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Bruno Le Maire est venu s'expliquer hier devant une commission du Sénat, et on l'attendait cette explication, on en avait besoin pour comprendre pourquoi chaque Français va bientôt devoir éponger une dette et un déficit abyssal... Rien que pour ça, on aurait aimé un petit semblant de mea culpa. Mais non, rien. On a assisté à un numéro de funambulisme politique...
Regardez Lenglet-Co avec Martial You du 08 novembre 2024.

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Transcription
00:00L'angle éco, Martial You, bonjour Martial.
00:03Bonjour.
00:04Hier, l'ancien ministre de l'économie Bruno Le Maire est donc venu rendre des comptes publics devant les sénateurs.
00:09Qui voulait essayer de comprendre pourquoi nos finances sont tellement dérapées ?
00:13Il n'y a eu ni faute, ni dissimulation, a-t-il dit fermement ?
00:16Alors c'est bien, mais ce n'est pas assez pour vous convaincre complètement.
00:19C'est-à-dire qu'on l'attendait cette explication.
00:22On avait même besoin pour comprendre pourquoi chaque Français va bientôt devoir éponger une dette à déficit abyssal.
00:28Et rien que pour ça, on aurait aimé un petit semblant de mea culpa, vous voyez ?
00:32Mais non, rien, on a assisté à un numéro de funambulisme politique.
00:36Vous voulez dire que Bruno Le Maire n'assume pas, c'est ça ?
00:39Alors il assume ses responsabilités, mais il n'est pas responsable du dérapage, voilà ce qu'il a dit.
00:43Alors attention, je suis d'accord que Bruno Le Maire ne doit pas être le seul à porter le chapeau.
00:47Ce serait même assez injuste.
00:49La glissade, elle date au minimum de 2018, avant le Covid et le bouclier tarifaire,
00:53quand Emmanuel Macron a lâché déjà 17 milliards pour calmer les gilets jaunes.
00:57Et ça, l'ancien ministre n'en parle pas parce qu'il a ménagé ce qui restait du macronisme,
01:02peut-être parce qu'il n'exclut pas de récupérer l'héritage en 2027, qui sait ?
01:06Ce qui est sûr en tout cas, c'est qu'il n'assume pas le déficit prévu pour cette année, 6,1%.
01:11Quand on me dit que le déficit sera à 6,1%, c'est le choix du gouvernement actuel.
01:17Je vous apporterai toutes les preuves que nous pouvions avoir en 2024,
01:20avec des mesures de redressement plus vigoureuses, à déficit autour de 5,5%.
01:25Alors cette phrase, elle est impossible à valider en fait.
01:27D'abord, même un déficit à 5,5% au lieu de 4,9%, en prenant des mesures correctives, c'est inacceptable.
01:33C'est une erreur de prévision de 15 à 20 milliards.
01:36Donc on ne peut pas se contenter de dire que 5,5% de déficit aurait été satisfaisant et responsable.
01:41À 5,5%, on est déjà dans le décor et Bruno Le Maire avait sorti de toute façon les aérofrains trop tard.
01:46Mais Martial, soyez honnête, Bruno Le Maire, il a dit qu'il a parlé, mais qu'il n'a pas été entendu.
01:51Et ça c'est vrai, le gouvernement Attal et l'Elysée n'ont pas voulu de mesures sévères et d'un budget rectificatif
01:56parce qu'on était en période électorale.
01:58Et puis ensuite l'Elysée a décidé, on le sait, la dissolution au moment où il aurait fallu corriger le budget.
02:02Mais c'est quand même pas le gouvernement Barnier qui est responsable des 6,1%.
02:06Le gouvernement Barnier, il a dû pondre un budget 2025 en catastrophe parce qu'on ne faisait rien depuis 9 mois.
02:12Mais autre argument Martial, quand l'ancien ministre de l'économie parle d'une erreur de calcul de l'administration pour expliquer les dérapages,
02:18ça vous y croyez, c'est crédible ou pas ?
02:20Alors le Trésor s'est trompé, dit Bruno Le Maire.
02:23Et le ministre n'y est pour rien parce qu'il y a une indépendance de l'administration.
02:26Bon ben c'est quand même oublié un tout petit peu que le directeur du Trésor, au moment du dérapage,
02:31qui s'est trompé donc, était avant le directeur de cabinet de Bruno Le Maire,
02:35avant de devenir ensuite le directeur de cabinet de Gabriel Attal à Matignon.
02:39Bon alors comment on peut expliquer cette erreur dans les comptes ?
02:42Alors à Bercy on a un terme technique, on appelle ça l'élasticité des recettes.
02:46Bon ben l'élasticité c'est quoi ?
02:48On va le dire à nos banquiers ça la prochaine fois qu'on a un problème.
02:50C'est l'élasticité des recettes, c'est ça.
02:52C'est un bon truc, vous allez voir.
02:53C'est la prévision faite en fait par Bercy que la politique de baisse d'impôt va générer X points de croissance derrière.
03:00Bon ben là voilà l'erreur.
03:01L'autre nom de l'élasticité budgétaire, vous le connaissez, c'est la théorie du ruissellement.
03:04C'est ça qui a échoué.
03:06Cette baisse d'impôt, notamment sur les sociétés, elle n'a pas créé de croissance en France, voilà.
03:10Elle a permis des versements records de dividendes.
03:12Alors François Ruffin me reprochait hier de ne pas en parler.
03:15Ça c'est justifié de parler des dividendes.
03:16Et on découvre tout simplement que le ruissellement est en fait une fuite d'eau géante.
03:20Et ça, Bruno Le Maire n'en a pas parlé.
03:22Merci beaucoup Marcial Diou.
03:23Il est 7h43.

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