a plus d'un an à la Commission européenne, lorsqu'elle
11:11a, le 6 septembre 2023, présenté les gatekeepers au titre du Digital Market Act, le DMA, il
11:19y a 10 digital services, il y en a un où il n'y a pas eu de gatekeeper de désigné,
11:23c'est les cloud services.
11:24Oui, absolument.
11:25Or, dans un contexte où il y a trois hyperscalers américains qui préemptent plus de 70% du
11:32marché.
11:33Alors, on a écrit à la Commission pour lui signifier notre désappointement et depuis,
11:41nous discutons avec la Commission pour voir dans quelle mesure elle peut mener une enquête
11:45pour désigner Microsoft, bien sûr, mais également Google Cloud et AWS, comme gatekeepers
11:53sur les cloud services, non pas sur des critères quantitatifs, mais sur des critères qualitatifs.
12:00Enfin, on n'a pas besoin du DMA pour agir en justice, la preuve, on peut passer par
12:05l'autorité de la concurrence.
12:07Oui, bien sûr, mais le DMA a été fait pour ça, pour éviter ces positions dominantes,
12:14pour lutter contre les positions dominantes des contrôleurs d'accès, et les contrôleurs
12:18d'accès sur le cloud, ils sont connus.
12:20Et donc, si la Commission fait son travail…
12:24Avec Google, on ferait partie.
12:25Mais bien sûr, de toute façon, nous savons pourquoi Google met en œuvre cette plainte,
12:34c'est pour reprendre des parts de marché à Microsoft.
12:37Avocat, avocat à la parole.
12:40Oui, mais c'est la bataille des contrevenants, en fait.
12:42Je veux dire, quand on regarde Google, il a été condamné 20 fois pour favoriser ses
12:46propres services.
12:47Enfin, c'est un peu pathétique de regarder tout ça de très près.
12:51En revanche, ce qui n'est pas normal, c'est la politique de Microsoft, c'est-à-dire
12:57d'avoir freiné les migrations, comme ça a été indiqué, d'avoir majoré les coûts
13:03quand on veut partir chez un concurrent, et aussi freiner les mises à jour.
13:07Donc, il y a vraiment un enjeu qui est très important.
13:11Et ce qui est pathétique, c'est qu'en fait, c'est une guerre d'Américains,
13:16et ils appellent au secours l'Europe pour venir régler leurs différends.
13:19Et donc, voilà ce qui se passe, et on n'est pas présent dans le cloud.
13:23Ça tend à prouver que cette réglementation européenne a des vertus reconnues, y compris
13:29par les gatekeepers.
13:31Oui, avec un problème majeur aujourd'hui, c'est qu'on se rend compte que ces big tech
13:36sont en train de critiquer leurs propres méthodes qui favorisent leurs propres services.
13:40Et j'allais dire qu'en justice, c'est très compliqué, parce que dans ce qui sont les
13:45pratiques commerciales trompeuses ou les pratiques anticoncurrentielles, le fait de
13:50favoriser un service, c'est très compliqué à démontrer, et on est toujours dans des
13:54preuves diaboliques.
13:55Donc, c'est très compliqué.
13:57C'est pour ça qu'ils dénoncent aujourd'hui, et il y a affaire à suivre de près.
14:01La loi SREN s'intéresse à ce sujet de régulation dans le numérique ?
14:09C'est un sujet dont la maille, à l'évidence, la maille pour bien le traiter, c'est la maille
14:14européenne.
14:15C'est la maille européenne, la loi SREN.
14:17Oui, c'est vraiment par l'Europe qu'on pourra y arriver, et en même temps, quand vous
14:21regardez de très très près, dans les démarches qui ont été faites par Google, il faut protéger
14:26les organisations, ça coûte trop cher, etc.
14:29Pourquoi ? Parce que sur ce marché du cloud, leur force était de dire, nous on n'a pas
14:35de suite de logiciel, mais vous pouvez venir et c'est libre.
14:39Donc c'est ce marché qui est tenu.
14:42Très intéressant cette affaire, il faut la suivre de près.
14:45Avec l'arrêt, c'est quand même que l'Europe joue le rôle d'arbitre face à des joueurs
14:49non-européens et qu'on soit relégué entre guillemets au rôle d'arbitre ?
14:52Oui, mais ça veut dire que le marché européen est très important, on va dire cloud.
14:56Oui, bien sûr, mais ça veut dire aussi que ça peut laisser de la place à d'autres
15:00concurrents moins armés, peut-être.
15:03Il n'y en a pas.
15:06L'Europe représente en gros un peu plus de 30% du marché du cloud mondial.
15:13Déjà, c'est un tiers.
15:1732% des revenus de Microsoft, ce sont des chiffres qui ne sont pas publiés, mais c'est
15:25à peu près ce qu'on peut estimer.
15:26Et tout ça nous renvoie à un sujet beaucoup plus large qui est celui des conséquences
15:33économiques bien sûr, mais également juridiques et géostratégiques des dépendances technologiques
15:40que l'Union européenne a laissé s'installer depuis 30 ans, avec une absence totale de
15:46vision sur ce sujet.
15:47Et donc ces big tech, ces hyperscalers ne sont forts que des propres faiblesses que
15:54nous avons accepté d'endosser.
15:55Alors après, le fait que l'Europe se retrouve au centre quand même de cette bataille, c'est
16:00intéressant.
16:01Est-ce qu'on pourrait imaginer qu'il y ait des actions qui partent d'autres Etats,
16:05peut-être de France, ce n'est pas la bonne échelle, mais est-ce que ça peut être l'occasion
16:10justement de dire remettons un peu de techno européenne sur ce marché ?
16:15Sur un autre hyperscaler, nous avions déposé une saisine auprès de l'autorité de la
16:19concurrence.
16:20Je ne l'ai pas citée, mais elle nous a demandé de la retirer.
16:24Avec l'autorité de la concurrence ?
16:27En France.
16:28Parce que ce n'est pas le bon niveau.
16:30En fait, ce qui rend fou Google, c'est surtout que Microsoft, dès lors qu'il y a un problème,
16:34il va négocier directement avec les entreprises et donc il neutralise en fait le phénomène.
16:40Donc c'est ça aussi qu'il porte devant et c'est là aussi les libertés contractuelles.
16:45Donc il y a de gros enjeux et comme ça a été dit, c'est devant la Commission européenne
16:50que tout ça pourra être réglé.
16:52Alors Gérard Asse nous dit, de toute façon, il n'y a pas de concurrent.
16:55Quand même, à l'éducation nationale, quand vous travaillez sur des outils pour les professeurs,
17:03pour l'enseignement, pour les élèves, vous travaillez aussi avec des plateformes de cloud ?
17:06Oui.
17:07Nous, on est chez OVH qui est le leader français, mais je crois que ce n'est pas la majorité.
17:13En fait, même dans des secteurs comme l'éducation, il y a des données assez sensibles.
17:16En fait, la majorité des services sont utilisés plutôt sur les hyperscalers américains
17:22parce qu'eux, ils offrent plus de services en fait.
17:24Donc si on reste sur des choses assez basiques et qu'on a les compétences techniques,
17:27on peut aller sur des services moins complets en palliant avec finalement des équipes techniques
17:31compétentes.
17:32Mais si on veut rester sur un service qui offre tout, c'est quand même plus confortable.
17:37Tout clé en main quoi.
17:38Oui.
17:39Et puis il y a des programmes d'accompagnement aux startups qui sont gigantesques avec ces
17:42hyperscalers qui donnent plusieurs dizaines, voire centaines de milliers d'euros de credit
17:46cloud.
17:47Davantage finalement.
17:48Sur les premières années.
17:49Et c'est vrai que c'est difficile de refuser ça et de se dire, enfin voilà, il y a beaucoup
17:52de bénéfices en tout cas.
17:53Bon, mais donc ça remet quand même ce sujet de la souveraineté technologique de l'Europe
17:59sur le devant de la scène.
18:00On a le départ de Thierry Breton qui nous donne un signal quand même assez négatif
18:06sur ce sujet.
18:07C'est la France qui portait haut et fort ce sujet contre un monopole des big tech.
18:14Comment vous voyez les choses se profiler pour la suite, Henri ?
18:18Bien, je ne la vois pas bien.
18:21Ben oui.
18:22Aujourd'hui, il va falloir quand même attendre que la nouvelle commission s'installe.
18:27J'ai noté quand même avec intérêt que dans la feuille de route d'Ena Virkunen, la finlandaise
18:36qui se retrouve vice-présidente exécutive de la commission en charge du numérique,
18:40de la sécurité et de la démocratie.
18:42En fait, c'est elle qui récupère le portefeuille de Thierry Breton, on peut dire.
18:45Sur le numérique.
18:46Sur le numérique, bien sûr.
18:47Pas sur la défense.
18:48Ce n'est pas sur le marché intérieur, parce que le marché intérieur a été divisé.
18:51Mais sur le numérique, elle le récupère effectivement.
18:54Et il faut lire sa feuille de route que lui a adressée Ursula von der Leyen.
19:00Il faudra voir comment après tout ça est mis en œuvre.
19:02Mais enfin, les enjeux de souveraineté technologique de l'Union européenne sont bien mentionnés
19:07parmi ces attributions.
19:08Donc, il faudra regarder comment tout ça est mis en musique.
19:12Dans quelques mois, on va commencer à le savoir, début 2025.
19:16Alors, notre autre sujet, c'est les métavers.
19:20Méta et le métavers, puisque Méta n'en a pas fini avec ses investissements.
19:24On l'a vu lors de sa dernière conférence et des démonstrations avec des nouvelles
19:28lunettes de réalité augmentée.
19:30On a beaucoup parlé de ces mondes immersifs et de la manière dont l'intelligence artificielle
19:36servait aussi ces mondes immersifs.
19:39Les deux se nourrissent ensemble.
19:41Méta annonce 40 milliards d'investissements en 2024, 52 milliards de dollars en 2025,
19:4860 milliards en 2026.
19:49Ça fait quand même… C'est très impressionnant.
19:54En tout cas, là où on pensait qu'il avait un petit peu reculé sur ses métavers, il
19:58ne nous dit pas du tout, en fait, sa vision continue d'être celle-là.
20:02Demain, on vivra aussi dans ces autres réalités.
20:06Je voulais voir de votre côté, Léo, si c'était quelque chose justement dont vous
20:12vous empariez aussi, puisque vous travaillez avec l'éducation nationale, à l'éducation
20:16de demain, aux nouveaux outils, au développement.
20:18Est-ce que vous voyez arriver les métavers à l'école ?
20:21Alors, non.
20:22Par contre, il y a la deuxième axe de Facebook Méta.
20:27Il y a eu une explosion cambrienne, on pourrait dire, de start-up et d'associations qui
20:32déploient des outils d'IA dans l'éducation.
20:34Ça, ça a vraiment explosé, aussi bien pour aider les enseignants à créer du contenu,
20:38par exemple des cours ou des quiz, ou alors de l'autre côté pour faire des tuteurs
20:41intelligents que les élèves peuvent utiliser en autonomie ou avec l'enseignant pour mieux
20:45apprendre ou réviser.
20:46Ça, ça a vraiment explosé.
20:47Et je pense qu'on peut parler de dizaines, voire de centaines de structures qui ont été
20:49créées, ne serait-ce qu'en France.
20:51Et au niveau mondial, on parle de milliers de structures qui ont été créées.
20:53Et ça, est-ce que ce n'est pas juste l'effet buzz ? Parce qu'aujourd'hui, on parle d'IA,
20:56on ne parle plus de métavers, donc du coup, on n'investit pas dans le métavers.
20:58Parce que quand même, c'est intéressant.
20:59Moi, le métavers, il y a quelques années, je n'avais pas vu ça.
21:01Quand il y a eu l'explosion du métavers, on a eu quelques sociétés qui se sont créées.
21:06Mais dans l'éducation spécifiquement, que je connais assez bien, parce qu'on, via l'association
21:10Affinef et Edtech France, on voit un petit peu toutes les entreprises qui passent dans
21:14ce secteur.
21:15Il n'y a pas eu des dizaines d'entreprises créées dans le métavers éducatif.
21:17Est-ce que ça demande aussi des budgets très importants peut-être ?
21:20Alors, l'Europe a fait des subventions pour la création de contenus immersifs, notamment
21:24dans le domaine de l'éducation.
21:25Il faut savoir qu'un programme de contenu immersif, à minima, c'est un million d'euros.
21:29Donc, c'est des subventions, c'est vraiment suivi dans le domaine agricole et dans le
21:34domaine de l'architecture.
21:35Pourquoi ? Parce que lorsqu'on prend les élèves, on leur montre, par exemple, quand j'avais
21:39travaillé sur un projet comme ça, où vous coupez des branches d'un arbre, il faut attendre
21:4410 ans pour voir un petit peu ce qui va se passer.
21:46Quand vous êtes sur des programmes métavers, vous pouvez voir là où vous l'avez mal coupé.
21:49Donc, en matière pédagogique, c'est très cher.
21:52Il y a aussi un autre problème qui se passe avec le métavers, c'est que vous mettez des
21:58casques et il faut savoir que 15% de la population a un problème, si vous voulez, de santé
22:03avec l'utilisation de ces outils.
22:05Soit ils ont du vertige, soit 5% de la population…
22:08Le mal de VR.
22:09Oui, le mal de VR.
22:10Vous avez aussi Edaltonienne, donc elle ne voit pas ces phénomènes de relief.
22:15En même temps, c'est lourd et ça tourne la tête.
22:18Donc, il y a un apprentissage.
22:19Ce qu'il faut voir, c'est que parallèlement à ce qu'a fait Meta, Apple sort ces VR
22:25aussi et c'est fabuleux aussi ce qu'ils proposent.
22:28Beaucoup plus cher.
22:30Oui, mais ça va baisser.
22:31En tout cas, Mark Zuckerberg est vraiment sur la démocratisation.
22:35Il a pris cet axe-là.
22:37Et puis, à travers ses lunettes, on est moins sur quelque chose de lourd et d'encombrant
22:41comme un casque de résistance.
22:42Il y a les nouvelles lunettes qui sont en train d'arriver, qui sont beaucoup plus légères,
22:45etc.
22:46Donc, le marché, il y a eu un moment donné, quand on le voit, les hypes de Gardner, etc.,
22:51le marché n'était pas arrivé à son point, si vous voulez, maximum.
22:54Ça va revenir et en tout cas, il faut suivre ça.
22:57Il faut le suivre parce que, notamment dans le domaine industriel, c'est aussi un complément
23:03pour éviter aussi la robotisation de certains postes parce que l'homme mettant les lunettes,
23:09il ne sera pas remplacé par un robot.
23:10Donc, il faut quand même suivre un petit peu tout ce marché.
23:12Absolument.
23:13Vous vouliez dire un mot ?
23:14Oui.
23:15Je crois surtout qu'il faut se poser sur ce sujet métavers.
23:20Il y a d'abord, ce qui est intéressant, c'est qu'il couple les deux, l'IA et le métavers.
23:26Et donc, c'est du métavers augmenté par l'IA qui est aujourd'hui le projet de méta.
23:31Je crois que c'est le sujet peut-être le plus intéressant.
23:34Mais la réalité, c'est que tous ces investissements ont un impact énergétique environnemental
23:43absolument considérable.
23:45Et à un moment donné, il faudra peut-être se poser la question d'une régulation des
23:51usages des matières parce que les activités extractives derrière pour monter tous les
23:57data centers qui sont nécessaires pour apporter la puissance de calcul, toute l'énergie
24:01qu'il va falloir produire pour alimenter ces data centers, on a un petit problème
24:07à un moment de limite et il va falloir quand même regarder tout ça.
24:11Est-ce que tout se justifie ?
24:12Quels sont les usages pertinents ?
24:14Je n'en suis pas certain.
24:15Il y a des usages, mais il faudra réguler ces usages et certainement qu'il y ait une
24:20forme d'arbitrage sur les usages socialement utiles, des usages de progrès et non pas
24:28uniquement de l'innovation qui ne soit pas une innovation de progrès au service de la
24:32société et de l'humanité.
24:33L'avocat que je suis ne peut que vous dire une chose, c'est qu'il faut réguler parce
24:36qu'on ne peut pas faire confiance aux big tech, on ne peut pas laisser le Far West régler
24:39le monde.
24:40On ne peut pas laisser des empires être plus puissants que des états, donc effectivement
24:44il faudra réguler.
24:45On ne peut pas leur faire confiance, ça c'est la solution et c'est ce qui se passe chaque
24:49fois.
24:50On ne peut pas leur faire confiance.
24:51Il faudra réguler.
24:52Je voudrais terminer par un tour de table.
24:53Vous avez le droit de répondre plus largement que oui, non, mais enfin bon, on n'a plus
24:56beaucoup de temps quand même.
24:57Je voulais savoir si vous étiez d'accord avec le préfet de police de Paris qui est
25:01favorable à une prolongation du recours à la vidéosurveillance algorithmique qui a
25:06été expérimentée pendant les Jeux olympiques.
25:08Le but c'était de permettre de détecter des flux, des mouvements inhabituels ou anormaux
25:16on va dire de foules.
25:17Visiblement ça a été une aide, nous dit Laurent Nunez, très utile.
25:22Est-ce qu'il faut prolonger ou pas cette expérience ?
25:26Ou vous pensez, comme la quadrature du net par exemple, qui nous dit que là on utilise
25:32un moment exceptionnel pour rendre une technologie acceptable qui ne l'est pas aux yeux de la
25:37quadrature du net ?
25:38Allez Henri, vous commencez.
25:40Comme toute technologie, elle est neutre en soi, donc c'est la façon dont on va la mettre
25:47en œuvre, l'utiliser qui est important et puis la façon dont on va réguler son utilisation.
25:53Donc répondre oui ou non, faut-il prolonger cette expérimentation ?
25:57C'est comment est-ce qu'on encadre, comment est-ce qu'on contrôle la façon dont elle
26:02est utilisée et si effectivement on se retrouve avec un contrôle qui est suffisamment démocratique,
26:08la technologie elle est neutre en soi.
26:11Contre, évidemment contre.
26:13Pourquoi ?
26:14Il y en a assez d'utiliser les technologies pour la sécurité et non pas pour les libertés.
26:17Revenons aux fondamentaux.
26:19D'abord le principe c'est que nous sommes dans des états démocratiques, les citoyens
26:23sont des gens responsables, les citoyens sont des gens dignes de confiance, on n'a pas besoin
26:27d'une surveillance systématique.
26:29Donc le premier point il est là.
26:30Deuxièmement, si on fait des expérimentations pour protéger dans des circonstances exceptionnelles,
26:34l'exceptionnel ne peut pas être la normalité.
26:37Donc il y en a assez de nous créer un environnement anxiogène sur lequel les libertés sont toujours
26:42le perdant là-dedans.
26:43Je suis un homme libre, citoyen d'un état démocratique et la démocratie c'est ma liberté.
26:49La première des libertés c'est la sécurité.
26:50C'est un débat politique.
26:52Moi je suis contre aussi.
26:53C'est principalement parce qu'on travaille beaucoup avec l'IA pour l'enseigner aux plus
26:57jeunes et je me rends compte qu'en fait ça évolue très rapidement et que la puissance
27:01de la technologie est vraiment folle et qu'à partir d'une simple image, on est capable
27:04maintenant de retrouver l'identité des gens et donc en fait certains cas d'usage pourraient
27:08vraiment se justifier je pense pour la sécurité mais en fait c'est tellement puissant que
27:12la tentation d'aller plus loin et du coup à partir d'une simple image, d'un simple
27:16flux caméra, de savoir en temps réel où sont tous les gens d'une ville, c'est très
27:19facile à faire en fait.
27:20C'est un peu affolant la simplicité avec laquelle on pourrait mettre en place un système
27:25qui va identifier tous les gens d'une ville où ils sont précisément et ça c'est des
27:28données qu'on pourrait réutiliser même à des fins marketing.
27:31Je pense que la puissance de cette technologie est telle qu'il faut faire vraiment attention
27:37à la mettre à disposition je pense trop largement.
27:40Et puisqu'on parlait de surveillance algorithmique, regardons un petit peu que dans le règlement
27:45sur l'intelligence artificielle, il est en risque et interdit le fait de pouvoir surveiller.
27:50Absolument.
27:51Donc ce qui est exceptionnel doit rester exceptionnel pour vous mais tout dépend de quel cadre
27:56on met.
27:57J'ai bien compris.
27:58Merci beaucoup Henri Dagrin, Gérard Haas et Léo Briand de m'avoir accompagné sur
28:02ce débrief de l'actu.
28:03C'était Smartech.
28:04Je vous dis à très bientôt pour de nouvelles histoires sur la tech sur la chaîne BeSmart
28:06for Change en replay et en podcast.

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